Après plusieurs mois d’absence, on revient sur une des raisons de ce silence: le burnout. On discute de ce qu’est le surmenage, comment il s’est manifesté pour nous et comment on remonte la pente tout doucement. On y aborde également quelques projets à venir.

[Kara] Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles sur la multiplicité dont le TDI. Aujourd’hui, et après plus de six mois, on a envie dans cette vidéo de vous parler du burnout. Du coup, bah, burnout définition ?

[Epsi] Alors le burnout, c’est surtout exprimé dans un contexte professionnel, c’est quelque chose qui est très lié au travail et d’ailleurs quand on fait des recherches sur ce qu’est le burnout, c’est ce qu’on trouve: c’est un surmenage lié au travail donc c’est trop travailler par rapport à ses capacités et que ça mène à ce qu’on ne puisse plus réussir à travailler autant, voire du tout, au moins pendant un temps. C’est quelque chose qui n’arrive pas que dans le contexte du travail en fait et donc le terme est utilisé pour d’autres types de surmenage, donc de burnout. On entend parler de burnout autistique, on entend parler de burnout parental, etc, etc. Bref…

[K] De burnout militant.

[E] De burnout militant aussi, ouais. Mais donc en gros, l’idée générale c’est ça, c’est aller trop loin pendant trop longtemps vis-à-vis de ses limites, qu’elles soient corporelles, mentales, émotionnelles, etc, voire souvent un mélange de tout ça, et en arriver à ce que ça craque et que ça fonctionne plus. Voilà.

[K] Est-ce que burnout, c’est un bon mot ou pas? Est-ce que c’est bien ou pas, enfin est-ce que c’est un mot bien choisi quand c’est pas dans le cadre du travail ou est-ce qu’il faudrait utiliser d’autres mots? J’en sais rien. Est-ce qu’on est, genre, experts en burnout? Pas du tout. Est-ce qu’on a plein de conseils à donner? Pas vraiment. Je pense que le but de cette vidéo, c’est avant tout refaire une vidéo alors que c’est un peu compliqué de refaire du contenu après si longtemps sur autre chose parce que ça a l’air bizarre et en même temps c’est compliqué de parler de soi parce qu’on parle pas beaucoup de nous, mais voilà. C’est plutôt “partage d’expérience” que “voici 15 tips pour sortir d’un burnout”.

[E] Du coup, si vous aviez toujours pas compris, une des raisons pour lesquelles on n’a pas fait de vidéo depuis si longtemps, c’est parce qu’on a fait un burnout. C’est pas le premier et j’ai envie d’espérer le contraire mais je pense que ce ne sera pas le dernier. En fait, ça arrive souvent aux neuroatypiques de faire des burnouts. Comme je disais, il y a le burnout autistique par exemple. Mais ça arrive aussi très souvent chez les personnes traumatisées et chez les personnes qui ont un TDI par exemple. Parce que ça prend déjà énormément de ressources et donc ajouter des choses à ça, au fait de vivre avec des traumas ou essayer de “se soigner” entre guillemets, dans le sens de prendre soin de soi avec ses traumas, ça prend déjà beaucoup de ressources et donc il en reste pas beaucoup, des ressources, pour le reste de la vie. Et la vie, elle demande aussi beaucoup de ressources. Et donc voilà, c’est entre guillemets “pour ça”, entre autres, que les burnout sont fréquents, notamment chez les personnes qui ont un TDI. Chez les personnes multiples en général je pense, surtout qui ont des difficultés vis-à-vis de leur multiplicité ou qui ont un vécu en général quoi. Et donc on aurait pu faire des vidéos pendant mais ça aurait pas aidé parce que faire des vidéos était déjà trop et on n’est pas du genre à parler de nos difficultés quand c’est encore difficile. Là on ne peut pas dire que c’est facile ou qu’on en est complètement rétablis, c’est pas le cas, mais suffisamment, j’ai envie de dire, pour refaire une vidéo. Et je peux pas dire actuellement qu’on en fera une tous les 15 jours comme on faisait avant ou des trucs comme ça mais on va essayer d’en faire une au moins de temps en temps, de se redonner un peu un rythme tout doucement, sans en faire trop, voilà.

[K] Est-ce que tu as des trucs à dire personnels sur ton rapport au burnout?

