Multiple, TDI, alter, headmate, tulpa, traumagène, endogène : dans cette vidéo, on aborde quelques mots en lien avec la multiplicité et on explique d’où ils viennent et ce qu’ils veulent dire.

Multiple, TDI, alter, headmate, tulpa, traumagène, endogène : dans cette vidéo, on aborde quelques mots en lien avec la multiplicité et on explique d’où ils viennent et ce qu’ils veulent dire.

Introduction

Kara: Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles sur la multiplicité dont le TDI, présentée par Epsi et Kara !

Quand on commence à prendre conscience qu’on est peut-être multiple ou quand on commence à s’intéresser au sujet, on tombe assez rapidement sur plein de mots qu’on n’a pas trop l’habitude d’entendre dans d’autres contextes.
Alter, système, TDI, multiple, headmate, parts, et plein d’autres encore.
Souvent, ça devient assez difficile de comprendre les nuances entre des termes utilisés dans le même genre de contexte.
Ou alors, on ne sait pas quels termes utiliser parce qu’on ne sait pas trop si ça nous correspond ou si on a, en quelques sortes, le droit de s’en servir.
Bref, on est assez vite perdu-es !

Dans cette vidéo, on va essayer de clarifier un peu tout ça en expliquant quelques termes qui peuvent avoir l’air de vouloir dire la même chose ou de s’opposer alors qu’en fait c’est plus subtil que ça. Vous avez peut-être remarqué que le fond de la vidéo avait changé pour cette vidéo, la raison est toute simple : on réfléchit à faire des flyers et on avait très envie de faire des flyers holographiques, mais c’est trop cher, alors on va se contenter d’un fond coloré style holographique et on fera des flyers normaux, voilà ! [rire]

La première chose à savoir, c’est qu’il y a des termes qui ont une origine psychiatrique, c’est-à-dire qu’ils ont été définis ou utilisés au départ par des psy, et d’autres qui ont une origine communautaire, c’est-à-dire définis ou utilisés au départ par des personnes concernées.
Bien entendu, il y a des termes qui ont une origine psychiatrique qui ont été énormément repris par les personnes concernées et sont devenus, au fil du temps, des termes plutôt communautaires.
C’est un peu comme la différence entre dire céphalée, un terme plutôt utilisé par les médecins, et dire mal de tête, un terme plutôt utilisé par les gens.

On en profite d’ailleurs pour rappeler que vous vous définissez comme vous voulez et selon les termes qui correspondent à votre vécu et vos ressentis. Il n’y a que quelques termes, qu’on expliquera après, qui sont vraiment spécifiques à certaines expériences et ne doivent idéalement pas être utilisés par une personne non-concernée, mais à part ceux-là, utilisez les mots que vous voulez car ils sont, pour la plupart, tous devenus plutôt communautaires.
Rappelons évidemment au passage qu’il n’y a que vous qui puissiez vous définir et que personne n’a à vous imposer un terme plutôt qu’un autre.

Multiple / TDI (ATDS, …)

Epsi: Ok, entrons dans le vif du sujet en rappelant rapidement ce qu’est la multiplicité. Être multiple est un terme général qui veut dire être + que 1. Multiple, dans son sens le plus simple, ne veut pas dire avoir des alters ni avoir des traumas ni avoir un trouble ni avoir quoi que ce soit en fait, c’est seulement être plus que 1, c’est être plusieurs ou être des petits bouts, être fragmenté, partitionné, multiplié, peu importe, c’est être + que 1. Toute personne qui se considère être plus que 1 peut se définir comme multiple.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il y a des expériences de multiplicité qui relèvent de la psychiatrie, c’est-à-dire qui sont par exemple liée à un trouble comme le TDI, et d’autres qui ne le sont pas du tout. Utiliser un terme ou un autre peut donner une indication de langage pour savoir si une personne se considère plutôt comme, entre guillemets, “multiple avec trouble psy” ou “autre expérience de multiplicité non-liée à un trouble psy” ou “ne se reconnaissant pas dans les définitions psy”.

