Dans cette vidéo, nous allons parler de la chasse aux « fakes TDI » et du gatekeeping autour du diag TDI/ATDS. Nous expliquons aussi pourquoi nous ne répondrons plus à la question « t’as un diag ? » et les raisons pour lesquelles nous considérons que toutes les personnes multiples sont légitimes.

Dans cette vidéo, nous allons parler de la chasse aux « fakes TDI » et du gatekeeping autour du diag TDI/ATDS. Nous expliquons aussi pourquoi nous ne répondrons plus à la question « t’as un diag ? » et les raisons pour lesquelles nous considérons que toutes les personnes multiples sont légitimes.

Introduction

Epsi: Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles sur la multiplicité dont le TDI, présentée par Epsi et Kara. Aujourd’hui on va parler du gatekeeping du diag. Rien à voir avec les alters gatekeepers ! Il s’agit de la pression mise aux personnes concernées par les troubles mentaux et handicaps autour de leur(s) diag(s), et plus précisément de leur non-diag, et plus plus précisément dans cette vidéo pour les personnes concernées par le TDI ou l’ATDS. D’une façon générale, on va aussi parler de l’invalidation générale de la multiplicité et de pourquoi en tant que systèmes TDI diag, nous soutenons toutes les formes de pluralité ainsi que les autodiags – oui, c’est une question qu’on a déjà eu quelques fois – et enfin, on va parler de quelles sont selon nous les conséquences de tout ça sur les concerné-e-s et qu’est-ce qui pourrait être fait à la place. Beau programme ! Ça va être très axé TDI et multiplicité, parce que c’est le sujet de cette chaîne, mais ce sont des problématiques qui sont loin d’être exclusives au TDI ! Et on va surtout dire TDI mais ça reprend aussi l’ATDS évidemment. C’est parti !

Fakes TDI

Kara: Je vais juste brièvement revenir sur les fakes TDI parce que c’est la façon la plus connue de délégitimer les personnes concernées. Quand on parle de la chasse aux fakes TDI, on parle des gens qui se servent des idées reçues et de croyances populaires pour dire « tu mens, tu n’as pas de TDI ». Ça peut être par exemple « le TDI ça n’existe pas », « le TDI c’est très rare », « on peut pas savoir soi-même qu’on a un TDI », « les -vrais- TDI ne font pas ci ou ça », « c’est pour attirer l’attention », « c’est un effet de mode », « espèce de malade mental » – no shit Sherlock – et plein d’autres choses du genre. On a fait une vidéo sur 10 idées reçues qui réponde déjà pas mal à ces phrases, qui rappelle notamment que le TDI reconnu par la psychiatrie depuis des décennies, que c’est un trouble qui concerne au moins 1,5% de la population générale donc qu’il n’est pas rare, qu’on peut totalement savoir qu’on a des alters – même le DSM-V le dit d’ailleurs -, bref on met la vidéo dans le « i » et en description. Eh puis pour ce qui concerne l’effet de mode, il faut que les gens apprennent à faire la différence entre la mode et le fait simple que quelque chose soit mieux connu, mieux exprimé et qu’il y ait plus d’informations accessibles à ce sujet, et que donc les gens se disent « ah maybe ça me concerne » ou « oh.. maybe ça me concerne vraiment… owh… ». Pour faire simple, la chasse aux fakes TDI, c’est un truc de haters, de trolls, de personnes malveillantes et de personnes qui manquent cruellement de connaissances, sous couvert de scepticisme ou pas, déso pas déso. Une petite catégorie à part de la chasse aux fakes, c’est quand un système fait une connerie et que tout le monde se met à se demander « mais est-ce que cette personne a vraiment un TDI ? », même les gens qui ne sont pas sceptiques de base, même d’autres systèmes parfois. Alors bah à ça, j’ai envie de dire, être multiple n’est pas forcément synonyme d’être une personne hyper cool, bienveillante et déconstruite ; on a toustes des biais de construction pour commencer et puis, simplement, des raclures y en a partout malheureusement. Et on ne peut empêcher personne d’abuser du côté a priori sensationnel du trouble aux yeux des personnes pleines d’idées reçues friandes de ça, quelle qu’en soit la raison. Pour autant, remettre en cause un système, ça ne fait du bien à personne à part aux haters et aux sceptiques, voilà voilà. Alors je sais ce que vous allez dire : « oui mais des gens qui fakent, y en a ! » ou « je connais quelqu’un qui ! », oui, moi aussi. Et d’ailleurs, on dit pas qu’y a jamais de gens qui essaient de faker, notamment pour excuser leurs conneries parfois, mais ces personnes sont soit des personnes malveillantes soit quand même en recherche d’aide.

