Bienvenue dans la partie 2 de l’article explicatif sur le trouble dissociatif de l’identité. Si vous êtes ici, c’est probablement parce que vous avez lu la partie 1 des explications, hein ? Si vous ne l’avez pas fait, allez-y vite, je vous attends, vous inquiétez pas.

Bienvenue dans la partie 2 de l’article explicatif sur le trouble dissociatif de l’identité. Si vous êtes ici, c’est probablement parce que vous avez lu la partie 1 des explications, hein ? Si vous ne l’avez pas fait, allez-y vite, je vous attends, vous inquiétez pas.

Dans la première partie, je vous parlais de l’aspect théorique du trouble dissociatif de l’identité. Dans cette seconde partie, je vais explique un peu mieux les symptômes du TDI, via des métaphores et des exemples (ça va être fun !), mais surtout, je parlerai des conséquences sur le quotidien avec ce trouble.

3… 2… 1… Ready ? Explications du trouble dissociatif de l’identité, partie 2 ! Go !

En théorie, c’est compliqué mais c’est simple

On fait un p’tit jeu pour mieux comprendre ? C’est plus sympa quand même !
Allez-y, posez-vous. Vous êtes là, tranquille ? Alors c’est simple : pensez à un groupe de personnes. Celui que vous voulez. Ça peut être vous et vos potes si vous voulez, ou des inconnu·es, peu importe.
Il peut y avoir deux, cinq, dix, quinze, x+1 personnes dans votre groupe. Ces personnes peuvent se ressembler un peu ou être complètement différentes. Ces personnes peuvent être de genres différents, d’âges différents, elles peuvent parler la même langue ou pas, elles peuvent avoir un caractère complètement différent les unes des autres. Certaines personnes du groupe en aiment bien d’autres, puis d’autres en détestent certaines. Y a peut-être même des frères et sœurs dans votre groupe.
Bref, pensez à votre groupe, je vous laisse une petite minute.

C’est fait ? Ok, bah maintenant, vous prenez groupe et vous le concassez (c’est une image, rangez cette pelleteuse !) pour qu’il rentre dans un seul body (un seul corps, si vous êtes pas bilingue). Ouais, c’est cruel.
À quoi il ressemble le corps ? Alors soit c’est le corps d’une des personnes de votre groupe, soit c’est un corps qui n’a rien à voir, comme vous voulez.

Vous avez saisi le concept ? Le trouble dissociatif de l’identité, c’est être plusieurs personnes dans un seul corps. Chaque « personne » est en fait une identité (qu’on appelle aussi alter). Exactement comme dans votre groupe, il peut y avoir plus ou moins d’alters, d’âges différents, de genres différents, etc. Mais surtout, chaque identité a son fonctionnement, ses envies, voire ses souvenirs et sa vie.

Comme il n’y a qu’un seul corps pour tous·tes, chaque identité peut (et va (sinon c’est pas drôle)) prendre le contrôle pour vivre son petit bout de vie jusqu’à ce qu’une autre identité prenne sa place. Ce « changement d’identité » s’appelle communément le switch (un article vocabulaire arrive, don’t worry). Un switch peut prendre quelques secondes ou quelques minutes, il peut être volontaire ou non, voire conscient ou non. Je vous explique ça un peu plus bas.

Et si vous vous demandez où sont les autres alters en attendant, en général, iels sont « plus loin », parfois iels sont endormi·es dans l’inconscient. Mais je vous ferai de jolies métaphores pour expliquer ça dans un prochain article.

En pratique, c’est simple mais c’est compliqué

Je vous ai simplifié le truc et ça semble difficile à visualiser mais gérable vu comme ça. C’est l’un, puis l’une, puis l’autre, puis Machin, puis Bidule qui est aux commandes, c’est chiant, mais pourquoi pas. Sauf qu’en pratique, c’est potentiellement la merde. Je vous explique.

D’abord, il y a le switch en lui-même. Zapper des moments parce que c’est une autre identité qui prend le contrôle, ça complique la vie, un peu quand même quoi. Et je parle pas de l’amnésie là, juste du fait que d’autres personnes vivent votre vie et que souvent, parfois sans vous en rendre compte, vous êtes spectateur·ice et vous aviez pas forcément envie d’agir ou de penser comme ça, vous.
Imaginez ça : vous vous réveillez, vous préparez votre bol de Chapicoc (c’est des céréales de petit dej’, le nom a été changé, vous devinerez vous-même), vous commencez à les manger, jusque là tout va bien… Puis vous vous sentez bizarre, votre vision est un peu floue, vous vous rendez compte qu’en fait vous détestez les Chapicoc, vous valsez tout à la poubelle et vous vous faites une bonne baguette de fromage bleu alors que vous en avez jamais mangé avant… et vous kiffez, alors que vous vous souveniez même pas en avoir mis dans le frigo, vous vous regardez manger et le moment est apprécié mais en même temps vous vous dites que c’est bizarre comme vos goûts changent… Et sans compter qu’après ça, vous voulez calez pendant des heures devant une série alors que vous aviez prévu d’aller faire un jogging et payer vos factures.
Autant dire que le trouble dissociatif de l’identité peut demander une certaine organisation, en particulier lorsque les alters ne sont pas très conciliant·es les un·es envers les autres. Bien sûr, ça dépend des cas, ça peut aussi bien se passer et le planning de la journée peut être respecté, en particulier lorsque les identités s’entendent et s’organisent ensemble (petit tips en passant : la communication, c’est la vie !).