Multiple est à la base un terme plutôt psychiatrique, on parlait d’ailleurs avant de personnalités multiples, l’ancien du nom du TDI. Pour cette raison, certaines personnes préfèrent les termes Plural et pluralité plutôt que multiple et multiplicité. C’est particulièrement le cas dans les communautés anglophones. Pour autant, multiple a été très largement repris par les personnes concernées et est aujourd’hui un terme plutôt communautaire.

Comme multiple est aujourd’hui un terme communautaire, il n’est pas équivalent à TDI ou ATDS ou TDI partiel. Ces trois-là, ce sont des diagnostics. Ils correspondent donc à des personnes multiples qui entrent dans leurs critères diagnostics.
Multiple ou Plural, c’est être plus que 1, que ce soit difficile ou pas, que ça soit lié à un trouble ou pas, et peu importe l’origine.
Être multiple ou plural ET correspondre aux critères diagnostics psychiatriques correspondant, c’est avoir un TDI, ATDS ou TDI partiel.
Les personnes qui ont un TDI, un TDI-P ou certaines formes d’ATDS sont multiples, mais les personnes multiples n’ont pas toutes un TDI, TDI-P ou ATDS.

Pour en savoir plus à ce sujet, n’hésitez pas à aller voir notre vidéo “Qu’est-ce la multiplicité”, on vous la glisse dans le i et en description.

Système / Collectif, groupe, …

K: Maintenant, parlons de ce qui compose une personne multiple. On parlera après de comment on nomme ce qu’il y a dans ce “+ que 1”, on va commencer par parler du nom de l’ensemble.

Le mot qu’on entend le plus couramment, c’est système. Le système c’est donc l’ensemble de ce qui compose la personne multiple. C’est assez difficile de déterminer si son origine est psychiatrique ou communautaire, parce qu’après tout un système c’est un ensemble de trucs qui fonctionnent ensemble. Un ordinateur c’est un système, le système digestif c’est un système, etc… Mais c’est aussi un mot qui a été utilisé par la psychiatrie.

Souvent, les personnes multiples qui ont un trouble, par exemple un TDI, utilisent le mot système, tandis que d’autres personnes multiples non-concernées par la psychiatrie utilisent d’autres termes communautaires comme collectif, groupe, équipe, assemblée, team, etc…
Mais comme on le disait, système est autant psychiatrique que communautaire, tout le monde est libre d’utiliser ce terme. De la même façon qu’une personne ayant un TDI peut définir son ensemble comme un collectif par exemple.

Il y a aussi des personnes multiples qui ne sont pas à l’aise avec le terme système, parce qu’elles ont le sentiment que ça correspond plutôt aux personnes qui ont, notamment, des alters plutôt définis, avec un prénom, un tempérament, une apparence, comme on le voit régulièrement sur les réseaux sociaux, alors qu’elles ont plutôt le sentiment d’être différents aspects d’une même personne par exemple.
De la même façon que multiple est un terme général qui englobe toutes les personnes qui sont + que 1, peu importe ce qu’il y a dedans ou pourquoi, système est aussi un terme général qui est souvent utilisé comme synonyme de multiple. Donc toute personne multiple peut se définir comme un système, même si elle n’a pas d’alters mais seulement des fragments ou des facettes ou des petits bouts ou autre. Évidemment, comme on l’a dit au début, tout le monde se définit selon ce qui lui convient, à quelques exceptions près.

Personnes / Parties d’une même personne

E: En parlant d’ailleurs de cette notion de ce qui compose une personne multiple plus en détails, on retrouve tout plein, tout plein de mots comme alter, headmate, etc…
Mais avant de définir ces mots précisément, on va parler d’une notion qui fait souvent débat et qui est : est-ce que ce sont des parties d’une même personne ou des personnes à part entière ?

La réponse est très simple : ça dépend. Ça dépend de chaque personne multiple, et ça dépend aussi de chaque “élément” entre guillemets qui compose la personne multiple.

Une personne multiple peut considérer que son système est composé de personnes à part entière, une autre peut considérer que son collectif est composé de différentes parties d’elle-même, une autre peut considérer que ce sont comme des personnes mais pas tout à fait ou un peu incomplètes, etc, etc…
Mais ça peut aussi varier au sein de la personne multiple elle-même, avec à la fois des personnes à part entière et des morceaux d’une même personne et des aspects et autre au sein du même système.