À qui ça fait du mal ?

K: Et ce qu’il faut comprendre surtout, c’est que chasser les « fakes TDI » ne fait pas de mal à ces quelques personnes qui fakent – et oui, elles sont rares. Bien plus rares surtout que les personnes qui sont effectivement multiples et qui ont elles-mêmes peur de mentir et tout inventer – parce que c’est une vraie difficulté pour les personnes multiples, contrairement aux fakes qui ne se posent pas cette question. Donc en fait, la chasse aux fakes ne fait absolument rien aux quelques fakeurs mais par contre, elle fait énormément de mal aux personnes concernées qui savent qu’elles ont du mal à être crues et même à se croire elles-mêmes. Ça n’arrête pas les fakes, ça arrête les personnes concernées : ça augmente leur déni, leur manque de confiance, leurs doutes et donc ça retarde leur prise de conscience voire leur prise en charge, quelle qu’elle soit. Mais cette catégorie-là, j’ai envie de dire, elle fait du mal, elle fait la majeure partie de la stigmatisation qu’on reçoit, elle concerne même des professionnel-le-s, mais on s’y habitue. Comme pour toutes les oppressions en fait, les haters c’est les haters et don’t feed the troll. Malheureusement, on ne peut que s’en éloigner et s’en préserver.

Gatekeeping du diag

K: Eh puis à côté de ça, il y a les gens qui savent que le TDI existe, qui s’informent, qui savent que ça concerne du monde, même si y a quand même souvent des idées reçues qui traînent mais se déconstruire ça prend du temps. Des gens qui veulent être sympa et ouverts, qui sont même parfois des personnes concernées conscientes de pas mal de problématiques … qui font du gatekeeping autour du diag.

E: Alors le gatekeeping du diag, ou police du diag, c’est quoi ? Pour faire simple, c’est considérer qu’une personne est légitime à se reconnaître dans un diag le TDI dans notre cas évidemment – et à parler de son vécu uniquement si elle a un diag posé par un ou une professionnel-le – psychiatre notamment en ce qui nous concerne. Et ça se manifeste dans des phrases comme « oh t’as un TDI ? donc t’as un diag ? », « alors est-ce que tu as vraiment un TDI ? », « t’as un TDI ou t’es autodiag ? », « tu peux pas dire que t’as un TDI si t’as pas de diag ». Évidemment, ça dérive vite à « l’autodiag c’est dangereux », « tu voles la place des personnes vraiment concernées », « t’es pas médecin, tu peux pas savoir ». Et ça dérive aussi bien vite à « tu sais le TDI, c’est rare », « tu sais le TDI, c’est difficile à diagnostiquer », « tu sais le TDI, c’est ça et c’est ça et gnignigni et gnagnagna ». Mais on va supposer qu’on en arrive pas à ces problématiques de fake TDI et rester sur les personnes qui ne chassent pas les fakes et qui jouent juste à la police du diag.