[E] J’ai tendance à dire que c’est un truc que je vois pas venir. Après, identifier les signes d’un burnout, c’est compliqué pour beaucoup de gens parce que justement on est trop pris dans les trucs qu’on a à faire et donc on n’a pas le temps de se pencher sur soi et sur le fait de se dire qu’il y a des signes avant-coureurs en fait, avant un burnout. Et donc souvent c’est un truc que je vois pas venir et je vais jusqu’au burnout parce que je vais trop loin. Et je pense que la dissociation n’aide pas et en plus, en tant que système, on a tendance à beaucoup se relayer et donc il y a des alters qui gèrent mieux, qui donnent un boost d’énergie quand il y a de la fatigue ou des trucs comme ça, et du coup ça va trop loin, genre pour le corps, au bout d’un moment. Je vais brièvement mentionner des signes avant-coureurs de burnout que je connais, que j’ai identifiés en tout cas chez moi, mais chez d’autres aussi je pense. Et c’est notamment la fatigue, l’impression d’avoir du mal à réfléchir ou d’avoir plein de tâches et de jamais avoir de temps pour penser à soi. C’est souvent aussi beaucoup de stress, mais c’est pas comme être stressé d’avoir beaucoup de tâches en cours, c’est un stress qui est plus profond, je trouve, qui est limite chronique en fait. Et puis t’as plein d’autres trucs quoi, des difficultés de sommeil, des maux de tête, des difficultés de concentration, des problèmes digestifs, enfin voilà le corps qui commence à lâcher quoi. Et bah souvent, en tout cas dans mon cas, il y a de la nervosité, de l’anxiété mais… je suis fâchée, souvent, je me fâche plus vite, enfin émotionnellement, c’est plus difficile à réguler. Et voilà. Et puis il y a un peu de plus en plus de lourdeur pour se lever pour faire les tâches. Voilà. Et donc c’est des signes que je connais, mais quand je suis dedans, j’y fais pas attention, j’y fais pas assez attention, je donne l’effort malgré tout jusqu’à ce que mon corps me dise “stop, c’est tout, je ne me lèverai pas, c’est fini”. Voilà.

[K] Du coup, moi j’ai fait un burnout professionnel en 2019 et qui en fait est un espèce de combo de- Je pense que ça a le plus impacté ma vie professionnelle qui- bah je n’ai plus de vie professionnelle depuis. Mais je pense qu’en fait c’est clairement un burnout plutôt lié à l’autisme et à tout ce que le masking implique et du coup, il n’y a pas que l’autisme que je masque, y a tout ce qui est lié à la multiplicité et à la dissociation aussi hein, mais burnout autistique est ce qui se rapproche le plus. Beaucoup plus que burnout professionnel mais en fait c’est plutôt burnout de masking. En 2019. Et j’ai pas l’impression que ça m’était arrivé avant. Je pense qu’il y a un peu plein de types de vécu évidemment, comme toujours. Mais je pense qu’il y a des gens qui ont souvent l’habitude, depuis toujours, d’être surmenés et que ce soit un peu en dents-de-scie, leur capacité à être actifs, à en faire trop, à être dépassés, etc. Et moi j’ai vraiment pas ressenti ça avant 2019. Et je pense qu’un grand truc qui a aidé, c’est que ma vie était beaucoup plus morcelée et cadrée dans des petites durées ou dans des projets avec une définition en temps plus claire, genre une demi année scolaire et puis des vacances ou des projets avec des amis mais pas tout le temps, etc. Et le début de ma vie professionnelle, c’était ça, c’était beaucoup de petits contrats. Et vraiment, moi j’ai craqué quand j’ai été en CDI. Parce que je pense que le rythme, il était tout le temps, et il y avait plus de pauses. Ce qui a vraiment été compliqué pour moi, c’était le fait qu’il n’y ait pas de fin. Je pense que mon cerveau, il peut tenir s’il sait jusque quand. Et même si y a des signes de fatigue, même si ma charge mentale est difficile, même s’il y a plein de signes, en fait, qui pourraient me mener au burnout, je pense que si je sais jusque quand je dois tenir, je pense que je craque pas. Et je pense que quand j’ai été en CDI, ce qui s’est passé, c’est vraiment ça. C’est: j’avais l’impression que je devais tenir toute ma vie. J’avais 25 ans et j’avais l’impression que je devais tenir pendant encore 40 ans. Et ça n’a pas marché. Et je pense que c’est un des trucs qui vient de se passer là pour moi avec Partielles aussi, c’est que- je ne peux pas dire que Partielles c’est un CDI, mais ça l’est dans le sens où il n’y a pas de date de fin. Et même si c’est la succession de plein de petits projets, il y a toujours des choses qui viennent se rajouter, il y a toujours des nouvelles idées. Et, bah, tous les créateurs-créatrices de contenu le diront, c’est compliqué d’avoir le recul qu’il faut quand tu fais des trucs de chez toi, quand toutes tes conversations sont autour du sujet, quand tous tes potes parlent du sujet et du coup, ce n’est pas de la faute du tout de mon entourage, juste mes pensées sont tout le temps en lien avec Partielles et la multiplicité. Il n’y a pas un seul jour où je parle pas multiplicité. Et c’est pas spécialement toujours que pour faire des trucs pour Partielles, mais c’est tout le temps là, tout le temps présent. Et je pense que c’est vraiment ça, le facteur qui a été déterminant dans le fait que ça devienne vraiment compliqué et que ça tienne plus quoi, pour moi. Et voilà. Et évidemment, enfin, tu vois, on entend tout le temps des trucs comme “c’est important, si tu fais du contenu sur le web, de prendre tes weekends” ou des trucs comme ça. Mais je ne sais pas si on n’a pas déjà fait une vidéo sur des conseils sur “s’exposer sur internet” et que j’en ai déjà parlé à ce moment-là.