Et ça, encore une fois, peu importe que la multiplicité soit liée à un trouble ou pas. Cependant, la psychiatrie peut jouer un rôle là-dedans. La psychiatrie définit la multiplicité liée à un trouble comme un problème, un dysfonctionnement vis-à-vis de la normalité qu’elle définit comme être 1, et pas plus que 1. La psychiatrie considère souvent que c’est une personne qui s’est divisée ou qui ne s’est pas assemblée comme elle aurait dû le faire, et que donc ce qui la compose ce sont des parties d’une seule et même identité qui aurait dû être sa normalité.
Pour cette raison, de nombreuses personnes multiples dont la multiplicité est liée à un trouble, le TDI notamment, considèrent ce qui les composent comme différentes parties d’une même personne.
Mais du coup, comme le TDI est plus connu et qu’il y a beaucoup de discours qui correspondent plutôt à la vision psychiatrisée de la multiplicité, beaucoup de gens ont tendance à penser que ce qui compose toute personne multiple est forcément des aspects d’une même personne.
Or, comme on le disait, ce n’est pas forcément le cas. Ce qui compose une personne multiple est propre à chaque personne multiple, peu importe l’origine de sa multiplicité. Et dans un cas comme dans l’autre, c’est à chaque personne de se définir selon ce qui lui convient.
Donc, il vaut mieux éviter de généraliser et de dire à une personne multiple “ce qui te compose, ce sont différents aspects d’une même personne” tout autant que “ce qui te compose, ce sont différentes personnes”, car c’est tout simplement propre à chacun.

Alter / Part / PAN-PE / …

K: Ok, maintenant, parlons de comment on définit les éléments qui composent une personne multiple. Alter, partie, fragment, tulpa, et encore pleiiin d’autres mots. Le plus connu étant évidemment alter.

Avant de définir tous ces mots, on va revenir encore une petite fois sur la multiplicité selon la psychiatrie.
Bien que la psychiatrie considère elle-même qu’il peut y avoir des formes multiplicités qui ne sont pas liées à un trouble et qui donc n’entrent pas dans les critères des différents diagnostics qu’elle a établis, il y a souvent des amalgames qui sont faits parce que beaucoup de gens ne connaissent ou ne considèrent la multiplicité qu’à travers le regard de la psychiatrie et notamment du TDI et troubles assimilés. C’est-à-dire un dysfonctionnement, quelque chose de pas normal qui doit être soigné, différentes parties d’une même personne qui doivent être plus ou moins rassemblées, etc…
Et surtout, la multiplicité est vue comme un mécanisme de survie lié à des traumatismes, même si c’est plutôt la dissociation le mécanisme de survie mais peu importe, et la présence du système et des actions de ce qui le compose sont indépendantes de la volonté de la personne multiple, voire sont plutôt subies et dérangeantes. Et c’est vécu comme ça par plein de personnes multiples, notamment qui ont un TDI, bien entendu ! Et il y a plein de choses à mettre en place pour essayer d’améliorer les choses mais c’est pas le sujet.
Par contre, ce n’est absolument pas le cas de toutes les personnes multiples. Il y a plein de personnes multiples qui ne vivent pas la multiplicité comme un problème, que leur multiplicité soit liée à un trouble ou non. Il y a des gens dont la multiplicité est de naissance, d’autres pour qui la multiplicité n’a pas d’origine précise, etc… Et il y a des gens qui choisissent de devenir multiples.

Attention point légitimité : les gens qui choisissent de se créer un système le font consciemment, vous ne vous créez pas d’alters si vous n’êtes pas multiple, même si on va définir alter après [rire]. Il y a plein d’origines possibles à la multiplicité, certaines sont volontaires et d’autres non, si vous n’avez pas choisi d’être multiple, c’est que vous ne l’avez pas fait exprès. Ce qu’on veut dire pour les systèmes qui ont peur de mentir c’est : rassurez-vous, vous êtes légitimes.