Ce gatekeeping autour du diag, il existe pour plusieurs raisons. On va juste en citer quelques-unes mais c’est vraiment multifactoriel. D’abord, il y a tout simplement la loi de l’autorité des professionnel-le-s, qui ont fait des études et donc sont logiquement mieux informé-e-s. Le biais qui dit que « les handis fakent pour avoir l’accès à des privilèges » (lesquels ?). La difficulté à se représenter ce qu’est 1,5% de la population. Et bien d’autres raisons encore. Alors, la police du diag, à quoi ça sert pas ? Parce qu’honnêtement, ça sert à rien ou presque. En tout cas, ça ne sert absolument pas à aider les personnes concernées et en principe c’est quand même ça l’objectif : que les personnes qui en ont besoin reçoivent l’aide nécessaire à leur bien-être, ou au moins à leur mieux-être. Et là on entend au loin « oui mais non, si t’as pas de diag, tu voles la place des vrai-e-s concerné-e-s ». Ah ? Quelle place en fait ? La place en thérapie ? La place dans les soins dont on pourrait avoir besoin ? L’espace de parole ? La place à la MDPH ou à l’AAh ? Quelle place ? Parce que tous ces espaces-là n’ont pas attendu les autodiags TDI pour ne pas laisser assez de place aux personnes handicapées, physiques, psy ou les deux, mêmes avec diag, et ce sont les premières à faire la chasse aux faux handis alors que concrètement, on va pas se mentir, il suffit de débloquer du budget et d’arrêter de se voiler la face sur cette problématique du validisme et de la psychophobie systémiques. Et la place en thérapie, difficile de la voler quand on n’y a pas accès parce qu’on n’a pas de diag en fait. Puis l’espace de parole, il n’est limitée que par les personnes qui veulent faire taire les personnes subissant des oppressions via la stigmatisation, le harcèlement, … et la police du diag, entre bien d’autres choses.

Et au final, c’est quoi une personne « vraiment concernée » ? Nous, on préfère considérer que c’est une personne dont le vécu correspond et qui se reconnaît dans quelque chose, tout simplement. Alors ok ,on peut se dire « oui mais alors, c’est la porte ouverte à toutes les dérives et n’importe qui va se diag TDI ». Cette idée revient la problématique des fakes TDI et pour rappel, les quelques rares personnes qui fakent ne sont pas des personnes concernées ! Or c’est à toutes les personnes concernées que cette chasse fait du mal, et donc c’est à toutes les personnes concernées que la police du diag fait du mal aussi, d’autant plus quand ça vient de personnes qui sont ouvertes au sujet ou pire, de personnes qui sont elles-mêmes concernées.

Pourquoi c’est caduc

K: Mais revenons-en aux raisons pour lesquelles, selon nous, le gate-keeping du diag TDI est caduc. D’abord, on n’est pas dans votre tête, on n’est pas dans votre vie, on n’est pas dans vos chaussures si vous en portez, et personne n’y est. Alors estimer qu’une souffrance ou un vécu peut être reconnu uniquement si quelqu’un d’autre dit « ok c’est vrai que tu souffres » ou « ok c’est vrai que tu ressens ou vis ça », c’est juste absurde. Ensuite, pas besoin de faire des pieds et des mains pour savoir que les critères diag du TDI sont plutôt simples, et ceux de l’ATDS le sont encore plus. Pour résumer, il faut être multiple, et ça on peut le savoir soi-même et le dire soi-même pour valider le critère, le DSM-V le dit lui-même. Il faut avoir de l’amnésie, sans doute le critère le plus difficile à comprendre mais en principe pas à diagnostiquer – il faut surtout s’enlever de la tête cette idée reçue qui dit que l’amnésie dans le TDI se manifeste uniquement par des trous de mémoire entre les alters – sans compter que la CIM-11 dit qu’il y a « typiquement » de l’amnésie, ce qui sous-entend que ce n’est pas forcément le cas. Et il faut avoir des difficultés dans un ou plusieurs aspects de la vie, et ça, un psychiatre ne va pas aller vérifier dans votre vie privée que c’est effectivement le cas. Le premier critère excluant, c’est de savoir si c’est causé par autre chose, et ça encore une fois on n’est pas dans vos chaussures pour le savoir, et en soi, même un psychiatre ne prescrit que rarement une IRM pour savoir s’il peut y avoir une autre cause. Et le second critère excluant, c’est que ça ne fasse pas partie de la normalité de votre religion ou de votre culture, et ça bah vous le savez aussi mieux que nous – à moins que ça n’ait été abusif et que ça cause de l’amnésie, et dans ce cas on retombe simplement dans les critères du TDI.