[E] Si, je pense.

[K] Je pense que j’en ai déjà parlé, du coup je vous la mettrai dans le “i”, hésitez pas à aller la voir. Mais bref, j’ai vraiment l’impression qu’on a une façon respectueuse de gérer notre temps, notre énergie. On se met pas la pression si on est en retard d’une journée, c’est pas grave, on n’a pas un rythme par rapport à plein d’autres gens qui est hyper haut. On a vraiment réussi à avoir un rythme qui est en adéquation avec nos possibilités, et je le crois toujours et je suis toujours sincère envers ça. Si on doit faire un parallèle avec un truc professionnel, c’est pas genre mon patron m’a donné trop de taf ou j’ai été mon propre patron et je me suis donné trop de taf. Non, je trouve qu’on a, enfin pour moi en tout cas, moi je trouve que j’ai été juste dans la façon de gérer mon temps et mes capacités et que c’est pas cet aspect-là. C’est pas une trop grande charge mentale pour moi qui a mené au fait que ça aille plus. Je pense que c’est le truc de me dire il n’y a pas de fin, c’est parti pour toujours. Et du coup, dans un peu les signes que ça a amenés pour moi, que tu n’as pas mentionnés, et pourtant je sais que t’es d’accord avec moi, mais ce qui a été le plus marquant pour moi, plus encore que la fatigue, la perte de motivation, parce que je te dis, ça je pense vraiment que je peux le tenir sur la longueur. Mais pour moi ce qui est compliqué, c’est la perte de sens.

[E] Oui.

[K] Je pense que, et peut-être que c’est pas bien et peut-être que c’est très ancré dans un monde et capitaliste et de personnes traumatisées, mais je peux vraiment tenir longtemps à continuer à abattre du travail, même si j’en ai pas très envie, même si je suis fatigué, même si toutes ces choses, tu vois. Mais ouais, je perds pourquoi je le fais. Et j’y réfléchis même plus en fait. Le “pourquoi je fais ça”, “qu’est-ce que ça m’apporte” ne rentre plus du tout en compte. Genre c’est même pas, et c’est en ça que je te rejoins sur le fait que c’est difficile de s’en rendre compte sur le coup, mais pour moi c’est même pas que je me dis “ah mais de toute façon ça n’a aucun sens, mais j’ai pas le choix”, non, je me dis pas du tout ça. Juste l’aspect “qu’est-ce que ça apporte” disparaît. Et du coup c’est pas que je me sens obligé, genre tu vois tous ces trucs-là, juste je perds pourquoi je le fais et l’accès à la réflexion du fait qu’une autre possibilité est possible.

[E] Ouais, je vois ce que tu veux dire. Et je sais que moi personnellement, je pense que je l’ai senti arriver, enfin non je l’ai pas senti arriver justement c’est ce que je disais, mais- Des signes qu’il y a eu, ils sont arrivés vraiment longtemps avant. Je sais que c’est le genre de moment où j’ai commencé à plus réussir à gérer les quelques communautés qu’on avait ouvertes. Tu vois, on avait un groupe Facebook, on avait un serveur Discord, des trucs comme ça. Et j’ai vraiment senti que ça dépassait. Et donc j’ai coupé, voilà, on a fermé les groupes, donné le serveur, etc. Et ça a un peu allégé. Enfin je sais que voilà, parmi les signes, il y avait par exemple répondre aux emails, des trucs comme ça…

[K] Et on a fermé nos emails. C’est réouvert maintenant mais on a fermé nos emails pendant un bon 4 mois.

