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[YT-S] Table ronde non-humain·es avec Ellon, Arlie et Hildgard

Transcription:

[Kara] Bonjour à toustes et merci d’avoir accepté notre invitation pour parler des alters non-humain-es . Je vais vous poser des questions, mais vraiment elles sont vraiment là pour être une base et pas pour être un canevas strict à suivre. Et donc n’hésitez pas à digresser et à raconter un peu tout ce qui vous semble chouette et à dire, même si ça ne fait pas partie des questions. Du coup, pour commencer. Simple, vous pouvez peut- être à tour de rôle parler un peu de vous et à quel point, en quelle quantité vous avez des non humain-es, comment vous en avez pris conscience, etc un peu présentation. 

[Epsi] Du coup je vais commencer, c’est quand même plus simple. Du coup, moi c’est Epsi et on est une majorité de non humains dans notre système, majoritairement des animaux ou des hybrides animaux donc humains, mais avec des caractéristiques animales. Et donc on est ,je ne sais pas dire combien on est mais on est quand même vraiment une majorité de non-humains et on en a pris conscience… c’est difficile à déterminer parce que c’est un peu un truc qui a toujours été là, mais dont on parlait pas. Mais on en parlait même pas à nous mêmes quoi .C’était un peu un non-sujet. Et puis on a pris conscience de notre multiplicité. Certainement plusieurs fois. Mais même après la prise de conscience, juste après la prise de conscience,  ça restait un truc dont on avait parlé à personne et auquel on pensait juste de façon très intime et personnelle. Mais c’est tout. Et puis, à force de lire des témoignages d’autres personnes multiples et tout et de commencer à voir parler de non-humains et surtout de caractéristiques non humaines, on a fini par comprendre et admettre et exprimer le fait qu’on était non-humains. Du coup, par animaux, on entend dans notre système, en tout cas, majoritairement des loups, des loups garous et des félins. Donc chats et gros chats. On a aussi un chien, mais qui vient moins souvent. Mais globalement, c’est ce genre de quadrupèdes, petits mammifères prédateurs ou loups garous. Voilà.

[Arlie] Alors est ce que tu pourrais juste répéter la question? 

[K]Parlez nous de vous? Comment vous avez pris conscience que vous étiez non humains et qui un peu compose  votre système pour celleux pour qui c’est confortable d’en parler. 

[A] Du coup, moi, c’est Arlie. Du système Atome, on n’est pas majoritairement non humains. On est exclusivement non humains. Donc c’est un peu de tout. Il y a du non-humain mi animal. Il y a du non humains avec des créatures fantastiques. C’était acté comme ça de base, vu tout le monde les. Il n’y a pas vraiment eu de questionnement. Est ce qu’on est humains ou non humains? C’était juste naturel en fait, que tout le monde le soit. Donc il y a ce qui n’a pas vraiment une prise de conscience que c’était comme ça dès le départ. 

[K] Ok, Ellon? 

[Ellon] Ben, moi c’est Ellon, je suis un alter du système ENEM  et dans notre système on est complètement non humains. Personne n’est humain et on est tous morts en fait. Donc ça va être compliqué de trouver quoi que ce soit de l’humain ici. En fait, on est tous des démons et par contre parmi nous, on n’est vraiment que deux à avoir une apparence pas vraiment normale.Mais sinon, tout le reste a une forme humanoïde. Et en ce qui concerne la prise de conscience, il y en a pas vraiment eu parce qu’on a toujours su qu’on n’était pas humains. Déjà parce que les humains respirent et nous pas trop. Donc ça fait quand même une belle différence, quoi. 

[Hildgard] Alors nous, c’est Hildgard donc du système sans nom.Du coup, nous. En fait, c’est simple a part l’hôte, on a que des non humains aussi, même ceux qu’on n’a pas trop trouvés, mais qui sont sans doute là. Ils ne sont pas vraiment humains pour autant. Pourquoi on sait pas vraiment. Pour un d’entre nous qui est très inspiré, on va dire des cultures spirituelles de l’hôte précédent, il est pas mal inspiré, ça fait un peu. C’est un peu lié à son rôle aussi. C’est un peu une sorte d’ange gardien. Donc il en a les attributs. Pour moi donc du coup, je suis un faune, je ne sais pas si j’ai choisi vraiment cette apparence là. En tout cas, ça me semblait agréable. J’ai toujours été comme ça, mais je n’ai pas l’impression d’avoir existé avant, avant le système. Du coup, je ne saurais pas dire trop d’où ça vient  De quoi est ce que je dois parler d’autre? 

[K] Pour le moment, c’est très bien. Et chez moi on est une majorité d’humains. Et pour les peu de non-humains qu’il y a, c’est pas un sujet genre la non humanité ne change pas notre humanité. On s’en fout. Si pour atome l’humanité ça n’existe pas, pour moi, dans ma perception, la non humanité ça n’existe pas, malgré le fait qu’il y ait par exemple une alter dans mon système qui soit une porte, littéralement une porte ou d’autre, avec plutôt une forme humanoïde. Mais ça ne change pas que c’est une perception d’humain. Et j’ai une alter qui se transforme en objet, qui peut devenir une barque.
[El] Et du coup, c’est une métamorphe? 

[K] Je ne sais pas, c’est une humaine. Il y a un moment, il y avait une rivière à traverser et plutôt que de faire popper une barque dans mon esprit, elle est devenue la barque

[El] Donc c’est une humaine qui peut se transformer en objet, C’est pas un objet qui change de- 

[K[ Non, que Esther la porte j’pense que c’est une porte qui se transforme en humaine. Mais pour moi, on est tous humains, mais du coup, on peut continuer un peu avec ce qu’Hildgard a commencé. On peut refaire un tour avec. D’où viennent vos non-humains? Pourquoi sont iels non-humain-es? Et est ce que ça a un rapport avec votre multiplicité? Si c’est applicable pour vous.

[E] Personnellement, j’ai des souvenirs de déjà très jeune. Me sentir plus proche des animaux que des gens et même dans les dessins animés que je regardais des trucs Ainsi, je regardais jamais les dessins animés où c’était des gens,, je regardais des trucs où c’étaient les animaux, les personnages principaux et dans mes jeux aussi, c’étaient les animaux. Je jouais avec les animaux et jamais avec des personnages humains. Donc je pense que la première raison pour laquelle on a autant de non-humains, c’est simplement que notre cerveau s’est senti plus à l’aise dans ça et moins à l’aise dans avec les humains. Après, exactement, pourquoi chaque alter a ses caractéristiques spécifiques. C’est compliqué à dire. Je suppose qu’il y a un peu une notion d’identification, si  je prends par exemple les loups, les loup loup garou. C’est plus peut être parce que c’est des animaux qui sont vus comme plus forts ou j’en sais rien et à coté de ça, j’ai les chats, c’est plutôt des little et les renards. C’est un peu entre les deux. Du coup, il y a peut être une notion un peu comme ça, mais je dirais pas que c’est strictement linéaire.Genre les loups sont que les trucs forts et badass et les chats sont que les trucs petits et mignons à protéger. Mais je pense qu’il y a peut être quand même un truc comme ça. Et le chien ? Il s’est identifié en tant que chien parce que c’est un gentil travailleur loyal. Du coup, je pense quand même qu’il y a quand même ces notions là derrière le chien. C’est le plus récent, mais la base, je pense vraiment que c’est juste que notre imaginaire et notre esprit étaient plus à l’aise dans le monde animal que dans le monde humain.
[K] Est ce que tu penses que ça a un rapport avec ta multiplicité ?
[E] Je ne suis pas sûr au départ. C’est je pense, que la multiplicité est là depuis très jeune et l’identification à l’animal aussi. Et je suppose que c’est assez mélangé. Mais est ce que si je n’étais pas multiple serait quand même allter-humaine ? Peut être par neurodivergence je pense. Un truc comme ça. Et est ce que c’est lié ?

[K]  Est ce que quand t’as pris conscience que t’étais plusieurs, tu as pris conscience que tu n’étais pas humaine ? Où Est ce que tu penses que tu savais que tu n’étais pas humaine avant d’être plusieurs. 

[E] C’est ce que je disais avant. C’était un non-sujet, même dans mon esprit, parce que j’avais des trucs, Mais je l’avais. J’étais gêné, donc j’étais gêné d’y penser. En fait, même pas d’en parler, d’y penser. J’y réfléchissais pas. Mais avec la prise de conscience de la multiplicité et le fait de pouvoir parler à d’autres personnes multiples, y compris des gens qui avaient des alters non humains, notamment lire des témoignages dans des groupes Facebook et des trucs comme ça, je me suis dit bah oui, ça me concerne aussi en fait.
Et c’est ça l’explication pour moi, parce qu’il y a des gens comme je disais qui sont pas humains mais qui ne sont pas multiples, mais se retrouve ici par la multiplicité. Mais c’est plus juste pour les signaler.
[A] Du coup, d’où on ça vient?  Du cerveau. En fait, c’est un peu comme Epsi disait ça c’est créé avec l’imaginaire qui était beaucoup plus du côté des non-humains que des humains déjà de base.Il y avait vraiment un fort attrait pour pareil, regardaient des dessins animés ou tout ça où il y a des animaux, des dragons et plein de choses qu’on ne voit pas dans le monde externe. Parce que finalement, des humains. Et tout ça, c’est ce qu’on voit tous les jours, c’est pas ça fait pas spécialement rêver. Alors que tout ce qui est fictif, ce qui est des univers fantastique, tout ça, c’est beaucoup plus de choses à découvrir, à imaginer plutôt que ce qu’on sait et qui est factuel dans la réalité. Donc je pense que majoritairement, tout ce qui est non humain chez nous, ça vient de là. Ça vient un peu de ce désir de détacher du quotidien, de se détacher de ce qu’il y a dehors et de ce qu’on voit absolument partout. Le rapport avec la multiplicité ? Je ne saurais pas vraiment dire, parce que tout s’est un peu construit en même temps. En fait, ce serait comme répondre à est ce que c’est la poule ou l’œuf qui arrive en premier ? Il y avait des neurodivergences qui ont attiré vers le fait de je ne suis pas comme les autres, j’ai quelque chose de différent. Du coup, je suis plus attiré par ce qui est différent et ce qui n’est pas comme les autres.Et ça a fait un peu l’effet boule de neige. 