Ensuite, il y a la mémoire qui flanche. Ce n’est déjà pas facile d’organiser une vie à concilier avec x personnes, mais en plus, toutes les identités n’ont pas forcément les mêmes souvenirs. Et quand il y a un switch, vous pouvez avoir un flou voire un black-out de quelques heures, jours voire plus. Bah oui, vous n’étiez pas là ou « derrière » pendant ces moments, alors comment pourriez-vous vous en rappeler correctement ?
C’est comme ça que votre collègue vous parle d’un projet qu’il a déjà abordé avec vous mais dont vous n’avez pas souvenir de ce qui a été (même si vous vous souvenez que vous en avez parlé), ou dans le pire des cas, que vous rencontrez quelqu’une dans la rue et qu’elle vous fait la bise alors que vous ne l’avez jamais vue de votre vie. (Mes parents me pensent lunatique et tête en l’air, c’est pas faux, mais surtout c’est pas vrai. C’est juste que quand je suis « mal lunée », c’est parce que c’est pas moi, et qu’il m’arrive souvent d’oublier des trucs. C’est bête comme chou quoi.)
Bien souvent, ces flous, vous vous en rendez même pas compte, c’est quand quelqu’un·e vous fait remarquer que vous oubliez tout le temps plein de trucs que vous vous dites que “bah tout le monde vit ça”, sauf que non, en fait, vous avez une mémoire lacunaire et ça peut poser des problèmes… Puis y a des gens, comme je disais, qui ont des black-outs complets, genre y a plus rien ! Vraiment quelle que soit l’intensité de l’amnésie, c’est pas simple.

Et parce que le TDI est généralement dû à des traumatismes causant des souvenirs douloureux, il est courant aussi que la personne atteinte de TDI n’ait aucun souvenir de son enfance ou d’une partie de son adolescence ou d’autres périodes importantes de sa vie. Souvent sans même s’en rendre compte. Pas évident à gérer tous les jours.

Puis, il y a que ça s’embrouille. Il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas aussi simple qu’un alter puis une autre, non, non. Parfois, deux identités (ou plus) sont conscientes en même temps mais ne s’en rendent pas compte. Et ça donne des pensées ou des sentiments parasites, ça se mélange, ça ne fonctionne pas bien. Puis ça cause d’autant plus de souvenirs flous, en prime. Et si en plus les deux identités ne s’entendent pas très bien, sont jalouses entre elles ou ne sont pas du tout conscientes l’une de l’autre, imaginez le tableau. Certain·es alters ne prennent jamais les commandes seul·es, mais viennent « influencer » avec leurs sentiments ou leurs pensées l’alter qui est devant.

Et pour finir, tous ces changements peuvent causer des migraines, des désorientations, d’autres troubles (alimentaires par exemple), une immense frustration, des problèmes avec l’entourage, le travail, etc, etc.

Je ne fais que résumer pour l’instant, mais on parlera des troubles associés et des anecdotes du quotidien dans d’autres articles.

Alors je vous rassure hein, en ayant conscience de son TDI et en prenant le temps et l’énergie nécessaire, ça peut devenir vraiment contrôlable voire même gérable.

Le mot de la fin (parce que l’article est long)

Il y a énormément de choses à dire sur le trouble dissociatif de l’identité (bah oui, c’est pour ça qu’on a créé un blog). Si certaines choses vous paraissent encore trop floues, rassurez-vous, vous en saurez plus dans les prochains articles. Cet article est déjà si fourni qu’on l’a divisé en deux parties, vous imaginez ? Alors je vais m’arrêter là pour l’instant (histoire de vous éviter une surcharge d’infos quoi, ce serait dommage).

Puis aussi, vous pouvez poser vos questions directement via le formulaire de contact, si vous souhaites qu’on aborde un sujet plus en profondeur. Et promis, le prochain article sera un peu plus fun, parce que la théorie, ça va bien cinq minutes !