Parce que c’est pas que le trouble dissociatif de l’identité est compliqué à comprendre et à appréhender, mais c’est quand même un trouble vraiment méconnu (en plus d’être mal représenté dans la pop culture), en fait.

Parce que c’est pas que le trouble dissociatif de l’identité est compliqué à comprendre et à appréhender, mais c’est quand même un trouble vraiment méconnu (en plus d’être mal représenté dans la pop culture), en fait.

J’ai déjà un peu abordé le TDI dans l’article Pourquoi ? Par qui ? Pour qui ? mais cette fois je vais faire mieux et vous expliquer un peu plus longuement ce que ce trouble implique et signifie. Il y a les symptômes et puis il y a la vie avec ces symptômes, et ça peut être nébuleux. Genre vraiment. Pour celleux qui ont un trouble dissociatif de l’identité comme pour les personnes de leur entourage, d’ailleurs.

Cet article explicatif va être divisé en deux parties. Dans cette première partie, je vais parler du trouble dissociatif de l’identité en théorie, sa définition et ses causes générales, puis je vous donnerai une explication de la « difficulté » de diagnostic de ce trouble.
(Dans la partie deux, on sortira un peu de la théorie pour parler de la pratique, des symptômes et leurs conséquences sur le quotidien.)

Allez bon, un peu de théorie ne fait de mal à personne (en théorie quoi), alors accrochez-vous, on y va ! Explications du trouble dissociatif de l’identité, partie 1 !

La définition du TDI selon les bouquins de psy

D’après le DSM 5 (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), les critères diagnostiques du trouble dissociatif de l’identité sont les suivants :

  • La présence de deux identités distinctes (ou plus) prenant le contrôle du comportement. Chaque identité peut avoir ses propres souvenirs, sa propre perception, son propre mode de pensées.
  • Une incapacité à évoquer des souvenirs (trous du mémoire du quotidien et/ou de périodes passées) trop marquée pour être expliquée par une mauvaise mémoire.
  • Les symptômes sont gênants pour vivre.
  • Et ce n’est pas dû aux effets d’une substance ou d’une affection médicale générale.
  • Et ce n’est pas non plus dû à un jeu d’imagination chez les enfants (style ami·e imaginaire).

C’est tout. Et c’est peu. Et ça ne veut pas dire grand-chose. Mais commençons par expliquer les causes générales du TDI. Un peu de théorie, qu’on a dit !

Pourquoi et comment le trouble dissociatif de l’identité ?

L’identité commence à se construire durant l’enfance et se consolide ensuite au cours de la vie. Le trouble dissociatif de l’identité est en quelques sortes un dysfonctionnement de ce développement. En général (mais ce n’est pas toujours le cas), il est causé par un stress intense ou régulier vécu durant l’enfance. On citera notamment les abus sexuels, physiques ou psychologiques parmi l’éventail de traumatismes majoritairement rapportés mais tout type de traumatisme peut être à l’origine d’un TDI.

Sortons du cadre du TDI un instant. Lorsque quelqu’un·e (n’importe qui) subit un traumatisme, le cerveau peut activer un mécanisme de défense qui s’appelle la dissociation. Il n’est pas rare qu’une victime d’agression ne puisse pas décrire la personne qui l’a agressée ou ne puisse plus situer le lieu ou la durée de l’agression. Certain·es expliquent même la situation comme si elle avait été vécue de l’extérieur. C’est le stress, oui, mais c’est aussi les caractéristiques d’une dissociation (que chacun·e peut vivre de façon ponctuelle), et ça peut d’ailleurs causer un trouble de stress post-traumatique.

Lorsque, durant l’enfance généralement, un tel stress est subi, de façon répétée ou sur le long terme, le cerveau peut se dissocier plus intensément pour survivre au(x) traumatisme(s). L’identité se fragilise et ça peut causer le trouble dissociatif de l’identité.

Les identités se créent généralement en réponse aux traumatismes, elles sont de différentes natures et varient d’une personne multiple à l’autre. Il y a généralement des identités qui protègent, des identités qui gèrent le quotidien, etc. Mais nous verrons ça dans un article dédié.

Et pourquoi c’est difficile à diagnostiquer ?

Vous verrez, plus vous connaîtrez le TDI (surtout en lisant la partie 2), plus vous vous direz que les symptômes paraissent évidents à repérer. Alors pourquoi le trouble dissociatif de l’identité est-il si « difficile » à diagnostiquer ?
En dehors du fait que ce trouble soit assez mal connu, il y a un tas de raisons qui expliquent cela :

  • La personne atteinte peut ne pas avoir conscience du trouble ou des identités qui partagent son corps. Elle peut avoir des migraines ou une mémoire hasardeuse sans savoir que c’est parce qu’elle a un TDI et d’autres identités, par exemple.
  • Les symptômes du TDI au quotidien peuvent rappeler d’autres troubles, comme la bipolarité, l’anorexie, le trouble de stress post-traumatique, l’épilepsie, les troubles anxieux, etc.
  • Généralement, les souvenirs des traumatismes sont inaccessibles ou incomplets (ou gardés par une identité précise), donc ils ne peuvent pas être évoqués durant les consultations thérapeutiques ou évoqués sans affect.
  • La dissociation est par définition un moyen de protection qui « cache » (pour protéger) la personne face à l’extérieur. Les personnes atteintes de TDI, même conscientes de leur état, ont généralement du mal à en parler sans stress. Il y a comme un besoin de (se) cacher.
  • Les professionnel·les ne sont généralement pas bien (in)formé·es pour détecter ce trouble.
  • Bien qu’il ne soit pas rare du tout, le TDI est un trouble auquel « on ne pense pas », de nombreux·ses professionnel·les ne connaissent pas son existence ou ont des idées reçues à son sujet (notamment sur la manifestations des symptômes ou la rareté du trouble).
  • D’ailleurs, beaucoup de gens ont des a priori sur les symptômes du trouble. Un exemple fréquent : on pense qu’il y a systématiquement « des trous noirs entre les identités », mais c’est loin d’être la manifestation la plus fréquente de l’amnésie dans le TDI.

Et il y en a plein d’autres, mais ce sont les principales.

C’est encore brumeux ? Lisez la suite

Bon, ça, c’était la théorie. Une théorie que vous pouvez lire un peu partout en soi (même si j’explique mieux hein, allez avouez), mais ça n’est pas encore vraiment clair, il faut l’admettre. Alors pour mieux comprendre, je vous invite à lire la deuxième partie de cet article explicatif, où vous trouverez quelques réponses à vos interrogations.