[ E] Ce que je trouve marrant, c’est que j’ai l’impression que du coup, pour vous, c’est une sorte se détacher du quotidien. Et moi, c’est un peu la même chose, mais c’est pas réussir à rentrer dans les normes des humains. Pour eux, c’est vouloir s’en détacher. Et moi, c’est là où j’ai trouvé une représentation ailleurs parce que je ne le reconnaissait pas dans l’humain. Je suis sûr que ça se rejoint un peu à mon avis, mais c’est intéressant. 

[El] On est tous morts, on est tous des démons et pour le fait qu’on soit tous des démons, moi je pense que c’est en lien avec notre passé parce que c’est pas nouveau.

Je le répète souvent, mais notre origine est basée sur la Bible. Et au final, quoi de mieux pour se protéger que d’être quelque chose qui inspire la peur dans l’esprit des gens finalement ? Donc pour moi, ça semble logique qu’on soit tous des démons. C’est dans un esprit de protection et de paraître moins faible que ce qu’on était quand on était enfant.

Après, sinon, comme je disais, on est deux alters à avoir des formes pas très humanoïdes. Donc notamment Roxy, elle, je pense qu’elle est probablement inspirée du Cheshire Cat parce qu’elle a des capacités qui s’en rapprochent beaucoup. Genre elle arrive à disparaître, à apparaître quand elle le veut dans l’inner. Moi, je suis une espèce de chimère avec énormément de traits de caractères, avec des animaux.

Je ne sais pas d’où ça vient. Je suis juste apparu déjà comme ça après. Quant à savoir pourquoi Roxy et moi, on est comme ça, je pense que juste le cerveau peut faire des trucs parfois assez perchés et il n’y a pas plus d’explications. Et oui, pour moi, ça vient entièrement avec la multiplicité parce que je pense que si on n’était pas multiple, on serait humains complètement.

[K] Et Luna, elle est humaine. [El] Alors ? Luna Oui, elle a un statut physique d’être humain puisque c’est je crois, qu’on emploie plus ce terme, mais on va quand même l’utiliser. Dans ce cas là, c’est l’original celle qui est née avec le corps, mais elle s’est complètement détachée du corps physique, c’est à dire que ce corps physique, finalement, n’appartient à aucune identité.  On l’utilise vraiment comme un véhicule 

[K] Dans votre inner elle est un démon?

[El]  Non, dans notre inner, elle ne peut pas accéder à notre inner. C’est un peu comme si tu. Comment vous expliquez ? Ce serait un peu comme une sorte de voyante qui arrive à discuter avec nous. [K[ Ok, mais elle ne fait pas partie de votre monde. [El] non, elle ne peut pas accéder à l’inner parce qu’elle est encore vivante techniquement,

K]  OK.Et Hildgard.  t’avais déjà répondu, pardon

[H] Oui, J’avais déjà répondu. Je ne pense pas avoir grand chose de plus à dire. On est pas vraiment inspiré, on est chacun inspiré. Je pense que quelque chose qui est en lien avec, avec le rôle qu’on prend dans le système, notre personnalité, tout ce qui était le plus confortable et le plus cohérent avec ça. Me concernant, c’est plus du confortable et je pense vis à vis de l’autre alters, c’est plus l’iconographie qui allait le mieux. 

[K] Oui, je vois. Question suivante: Est ce que quelqu’un avant ça à quelque chose à rajouter  à ce propos ?

[A]  Ouais, j’ai pensé à un truc quand t’as parlé des alters non-humains… euh non… j’y arrive pas [rire]. De l’alter-humanité. C’est à dire que nous, avant, avant d’avoir la prise de conscience du système et qu’on était plusieurs, on était dans les communautés otherkin parce qu’il y avait ce ressenti de je suis pas vraiment un être humain, Il y a quelque chose, il y a des espèces autres que humain à l’intérieur et du coup, on avait rencontré des gens qui faisaient partie de ces communautés-là. Et leur vécu, en fait, nous parlait vraiment beaucoup. Donc pour nous, en fait, c’était juste qu’on était de cette communauté-là, qu’on était otherkin. Et avec la prise de conscience, ça a mis en lumière qu’en fait c’était lié à la multiplicité.
[K] Ok, mais du coup, vous, si vous aviez été singlet, tu penses que vous auriez quand même été otherkin ?

[A] Je pense. Je pense, ouais.
[K] Ok. La question suivante c’est: est-ce que certain-es ne parlent pas ou s’expriment dans un autre langage ? Et si c’est le cas, comment vous communiquez avec elleux ?
[E] Dans mon cas, ouais. On est vraiment beaucoup à avoir une forme plus animale à l’intérieur et une forme plus hybride quand on est à l’extérieur. Et du coup, on est quand même beaucoup à savoir parler, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, parler le langage humain, le français quoi. Du coup, ça aide. Mais c’est clair qu’on a… Deux choses. Il y a quand même des alters qui sont plus à l’aise de pouvoir s’exprimer avec leur langagage à eux, du genre des chats qui miaulent ou des trucs comme ça. Et parfois, c’est plus facile de répondre en miaulant que de répondre avec des mots, même à l’écrit quoi, c’est plus facile d’envoyer un GIF qui représente une émotion que d’envoyer des mots. À côté de ça, on a des alters qui parlent pas, pas du tout. Ils comprennent relativement ce qu’on dit, mais ils s’expriment en bruits et autres grognements. Et du coup, pour communiquer à l’intérieur, ça va parce qu’on a quand même une perception de leur attitude et de leurs intentions. Mais ils savent quand même pas exprimer exactement ce qu’ils pensent quoi. Mais il y a souvent des alters qui sont plus proches d’eux et qui ont plus accès à leur ressenti ou leurs pensées réelles internes quoi, donc pour s’exprimer, ça va. Mais quand ils front, c’est quand même vachement plus compliqué parce qu’ils utilisent pas de mots. Et du coup, c’est vraiment une question de percevoir les attitudes. Vu que nous c’est des animaux, les animaux, ils s’expriment sans parler et donc à l’intérieur et à l’extérieur, c’est pareil quoi. C’est vraiment l’attitude et d’autres façons de se comprendre et c’est une question d’habitude. Mais voilà, je ne sais pas si j’ai d’autres conseils sur la communication quand ils parlent pas à part trouver un moyen de communiquer parce qu’il y en a toujours.
[K] Ouais si je peux juste rajouter un truc à ce propos, c’est de le faire en deux temps, ça peut être cool s’il y a un alter non-humain qui parle pas, qui essaie de s’exprimer avec quelqu’un d’extérieur au corps et qu’il y a des bribes qui ont été comprises mais pas d’autres, faire un feed back après en disant “là tu vois, quand t’as cru que tu comprenais ça, en fait, je pense, moi de l’intérieur que ce qui voulait être dit, c’est ça”, ben ça aide vraiment à affiner la communication. Et au final d’avoir des tips et du coup de pouvoir se dire ok, tel comportement, ça veut dire plus ou moins tel type de réponse et que ça s’affine au fur et à mesure.
[E] Ouais.
[K] Moi je parle très bien le loup. Je parle très bien le chat aussi. Je parle mieux le chat que le loup, mais c’est parce que les loups sont moins patients pour m’apprendre.
[H] On a quelqu’un de chez nous qui parle bien le loup aussi.
[A] Il y a très peu d’alters qui ont pas la même communication verbale qu’on a, enfin de parler français globalement. Quand ça arrive, on arrive quand même à se comprendre parce que les émotions, elles savent comment se faire passer. C’est comme quand on a un chien, par exemple, et il sait se faire comprendre. Il sait quand il a envie de manger ou de sortir. Donc on arrive quand même à avoir des interactions ensemble et à se comprendre par une autre communication que de parler le français, c’est du langage corporel en fait. Mais il y a très peu d’alters qui ne peuvent vraiment pas parler chez nous.
[El] Oui, alors nous, pour le coup, on n’a aucun souci de communication entre nous parce que parfois ça nous arrive juste de parler en anglais au lieu du français, mais c’est tout.
[K] Ok. Et pour vous, Hildgard ?