E: On sait que c’est un sujet touchy qui divise les communautés de personnes multiples mais pour bien définir les mots et leurs nuances, il faut qu’on en parle.
Il y a beaucoup de personnes multiples vivant leur multiplicité comme un trouble qui ne veulent absolument pas être confondues ou mélangées avec les personnes multiples qui vivent bien leur multiplicité ou dont la multiplicité n’est pas issue de traumatismes. Notamment parce qu’elles ont du mal à vivre avec leur multiplicité, parce qu’elle est liée à un passé difficile ou parce qu’elle leur a été imposée ou parce qu’elle n’est pas vécue comme normale, et bien d’autres raisons personnelles totalement légitimes.
Mais il y a donc une division principale entre d’un côté les personnes multiples, notamment ayant un TDI ou assimilé, qui voient presque exclusivement leur multiplicité au travers du regard de la psychiatrie, qui considèrent que c’est la seule forme de multiplicité légitime et qui rejettent les autres formes de multiplicité ou considèrent qu’elles tournent en ridicule leurs difficultés. Et de l’autre les personnes dont la multiplicité n’est pas liée à un trouble ou qui ne reconnaissent pas la psychiatrie comme la seule vérité et qui, en général même si pas toujours, reconnaissent toutes les formes de multiplicité comme légitimes.
Attention, on ne dit pas qu’il y a des gentils et des méchants ! Même si on considère personnellement que tout le monde est légitime et que personne ne vole la place de personne parce qu’il y a de la place pour tout le monde en fait et que le problème ne vient pas des communautés mais bien de la société, il y a du bon et du moins bon de chaque côté et surtout, aucun des deux ne doit imposer à l’autre sa vision des choses comme unique et universelle car la multiplicité est vraiment trop vaste pour être cantonnée à une définition stricte selon nous.

K: Alors pourquoi est-ce qu’on explique tout ça pour parler de ce qui compose une personne multiple ? Eh bien justement parce que les différents termes trouvent leur source et surtout leurs nuances et leur utilisation dans ces notions.

Commençons avec le terme alter. Alter est un terme d’origine psychiatrique qui décrit, au départ, ce qui compose un système reconnu par la psychiatrie, c’est-à-dire TDI, ATDS, etc… Cependant, il a depuis été largement repris par les communautés et est aujourd’hui un terme pouvant être utilisé par toute personne multiple.
Son “remplaçant”, entre guillemets, en tant que terme psychiatrique pour désigner ce qui compose un système, est le terme “part”, ou “partie”. Mais comme part c’est juste un mot, tout le monde peut évidemment l’utiliser, c’est juste que généralement, la psychiatrie définit aujourd’hui ce qui compose une personne multiple avec ce terme.
Il y a deux autres termes utilisés par la psychiatrie, et pour le coup quasi-exclusivement par la psychiatrie, ce sont les acronymes PAN, pour Partie Apparemment Normale – ou P-A-N-, et PE, pour Partie Émotionnelle. Pour mieux comprendre ces termes, on vous renvoie vers notre vidéo sur la théorie de la dissociation structurelle, on la met dans le i et en description.
Certaines personnes se définissent également par d’autres mots, généralement d’origine psychiatrie mais pas toujours pour cette raison, comme états du soi, états de personnalité, différentes parties du moi, la partie adulte et la partie enfant, etc…

Le terme majoritairement utilisé est donc alter. Au même titre que multiple ou système, alter est un terme général, surtout dans les communautés francophones. Tout le monde peut l’utiliser.
Mais il y a des personnes multiples plutôt proches de la psychiatrie qui considèrent que seules les personnes ayant un TDI ou assimilé peuvent l’utiliser et il y a des personnes multiples qui ne se reconnaissent pas dans la psychiatrie qui considèrent que c’est un terme trop psychiatrisé.

Headmate

E: Alors, comment peut-on appeler ce qui compose une personne multiple quand on ne se reconnaît pas dans le terme alter ? Eh bien les anglophones ont un terme communautaire vraiment général et sans connotation psychiatrique, c’est headmate. On n’a pas vraiment de traduction possible en français, ça veut dire en gros “coloc de tête” [rire].