On rappelle en passant que les traumas ne sont pas un critère diag ! Il y a une corrélation entre les traumas et la présence d’un TDI, c’est pour ça qu’on les appelle des systèmes traumagéniques, mais corrélation ne veut pas dire explication unique et universelle. Les traumas sont généralement présents, notamment dans l’enfance, mais ce ne sont en principe par un critère nécessaire au diagnostic. Alors, à part l’amnésie qui peut demander un peu de recherches, le TDI en lui-même n’est pas difficile à diagnostiquer. La seule chose qui peut être éventuellement compliquée, ce sont les troubles et symptômes associés, mais être multiple, avoir de l’amnésie et des difficultés dans la vie, c’est pas non plus le truc le plus difficile à diag ou s’autodiag. Mais du coup, d’ailleurs si les critères sont si faciles, pourquoi avoir un diagnostic ne le serait pas ? Aah… la réponse est très simple : les psychiatres sont… des gens. Et à ce titre, comme tous les gens, iels ont des biais de perception et font la chasse aux fakes, tout simplement, parce que le TDI subit énormément de stigmatisation, et dix ans d’études ne changent pas ça malheureusement. C’est un truc qu’on voit tous les jours, d’ailleurs il y un grand nombre de professionnel-le-s qui ne croient tout simplement pas au TDI, alors qu’il est référencé dans le DSM depuis des décennies… Les professionnel-le-s bien formé-e-s, compétent-e-s, bienveillant-e-s et à l’écoute sont vraiment une minorité malheureusement. Même si, comme tous les autres gens, il y a des psychiatres qui y croient, etc, etc…, l’accès aux soins n’est pas facile, en particulier quand ont est précaire, quand on est racisé-e, quand on est mineur-e et bien d’autres choses encore. En fait il faut être privilégié-e ou avoir de la chance pour avoir un diag, c’est ainsi que la société est faite. Et à ça, on peut ajouter la peur, l’errance qui en découlent ainsi que la maltraitance et bien d’autres choses, mais tout ça on en reparlera dans une future vidéo sur la multiplicité le parcours diag, pour laquelle on a fait un sondage y a quelques temps.

Attention, pour autant on ne vous dit pas « n’allez pas voir de psy ». Si vous avez besoin de cette aide, allez la chercher évidemment ! Ces informations s’adressent aux personnes qui font la police du diag et qui cloisonnent les personnes multiples quand et parce qu’elles sont autodiags, sans penser à toutes ces raisons et à tout le mal que ça peut faire.

E: D’ailleurs, on ne répondra plus à la question « tu as un diag ? », qu’on reçoit très souvent, parce qu’on trouve ça irrespectueux pour toutes les raisons déjà énoncées et celles qui vont suivre. Si la question est posée pour avoir des renseignements sur comment ça se passe ou si ça aide la légitimité, c’est ok, et spoiler alert : le parcours diag c’est long et plein d’embûches et non, ça n’aide pas forcément la légitimité. Mais si c’est pour savoir si on a plus de crédibilité ou de droit de parole que les autres multiples, c’est non. Ce n’est pas le diag qui fait qu’on est qualifié-e-s pour en parler, c’est l’information. Et par information, dans notre cas, on entend nombreuses recherches et prise en compte du vécu de très nombreuses personnes concernées. Il y a des personnes concernées diag et pas diag bien informées et des personnes concernées diag et pas diag mal informées, tout comme il y a des professionnel-le-s bien informé-e-s et mal informé-e-s, le diag ou le diplôme ne change absolument rien à ça. Je pense que c’est bien de le préciser encore une fois : on ne pousse pas à l’autodiag, on dit simplement que le diag est nécessaire uniquement si vous en avez envie ou besoin, tout comme l’autodiag d’ailleurs, et surtout que nous, on ne rejettera jamais les autodiags, on ne les considérera jamais comme inférieur-e-s à nous et on ne leur interdira jamais d’estimer vivre les mêmes choses que nous. Et d’ailleurs, on ne leur interdit pas d’utiliser les mêmes termes que nous, à quoi ça servirait ? On vit les mêmes choses, pourquoi ne pas les décrire de la même façon ? Et est-ce vraiment à nous d’en décider d’ailleurs ? Ce sont les mots de la communauté multiple en général, dont on fait toustes partie. On va pas dire « système » quand quelqu’un a un TDI diag, et « peau de chamois » quand la personne à un ATDS autodiag ou « carrosserie » quand la personne a une autre forme de multiplicité.

