Dans l’article La dissociation structurelle, à l’origine du trouble dissociatif de l’identité, je vous ai expliqué la dissociation d’origine traumatique et le spectre qui en découle. Place maintenant aux différentes catégories de dissociation structurelle : primaire, secondaire et tertiaire.

Dans l’article La dissociation structurelle, à l’origine du trouble dissociatif de l’identité, je vous ai expliqué la dissociation d’origine traumatique et le spectre qui en découle. Place maintenant aux différentes catégories de dissociation structurelle : primaire, secondaire et tertiaire.

DISCLAIMER: cet article est ancien. Bien que la théorie de la dissociation structurelle apporte des idées et des notions intéressantes, elle ne constitue pas une vérité universelle ni l’aboutissement des recherches sur le TDI et les troubles dissociatifs ou d’origine traumatique. Elle comporte aussi des incohérences. Pour plus d’informations, consultez cet article qui développe une explication plus complète de cette théorie ainsi que de ses bons et mauvais côtés.

Si vous n’avez pas lu le précédent article, filez le lire, vous comprendrez mieux de quoi je vais parler 😊 Vous vous demandez sans doute encore où se trouve le trouble dissociatif de l’identité dans tout ce que j’ai raconté jusqu’ici. Eh bien, accrochez-vous, j’y arrive ! Assurez-vous d’avoir bien retenu le mécanisme des traumatismes et de la dissociation, ainsi que l’explication sur la PAN et la PE et mettez votre ceinture : place au spectre de la dissociation structurelle !

Information avant de commencer : la dissociation structurelle est la seule théorie accessible en français, elle vient du livre « Le soi hanté ». Nous parlerons du concept de la dissociation structurelle en lui-même et pas du suivi thérapeutique conseillé par les auteur·ices du livre. (En effet, celleux-ci n’évoquent que la thérapie d’intégration à terme, sans considérer la thérapie d’harmonisation comme envisageable à long terme.)

La dissociation structurelle primaire

Il s’agit de la première catégorie de dissociation structurelle. Elle est définie par la présence d’une PAN et d’une PE. La dissociation structurelle primaire peut se produire à tout âge.
Comme je vous l’expliquais précédemment, après une dissociation traumatique, les souvenirs ne sont pas correctement traités par le cerveau et, plutôt que de s’intégrer naturellement, ils forment les matériaux traumatiques qui causent le développement d’une Partie Émotionnelle. Celle-ci est présente pour « gérer » le traumatisme. La personne continue à agir comme si tout était ok (parce que la PAN est en action) SAUF quand la PE est touchée.

Parmi les troubles d’origine traumatique de la dissociation structurelle primaire, on retrouve notamment le trouble de stress post-traumatique, le trouble de dépersonnalisation/déréalisation et l’amnésie dissociative. Elle peut aussi causer d’autres types de troubles comme des troubles anxieux, de l’attachement, alimentaires, etc… Dans la plus grande majorité des dissociations structurelles primaires, la PAN ressemble beaucoup à la personne intégrée (avant la dissociation) bien qu’elle soit différente du fait du/des trouble(s) d’origine traumatique et des symptômes dissociatifs, et la PE est peu développée et presqu’exclusivement activée par les souvenirs traumatiques directs.

La dissociation structurelle tertiaire

(Je sais, je passe de la primaire à la tertiaire comme ça bam ! mais hey relax, je parlerai de la secondaire après 😉 )

Donc parlons de la troisième catégorie de dissociation structurelle. Celle-ci est définie par la présence de plusieurs PANs et de plusieurs PEs (vous l’aurez deviné, c’est un tout autre game, et c’est ici que je vais parler de TDI). La dissociation structurelle tertiaire se produit avant l’âge de 9 ans. Pourquoi cet âge précis ? Laissez-moi vous expliquer.