Tulpa / Parogène / Ami-e imaginaire

Il y a aussi des gens qui cherchent comment appeler des alters créé-es volontairement par une personne. On entend par exemple souvent “tulpa” ou même “ami-e imaginaire” par opposition au terme “alter”. Alors, comme on l’a déjà dit, alter est en fait un terme assez général, et headmate peut tout à fait qualifier ces alters aussi, mais on va quand même définir tulpa.
Tulpa désigne effectivement des alters créé-es mais uniquement dans le cadre de la tulpamancie, qui consiste en une série de techniques spécifiques. Tulpa est parfois un terme controversé, qui doit être utilisé avec respect et précaution, car il vient de pratiques culturelles qui peuvent faire l’objet d’appropriation culturelle. Pour cette raison, il y a un terme plus général qui désigne les alters créé-es volontairement, c’est le terme parogène. On parle donc d’alter ou de headmate parogène par exemple.

K: Quant au terme ami-e imaginaire, il est souvent utilisé par, comme on l’expliquait avant, des personnes multiples qui ont notamment un TDI ou assimilé et qui considèrent la psychiatrie comme seul regard valable sur la multiplicité pour désigner les alters des personnes qui soit n’ont pas de diagnostic, soit pas de multiplicité liée à un trouble, en général. Comme on l’a vu, il y a des termes plus adaptés, notamment alter ou headmate par exemple.

Encore une fois, on le rappelle, vous vous définissez selon ce qui vous convient ! Et ce n’est pas à d’autres de vous définir. Et pour en revenir aux ami-es imaginaires, on rappelle en passant que des alters d’aujourd’hui peuvent être des ami-es imaginaires d’enfance. Et si vous voulez considérer vos alters comme des ami-es imaginaires, vous en avez le droit, mais personne n’a à vous l’imposer.

Fragment / Facette

Enfin, si vous avez déjà entendu le terme fragment, il s’agit d’un mot qui peut désigner des alters entre guillemets “moins développé-es”. En général, on considère le développement de façon assez subjective, ça peut être avoir un sens du soi plus ou moins fort par exemple. Il n’y a pas de limite déterminée entre alter ou fragment, c’est en général au ressenti de l’élément lui-même. Quant au terme facette, il peut désigner en général des alters qui sont peu différencié-es, par exemple qui semblent être la même personne à des âges différents ou qui représentent un tempérament différent tout en étant similaires.

Shell / Prisme

E: Maintenant, on va revenir sur un terme dont on a déjà parlé dans une courte vidéo qu’on vous glisse dans le i, il s’agit du shell.
L’alter shell, pour faire vraiment au plus simple, cache le système au monde extérieur et souvent à la personne multiple elle-même en, par exemple, rendant les switch et les fronts d’autres alters moins visibles. L’alter shell reste au front ou en cofront la plupart du temps.
Cependant, le terme de shell est réservé uniquement aux systèmes programmés, c’est-à-dire des systèmes dont tous ou une partie des alters ont été créé-es volontairement par une personne extérieure via des techniques spécifiques de programmation.
Quand on vous dit que vous pouvez vous définir selon ce qui vous convient et utiliser les termes que vous voulez, le shell fait partie des exceptions, il est vraiment spécifique à ces systèmes et par respect pour eux, il vaut mieux utiliser un autre mot si vous n’êtes pas un système programmé.
D’ailleurs, il existe un mot plus général qui peut être utilisé par tous les systèmes pour désigner des alters qui, entre guillemets, “cachent” le système en restant en front ou cofront et en lissant les switch, c’est le terme prisme.

Enfant / Little / Syskid / Ado / Middle

K: Tant qu’on est à parler d’alters avec des spécificités, vous savez sans doute qu’on parle souvent de rôles ou de types d’alters, pour pouvoir un peu se définir en fonction de critères d’âge ou d’actions par exemple. On vous met des liens en description à ce sujet.

On va juste revenir sur les alters qui ont un âge plutôt jeune. On parle en général de littles pour désigner des alters enfants, ou on utilise le terme enfants d’ailleurs. Cependant, les anglophones ont un autre mot, qui est syskid, pour system kid, donc enfant de système. Si vous avez déjà croisé ce mot, vous vous êtes peut-être demandé la différence entre syskid et little. Alors c’est simple, il n’y en a pas. C’est juste que little est un mot qui a été utilisé dans des pratiques pour adultes, sans vraiment de rapport avec la multiplicité d’ailleurs, et que pour les anglophones, ça peut prêter à confusion.