[E] Ouais, parce qu’en fait j’avais une charge de travail disons de, je sais pas moi, 100%. Je l’ai diminuée à 80, 70, 60, j’ai diminué petit à petit. Et c’était toujours trop. Et donc voilà, ça c’est, après coup, un des signes que je vois. Et je te rejoins sur le fait qu’à chaque fois qu’on prenait une décision comme fermer un truc ou fermer les mails ou tout ça c’est “mais pourquoi je le fais?”, “pourquoi j’arrive plus à tenir alors que ça allait avant de le faire en fait?”, “pourquoi j’y trouve plus l’énergie, pourquoi j’y trouve plus la motivation?”. Et je sais que c’était pas du tout que j’avais plus envie de parler de multiplicité ou que j’avais plus envie de répondre à des gens. Pas du tout. Parce que mon but premier c’est et ça restera toujours d’aider les personnes multiples, de donner de l’information, etc. Mais je ne sais pas, il y avait, j’avais perdu un truc plus profond que ça.

[K] Ce qui s’est passé quand on a arrêté de poster, c’était pas toi qui a dit “je suis trop fatiguée, on stoppe”, et c’est pas moi qui ai dit “j’y vois plus de sens, j’ai plus envie”. C’est moi qui t’ai dit: “tu m’as l’air trop fatiguée que pour continuer”. Et du coup on a fait une pause.

[E] Oui. Voilà. Et donc tout ça c’est pour tout ce qui concerne évidemment Partielles. Et à côté de ça, dans notre vie privée, il y a plein de choses qui se passent aussi, rien que parce qu’on a un TDI, c’est ce que je disais. Ça m’arrive de le dire, mais le TDI, c’est un job à temps plein. Et donc pour toutes les personnes qui ont en plus un job à temps plein, ou en plus des enfants qui sont aussi un job à temps plein ou des trucs comme ça, enfin plein de jobs à temps plein partout, je… pardon pour vous de pas pouvoir démultiplier les heures ou votre énergie pour gérer tout ça. Et voilà. Et donc dans notre vie privée, il s’est aussi passé plein de trucs parce que…

[K] Peut-être qu’on en parlera un jour, mais pas aujourd’hui.

[E] Non, pas aujourd’hui évidemment. Mais bah parce que le TDI, en fait, c’est plein de strates avec plein d’évolutions, enfin, ça prend vraiment du temps pour gérer tout ça, même quand on gère depuis longtemps, il y a des moments où on touche une strate et c’est plus compliqué. Et voilà, je pense que ça contribue.

[K] Et là encore, oui, c’est plein de choses qui entrainent plein de choses quoi. En fait, je pense qu’on a, dans nos cerveaux d’humains, envie de ranger les choses dans des cases et donc on a l’impression que toutes les choses évoluent parallèlement sans jamais se toucher mais en fait on a quand même qu’une seule vie. Et du coup même s’il y a des trucs qui roulent, ben ça impacte les autres trucs. Et s’il y a des trucs compliqués, ça impacte les autres trucs. Et moi je trouve ça compliqué. Et moi souvent j’ai tendance à dire “bah maintenant qu’on a un logement qui est plus insalubre et qu’on a suffisamment d’argent pour s’acheter à manger, il n’y a pas de problème à ce niveau-là, et donc ça, c’est un poids en moins”. Et c’est vrai! Mais ça laisse aussi de la place à d’autres choses.

[E] Ouais, c’est clair.

[K] Et du coup à d’autres potentielles difficultés quoi.