[H] Désolée, on n’a pas grand chose à dire sur le sujet, mais globalement, vu qu’on est tous des non-humains à caractéristiques humanoïdes, on parle la même langue, on se comprend assez bien. Pour la communication, j’ajouterais qu’on se transmet aussi pas mal d’émotions, de feeling, de choses un peu comme ça, donc même si jamais on ne parlait pas la même langue, j’imagine qu’on pourrait toujours faire ça aussi mais voilà.
[K] J’ai envie de parler d’un truc, mais c’est pas le sujet. Du coup, je sais pas si j’en parle, mais j’en parle et au pire je cutterai.
[E] Mais ouais.
[K] De toute façon vous êtes tous trop disciplinés du coup je vais être indiscipliné. En tant que personnes très très humaine, moi je me suis beaucoup posé des questions du qu’est-ce qui était plus bizarre entre que vous, vous soyez non-humains ou que moi je trouve pas ça bizarre alors que je le suis pas. Et peut être que c’est un truc que des personnes proches, singlets ou même multiples se disent, du est-ce que je dois voir ça comme une bizarrerie des autres ou pas ? Et  bah vraiment moi il y a des fois où je me pose la question de me dire mais qu’est ce qui est le plus bizarre au fait ? Et je pense que bah non, c’est comme les autres trucs et être en relation avec quelqu’un quel que soit le type de relation, ça veut dire s’adapter à ce qu’il est. Et ben ça en fait partie. Mais alors que, qu’on se le dise, à première vue, ça peut paraître bizarre. Moi, je vois leurs oreilles. Parce que c’est au départ physique de quand ils bougent leurs oreilles, ça fait bouger un muscle ici, sur le front. Mais moi, à force de, comme je disais avant, d’avoir couplé le “comment tu te sens, ok”, ça fait tel mouvement de muscles sur ton front, moi, je vois plus ce muscle de front comme un muscle, mais comme des oreilles. Pour moi, c’est clair. Je peux dire c’est bon, c’est pas parce que je te parle un peu fort que t’es obligé de coucher tes oreilles comme ça. [rires] Et vraiment, oui, ça m’est arrivé de me dire je suis bizarre, mais non, c’est juste, ça fait partie de nos moyens de communication. Comme plein d’autres trucs en fait. Et c’est ok. Et ça ne veut pas dire que voilà.
[E] Oui, je suis d’accord. Et c’est vrai que j’en ai pas parlé parce qu’on a pas encore parlé des membres fantômes et qu’on en parlera après si on suit bien notre script de questions. Mais c’est un moyen de communication chez nous d’utiliser du coup les oreilles ou la queue, qui sont des membres fantômes du coup mais qui sont visibles si on sait les voir.
[K] Oui, c’est ça. Voilà. Mais non, ce n’est pas bizarre de voir les membres fantômes des gens qui voient leurs membres fantômes. C’est pas plus bizarre, c’est ça que je veux dire. Du coup, c’est un très bon pont pour la question suivante qui est : comment ça se passe quand iels front ? C’est quoi leur rapport au corps ? Justement, est ce que vous avez des membres fantômes ? Est ce que vous vous sentez en décalage avec l’humanité ? Et voilà.
[E] Bah nous, comme je disais, on a tous… quasiment tous, pas tous. On a quasiment tous une espèce de forme hybride humaine. Du coup, on est pas trop mal à l’aise dans le corps parce qu’on sait utiliser nos mains, on sait marcher, il n’y a rien de compliqué là dedans pour nous, au delà des difficultés du corps en général mais ça n’a rien à voir avec le fait d’être non-humain. Par contre, effectivement, on a des membres fantômes, donc des oreilles, une queue. Et c’est tout. Même si parfois nos mains c’est plutôt des pattes et pas des mains. Et donc utiliser les doigts, ce n’est pas évident. Donc dans l’ensemble, franchement, ça va. C’est vraiment des perceptions, quoi. Les membres fantômes, on sait qui sont pas vraiment là, mais ça n’empêche pas que quand on parle; nos oreilles elles bougent ou quand on réagit, nos oreilles elles bougent, ça nous empêche pas de battre de la queue, ça empêche pas, et ça c’est le truc chiant, que quand on se coince la queue quelque part, ça fait une espèce de douleur mentale. Euh. Comme si tu te coinces la main dans une porte, si tu te coinces la queue dans une porte, ça fait mal. Sauf que très vite, je me dis non, c’est pas vrai, elle est pas réellement coincée. Mais voilà, c’est une espèce de “merci le cerveau”. C’est en même temps agréable de se sentir à l’aise dans son corps et c’est en même temps le “mais pourquoi ?” Voilà. Et pour les alters qui sont plus proches de leur forme animale ou qui n’ont qu’une forme animale, parfois, c’est plus compliqué. Je pense par exemple aux littles chats du coup qui aimeraient être beaucoup plus petits que ce qu’ils sont pour pouvoir faire une boule sur les genoux ou des trucs comme ça, c’est pas possible, mais ça, c’est un peu un problème qui peut toucher d’autres alters, notamment d’autres littles mais malgré leur forme hybride, ça peut être un peu compliqué au niveau de ce rapport au corps qui est trop grand ou trop bipède. On a un alter en particulier, un loup, qui a vraiment juste une forme de loup. Et quand il est là, il se lève pas, il reste couché, mais je ne pense pas qu’il soit capable- Je pense que s’il fallait vraiment, il pourrait mais je ne pense pas qu’il soit capable de marcher. Et je pense qu’il peut se déplacer à quatre pattes mais il pourrait pas utiliser le corps humain tel qu’il est. Il ne sait pas se servir des mains parce qu’il a des pattes. Il sait pas mettre ou enlever un T-shirt par exemple. Il est vraiment très, très coincé dans ce corps. Et je pense que c’est pour lui que c’est le plus flagrant. [vers Kara] À ton avis ?
[K] Oui, je pense. J’ai complètement digressé. J’étais en train de me demander si tu savais si bien nager la nage du petit chien parce que t’étais non-humain, du coup mon cerveau m’avait emmené trop loin. Mais oui, oui, je suis tout à fait d’accord avec toi à part ça.
[E] C’est tout à fait vrai. Je nage beaucoup plus vite en petit chien qu’en brasse ou en crawl. Vraiment. La synchro de mes quatre petites pattounes, elle est excellente, mais de mes bras et de mes jambes, c’est moins bien. [rire] Je pense que c’est moins naturel tu sais.
[K] Je ne sais pas, c’est parce que t’en parlais mais oui, moi j’essaie, depuis qu’on se connait à chaque fois qu’on va à la piscine, moi, j’essaie d’imiter leur nage du petit chien. Moi, je ne peux pas faire ça quoi.
[El] Du coup, j’ai une question.
[E] Vas-y.
[El] Est ce que du coup tu trouverais ça plus naturel ou peut-être pas de te déplacer à quatre pattes ?
[E] Je pense que pour certains oui. Et je pense que si je pouvais, je le ferais. Je sais que plus jeune, je me déplaçais beaucoup à quatre pattes et ne serait-ce que je ne prenais pas un escalier sur mes deux pieds. Les escaliers, c’était systématique. Je pense parce que la position inclinée fait que c’est plus confortable. Et le problème, c’est que j’ai vite mal aux genoux. Donc il faut quand même que je fasse gaffe à ça. Mais je pense que si sociétalement c’était possible et physiquement c’était un peu plus possible, je pense que oui, je serai plus à l’aise à quatre pattes que debout à plein de moments. En tout cas, quand ces alters-là sont plus proches ou quand les formes animales sont plus proches.
[El] Ok.
[E] Voilà, ça, c’était vraiment par rapport au corps. Et du coup, à l’intérieur, donc dans l’inner, on a beaucoup plus nos formes animales. La little en question est qui est un chat, elle a quasiment que sa forme de chat, et du coup, là, elle peut faire une petite boule sur les genoux d’un autre alter dans un fauteuil.
[K] Elle joue sur un arbre à chats.
[E] Oui, elle a un arbre à chats depuis quelque temps. Et les loups peuvent courir dans leur forêt. Mais ça n’empêche pas qu’on communique, qu’on communique de la même façon, mais de toute façon, en interne, on est très à communiquer plus par intuitions/pensées que par vraiment se parler. Mais oui, les comportements sont quand même plus animaux encore à l’intérieur. Voilà. Et le seul truc- à la limite en fait, pour revenir au corps, c’est plus facile pour nous, sauf les alters qui sont vraiment genre le loup qui sait pas se lever ou des trucs comme ça, mais pour la plupart d’entre nous qui ont cette espèce de forme hybride, c’est plus facile pour nous d’utiliser le corps avec nos membres fantômes et tel qu’il est que pour des alters humains de notre système, de sentir nos membres fantômes. C’est plus gênant pour eux de- enfin, les alters très humains, il y en a beaucoup quand ils sentent les oreilles, ils ne sont pas à l’aise genre “je fais quoi de ce machin là sur ma tête ?” Parce qu’il y en a un autre avec des oreilles qui est trop près quoi. Au final, c’est nos alters humains- Les alters humains sont dans la plupart des cas plus récents- Nous, les alters non-humains, on est plus anciens et les alters -merci mon bras- les alters non-humains sont plus anciens et les alters humains sont plus récents dans le système. Et je pense qu’ils sont plus mal à l’aise avec nos attributs non-humains que nous avec le corps humain. Je pense. Pour la plupart.
[A] Du coup, vu qu’on est globalement tous plus ou moins un peu bipèdes, un peu comme le corps, il n’y a pas vraiment de notion de ne pas savoir se servir du corps. Enfin on arrive tous à s’en servir et il n’y a pas de problème. Pour les membres fantômes, c’est un peu délicat dans le sens où, comme en interne, on est habitués à avoir notre corps, on est habitués à avoir nos oreilles, notre queue, nos ailes, tout ça, on sent pas vraiment la différence en fait quand on vient dans le corps, parce que c’est normal pour nous de les avoir en fait. On s’en rend plus compte au moment où on réalise qu’on les a pas. Par exemple, j’ai des queues derrière et du coup, si je m’assois sur le canapé, je ne vais pas me faire la réflexion tout de suite du fait qu’il n’y en ait pas, C’est un moment après où, je vais me dire “oh mais j’ai réussi à m’asseoir sur le canapé alors que d’habitude ça aurait un peu bloqué derrière, genre c’est marrant”. Et du coup, globalement, au niveau des membres fantômes, on les sent pas vraiment en permanence quand on est au front, ça arrive beaucoup plus en fait de s’en rendre compte qu’on a plus certains éléments qu’on a à l’intérieur parce qu’on ne les a pas sur ce corps là. Après, il y a eu des moments où ça se sentait sur le corps. Il y avait normalement quelque chose à cet endroit là et qui, en fait, n’y était pas. Et pour ces moments là, en fait, ce qu’on fait, c’est qu’on essaye d’imiter le mouvement avec autre chose. Par exemple, pour une queue, le fait de bouger la jambe, ça peut faire comme si c’était la queue qui bougeait. Et on sait qu’il y a des gens qui utilisent des accessoires, par exemple des serre-têtes avec des oreilles ou des ceintures avec une queue accrochée derrière. Mais nous, on préfère faire directement avec ce qu’y a sur le corps parce que ça ressemble un peu plus au mouvement qu’on pourrait faire.
[K] Et toi Ellon?
[El] Alors nous, ce qui est particulièrement perturbant quand on front en fait c’est la sensation d’avoir son cœur qui bat. Ça peut paraître chelou dit comme ça, mais dans l’inner, on n’a pas le cœur qui bat, on n’entend pas le cœur battre, et même au niveau des tempes ou des poignets, on sent rien du tout. Et il y a même certains alters pour qui, du coup, le fait de fronter est douloureux physiquement parce qu’on sent le cœur cogner dans la poitrine. Donc ça, c’est un premier décalage avec l’humanité. Et le deuxième qu’on a aussi souvent, c’est qu’on oublie parfois complètement de respirer. En plein milieu d’une phrase, on va se mettre à faire des grandes respirations d’un coup parce qu’on a complètement oublié de respirer, qu’on n’avait pas assez d’air pour finir la phrase ou même des fois, on est tellement concentrés qu’on oublie. C’est-à-dire qu’il faut qu’on se souvienne, qu’on se rappelle “ah oui, c’est vrai, faut respirer”. Donc c’est quelque chose qui est commun à tous les alters de mon système. Sinon, Roxie, elle, ça la perturbe c’est au niveau des dents parce qu’elle a une dentition où elle a des crocs. Et quand elle front, elle a comme une sorte de gêne ou de manque et elle constate assez rapidement qu’elle n’a pas la même force dans la mâchoire que dans l’inner. Et du coup, elle va un peu galérer à manger.Des fois, elle va croire qu’elle a la capacité de casser quelque chose avec ses dents alors qu’en fait non, ça lui arrive aussi de vouloir bien sûr se gratter ses oreilles, mais elle peut pas. Ou alors ben un peu comme Epsi disait tout à l’heure elle va vouloir s’asseoir et elle va se coincer la queue et elle va avoir cette espèce de douleur que alors que non, elle n’a pas sa queue ici, quoi. Et sinon dans l’inneren oui, du coup c’est plus facile pour tout le monde parce que du coup, on a toujours été habitués à être morts. Et par exemple pour Roxie, elle va vivre sa meilleure non-vie, elle va sauter partout, chasser et grimper aux arbres. Et il faut bien admettre que c’est pas bon d’être un poulet dans le coin quand elle est dans les parages. [rire] 