Enfin, il y a des gens qui distinguent les alters plus jeunes en deux catégories : les enfants et les ados. Donc dont l’âge ou la perception de l’âge ou la maturité ou perception de maturité est de moins de 12 ans pour les enfants et entre 12 et 18 ans environ pour les ados. On peut alors parler de little et de middle, ou de little et d’ado par exemple. Mais il y a des gens qui utilisent little dans tous les cas, ça dépend.

Traumagène / Endogène / Mixte / …

E: Revenons maintenant à ce qu’on appelle les origines de multiplicité. Comme on l’a expliqué, on peut être multiple pour une multitude de raisons. La plus connue, c’est l’origine traumagène, c’est-à-dire que la multiplicité est issue de traumatismes. Et souvent, on pense directement au TDI mais ce n’est pas forcément si simple, et on va y revenir.

Quand on parle d’origine de multiplicité, on parle en fait plutôt de l’origine de la formation de ce qui compose le système, donc l’origine des alters pour reprendre un terme général. Donc quand l’entièreté ou la majorité des alters d’un système s’est formée en conséquences à des traumas, on parle d’origine traumagène.
Et il y a plein d’autres origines. Par exemple, une personne multiple peut être née multiple, on parle alors d’origine protogène. Comme on en a parlé avec la tulpamancie, la multiplicité peut avoir été créée volontairement, on parle alors d’origine parogène. La multiplicité peut aussi s’être formée pour gérer une neuroatypie, on parle alors d’origine neurogène. Etc, etc…

Il y a un terme qui revient souvent, c’est le terme endogène. Ou endogénique d’ailleurs, souvent les deux se disent, mais bref.
Endogène, pour en faire une définition la plus simplifiée, peut désigner tous les systèmes dont la multiplicité n’est pas adaptative. La multiplicité adaptative, c’est un terme-parapluie qui reprend les multiplicités qui se sont développées pour s’adapter. Pour reprendre les mêmes exemples, la multiplicité traumagène pour s’adapter aux traumas ou la multiplicité neurogène pour s’adapter à une neuroatypie.
Dans les grandes lignes, endogène est donc un autre terme-parapluie qui reprend plein de formes de multiplicité qui ne sont pas liées à une adaptation. On y retrouve par exemple les systèmes parogènes ou spirigènes. Endogène ne signifie donc pas “multiplicité créée volontairement” ni “multiplicité en dehors de la vision psychiatrique”, ça veut dire “multiplicité dont l’origine n’est pas liée à une adaptation, par exemple pas liée à des traumas”. Et attention, ça ne veut pas dire que ces systèmes n’ont pas vécu de traumas, juste que les traumas ne sont pas à l’origine de leur multiplicité.

K: On oppose souvent les systèmes qui ont un TDI ou assimilé aux systèmes endogènes, en disant que d’un côté les systèmes TDI sont ceux qui ont des traumas et qui sont reconnus par la psychiatrie, alors que les systèmes endogènes, ce sont tous les autres, et qu’il est sûr qu’ils ne peuvent pas avoir un TDI. Mais ce n’est pas tout à fait vrai.

Ce qu’il faut rappeler encore une fois, c’est que le TDI et les autres troubles reconnus par la psychiatrie, ce sont des diagnostics avec des critères diagnostiques. Si on prend le TDI, les critères selon le DSM sont la multiplicité, l’amnésie et les difficultés significatives. Les traumatismes ne sont pas un critère diagnostique. Même si effectivement, la majorité des systèmes ayant un TDI ont une origine traumagène, cela ne fait pas partie des critères. Donc, par exemple, une personne dont la multiplicité est protogène, c’est-à-dire de naissance, qui a de l’amnésie et des difficultés à gérer tout ça peut entrer dans les critères du TDI sans avoir de traumas.

Et il y a, à nouveau, une division entre la vision psychiatrique étendue de ce que doit être la multiplicité comme seule vision par rapport à la vision plus adaptée à la réalité de plein d’autres personnes concernées. En fait, il y a des systèmes dont la multiplicité n’est pas traumagène qui rentrent dans les critères du TDI tandis qu’il y a des systèmes traumagènes qui n’ont pas de difficultés à ce niveau par exemple qui n’entrent donc pas dans les critères.
On n’abordera pas ici la notion de diag ou autodiag parce qu’on en parle déjà dans une autre vidéo et que celle-ci est déjà trop longue [rire]. On parle vraiment juste de correspondre aux critères ou non.