Blague à part, les gens pensent souvent que l’autodiag, c’est dangereux, mais encore une fois : on n’a pas accès à des trucs dangereux comme des médicaments sans prescription donc sans suivi médical. Et surtout, les personnes qui s’autodiag sont généralement des gens qui se remettent justement énormément en question, qui ne sont pas sures, qui font attention. Et lorsque ce n’est pas le cas, le problème ne vient pas de l’autodiag en lui-même mais du fait que des irresponsables, y en a partout.

À qui ça fait du mal ?²

Et encore une fois, comme pour les fakes TDI, ce n’est pas à ces derniers que ça fait du mal mais bien aux personnes qui se posent énormément de questions et qui n’osent pas commencer à prendre soin d’elles-mêmes avant d’avoir un diag officiel. Or, pour le TDI, il n’y a pas traitement en soi, il y en a surtout pour la gestion des traumas et les troubles associés. Mais beaucoup de personnes multiples n’osent pas chercher à prendre conscience de leur système et à communiquer avec leurs alters parce qu’elles n’ont pas de diag, c’est vraiment dommageable. Et à toutes les personnes qui disent « je suis pas anti-autodiag mais » ou « un autodiag c’est ok tant qu’on n’a pas de diag et il faut aller chercher un diag dès que possible », bah sachez que vous faites aussi du gatekeeping du diag et qu’on vous voit. On sait que vous considérez quand même les autodiags comme inférieurs à vous – « non c’est pas vrai », si si, on vous voit.

Multiplicités d’autres origines

Et tout ça, touuut tout ça, c’est généralement lié à l’idée erronée que la multiplicité ne peut être que d’une origine reconnue par la psychiatrie. Parce qu’évidemment, pour la société, tout ce qui sort des normes est forcément un problème à traiter. Mais la multiplicité, ce n’est pas seulement le TDI et l’ATDS, qui sont les deux troubles reconnus par la psychiatrie qui expliquent qu’on peut être plusieurs à partager la même tête et le même corps, là où la norme de la société c’est d’être singlet.

En fait, on peut être multiple pour d’autres raisons qu’un trouble mental. Il y a des pluralités culturelles, spirituelles, endogéniques et plein d’autres. En général, les gens ne disent rien et jugent de loin tout ce qui touche à la culture, la religion ou la spiritualité, y compris la pluralité. Même le DSM-V dit « ok ok c’est ok ». Par contre, la multiplicité endogénique est souvent pointée du doigt, y compris par des personnes concernées, au même titre que les autodiags, genre c’est pas possible. Pour rappel si vous ne le savez pas, les systèmes endogéniques, ce sont des systèmes où la pluralité est présente sans raison explicable, tangible, plausible pour la société, c’est- à-dire qu’ils ne sont pas ou pas entièrement d’origine traumatique. Et ils sont souvent opposés aux systèmes traumagéniques, c’est-à-dire TDI/ATDS, qui sont considérés comme les deux formes de multiplicité les plus concernées par les traumatismes d’enfance. Et là on en revient : la normalité, c’est être singlet, donc on ne peut pas être multiple sans qu’on ait un problème, donc les systèmes endogéniques sont forcément des systèmes traumagéniques qui s’ignorent. Déjà, on ne connaît pas à l’origine de la multiplicité, on ne sait tout simplement pas – n’en déplaise à celleux qui pensent savoir – et se hasarder à donner une origine universelle à toutes les personnes multiples est une erreur de jugement. Ensuite, on ne peut pas savoir si un système endo est en fait un système TDI/ATDS dont l’amnésie cache les traumas. Et rejeter les systèmes endo parce qu’ils sont endo, c’est tout simplement les empêcher d’accéder à des espaces safe et à l’information qui leur permettrait peut-être de comprendre qu’il y a effectivement des traumas s’il y en a, et donc c’est les empêcher d’avoir accès à de l’aide.

Qu’est-ce qui compte au fond ?