[K] Est ce que tu crois qu’avoir un cœur dans le monde physique, ça augmente ton anxiété ?
[El] Oui, ça augmente l’anxiété de Kim. Kim, par exemple, c’est la seule alter du système qui, quand elle front, elle fait de la tachycardie.
[K] Oui, c’est ça.
[El] Parce que ça l’angoisse de sentir son cœur donc elle va y penser. Et du coup, son cœur s’accélère. Voilà.
[K] Merci le cerveau.
[E] Oui c’est ça, C’est vraiment merci le cerveau quoi.
[El] Oh bah je lui dis pas merci hein! C’est difficile quand d’un seul coup tu te tiens la poitrine, t’es là “eh-eh”, t’es en train de crever, et qu’il y a tes potes qui font “ça va” et t’es là “p…, je crois que mon cœur bat”. Oui, c’est normal.
[E] “Par contre j’ai oublié de respirer”, c’est pas simple.

[El] “Par contre j’ai oublié de respirer” et ça c’est que c’est chiant par contre. Du coup tu te retrouves à faire des bruits bien agréables, genre en plein milieu d’une discussion t’es là “hhh, hhh, pardon”. Je fais de l’apnée. Mais pas sous l’eau. Ce qui est con quand même.
[K] Hildgard?
[H] Alors chez nous, il y a un vrai double sentiment en fait, par rapport à ce qui se passe quand, je vais parler de moi, quand je front euh, c’est à dire que je suis à la fois d’un genre différent du corps et à la fois différente physiquement du corps. Du coup, je ressens à l’extérieur comme des membres fantômes, notamment sur les cornes. Et pourtant, je ressens aussi en fait les attributs du genre différent du corps, la barbe, des choses comme ça. Mais du coup, je les ressens pas au même niveau. C’est un peu comme si c’était ignoré, ou en tout cas, je fais avec. Après, je pense que ça vient du fait qu’on sait très bien que le corps sera différent de nous quand on est à l’extérieur. Et donc on se dit un peu comme ce qui a été dit précédemment, que c’est le corps du système en fait, du coup front, ça fait aussi partie de l’expérience, en fait, d’expérimenter un corps avec des attributs différents des nôtres. Et à la fois, il y a ce truc de je ressens quand même mes attributs à l’extérieur. Je crois que c’est tout.

[El] Donc en fait, vous aussi vous considérez le corps comme un vaisseau et pas comme une entité à part ?
[H] Complètement.
[El] C’est une coquille quoi.
[H] C’est ça, c’est vraiment un vaisseau. C’est conscientisé que ce n’est pas notre corps, qu’on l’incarne simplement de façon passagère. Et il n’y a pas de problème avec ça, en fait vraiment. Moi, j’accepte complètement que ça fasse partie du truc et ça ne me pose pas de problème.

[El] Mais oui, du coup, j’ai une question: est ce que vous avez déjà pensé à harmoniser le corps extérieur? Genre par exemple, lui mettre des caractéristiques ou des détails que des alters ont pour pouvoir- Par exemple, je vais dire une bêtise, mais si vous avez un alter qui a des écarteurs, est ce que vous avez pensé à ce que le corps ait aussi les écarteurs pour que quand il front, il ait au moins ça?

[H] Nous, on aimerait bien oui. On est en train d’essayer de mettre en place des choses. C’est pas forcément évident, mais on verra ce qu’on peut faire.
[K] Peut-être t’as quelque chose à dire à ce propos Atome, vous êtes un peu aussi là dedans, non ?
[A] Oui! Beaucoup! Nous du coup, c’est vraiment ce qu’on a essayé de faire. Donc que ce soit déjà au niveau du genre et de ce que ça représente pour nous. Du coup, le corps est notre vision un peu du neutre en fait, c’est pas c’est pas le neutre du genre commun dans le spectre de base, mais c’est ce que nous on a de plus neutre en fait au niveau du système. Comme une majorité ont les cheveux longs, du coup le corps a les cheveux longs pour que ça puisse convenir en fait un peu à une majorité des gens qui vont l’utiliser. Après tout ce qui est dans la modification corporelle, on a un bon bon pied dedans et il y a déjà des choses qui ont été faites pour s’éloigner un petit peu physiquement de l’apparence de base du corps humain de base. Mais ça coûte des sous. Du coup…
[K] Je crois qu’on en avait parlé mais dis-moi si je me trompe. Mais vous avez réfléchi ou peut être que vous y réfléchissez encore à avoir des piercings de surface pour mettre des cornes?
[A] Ouais, en fait on y pensait à un moment. C’est des implants en fait qui se mettent sous la peau. Et on y pensait parce qu’il y a beaucoup d’alters de chez nous qui ont des cornes, du coup, ça serait bien en fait que le corps directement, il y ait déjà des petites cornes. Mais voilà, ce n’est pas des procédures anodines et ça coûte de l’argent. Donc ça se réfléchit quoi.
[K] Oui, mais si c’était genre gratuit et sécurisé, vous hésiteriez pas quoi.
[A] Oui, clairement on le ferait oui. On a déjà fait des choses qui sont un peu plus au delà que juste piercings et tatouages. Donc oui, clairement, s’il y avait les moyens et que c’était simple de le faire, oui, on le ferait.

[K] Ok. Et du coup tu poses la question Ellon parce que toi aussi tu réfléchis? Toi aussi, t’aimerais bien?
[El] C’est prévu pour 2023.
[K] Tu veux développer?
[El] On va avoir beaucoup de changements physiques. Alors déjà, on a décidé de- On a parlé de ça il y a trois semaines, c’est ça qui est rigolo. On a décidé de faire quelque chose de nos cheveux parce qu’actuellement le corps a une couleur de cheveux que personne n’a dans l’inner. Donc c’est compliqué du coup. Et du coup, on a décidé de faire un peu comme ce que disait Arlie, c’est à dire de faire un espèce de, comment dire, un stropole si vous voulez. On a compté quelles étaient les couleurs de cheveux les plus récurrentes dans l’inner et du coup, on va faire un mélange de couleurs. Ça va être bizarre, mais ça va se faire. Par exemple y a ça. Il y a les tatouages qui vont arriver du coup. On va avoir la pose d’écarteurs et sans doute une transformation physique où on va faire de la muscu pour être un peu plus ressemblant au corps, un peu plus neutre. Voilà, voilà.
[K] Beaucoup de motivation.
[El] Beaucoup de motivation mais oui, c’est pour essayer de se sentir un peu mieux parce que ben actuellement voilà, quand on front, on n’est pas à l’aise du tout dans ce corps là en fait. Personne ne se sent à l’aise, donc il faut modifier tout ça. Ça s’appelle des rénovations, je veux rien entendre. Et du coup, Epsi, vous vous le voyez comment le corps? Pour vous, c’est une coquille ou c’est encore autre chose?