Par ailleurs, on dit souvent que les multiplicités d’autres origines que traumagène, par exemple les multiplicités endogènes, n’ont pas de fondement scientifique. Pourtant, le DSM-5 ainsi que la CIM-11 reconnaissent qu’il y a d’autres formes de multiplicités, qui ne sont pas pathologiques, et il commence à y avoir des études à ce sujet.

Enfin, quand la multiplicité a plusieurs origines, par exemple des alters endogènes et des alters traumagènes, on parle d’origine mixte. Il y a encore plein d’autres origines mais ces trois-là sont celles qu’on voit le plus souvent.

Singlet / Médian / &

E: Allez, et si on parlait maintenant des personnes qui ne sont pas multiples ? Les gens qui sont que 1 ?
Un terme souvent utilisé, c’est singlet, qui vient de singleton en anglais qui veut dire “unique” ou “seul”. C’est parfois francisé et prononcé “singlè”.

Il y a des gens qui disent que ce terme n’a pas lieu d’être parce que bah pour eux, l’opposé de multiple, c’est… normal. C’est un raccourci un peu rapide selon nous et plein de personnes multiples. Premièrement parce qu’il y a des gens qui vivent leur multiplicité entre guillemets “normalement”, et deuxièmement parce que majoritaire ne veut pas dire normal. Ce serait comme dire qu’il y a les personnes gauchères, les personnes ambidextres et les personnes normales…

Bref, tout ça pour dire que singlet, ça veut dire pas multiple. Et ça n’a rien de péjoratif.

Maintenant, la multiplicité étant un spectre, il y a des gens qui ne se considèrent pas vraiment comme singlets mais pas tout à fait comme multiples non plus. Notamment parce que ce qui compose leur système n’est pas suffisamment différencié ou partagent vraiment trop la même identité ou plein d’autres raisons personnelles qui font que multiple ne leur convient pas.
Pour ces personnes, il existe un terme qui peut les définir, c’est le mot médian.

K: Pour toutes les raisons qu’on a abordées, notamment le fait de se considérer comme des personnes ou non, le fait d’être un système médian, ou plein d’autres choses, une personne multiple peut parler d’elle en “je” ou en “nous”. Encore une fois, ça dépend de chaque système.
Mais quand on ne sait pas trop ou quand on veut parler en je mais en donnant quand même une reconnaissance au système ou qu’on veut parler en nous mais que ça colle bof, on peut ajouter le & à la fin du pronom, surtout à l’écrit. Le & est un symbole de la multiplicité.
Et ça fonctionne aussi pour s’adresser à une personne multiple d’ailleurs, quand on veut inclure tout le monde en parlant au singulier.
Bon, à l’oral, ça peut être plus compliqué de l’utiliser, mais souvent ça se prononce “et” ou avec le “and” de l’anglais.

Pro-psy / Anti-psy

E: Pour conclure avec les termes qu’on ne comprend pas toujours, on va parler d’un sujet qui ne concerne pas directement la multiplicité mais qui revient quand même assez souvent : il s’agit de la notion de pro-psy/anti-psy.

Honnêtement, le mouvement antipsy mériterait un contenu dédié, il y a énormément de choses à en dire, et d’ailleurs on est pas forcément les mieux placés pour en parler dans le détail mais bon, c’est un terme qui est souvent mal compris alors on va l’aborder brièvement.

L’antipsychiatrie, c’est en bref le fait de refuser et dénoncer les violences psychiatriques et les méthodes utilisées par la psychiatrie vis-à-vis des personnes psychiatrisées. Plus généralement, antipsy peut être utilisé pour dénoncer
les abus liés à la psychiatrie en général, les injustices, les violences, la stigmatisation, le contrôle social, la normalisation, etc, etc…

Attention, et c’est là qu’il y a souvent un amalgame, antipsy ne veut pas dire anti-soins ! Au contraire, la volonté des antipsy, c’est de permettre aux personnes concernées de recevoir des soins adaptés à leurs besoins propres et pas des entre guillemets “soins forcés” qui sont en fait plutôt des violences normatives la plupart du temps.
Et de la même façon, autant le préciser, dénoncer les violences liées à la psychiatrie ne signifie pas que tous les psy sont mauvais ou méchants, pas du tout.