À la naissance et durant la petite enfance, nous sommes tous·tes capables de nous adapter aux situations (non-traumatiques, qu’on s’entende) via des sortes d’états de personnalité dédiés à répondre à nos différents besoins (attachement, jeu, nourriture, exploration, etc…). Petit à petit, ces différents aspects s’unissent pour donner la personnalité complète de la personne, avec une cohérence du soi. Ce processus naturel s’appelle l’intégration, et elle se termine entre 6 et 9 ans.

Vous l’aurez compris, si des traumatismes surviennent durant cette période, l’intégration peut échouer. C’est le cas, notamment, en cas de traumatismes répétés, perpétrés par une personne censée prendre soin de l’enfant et/ou causés par un intense attachement désorganisé, le tout sans possibilité de fuite. Le cerveau est alors constamment en stress, sidéré et/ou dissocié, au point que l’intégration devient impossible.
C’est comme ça que se forment différentes PEs pour gérer les différents matériaux traumatiques (exemples : une PE pour l’hypervigilance, une PE pour la soumission, une PE pour la fuite, …), et plusieurs PANs pour gérer les différents aspects de la vie quotidienne (exemple : une PAN pour le travail, une PAN pour les relations sociales, une PAN pour répondre aux besoins physiologiques, etc…).

Dans la dissociation structurelle tertiaire, les PANs sont généralement indépendantes les unes des autres avec un certain sens du soi et une conscience plus ou moins développées d’elles-mêmes. Les PEs sont également plus ou moins développées et fonctionnelles, capables d’interactions plus complexes que de « simples réactions » aux stimuli traumatiques. Et oui, vous l’aurez peut-être deviné, ici, les PANs et les PEs sont des alters ou des fragments.

Le trouble dissociatif de l’identité est le seul trouble de la dissociation structurelle tertiaire. On est au bout du spectre, c’est le trouble d’origine traumatique le plus complexe. Bien évidemment, le TDI peut être comorbide avec d’autres troubles (anxieux, attachement, etc…) et les symptômes des autres troubles d’origine traumatique du spectre de la dissociation structurelle sont courants (en plus ou moins grande importance, car chaque personne vit le TDI différemment).

(Je tiens à le préciser : les PANs et les PEs ne sont pas cantonnées à leur rôle, les systèmes ayant un TDI ne sont pas figés et les parties peuvent continuer à se développer et à évoluer. Les PEs peuvent même devenir des PANs et autres joyeusetés ^^ . Mais comme je le disais, les PANs et les PEs mériteraient un article dédié.)

La dissociation structurelle secondaire

Alors, on a d’un côté la primaire (disons la plus simple), et de l’autre la tertiaire (disons la plus complexe). Et entre ? Y a touuuut le reste, du simple au très complexe ^^ … Eh ouais.

La dissociation structurelle secondaire se caractérise sobrement par la présence d’une seule PAN et de plusieurs PEs. Et ça, c’est la base. Elle peut se produire à quel âge ? En principe, à tout âge, mais ça dépend (car bienvenue dans la dissociation structurelle secondaire, où TOUT dépend)… Elle est généralement originaire de l’enfance ou du début de l’adolescence (traumatismes multiples, causés par une personne censée prendre soin, etc…), mais elle peut se produire à l’âge adulte en cas de traumatismes particulièrement intenses et/ou répétés sans possibilité de fuite (comme chez des prisonnier·es de guerre torturé·es ou des victimes de manipulateur·ices par exemple).

Parmi les troubles d’origine traumatique de la dissociation structurelle secondaire, il y a notamment le trouble de stress post-traumatique complexe, le trouble borderline et les autres troubles dissociatifs (spécifié et non spécifié). Bien entendu, les symptômes des troubles de la dissociation structurelle primaire peuvent également se manifester ainsi que d’autres troubles (alimentaires, de l’attachement, etc…).