[E] Ben je pense que moi, en tant qu’hôte, mon corps, c’est moi. Enfin je pense que je ressemble au corps. En fait, c’est compliqué parce que, et je pense que c’est un peu lié mais, je vois peu notre apparence physique à l’intérieur. Je suis prosopagnosique, donc je retiens pas les visages, et même les alters à l’intérieur, je ne vois pas leur visage. Je connaîs des traits, par exemple, je sais qui a les cheveux roux, qui a les cheveux noirs ou qui a les cheveux blonds. Mais je ne peux pas voir vraiment des visages ou des physiques vraiment très, très précis. Par contre, je vois très bien les physiques très très précis, les visages très précis de tous les alters dans leur forme animale, ce qui est toujours assez comique. Merci le cerveau encore une fois.
[K] Elle peut décrire un chat qu’elle a vu une fois au coin de la rue, mais son médecin traitant, elle ne peut pas le décrire alors qu’elle y va depuis 25 ans. [rires]
[El] Pareil. Pareil.
[E] Et du coup, physiquement, je ressemble au corps. J’ai des cheveux blonds courts, le corps a des cheveux blonds courts, j’ai les yeux bleus, le corps a des yeux bleus et physiquement, globalement, c’est assez similaire. Et à côté de ça, les autres, c’est un peu- Je pense qu’on est vraiment très détachés de notre corps en fait. Je ne sais pas si c’est par dissociation ou par je m’en foutisme, mais on n’est pas très sur notre apparence et des trucs ainsi. Du coup, le corps, c’est même pas que c’est un vaisseau dont tout le monde se fout, on est juste tous “juste c’est comme ça dedans” je pense. À part comme je disais ouais, des littles qui le trouvent vraiment trop grand, des trucs comme ça, mais nous, globalement on s’en sert comme il est. Il y a un peu des alters qui pourraient vouloir des trucs. Genre j’ai eu une boucle d’oreille longtemps et j’ai dû l’enlever et finalement je l’ai pas remise et ça a un peu râlé. Mais vraiment c’est passé au bleu. Voilà. Oui, on est assez détachés de notre corps, on a peu d’intérêt pour ça, je pense vraiment.
[El] Ok.
[E] Mais on a peu d’intérêt- Enfin moi personnellement, j’ai vraiment peu d’intérêt pour mon apparence dans l’absolu, tant que je suis à l’aise. Tu vois, si vraiment il y avait un truc qui me mettait mal à l’aise- Enfin je sais qu’il y a des alters qui sont plus dysphoriques, des alters pas cis par rapport au corps. Bref, c’est compliqué. Des alters mecs dans le corps AFAB, qui ne sont pas forcément à l’aise. Du coup, on s’arrange pour qu’ils se sentent plus à l’aise dedans. Mais globalement, on est un peu tous… ouais on s’en fout. [rire]

[K] En fait, j’ai l’impression que la pression- Mais après, c’est d’un point de vue essentiellement humain du coup, et je réponds à la question, mais pas dans le contexte du sujet. J’ai l’impression que les seuls problèmes que j’ai avec mon corps et c’est un “que nous avons avec ce corps”, c’est lié à la pression sociale. Et vu qu’on est très peu en contact avec la société, eh bien ça ne pose pas de problème. J’ai des problèmes avec la perception genrée de mon corps quand je sors de chez moi. Mais vu que je sors de chez moi deux fois par semaine tout au plus, et bien je m’en fous.
[El] Eh, c’est déjà plus que moi. J’ai fait une sortie ce mois ci.
[E] Ouais que moi, même la pression sociale, je m’en fous. Enfin tu vois, c’est personnel quoi, vraiment le regard des gens et tout, la perception même genrée et tout ouais, voilà.
[El] Ouais que nous, c’est pas du tout en rapport avec la pression sociale ou quoi que ce soit. C’est vraiment pour nous, en fait, pour nous se sentir plus à l’aise dans ce corps là. Après ce que les autres en pensent, rien à cirer.
[E] Question cornes! J’ai l’impression que ce serait plus “facile” entre guillemets pour par exemple Arlie de mettre un truc qui donne l’impression d’avoir des petites cornes que moi pour les oreilles parce que le problème des trucs comme ça, c’est que ça ne bouge pas. Je sais que j’ai des oreilles sur mon casque, mais je sais que je ne mets pas de chapeau parce que ça m’écrase les oreilles. Mais j’ai des oreilles sur mon casque, mais comme elles bougent pas, c’est cool mais en même temps, c’est un peu bizarre. Je sais pas si pour les cornes, ça fait ça vu que les cornes ça bouge pas?
[K] C’est peut être c’est qu’Arlie disait pour la queue?
[A] Oui, oui c’est mieux de faire un mouvement, mais tu vois dans le fait de faire une modification corporelle quoi.
[El] Parenthèse,  je sais pas si tu sais mais il existe des chapeaux ou des bonnets, parce qu’on en a un comme ça que les littles ont acheté, où tu peux actionner le mouvement des oreilles.

40:43
[E] M’en parle pas. [rire] C’est drôle, c’est pas un besoin, mais ce serait cool si c’était le cas. Mais c’est très comme ça qu’on gère notre corps. Tu vois, si on pouvait avoir un corps un peu différent, ce serait cool, mais on s’en fout.
[El] Oui, ce serait un bonus mais il n’est pas obligatoire.
[E] Mais voilà, mais je sais qu’il y a des queues et des oreilles animatroniques avec des applications et des mouvements fluides, et des trucs comme ça qui voilà, ça coûte assez cher mais ce serait vraiment cool, mais ce n’est pas une nécessité.
[El] Ok.
[K] Mais si tu étais riche, t’en aurais.
[E] Ouais, si j’étais riche, oui pourquoi pas oui. 
[El] Ouais mais si on était riches, on aurait tous les trucs inutiles.
[E] C’est vrai. [rire]
[K] C’est encore un autre lien, c’est cool, on fait bien des choses. Est ce que vous avez envie de parler justement du regard des autres et de votre propre regard vis à vis de la non-humanité? Et est ce que vous êtes à l’aise d’en parler? Et comment vous en parlez?
[E] Du coup, moi, j’étais quand même assez gênée de ça parce que du coup, ça fait vraiment longtemps que je les sens mes oreilles et des trucs comme ça et juste ouais. Sauf pendant toute une période, pendant quelques années, c’était une alter humaine qui a pris le front le plus et donc je les sentais vraiment moins mais quand ça lui arrivait, elle était vraiment très, très gênée, alors que personne le savait et personne le voyait et juste, voilà c’était très… Je ne sais pas pourquoi j’en avais honte. Je pense juste parce que c’était une bizarrerie et qu’à ce moment là, c’était encore compliqué de gérer les bizarreries. Et du coup, je me suis rendu c… Enfin, la première personne à qui j’en ai parlé, c’est Kara. Et c’était… en 2019?
[K] Ouais c’est bien après que tu m’aies parlé du fait que tu étais multiple.
[E] Oui, c’est ça. C’est bien 5 ans après que je lui ai parlé du fait d’être multiple. Et la façon dont j’en ai parlé, c’est assez drôle. C’est parce que sur un groupe Facebook, du coup, il y avait quelqu’un qui parlait du fait d’avoir des ailes membres fantômes et d’avoir du mal à passer les portes parce que mentalement, c’était compliqué de passer les portes avec ses ailes quoi. Et Kara me dit “oh wowh, ça doit être compliqué comme truc, le cerveau, c’est particulier”. [rire]
[K] Et c’était pas méchant de ma part et ça se voulait pas jugeant, mais ça avait un espèce de ton du “oh, c’est la première fois que j’entends ça et je ne veux pas du tout juger les gens, mais c’est vraiment à 1000 lieues de ce que je pouvais imaginer” quoi. Du coup, mon ton n’était, ouais, pas jugeant, mais un peu genre “olalah, t’as vu cette bizarrerie, je connaissais pas”.
[E] Voilà. Et là, ma tête a un peu changé. [rire] Et je ne sais pas si je me suis laissé griller ou si tu m’as grillée ou un peu des deux, mais ça a été un peu le “alors en fait euh…”.
[K] “Maintenant que tu parles de ça…”
[E] Oui c’est ça, “en fait, ça m’arrive tout le temps de me coincer la queue dans la portière de la voiture, quand je sursaute en fait c’est pour ça, c’est pas du tout parce que j’ai pris une petite décharge électrique”. Voilà. Mais j’étais vraiment gênée. J’étais vraiment fort gênée d’en parler quand même. Cette fois là, c’était vraiment la première fois que j’en parlais et du coup, j’avais 28-29 ans quoi, et alors que je t’avais déjà raconté des trucs bien pires sur moi.
[K] Mais oui.
[E] Voilà, J’étais vraiment gênée. La deuxième personne à qui j’en ai parlé, c’est Holly, et peut-être Luna à ce moment là, mais c’est à vous quoi. Parce qu’on a parlé du fait que chez Kara ils voyaient mes oreilles. Et du coup, vous avez commencé à essayer de deviner de quel côté était ma queue, c’était drôle.
[El] C’était pas le moment où Holly avait peur de s’asseoir sur ta queue?

[E] Oui, tout à fait.