Parmi les discours antipsy, on retrouve notamment l’idée que les personnes concernées sont légitimes à se comprendre et se définir elles-mêmes, et que la psychiatrie n’a pas la vérité absolue sur la définition et la gestion de la folie. Et surtout, qu’il n’est pas forcément nécessaire de passer par la psychiatrie pour se soigner, puisque justement, le mouvement antipsy n’est pas anti-soins, mais plutôt pro-soins réellement adaptés, sans validisme ou psychophobie. Ou encore, qu’il y a des conditions qui ne relèvent pas de la psychiatrie, on pense par exemple au fait que l’homosexualité était autrefois considérée comme un trouble mental à guérir.

De ce fait, les personnes qui considèrent que toutes les personnes présentant des manifestations de conditions psy ont l’obligation de passer par la case psychiatrie, notamment pour avoir un diagnostic, sont souvent qualifiées de “pro-psy”, par opposition à anti-psy.

Typiquement, dans les communautés multiples, il y a comme on le disait des divisions. Souvent, on a d’un côté les personnes ayant un TDI ou assimilé qui considèrent que la multiplicité ne peut être qu’un trouble mental qui doit être observé, admis et soigné par la psychiatrie pour être légitime.

Et de l’autre, les personnes qui considèrent que la multiplicité n’est pas forcément un trouble et que le TDI ou assimilé est légitime même sans interventions psychiatriques et qui, plus généralement, dénoncent qu’imposer un parcours ou un diagnostic psychiatrique aux personnes concernées peut être une source de violences et mener à plus de souffrances.

Quand on est entre les deux et qu’on ne sait pas trop ce qui veut dire quoi, on peut mal interpréter ces mots. Il y aurait vraiment beaucoup plus de choses à en dire mais on espère que ça sera plus clair comme ça.

À quoi servent les termes ?

K: Ok, maintenant revenons-en aux termes liés à la multiplicité. Il y en a vraiment, vraiment beaucoup, des mots pour définir plein de trucs liés à la multiplicité. Certains sont plus utilisés dans le TDI, d’autres dans les communautés multiples en général. Il y en a d’ailleurs plein d’autres mais c’est déjà long, on aurait pu par exemple définir fusion ou polyfragmenté, ou plein d’autres.
Et on peut se demander : mais à quoi ça sert tous ces mots ? Est-ce que c’est vraiment nécessaire d’en avoir autant ?

En fait, chaque communauté a ses mots, c’est plus simple pour se comprendre entre personnes concernées ou pour se définir soi-même par exemple. Et comme la multiplicité, c’est un panel d’expériences tellement vaste qui ne se résume pas au TDI, c’est assez logique qu’il y ait un panel de mots pour essayer de définir ces expériences.

Et surtout, vous n’êtes évidemment pas obligés de les utiliser ! Ces mots sont là pour vous aider à vous définir si vous en avez envie. Et plein de gens utilisent simplement leurs propres mots. Si on a expliqué tous ces termes ici, c’est parce qu’il y a souvent des amalgames ou des confusions, mais bien évidemment, il ne s’agit pas d’injonctions, comme toujours.

Conclusion

Enfin, on rappelle une dernière fois que c’est aussi ok de se définir différemment au sein d’un même système. Par exemple, s’il y a dans votre système des alters qui préfèrent se considérer comme des personnes et d’autres comme des parts, bah essayez idéalement de respecter la perception de chacun et chacune avec respect et bienveillance, c’est toujours plus sympa.

Merci beaucoup d’être resté-es jusqu’ici. On a transformé tout ceci en article et en visuels pour Instagram, pour que ce soit plus digeste et plus facile à se remémorer en cas de besoin. On espère que ça vous aura aidé-es. On se retrouve ici un dimanche sur deux et le reste du temps sur les réseaux sociaux, et à bientôt !

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