[E] Surtout que, un truc dont je trouve on parle pas assez, je sais que nous on l’a déjà mentionné, mais c’est le fait que le cerveau qui a des trucs en arrière-plan qu’il a pas traité ou qu’il a pas le temps de traiter, notamment parce qu’on travaille trop ou parce qu’on se charge trop la tête de plein de choses parce qu’on veut pas y penser -c’est logique-, ben quand il a la place de le faire, il y va. Et donc quand il y a des choses qui se règlent, ça laisse de la place pour régler les choses suivantes. Et c’est pour ça que je dis que ça fonctionne en strates et parfois on touche des trucs de plus en plus profonds. Et c’est pas du tout pour démoraliser parce qu’en fait ça va hein, plus on le fait, plus on le fait, mais plus ça devient subtil et plus compliqué, et différent, simplement, à faire. Et quand ça s’ajoute à plein de choses, comme perdre son pourquoi pour Partielles ou enfin des soucis même par exemple avec le chien ou des trucs comme ça, ben voilà, c’est plein de choses qui s’ajoutent et juste on le décide pas, il y a un moment où il y a plus l’énergie, il y a plus le carburant et le corps, il arrête et c’est tout. Et c’est souvent comme ça qu’on comprend qu’on fait un burnout. Soit on se blesse, genre physiquement quoi, le corps il va- on finit par faire un truc d’inattention ou un truc ainsi et on finit par se faire mal et être du coup à l’arrêt, par exemple en arrêt maladie dans le cadre du travail. Soit juste ça s’arrête. Moi je sais que le burnout que j’ai fait ici, j’ai vraiment passé une semaine, j’étais allongée, je pouvais rien faire, et c’est pas mon genre de dire des trucs comme ça. Donc voilà. Parce que juste l’épuisement était trop grand et je n’étais pas capable quoi. Je pense que ça se manifeste différemment chez plein de gens et je pense qu’il y a des gens qui tirent aussi parce qu’ils ont des responsabilités, par exemple des enfants ou des personnes à charge, et donc ils ont pas le choix que de tirer beaucoup trop loin et trop fort pour elleux-mêmes. Poser des limites pour soi-même, c’est compliqué, pour les autres c’est compliqué pour soi-même aussi. Et du coup je pense que, vite fait, dans les trucs qui peuvent aider, c’est déjà de prendre conscience qu’on est proche du burnout ou qu’on en fait un ou qu’on en a fait un. Je pense que déjà se rendre compte que c’est ça, c’est pas facile hein, de se dire juste “j’ai plus d’énergie”, juste “mon corps, il veut plus”, enfin voilà, on est très dans une société très capacitiste où on nous dit que voilà, “il faut tenir”. Même parfois dans des parcours de soins de santé quoi. On te dit faut toujours faire un petit effort en plus et nana, nana. Mais on peut faire un burnout de soins de santé, ça arrive, des gens qui ont trop de rendez-vous médicaux et qui, juste, ça tient plus au bout d’un moment, voilà. Donc c’est pas facile forcément à admettre, mais je pense que conscientiser que c’est un burnout, c’est déjà une étape. Et puis beaucoup se reposer et réorganiser son temps et ses responsabilités pour faire le minimum et faire ce qui est vraiment, absolument nécessaire, vital…

[K] Ouais, essayer de trouver des relais, de pouvoir déléguer si c’est possible quoi.

[E] Et je pense qu’un truc qui est vraiment important dans ce cas-ci, c’est de s’entourer de personnes bienveillantes et de confiance et d’aide en fait. Chercher de l’aide, je pense que c’est bien. C’est pas toujours facile mais c’est important. Et puis faire les choses étape par étape. Reprendre petit à petit des trucs et se recentrer, reposer des limites et d’oser en fait. Essayer un petit peu, ah si c’est trop et tout, faire attention justement aux signes, etc. Faire un plan de sécurité, ça peut aider. Et comprendre je pense que- Enfin, des gens avec qui j’en ai parlé, parce qu’y a plusieurs personnes à qui j’ai mentionné que j’avais fait un burnout, notamment des gens avec qui j’ai parlé pendant cette période-ci pour Partielles, pour des petits projets, genre une interview pour un truc ou quoi, chaque fois j’ai dit “désolée, je mets 1 mois à répondre, mais j’ai fait un burnout” et il y a beaucoup de gens qui m’ont dit “moi aussi j’en ai fait un” et qui disent voilà, “ça met vraiment longtemps pour s’en remettre vraiment”. C’est un peu- je pense vraiment que c’est comme quand on se casse une jambe quoi, ça restera toujours fragile et que la fatigue peut revenir plus vite, etc. Et je pense que comme toujours, il faut essayer de déculpabiliser, de se dire que oui, on est plus fatigués qu’avant, on est plus fragiles, on tient moins longtemps, etc, etc, mais c’est pas grave, l’important c’est d’essayer de refaire petit à petit ce qu’on a envie, ce qu’on peut, etc. Et ça évolue en fait. Voilà. Aujourd’hui je peux le dire alors que, il y a 6 mois, je pensais pas. Il y a 6 mois je me disais “c’est fini, je n’arriverai plus jamais à rien, j’ai atteint un stade trop bas, je remonterai jamais”. C’est pas vrai.