[El] Ah la phrase horrible.
[K] Me souviens pas du tout de ça.
[E] Mais c’est quand on est allés les voir.
[K] Aucun souvenir.
[E] Ouais c’est quand on est allés vous voir et qu’on en a parlé et que Holly avait peur de s’asseoir sur ma queue, c’était très drôle. Mais du coup, c’est cool parce que les deux premières fois où j’en ai parlé, ça s’est vraiment bien passé. J’ai jamais eu de shame sur ça. J’ai eu mon shame personnel du… je me comporte comme un chat, comme un loup ou… c’est bizarre pour moi mais les premières fois où j’en ai parlé, au moins, ça s’est bien passé et ça a été bien accueilli et on en a rigolé et tout bien. Aujourd’hui; c’est pas le premier truc que je dis… Mais déjà, je côtoie plus que des gens qui savent que je suis multiple et tout et qui donc sont un peu plus dans des sphères où les alters non-humains ça existe et donc je peux en parler plus facilement. Mais c’est quand même pas le premier truc dont je parle au départ, même si ça finit souvent par venir dans la conversation mais voilà, ça reste un truc dont je parlerais pas- Je parlerais plus facilement de la multiplicité que du fait d’être non-humain. Je ne sais pas pourquoi. Je pense que c’est parce que je pense que j’ai l’impression que sur la multiplicité, il y a beaucoup d’idées reçues chez les gens, que sur l’alter-humanité, c’est même pas des idées reçues, c’est juste du foutage de g… et il n’y a rien à expliquer. Je sais qu’une fois- Sur le TDI/la multiplicité, les gens, ils croient des trucs parce qu’ils ont vu des trucs, mais si on leur explique, ils comprennent -ils peuvent comprendre en tout cas, ou s’ils ne comprennent pas juste, bref. Mais je sais que sur un live, une fois on parlait de ça, on parlait des alters non-humains, je parlais même pas de moi spécialement, on parlait juste du sujet. Et il y a une personne dans le chat qui est venue dire “et quoi, vous faites vos besoins dans une litière? hinhinhin”. Et je pense que c’est vraiment ce côté là. Je pense que c’est le fait que j’ai même pas envie d’expliquer à ce genre de réaction qui est, selon moi, plus fréquente parce que vu que c’est un truc dont on parle jamais et qui est jamais représenté dans les médias ou des trucs ainsi, il y a même pas des idées reçues, il y a juste la méchanceté gratuite des gens quoi. Je pense que ça doit jouer. Voilà. Je sais que pour la Plural Positivity World Conference, c’est le sujet que j’avais choisi, du coup Atome t’étais déjà là cette fois là mais voilà. Mais même à ce moment là, je n’étais pas encore à l’aise d’en parler sur la chaîne de Partielles. Alors que c’est comme ça et je suis comme ça et dans l’absolu, je m’en fous que les gens me jugent mais je sais pas, j’étais quand même pas très à l’aise. Du coup, voilà, on est 6-8 mois après et ça va mieux. Donc c’est cool. Voilà. Et pour la façon d’en parler, j’ai pas vraiment de conseil parce que souvent ça vient avec l’explication de la multiplicité. Quand j’explique la multiplicité, j’explique un peu les différents types d’alters qu’y peut y avoir, les littles, les adultes, les fictifs, factifs, introjects, non humains, … Et c’est en parlant de ça que je parle du fait que j’ai des non-humains, mais c’est tout. Je ne parle pas des non-humains tout seul en général. Voilà.

[A] Du coup, que dire après tout ça?
[K] Parle de ce que tu veux mais tu peux peut être parler en plus de est ce que toi t’as fait des coming out otherkin avant?
[A] Effectivement, oui, il y a eu des- En fait on parlait avec des personnes proches, donc plutôt des personnes avec qui il y avait une relation de couple en fait, des gens avec qui il y avait un contact un peu plus régulier pour expliquer un ressenti et dire “tu vois.à des moments, je me sens un peu pas comme les humains, parce que j’ai l’impression qu’à l’intérieur, il y a des comportements et des feelings un peu plus comme si”. Et du coup, oui, il y a eu des coming out otherkin plus que de coming out non humains parce qu’en fait, par rapport à la multiplicité, je me dis que si on est capable d’accepter qu’une personne soit plusieurs dans sa tête, pourquoi ne pas accepter qu’il y ait d’autres choses que ça en fait. Le cerveau est capable d’imaginer beaucoup de choses.S’il y a alters qui sont des enfants alors que le corps n’est pas enfant, pourquoi est ce qu’il pourrait pas y avoir des alters qui sont des dragons alors que le corps n’est pas un dragon en fait? La seule limite c’est le cerveau et l’imagination. Donc c’est pas plus bizarre qu’autre chose. Mais donc au niveau des alters non-humains dans la multiplicité, on n’a pas fait de coming out particulièrement, ça coulait de source, c’était normal, c’est il y a des gens dans la tête, il y en a ben, ils sont comme ci et comme ça. Mais oui, a posteriori, pour les otherkin, il y a eu- Il y avait plusieurs réceptions du message en fait. Il y a des gens qui l’ont pris en se disant “bon bah ok, on va faire comme si on n’avait rien entendu puisque rien ne change”. Et il y a d’autres personnes qui étaient plus en mode “ben je crois pas trop à tout ça et je m’en fous un petit peu et ok, fais ton délire dans ton coin quoi”. Et voilà, je crois.
[K] Est ce que tu veux parler du rapport au regard des autres et à son propre regard?
[A] Ben majoritairement le rapport au regard des autres, il est compliqué en temps normal donc c’est pas vraiment plus compliqué ou plus simple en étant non-humain ou quoi. Il y a cette espèce d’aura de base de certains alters qui sont très stressés par le regard des autres et ça fait vases communicants avec un peu tous les autres alters. Et donc il y a souvent ce mood de stress qui est tout le temps là. Il est ok. Nous on sait qu’on est comme ça parce que c’est qui on est, c’est notre apparence. Et du coup, je ne sais pas si c’était dans le sens si nous, on trouve ça bizarre d’être non humain ou quoi, mais en tout cas, pour nous c’est pas le cas, juste on est comme ça. Comme des gens qui sont humains, je pense qu’ils trouvent pas ça bizarre d’être humains, on trouve pas ça bizarre d’être comme ça. C’est comme ça qu’on est nés, c’est comme ça qu’on existe.
[K] Je fais encore une digression et pour revenir sur ce que tu dis, on parlait avec Epsi en préparant cette vidéo et je disais que c’est un truc qui peut peut-être booster la légitimité des gens qui se poseraient des questions sur est-ce qu’ils sont vraiment humains ou pas humains. Et je faisais un parallèle avec le genre, qui est surement pas le meilleur parallèle à faire mais bon, dans l’histoire, je vais le faire quand même. Il y a souvent des gens qui disent “non, mais”- des gens cis quoi, qui disent “non, mais je ne comprends pas comment tu peux être autre chose qu’un homme ou une femme, la binarité du genre, c’est juste pas une question, c’est un truc comme ça genre j’y pense pas”. Et je dis “mais oui, mais si tu essayes d’y réfléchir une seconde, qu’est ce que tu en penses?” Et les gens répondent des trucs comme “juste j’y pense pas”, genre c’est pas une question. Et je trouve que c’est un truc qu’on entend souvent et moi, à propos du genre, c’était compliqué de comprendre pourquoi les gens, ils n’arrivaient pas à comprendre que si ça pouvait être autre chose. Eh puis, en fait, moi, je ressens exactement la même chose sur l’humanité. Sauf que je ne suis pas quelqu’un de négatif et de fermé et donc je vous juge pas. Mais pour moi, l’humanité c’est pas une question, c’est un fait. Et oui, je peux comprendre qu’on soit autre chose parce qu’intellectuellement je l’ai compris, mais je le ressens pas du tout par essence.

[El] Mais du coup, vu que tu fais un parallèle avec les questions de genre, beaucoup de personnes transgenres vont avoir tendance à dire que le genre c’est une construction sociale. Et si l’humanité c’en était une?
[E] Oui, peut-être.
[K] Sûrement.
[H] C’est une bonne question.
[El] Qui a décidé que les êtres humains devaient être comme ça et pas autrement, tu vois?
[K] Je sais pas.
[H] Peut-être qu’être humain ça incombe juste un degré de conscience, pas à une enveloppe corporelle.

[K] Oui, je pense.
[E] Ouais je pense.
[K] C’est une question, c’est rhétorique, on veut pas te mettre mal dans ta perception du truc.
[El] Ah si moi je veux le mettre mal! Non je rigole. [rire]
[K] Nan mais je me sens pas mal du tout dans ma perception d’humain. Je pense que des trucs qui jouent effectivement dans les réflexions de pourquoi on est une majorité, enfin pourquoi on est tous humains sauf exceptions, et que même les pas humains, ils se sentent quand même humains en fait, bah je pense qu’on n’est pas très- Notre imaginaire n’a pas été très développé enfant, j’ai vécu dans un milieu qui est très, très pratico pratique quoi. Je suis aphantasique du coup j’ai pas d’image mentale, du coup moi j’ai pas de truc style rêves très développés ou rêveries ou un trucs comme ça. Quand Arlie dit qu’y a plus de choses à explorer dans les trucs pas humains parce que l’humanité des faits c’est un peu boring, ben moi je dis “bah moi j’ai que ça”, je vois rien d’autre quoi. Du coup, je pense qu’il y a des explications sur pourquoi on est plus humains dans notre perception que vous. Mais ouais.
[El] Mais du coup toi comment tu définirais être humain?
[K] Mais je le définis pas. Comme les vieux boomers qui disent “être un homme, c’est être un homme”, c’est vraiment le même genre.
[El] Mais qu’est ce qui fait que du coup tu dis être humain en fait? C’est ça que je ne comprends pas.
[K] Beh je le fais pas.
[E] Ouais tu te pose pas la question, c’est vraiment un non-sujet pour toi quoi?
[K] Oui, je le dis pas. Comme les boomers qui disent “on ne peut pas être non binaire” parce que “beh le sexe, c’est le sexe” [ton sarcastique]. Sauf que je suis pas un c…, donc je ne mets pas des explications pétées derrière mais juste je vois pas. Juste “bah qu’est ce que tu veux que je sois d’autre si je suis pas humain?” – “ben tu peux être ce que tu veux” – “ben je veux rien”. [rires] Tu vois?
[E] Oui oui.
[El] Mais peut-être que t’es pas humain, peut-être que t’es juste rien du coup?
[K] Non je crois pas.
[El] C’est pas pour te mettre mal hein, c’est une vraie question quoi.
[K] J’ai l’impression que si j’étais rien, j’aurais la perception d’être rien.
[El] Ben de par son identité, non?
[E] Tu vois, c’est un peu, si on reprend le parallèle avec le genre qui est une construction sociale, tu vois, c’est quoi être un homme, c’est quoi être une femme, c’est difficile à définir. Je suppose que pour être humain, c’est la même chose. Et je pense que moi, perso, je me suis jamais sentie proche des humains parce même si mon corps est humain, comme le corps avec le genre n’a rien à voir, tu vois?
[K] Oui, c’est ça.
[E] Le corps et l’humain pour moi n’a rien à voir et juste je me suis jamais sentie socialement proche des humains et je me suis sentie plus socialement proche des animaux. Et du coup, il a dû se passer un truc comme ça dans mon cerveau je pense. Et peut-être c’est ça qui fait effectivement que toi t’as peut-être mieux compris, enfin mieux réussi à t’adapter dans l’humanité donc tu t’es pas posé la question parce que tu pouvais justement pas partir dans ton imaginaire ou des trucs comme ça, peut-être?

