L’amnésie dissociative est sans doute l’un des troubles dissociatifs les plus connus mais qui n’est jamais vraiment nommé, parce qu’il s’agit aussi régulièrement d’un symptôme d’autres troubles.

L’amnésie dissociative est sans doute l’un des troubles dissociatifs les plus connus mais qui n’est jamais vraiment nommé, parce qu’il s’agit aussi régulièrement d’un symptôme d’autres troubles.

Critères :

A. Incapacité de se rappeler des informations autobiographiques importantes, habituellement traumatiques ou stressantes, qui ne peut pas être un oubli banal.

N.B. : L’amnésie dissociative consiste en une amnésie localisée ou sélective pour un ou plusieurs événements spécifiques ; ou bien en une amnésie globale de son identité et de son histoire.

B. Les symptômes sont à l’origine d’une détresse cliniquement significative ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

C. La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. l’alcool ou d’autres drogues donnant lieu à un abus, un médicament) ou à une autre affection neurologique ou médicale (p. ex. des crises comitiales partielles complexes, une amnésie globale transitoire [ictus amnésique], les séquelles d’un traumatisme crânien ou cérébral fermé, une autre maladie neurologique).

D. La perturbation ne s’explique pas mieux par un trouble dissociatif de l’identité, un trouble stress post-traumatique, un trouble stress aigu, un trouble à symptomatologie somatique, un trouble neurocognitif majeur ou léger.

Et à ça peut s’ajouter la fugue dissociative :

Avec fugue dissociative : Voyage apparemment intentionnel ou errance en état de perplexité associés à une amnésie de son identité ou d’autres informations autobiographiques importantes.

Pour faire un résumé simple :

  • amnésie d’infos autobiographiques, souvent traumatiques ;
  • des difficultés dans la vie ;
  • pas dû à des substances ni à une autre condition médicale ;
  • ne s’explique pas mieux par le TDI ni le TSPT ni un trouble de stress aigu, à symptomatologie somatique ou neurocognitif ;
  • si avec fugue : voyage ou errance avec amnésie d’identité ou d’infos autobiographiques.

Prévalence :

Le DSM-V indique une prévalence moyenne de 1,8%, avec « 1,0 % chez l’homme, 2,6 % chez la femme » (on suppose genre légal, mais ce n’est évidemment pas précisé). Cependant, l’étude plus récente de 2019 indique une prévalence de 3,6% pour l’amnésie dissociative.

Troubles associés :

Troubles dépressifs, trouble de stress post-traumatique, trouble de conversion, trouble à symptomatologie somatique, troubles de la personnalité, troubles de l’adaptation, …

Comme pour le TDI, on peut passer à côté de l’amnésie dissociative, cachée par des symptômes d’autres troubles. Par ailleurs, la fugue dissociative est considérée comme rare sauf en cas de trouble dissociatif de l’identité (ou d’autre trouble dissociatif spécifié probablement ^^).

Infos en plus :

L’amnésie dissociative est également un symptôme du trouble dissociatif de l’identité. Dans les deux cas, il est fréquent qu’il y ait une amnésie de l’amnésie et qu’on n’ait pas conscience qu’on oublie des choses, ce qui peut encore complexifier le diag. Ne pas avoir conscience qu’on a de l’amnésie est vraiment fréquent et, de la même façon, il est possible d’oublier les événements traumatiques ainsi que le fait même d’avoir vécu des traumas. L’amnésie dissociative est d’ailleurs aussi appelée amnésie traumatique.

En passant, celleux qui ont des yeux de lynx ont peut-être remarqué que le trouble de stress post-traumatique ne doit pas être confondu avec l’amnésie dissociative (critère D) ET que ce sont également deux troubles associés. Alors bon, le DSM-V n’est pas tout à fait clair à ce sujet. En gros, il dit que l’amnésie dissociative ne doit pas concerner exclusivement le moment même du traumatisme, mais il dit aussi que l’amnésie peut être localisée et/ou sélective pour un ou plusieurs événements spécifiques, habituellement traumatiques. Donc bon, on suppose que si l’amnésie ne concerne que l’événement traumatique, ça fait partie du trouble de stress post-traumatique mais que si c’est plus étendu ou que ça concerne d’autres moments, ce sont des troubles comorbides.

Dossier “Les troubles dissociatifs dans le DSM-5”

Cet article fait partie du dossier “Les troubles dissociatifs dans le DSM-5”.

Lien vers les troubles dissociatifs :