[K] Je suis vraiment d’accord avec ce que tu dis. Vraiment, moi en 2019, c’est vraiment l’explosion de mon masking qui coïncide avec tellement de trucs. J’avais vraiment la certitude qu’il y avait des trucs que j’avais perdu pour toujours et genre que c’était une grosse partie de mes capacités et de mon autonomie. Et en fait ce n’était pas vrai. Du coup, là, c’est dans un cadre lié plutôt au masking, je vous dis, de l’autisme et de la multiplicité, des trucs comme ça. J’avais l’impression que je récupérerais jamais ces capacités. J’avais l’impression que je ne serai plus jamais parfaitement autonome. J’avais l’impression que je ne serais plus plein de choses. Et en fait si, c’est revenu. Mais c’est revenu différemment. C’est revenu de façon plus saine et ça a mis longtemps à revenir parce qu’il a fallu que je construise des mécanismes sains sur des ruines d’habitudes malsaines qui avaient 25 ans. Et si, non, vraiment, il y a eu un moment, en 2019 où j’étais tellement flippé par l’administratif, parce que l’administratif, ça me demandait beaucoup de masking, de devoir téléphoner ou de devoir aller à des rendez-vous ou de devoir avoir l’air dans les clous de la société et de me confronter au fait que j’y étais pas parce que genre je venais de démissionner ou des trucs comme ça, que je flippais d’aller à la boîte aux lettres. Genre je voulais pas recevoir du courrier parce que je savais que ça allait engendrer des démarches administratives. Et j’avais vraiment l’impression que genre je ne serais plus jamais capable de refaire des démarches administratives sans vraiment que ça me coûte mais une énergie mais c’était horrible. Et aujourd’hui, c’est vraiment plus le cas. Aujourd’hui, je suis capable de repasser des coups de fil aux administrations, mais pas aussi bien qu’avant, mais c’est pas grave. Genre avant j’avais pas conscientisé que ça me coûtait de téléphoner parce que j’avais l’impression que j’avais pas le droit de dire que le téléphone ça me flippe parce que genre j’ai un masking extraverti. Et maintenant, ben si, je peux dire “en fait le téléphone ça me met inconfortable”, “me confronter à la honte du regard des gens, c’est inconfortable pour moi”. Et il y a des jours où j’ai plus facile à téléphoner que d’autres, et il y a des jours où je n’y arrive pas et où, en fonction des trucs, c’est Epsi qui le fait pour moi et moi je le fais pour Epsi, etc. Et du coup en fait c’est juste une démarche beaucoup plus respectueuse de mes vraies limites. Mais ça a été long pour moi d’accepter que non, je n’avais pas perdu des acquis, juste j’avais des compétences plus en adéquation avec un truc qui me respecte vraiment. Du coup non, moi je peux vraiment dire que j’ai cru que je remonterais jamais de 2019 et c’est faux. Et je trouve que pour le coup, là, en 2019, ça a vraiment claqué d’un coup, genre je me suis vraiment arrêté d’un coup sur toutes les sphères de ma vie, autant le professionnel que le personnel, que le social, etc. Et pour le coup, c’est un peu l’inverse: c’est remonté tellement progressivement que je m’en suis pas rendu compte. Et je crois que je continuais à dire que ça remonterait jamais alors que ça avait déjà commencé à remonter. Et c’est beaucoup plus facile pour moi de regarder en arrière, des années complètes, que de voir les évolutions au fur et à mesure. Je peux pas dire aujourd’hui que je suis moins fonctionnel qu’avant si on prend des vraies définitions de “qu’est-ce que c’est être fonctionnel en se respectant”. Mais ouais, ça m’arrivait de dire que ça bougeait pas alors qu’en fait si, ça bouge.

[E] Ouais, je pense que, c’est une notion que peut-être on abordera un jour dans une autre vidéo, le fait que j’ai l’impression d’être plus fonctionnelle en mode survie. Et je pense que factuellement, sur le moment, c’est pas faux. Mais sur le long terme, ça l’est tellement (faux). Sur le long terme, ça tient pas. Et donc c’est difficile de retrouver son “être fonctionnel” personnel, avec des limites plus respectueuses de soi-même.

[K] Et du coup, maintenant on est un peu dans cette phase où je pense vraiment qu’en termes d’énergie, on a vraiment bien récupéré et on arrive à faire plus de trucs, mais où les habitudes, elles sont parties. Ça fait assez longtemps qu’on se dit qu’on devrait faire une vidéo, qu’on sait que le sujet qu’on va faire en premier, ce sera le burnout. Et pourtant, ben c’est tellement plus dans les habitudes, c’est tellement bizarre que c’est compliqué. Et du coup, alors que c’est un peu fragile, ben il y a plein de choses qui viennent s’ajouter, de peurs, genre “je sais plus comment on fait”, “je sais pas si ça va être bien”, “je sais pas si les gens vont regarder” ou n’importe quoi d’autre, comme tous ces trucs qui sont plus habituels quoi.