Et qu’en est-il du stade de développement de la PAN et des PEs ? Devinez quoi ? Ça dépend !
D’abord, c’est différent en fonction du trouble d’origine traumatique associé. Dans le cas du trouble borderline ou du trouble de stress post-traumatique complexe, la PAN est généralement similaire à celle de la dissociation structurelle primaire, soit assez fonctionnelle, formant une unité comme chez une personne intégrée. De leur côté, les PEs seront également généralement peu développées et très peu conscientes. Dans le cas du trouble borderline, elles seront plutôt réactives aux stimuli traumatiques directs (comme dans la dissociation structurelle primaire), tandis que dans le trouble de stress post-traumatique complexe, elles seront potentiellement plus nombreuses, passives mais intrusives par une réactivité aux stimuli indirects et par l’intrusion dans la PAN via des flashbacks plutôt émotionnels ou physiques.
Ensuite, il y a l’autre trouble dissociatif spécifié (ATDS, ou OSDD en anglais), où les choses se compliquent encore un peu. Dans ce cas-ci, la PAN est développée mais surtout, les PEs peuvent l’être aussi ! En effet, les PEs de l’ATDS peuvent être très similaires à celles qu’on retrouve dans la dissociation structurelle tertiaire, soit plus ou moins développées, actives et/ou conscientes (elles peuvent donc être des alters ou des fragments plus ou moins développé·es). L’ATDS ressemble d’ailleurs au TDI, mais sans strictement tous les symptômes nécessaires au diagnostic (par exemple, les alters/fragments (les PEs dans ce cas-ci) ne prennent pas le contrôle complet du corps). Certains cas d’ATDS se rapprochent plus du trouble de stress post-traumatique complexe tandis que d’autres se rapprochent plutôt du trouble dissociatif de l’identité. C’est un spectre, je l’ai dit ou pas ? ^^
Et enfin, il y a l’autre trouble dissociatif non-spécifié, qui est la catégorie où on place les personnes souffrant de symptômes dissociatifs/d’origine traumatique, mais dont les symptômes ne sont pas suffisamment clairs ou connus pour qu’un autre diagnostic soit posé. La PAN et les PEs sont également plus ou moins développées dans cette catégorie. Généralement, ce diagnostic est posé en attendant qu’un diagnostic plus formel puisse être confirmé, mais je dois vous l’avouer, il y a peu de ressources sur le sujet.

Conclusion : ça dépend ! c’est complexe ! mais oui, tout est lié

Vous l’aurez compris, le trouble de stress post-traumatique et le trouble dissociatif de l’identité ne sont pas si si différents. Enfin, si, évidemment, mais leur origine est la même : la dissociation. Et comme il s’agit d’un spectre, il est très difficile de trouver sa place exacte dessus.

C’est pour cette raison que poser un diagnostic de TDI est difficile, car les symptômes peuvent rappeler les autres troubles d’origine traumatique du spectre. De la même façon, le spectre de la dissociation structurelle permet de se rendre compte de l’existence et de l’importance de l’ATDS, un trouble similaire au TDI. De nombreuses personnes se disent qu’elles ne peuvent pas avoir un TDI car elles n’ont pas tel ou tel symptôme même si elles ont les autres… eh bien voilà, c’est « juste » une dissociation structurelle secondaire et non tertiaire. En passant d’ailleurs, l’ATDS est le trouble dissociatif ayant la plus forte prévalence (moyenne de 4,4% de la population, contre 1,5% pour le TDI).

Et voilà pour l’origine du trouble dissociatif de l’identité. J’espère vous avoir éclairé·e sur le sujet et avoir ouvert votre conscience sur les autres troubles d’origine traumatique, car ils sont tous liés. D’ailleurs toutes les infos de cet article sont résumées dans le livre « Le Soi Hanté » (par Onno van der Hart), un condensé que je vous invite à lire (il est un peu rébarbatif mais il est instructif sur la théorie (moins sur le thérapeutique, comme je le disais au début de l’article)).

DISCLAIMER: cet article est ancien. Bien que la théorie de la dissociation structurelle apporte des idées et des notions intéressantes, elle ne constitue pas une vérité universelle ni l’aboutissement des recherches sur le TDI et les troubles dissociatifs ou d’origine traumatique. Elle comporte aussi des incohérences. Pour plus d’informations, consultez cet article qui développe une explication plus complète de cette théorie ainsi que de ses bons et mauvais côtés.