[K] Oui je sais pas si c’est j’ai mieux compris ou j’ai fait autre chose.
[E] Oui c’est ça, tu t’es adapté différemment quoi. Peut-être.
[K] Mais voilà. Mais du coup, oui, ça m’a vraiment aidé à comprendre les gens fermés à la non-binarité, pas dans la façon dont ils l’expriment parce que c’est nul, mais dans le questionnement.
[E] Dans le fait qu’ils ne comprennent pas.

[K] Oui, c’est une question qu’on a eue, enfin c’est une conversation que j’ai eue avec plein de gens, quoi. Mais du coup, bref, c’était une digression un peu longue mais ce je voulais dire c’est, aux gens qui nous écoutent, si vous vous posez des questions sur est ce que vous êtes humains ou pas, selon moi, ça veut dire que vous êtes sur la bonne voie et que potentiellement, non, vous l’êtes pas. Parce que c’est pareil pour le genre. Je pense que si t’es pas un peu à côté de la binarité, tu te poses pas la question, ou dans le fait d’être trans et binaire, ça ne change rien. Mais je pense que se poser des questions et que ce soit un peu récurrent et ne pas trouver la réponse ou de revenir sur la réponse ou des choses comme ça, c’est un élément de. Voilà, c’était ma digression.

[A] Ouais, c’est ça. Et ouais je suis tout à fait d’accord avec ce que tu dis. À partir du moment où il y a une sensation qu’il y a quelque chose, c’est qu’y a quelque chose en fait. Et tout comme les gens qui sont humains se posent pas la question de s’ils sont humains, nous, on ne s’est pas posé la question si on était non humains, c’était juste acté comme ça. [E] Ouais que moi, je me suis posé la question parce que j’avais des petits trucs et effectivement, c’est le cas quoi. Après, chacun se définit évidemment comme il veut.
[El] Alors, déjà, je ne suis pas du tout à l’aise, en fait, avec le fait d’en parler, c’est quelque chose qui me bloque un peu. Ce n’est pas quelque chose que je vais dire, en fait, au premier abord. Parler de la multiplicité n’est pas un problème mais alors par contre, entrer dans les détails, expliquer, alors qu’en fait, en fait je suis mort, machin, ça j’ai beaucoup de mal à le faire. Et ce n’est pas que j’en ai honte parce que je suis comme ça. On est comme ça. Et quand je considère que j’ai pas à avoir honte de ce que je suis, parce que si je suis comme ça, c’est parce qu’il s’est passé quelque chose qui a fait que je suis comme ça, qui n’était pas de mon fait. C’est plus une question de bah le TDI ou la question de la multiplicité, c’est déjà quelque chose qui attire le regard et parfois des regards pas très bien intentionnés. J’ai encore moins envie qu’on pense que j’exagère la chose ou que… pas que je fake mais… Ouais si en fait, j’ai un peu peur que les gens pensent que j’exagère la situation. Donc ce n’est pas quelque chose que je vais avoir tendance à dire au premier abord. Là j’en parle parce que vous m’avez honteusement culpabilisé pour que j’accepte de faire cette vidéo. [rires] Je rigole. Mais oui, je pense que c’est quand même important en fait d’aborder le sujets parce que cette espèce de honte de ne pas vouloir attirer trop l’attention ou pas, vouloir dire la réalité parce qu’on a peur d’être accusés de mentir, bah, je pense que je ne suis pas le seul à le ressentir et je pense qu’il y a énormément de personnes multiples qui se cachent pour éviter les ennuis en fait.
[E] Ouais je sais que, Atome je pense que tu étais déjà là, mais je suis pas sûre, mais il y avait eu un call TPA une fois où il y avait un système qui avait parlé de ses oreilles qui devenaient toutes douces et tout…
[K] Et qui est un peu longues…
[E] Et qui n’a pas dit les mots, genre “j’ai l’impression d’avoir des oreilles de chat”. Et puis après moi j’ai parlé du fait d’être non-humain et du coup, le discours s’est détendu. Mais oui, il y a cette gêne.
[El] Bah cette gêne que ouais, comme si, en fait, j’ai l’impression que les gens qui ne veulent pas vraiment s’investir ou vraiment rechercher sur les questions sur la multiplicité- Les gens  en fait, ils veulent, ils s’attendent à des faits scientifiques. Et autant certaines personnes peuvent comprendre que l’identité puisse se fractionner, autant il y a une espèce de barrière qui fait qu’ils n’arrivent pas à se dire qu’une identité peut être autre chose qu’humaine en fait. Donc c’est difficile d’aborder la question.
[E] Je ne sais pas pourquoi.
[El] Parce que les gens sont fermés d’esprit?
[K] Oui, mais à côté de ça, j’allais dire j’ai l’impression que les fictifs, c’est un peu mieux mais non.
[E] Non.
[El] Non.
[E]  Les fictifs, c’est encore plus, c’est encore plus pire j’allais dire. C’est encore pire dans le “vous inventez”.
[K] Ouais, c’est ça, les fictifs c’est, on les traite de fakes, et les non-humains, c’est “vous êtes vraiment les pires des maboules”.
[E] Oui, c’est ça.
[El] Oui.
[K] Vous êtes le summum de la maboulerie.
[E] Ouais c’est ça.
[El] Et tu sais que c’est intéressant ce que tu dis parce que par exemple, à mon psychiatre et ma nouvelle psy, je parle ouvertement que j’ai un TDI, voilà, il n’y a pas de souci, on en discute, mais je n’ai jamais mentionné qu’on était morts. Parce que ça m’est déjà arrivé, même de la part du point de vue médical, de mentionner que du coup, mes alters n’étaient pas vivants et alors t’as deux réactions. T’as soit la personne qui dit  “ah oui, vous êtes complètement felax”, soit la personne qui te dit “ah oui, mais peut être que c’est quelque chose de paranormal, on va vous exorciser”. Alors que ben non, laissez moi tranquille avec vos croix et vos eaux bénites. Et d’ailleurs c’est quelque chose que je n’ai pas précisé mais j’aimerais bien expliquer: j’ai aussi cette pudeur de ne pas préciser qu’on est des démons parce que j’ai peur de froisser les personnes religieuses en fait. J’ai peur qu’ils partent du principe que parce que j’ai une identité de démon, je vais les insulter, me moquer d’eux, ou alors pas du tout de les accepter alors que ça n’a rien à voir, on veut pas froisser les religions des gens quoi. Oui et d’ailleurs démon, c’est mon espèce, mais dans mon inner, ce n’est pas la même chose que les démons qui sont représentés dans la Bible factuellement comme ils sont par exemple. Je dis la Bible mais tout autre texte sacré. Mais ouais donc j’ai pas envie de froisser les gens, j’ai peur de me prendre des réflexions comme si j’étais le mal absolu, alors que vraiment je suis en pyjama quoi.

[K] Ouais que ton espèce donne une indication sur genre, tu vois…

[El] … sur mon être, ouais.
[K] Je ne sais pas si c’est applicable aux loups-garous par exemple, tu vois? Dans l’inconscient collectif, les loups-garous, c’est le côté méchant. Et donc si tu disais “j’ai un alter loup-garou” que les gens se diraient “ah bah ouais, c’est lui ton alter méchant alors”.
[E] Oui c’est possible, je pense que ça pourrait arriver. Je pense que différemment des démons ou des morts, parce que vraiment possession et TDI, ça a été un peu un sujet, tu vois, du coup, c’est sûrement plus compliqué. Mais oui, je pense que si je dis que j’ai des loups-garous, c’est le “ouais c’est ton alter méchant” quoi, de ce cliché-là. C’est pas des loups-garous comme on voit dans les films quoi, juste c’est des gens et des loups avec,  voilà, mais c’est pas, ils viennent pas complètement assoiffés de sang à la pleine lune, pas à ce point non [rire]. 
[El] Je sais que moi, j’ai déjà eu des réflexions de type “mais du coup tu t’approches d’une église, est ce que ça te brûle?”, ben non, c’est une église, je vais pas me mettre à brûler. Et tout va bien.
[E] Après, ça pourrait mais c’est parce que le cerveau il fait des trucs chelou, pas parce qu’effectivement-
[El] Oui, ça peut m’être désagréable. Mais les gens pensent que je vais prendre feu, en fait. 

[E] J’ai une réflexion- c’est quelqu’un de dedans qui me dit “oui le fait d’être un démon, c’est aussi une construction sociale”. Ce n’est pas parce que tu as un corps de démon que tu es forcément un démon tel que décrit dans la construction sociale faite par les humains en plus. [rire] Bref. 