[“Publication commerciale”] En parlant de petits trucs qui peuvent stresser, y a aussi tout l’aspect avoir des engagements et comment les tenir et comment s’excuser de pas réussir à les tenir. Et du coup, en parlant de ça, juste au moment où on a commencé à plus poster, on a reçu gratuitement le livre de quelqu’un et je vais vous en parler un instant. Du coup j’étais pas obligé de vous en parler, et de toute façon on l’a reçu y a genre plus de 6 mois, du coup, enfin, voilà. C’est pas du tout un partenariat rémunéré mais on a reçu le livre gratuitement, du coup je vous le dis. Et c’est un livre illustré poétique qui s’appelle Avenova, et c’est vraiment une petite histoire, je crois qu’il y a une 20aine de pages, les dessins sont super mignons et c’est très, très chou, et enfin, voilà. Je vous invite vraiment à aller voir l’Insta de Prismiia si vous voulez voir un peu plus d’images sur Avenova et regarder des illustrations vraiment très, très douces et apaisantes.

[K] Je pense que pour conclure, on peut peut-être un peu revenir sur “est-ce qu’on a retrouvé notre pourquoi?” et “qu’est-ce qu’on veut mettre dans notre pourquoi?”. On s’est vraiment rendu compte que ce qui avait été difficile, c’était de continuer à poster de façon régulière. C’est vraiment ça qu’on a arrêté mais on n’a pas rien fait pour autant complètement. Parce que, je ne sais pas si tout le monde l’a vu, mais on a refait notre site internet. Le thème de notre site internet a complètement changé, la structure des menus a complètement changé et le logo a un tout petit peu changé. Ça nous a pris quand même beaucoup de temps, on a travaillé beaucoup d’heures dessus. Mais vu que c’était pas connecté avec des interactions avec les autres, c’était plus simple. Il est encore en construction, mais du coup tout le contenu qui était sur l’ancien est sur le nouveau, mais il y a plein de zones où on aimerait écrire de nouveaux articles qui ne sont pas encore remplies, mais tout ce qui était trouvable sur l’ancien est sur le nouveau. Et, ben comme chaque année, on a participé à la Plural Positivity World Conference. Si vous voulez revoir les conférences qui ont eu lieu, vous pouvez le voir sur la chaîne de Plural Events, je vous mets le lien. C’était super cool et ça nous a vraiment bien reboostés. C’est un peu ce qui était sorti des conversations sur “c’est quoi notre pourquoi”. Ça n’a pas changé en fait, notre pourquoi c’est donner de l’information sur la multiplicité en étant le plus inclusif possible et le plus accessible à tout le monde. Et ça, ça n’a pas changé, c’est vraiment ce qu’on veut. Et là où on bloque, mais on en avait déjà parlé en septembre dernier, c’est sur comment faire pour donner de l’information qui reste accessible à tous et donc y compris aux nouveaux systèmes et continuer à partager des choses que nous on a appris depuis ou qui est adapté à des systèmes qui nous suivent depuis longtemps ou qui sont conscients de leur multiplicité depuis plus longtemps. Et du coup, ça c’est assez compliqué. On n’a pas complètement répondu à cette question de comment faire pour être au four et au moulin, en fait. Et je vous dis, on est encore en train de réfléchir à ça. Et de toute façon, on sait que la partie vidéo, c’est la partie qui nous demande le plus d’énergie et du coup voilà. Sur l’onglet comment on va organiser ce qu’on crée comme contenu, on est encore en réflexion. Mais ce qui est sûr, et ça c’est super fort, encore marqué pendant et après et même un peu avant la PPWC, c’est à quel point échanger c’est cool, et parallèlement, à quel point gérer des communautés, c’est trop. C’est trop compliqué pour nous, ça demande trop de modération, ça nous met dans une posture que j’aime pas, d’admin, etc, qui me dérange. Pas que les admins sont des personnes désagréables, juste que moi je ne sais pas gérer en tout cas. Mais que, dans un contexte qui est cadré et délimité dans le temps, on en revient, on adore ça. On adore parler avec vous, on adore avoir différents points de vue, on adore aborder des sujets sur lesquels nous on n’a pas assez de compétences, et du coup donner la parole à plein de gens. Et la Plural Positivity World Conference du coup, c’est un événement qu’on organise en partenariat avec The Plural Association et c’est une fois par an. Et on s’est dit “ouais, mais en fait c’est ça qu’on doit faire”. Une fois par an, c’est pas assez. Et puis, avec TPA, on n’a pas toutes les libertés, et c’est ok, mais c’est ça qu’on doit faire: on doit faire des événements à nous pour donner la parole à toutes les personnes multiples qui en auraient envie, pour avoir des espaces de discussion et des questions/réponses et de l’échange autour de sujets. Mais pas tout le temps, comme dans un groupe Facebook, juste pendant des événements délimités, pendant un week-end, etc. C’est ça qu’on veut, c’est ça qui nous anime. Là, on est sûrs de notre pourquoi. On est sûrs que les événements comme la Plural Positivity World Conference, ça fait du bien aux gens, ça a du sens, c’est pas trop fatiguant, ça permet à toutes les personnes, même si elles sont pas dispo pendant l’événement, de revoir les sessions quand même après, et donc c’est pas juste un coup dans l’eau et qu’après le contenu est perdu. Voilà. On a du coup décidé de créer des événements, on a appelé ça “Kaléidoscope, diversité du spectre multiple”.