K: Mais de toute façon, qu’est-ce qui compte au fond ? Qu’on se bastonne pour savoir qui est légitime ou pas et aux yeux de qui ? Ou qu’on se considère comme une communauté soudée qui s’apporte mutuellement l’aide et le soutien dont elle a besoin ? Les arguments sont exactement les mêmes que pour la police du diag, c’est la police de la multiplicité admise ou non si vous voulez, c’est une sous-section mais ça revient au même. L’objectif ne devrait pas être « qui est légitime ou pas », l’objectif devrait de toute façon être que toute personne puisse recevoir l’aide dont elle a besoin, et ça doit se faire à absolument tous les échelons de la société, donc ça concerne les professionnel-le-s, les personnes non-concernées et les personnes concernées. Et dans le cas de la multiplicité, une aide que toute la communauté peut apporter, c’est la prise de conscience, la gestion d’un système, la communication, la vie à plusieurs dans un seul corps et toutes ces choses que
les singlets ne vivent pas et ne peuvent pas comprendre par essence. pas même les psychiatres, surtout pas celleux qui ont besoin de « rectifier les anormalités de la société ». Dans tous les cas, qu’est-ce qui fait du mal en réalité, si ce n’est pas « les personnes qui volent la place des concerné-e-s » ?
Eh bien, ce sont les idées reçues qu’on retrouve à foison dans les médias et la popculture, la stigmatisation qu’on retrouve dans la tête de la majorité des gens, les inégalités sociales qui empêchent d’avoir des soins en suffisance et adaptés, le manque de recherche et de formations pour les professionnel-le-s, le sensationnalisme et la désinformation diffusée par certains d’entre elleux et mêmes parfois par des personnes concernées, ainsi que la chasse aux fakes et aux autodiags et à la multiplicité d’autres origines qui en découle. Parce que peu importe l’origine de la multiplicité ou le diag, les personnes qui n’ont pas un TDI ou un ATDS diagnostiqué sont aussi des personnes concernées et sont légitimes, on ne vole pas la place les uns les autres, c’est tout le reste qui nous pompe l’air en réalité ! Ce qui aide vraiment, c’est la bienveillance, l’entraide et l’information, qu’on soit professionnel-le, pair-e aidant-e, concerné-e, allié-e ou rien de tout ça.

Conclusion

On sait qu’il y a des gens qui ne comprendront pas, notamment les personnes concernées ou pas qui font la chasse aux fakes et la police du diag et les personnes qui ne comprennent pas les biais de perception. On sait qu’il y a des gens qui vont dire qu’on donne le droit à n’importe qui de s’autodiag un truc « hyper graaave », mais ce n’est pas ce qu’on fait. On donne seulement l’accès à l’information pour que les personnes concernées puissent se comprendre, s’identifier et savoir qu’elles ont un espace ouvert où parler si elles en ont le besoin. Parce que ce sont ces personnes qu’on veut aider et parce qu’on sait qu’en jouant à qui fake ou au gatekeeping du diag, c’est à ces personnes que ça fait du mal et pas aux autres. Les personnes multiples sont déjà stigmatisées partout, elles ne seront pas ici. Petit message aux personnes concernées pour conclure : cherchez l’aide dont vous avez besoin. Si vous avez besoin d’une aide officielle ou professionnelle, allez la chercher, surtout s’il y a un danger. Mais si vous n’en avez pas besoin, ne vous forcez pas, surtout si vous n’êtes pas prêt ou prête. Dans tous les cas, sachez que vous n’avez pas besoin d’un aval pour explorer la piste de la multiplicité si c’est ce que vous ressentez. Vous ne volez la place de personne, vous avez le droit de chercher dans cette voie si vous vous y retrouvez, vous avez le droit de découvrir votre système et nous vous accueillerons toujours. Petit PS quand même c’est important : n’allez pas chercher vos traumas sans aide, laissez-vous le temps pour ça, vous n’avez pas besoin de les trouver pour apprendre à communiquer avec votre système. Et second PS juste pour info : vous ne risquez pas de vous inventer des alters si vous n’êtes pas multiple. Merci d’être resté-e-s jusqu’ici, on se retrouve sur les réseaux sociaux avec plaisir ! Et on vous glisse en description des articles en anglais à ce sujet, qui nous ont aidé-e-s à formuler en mots ce qu’on pensait intuitivement depuis longtemps. À bientôt !

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