[El] Non mais c’est vrai. Et ouais c’est vraiment ces questions de légitimité. C’est pour ça que je ne mets pas en avant et que je préfère ne pas trop parler des détails de mon inner ou des détails de chaque alter, j’ai peur de choquer en fait je crois.
[H] C’est dommage parce qu’il faudrait pouvoir le faire, mais en expliquant toujours la nuance. C’est les perceptions de l’inner, avec des valeurs et des concepts qu’on y impute dans l’inner, qui sont différents de ceux de la réalité partagée.
[El] Ben oui, parce que clairement, je vois par exemple dans notre foi à nous, donc c’est une foi particulière, parce que c’est une foi de notre inner, je crois qu’y a personne vraiment qui la partage. Une des premières règles qu’on a c’est genre ne pas faire de mal aux enfants, ne pas faire de mal aux animaux sauf si c’est pour se nourrir et des trucs comme ça tu vois. On n’est pas mauvais en soi, mais dès que tu dis démon, les gens paniquent.
[K] Mais à côté de ça, c’est un peu un truc “chaque chose en son temps et ça arrive” j’ai envie de dire Je sais que quand on a commencé Partielles, en fin 2018, on s’est posé la question de “est-ce qu’on parle d’alters non-humains?” dans le premier article, qui était l’introduction du blog sur qu’est ce que le TDI. Et on s’est dit “trop tôt”. C’est triste à dire qu’il y ait des trucs qui soient trop tôt à être dit publiquement, mais c’était le cas. Et je le ressens plus du tout comme ça et d’ailleurs on le ressent plus comme ça vu qu’on est en train de faire cette vidéo. Et du coup, voilà j’ai vraiment bon espoir que la visibilisation du TDI et de la multiplicité d’un point de vue plus global / banal / encore stigmatisé amène à des trucs plus précis et que du coup, dans quelque temps, j’espère le plus vite possible, tu puisses dire ouvertement “je suis un démon” et que les gens disent “ok”, et c’est tout. Et ça empêchera pas qu’y aura toujours des trolls et qu’y aura toujours des gens mauvais. Mais que ce soit entendable par les gens qui ont vraiment envie d’entendre.
[El] Moi je sais que je sélectionne énormément les personnes à qui j’en parle.
[E] Pour revenir au sujet de “est-ce que le monde est prêt ou pas?”, je me souviens; vous voyez l’émission, c’était “ça commence aujourd’hui”?

[K] Oui.
[El] Oui.
[E] Et tout à la fin, il y a un système qui dit qu’elle a un alter ours et la présentatrice dit “oh bah  on imagine bien la symbolique derrière le fait d’avoir un ours”, je suppose le côté protection tout ça, mais on s’en fout. Et je sais que j’avais lu un commentaire qui disait “je croyais tout jusqu’à la meuf qui parlait de l’alter ours”, tu vois. Donc je pense que la multiplicité, ça évolue, mais les alterhumains, c’est encore un peu une étape en plus pour les gens.
[K] Et dans les questions là, donc on a fait une story sur Insta pour préparer les questions ici, et on l’a eue cette question. On a eu “j’ai vu un système qui avait un alter ours, est ce que c’est vrai?”. Et on a eu aussi “est ce que la science le dit?”.
[E] Oui.
[El] La science le dit.
[K] Oui la science le dit mais même si elle le disait pas, qu’est-ce que j’en ai à f…? À quel moment tu viens remettre en cause ce que moi je vis sous prétexte que la science le vit pas? Si quoi, si la science elle dit que tu ne peux pas, je ne sais pas quoi, ça veut dire que ça n’existe pas? Bullshit.
[El] Ouais carrément. Mais ce que je veux dire, c’est que même quand la science le dit, les gens n’y croient pas.
[K] Oui.
[E] Ouais.
[K] Et toi Hildgard, c’est quoi ton rapport vis à vis du monde extérieur et ton propre regard? Et est ce que tu parles de ta non humanité?
[H] Alors nous, c’est simple, on n’en parle pas. Donc comme ça on a plus de liberté pour penser ce qu’on veut et l’assumer pleinement, vu qu’on n’en parlera pas pour l’instant. Mais non, chez nous, en fait, c’est vraiment aussi un non-sujet. L’alterhumanité ou ce genre de choses, il n’y a pas vraiment de normes. En fait, on a l’apparence qui va le mieux à qui on est tous dans le système, peu importe ce qu’on est. C’est comme ça, ça a toujours été comme ça. Du coup, on a pas remis en question. Il n’y a rien qui nous paraît bizarre. On est ce qui convient le mieux, je pense. Voilà.
[El] Simple, efficace.
[K] Et pour conclure, est ce que vous auriez envie de partager un truc? Est ce que vous avez des conseils ou des trucs en plus fun et positifs à dire?
[E]  Ben moi, le truc que j’ai envie de dire, c’est le truc que je dis souvent. Votre expérience, elle est légitime même si elle rentre pas dans une case ou même si les gens ont des idées reçues ou des jugements… [Kara bâille]… ou des bâillements sur ce que vous dites [rires]. 
[K] ‘Suis fatigué.
[E] T’inquiète. Même si les gens ont des a priori ou des réactions un peu chelou, ça reste légitime, ça reste votre expérience personnelle et il n’y a pas de mal à être non-humain. Et parfois ça mène à des situations un peu particulières ou gênantes, mais il n’y a pas de mal à le vivre comme on a envie de le vivre en fait. Voilà. C’est un peu ça que j’ai envie de dire, c’est- Voilà, moi, parfois, je parle pas, je miaule et c’est comme ça. Et plein d’autres trucs. Et en fait, c’est pas grave, ça me gênait avant, mais en fait, voilà, c’est comme ça, c’est cool, ça convient et voilà.
[A] Je suis assez d’accord avec ça. Je plussoie. De toute façon, c’est un ressenti, il est comme ça et il ne changera pas parce que d’autres gens disent qu’il faut le changer. Du coup, autant accepter ça, autant faire avec et ça fait de mal à personne en fait, au final. Qu’on soit des chats, des chiens, des non-humains, des- peu importe, ça ne fait de mal à personne en fait. C’est comme les littles ou tout ça, c’est juste un ressenti, c’est une façon d’être soi et ça remet en cause la façon d’être soi de personne d’autre. Du coup, c’est tout à fait légitime de ressentir ça et il y a aucun problème en fait. Il ne devrait y avoir aucune honte à être soi-même.
[El] Moi, j’aurais juste un mot à dire aux personnes qui peuvent être encore “perspicaces” [sarcasme] quant à l’existence des alters non-humains. Je trouve ça assez rigolo de les voir essayer de trouver une logique dans la folie en fait. Enfin c’est pas plus bizarre que d’avoir des alters tout court en fait.
[E] Les expériences des gens, c’est tellement plus varié que ce qu’on pense.
[H] Moi, j’aimerais juste dire rapidement, dans la continuité, que j’aimerais bien que les questions, au moins là a minima, qu’on a évoquées un peu ce soir, ça pousse un peu les gens peut être à revoir leur conception de la non-humanité, de leur rapport avec tout ça, des tabous qu’il peut y avoir dessus et tout ça. Pour moi, même s’ils ne sont pas hyper à l’aise avec demain, avec leur entourage, tout ça, au moins qu’ils puissent être bien en rapport à eux mêmes. C’est dommage de se gâcher la vie pour des constructions sociales en fait, comme on disait.
[El] Très juste.
[H] Voilà.
[El] Bref, les gens, miaulez, aboyez, ronronnez, faites ce que vous voulez du moment que vous vous sentez bien en fait.

[K] Et si vous avez l’impression de décoder les miaulements et aboiements, oui ça veut peut-être dire que vous êtes aussi bizarre qu’eux, mais si la conclusion, c’est qu’ils ne sont pas bizarres, c’est que vous n’êtes pas bizarre. [rire]
[El] Soyons bizarres tous ensemble.
[E] Aussi oui.
[K] Vraiment, t’es tellement pas clair avec des mots, mais miaule pour ça. [rires]
[E] C’est vrai.
[K] Ah là là! Voilà, ben merci.

[E] On en a pas reparlé du coup parce que j’en avais déjà parlé à la Plural Positivity World Conference mais on n’a pas parlé des régimes alimentaires. Moi un truc, tu vois, moi je sais qu’à la pleine lune, je ne peux pas faire autrement que manger de la viande, sinon ils sont malheureux, tu vois, et voilà.

[El] Moi aussi, j’ai des trucs, ouais.
[K] Ca tourne toujours. Si vous voulez parler, ça tourne toujours.
[El] Alors, je suis végétarien. Sinon, dans notre inner, on a des incubes et des succubes qui sont exclusivement carnivores. Donc ça, c’est compliqué parce que ça coûte cher la viande. Et sinon on a Roxie qui refuse de se nourrir autrement qu’avec du poulet, donc c’est compliqué. Et ce qui d’ailleurs fait la tronche parce que dans ce corps là, elle ne peut pas manger le poulet cru parce que sinon, on tombe malade.
[E] Ouais c’est ça, nous on a une majorité de carnivores et vraiment, pendant la période où j’ai mangé que végétarien parce que c’était avant que je sache pour la multiplicité et pour tout, j’étais si mal à certains moments, vraiment. Et depuis, j’ai compris qu’il y avait en partie ça quoi. Le fait que, notamment à la pleine lune, les loups garous, ils sont très contents de pouvoir manger de la viande. Et ben tant pis… Et j’ai réduit ma consommation de viande suffisamment pour déculpabiliser et me dire “c’est déjà ça, je ne contribue pas, comme la plupart des ménages qui font le repas autour de la viande”, mais voilà, c’est un besoin pour eux et voilà… Je sais pas si vous, Arlie et Hildgard, vous avez des trucs comme ça?

[A] Moi, j’ai droit au poisson une fois par an, mais tout va bien. Du coup, ça a été décidé en fait, avant la prise de conscience de la multiplicité, où du coup, on était végétariens. Et la réflexion, elle s’est posée avec la prise de conscience. On a commencé tous un peu à donner nos propres envies alimentaires, à dire “bah en fait, moi, j’aimerais bien remanger telle viande”, “j’aimerais bien manger ça”. Et c’est encore compliqué eu coup, il y a des exceptions, mais c’est très rare et dans certaines conditions, pour certains alters. Mais on repassera pas sur un régime “normal”. Je pense que la volonté, c’est de rester végétariens et que ça reste des exceptions quand on mange autre chose. …[long silence]… J’ai fini. [rires]

[El] C’était cute!
[K] Vous êtes trop mignons! [rires]