[E] Et la première édition de l’événement, ce sera pour la Plural Acceptance Week et le Plural Pride Day, donc la troisième semaine de juillet. Donc le week-end du 19 au 21 juillet, on sait pas encore si ce sera vendredi/samedi ou samedi/dimanche, on n’a pas encore exactement décidé ça, mais voilà, ce sera ce week-end-là. Et ce qu’on a décidé de faire, c’est de fonctionner un peu par thème, là où la PPWC, c’est thème libre en rapport avec la multiplicité, nous on s’est dit que vu qu’on en faisait plusieurs par an, on pouvait choisir un thème à chaque fois, ce qui pouvait être sympa. Et le premier thème du coup c’est “santé physique” et le second ce sera sur “le genre”. Et tout ça va se passer sur un serveur Discord dédié. Parce que sur Discord, y a moyen d’avoir une option de conférence donc qui permet de montrer une vidéo avec des spectateurs et d’inviter des gens à venir répondre à des questions en direct, etc. Et donc le lien du serveur est dans la description et tu le mettras certainement dans le “i” en plus. Et vous pouvez le rejoindre pour avoir toutes les infos sur les événements.

[K] C’est des événements qui vont être, du coup comme Epsi le disait, sur Discord, gratuits. Les sessions sont pré-enregistrées avec des sous-titres. Les questions/réponses n’auront pas de sous-titres. Du coup les dates à retenir, c’est 19 au 21 juillet sur la santé physique et multiplicité. Et deuxième édition, ce sera en octobre sur le genre. Et du coup, je vous invite d’ores et déjà à remplir le formulaire qui est également en description, dans le “i”, qui sera sur Insta, si vous voulez faire une intervention, du coup sur le genre et la multiplicité.

[E] Moi j’ai hâte. C’est typiquement le genre de truc où je me dis “j’espère que la charge de travail ne va pas être trop grande”, mais je pense pas parce qu’on se gère bien, on a quand même l’expérience de la PPWC de ces dernières années, donc je pense vraiment que ça va être cool. Et puis comme tu disais, voilà, c’est pas limité par TPA, donc c’est vraiment juste nous, entre nous, avec vous. Et ça répond vraiment à notre pourquoi, comme tu disais, d’échange et tout ça. Et du fait que bah nous, voilà, nous on va continuer à faire du contenu et tout, même si on doit encore donc trouver notre structure et comment le faire, mais ça permet aussi de vous donner la parole. Parce que c’est vraiment un truc qu’on se dit, c’est que bah déjà on sait pas tout, on vit pas tout, et il y a des sujets sur lesquels on a des connaissances mais on n’a pas une connaissance de vécu. Et je pense vraiment que c’est important que des gens qui ont le vécu en parlent, pour les gens qui ont ce même vécu. Et voilà, moi, ça fait partie de mon pourquoi, de vraiment… la diversité du spectre multiple vraiment.

[K] Oui. Bah c’est tout, je pense que c’est déjà bien là, mais du coup je ne sais pas encore à quand je vous dis. Suivez-nous sur Insta. Je le dis jamais mais le seul endroit où on reste un tout petit poil actifs, c’est là. Voilà.

[E] Salut!

[K] Salut! C’est quoi que je dis? J’ai oublié… À bientôt. J’avais oublié. Je l’ai pas bien fait là, si? À bientôt!

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