Dans cette vidéo, on parle des difficultés liées aux relations avec la famille (notamment biologique, parents ou assimilés) en tant que systèmes.

Dans cette vidéo, on parle des difficultés liées aux relations avec la famille (notamment biologique, parents ou assimilés) en tant que systèmes.

Transcription

[Kara] Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles. Aujourd’hui, on est dans un format discussion et on a envie de vous parler avec Epsi des relations et plus précisément des relations avec la famille et les pourvoyeurs de soins. La vidéo sur les relations c’est la deuxième vidéo de notre chaîne. C’est vraiment une vidéo qui est sortie au tout tout début, d’ailleurs, je ne sais même plus ce qu’elle raconte. Ce que je peux dire, c’est qu’elle était, je suppose, chouette, mais très généraliste et sur tous les types de relations en même temps. Et là, on a vraiment envie avec vous de faire une série de vidéos en séparant chaque grande catégorie de relations pour pouvoir en parler un peu plus.

Pour cette rentrée, on a envie de tester un nouveau concept, et la vidéo que vous êtes en train de regarder a été enregistrée sur Twitch dimanche dernier. On a vraiment envie de tester ça pour l’instant et on espère que ça vous plaira donc d’enregistrer une vidéo le dimanche d’avant sur Twitch, de vous permettre à celleux qui le voudraient de participer en deuxième partie de vidéo en partageant des questions réponses, vos témoignages, et en fonction de ce qui en sort, et à quel point ça peut être ajouté à la première partie de vidéos qu’on a préparé ensemble avec Epsi, de l’ajouter en deuxième partie pour que ce soit plus complet et pour que les personnes sur Twitch puissent réagir directement.

On a du coup pas scripté exactement ce qu’on allait dire parce que, vu qu’on est sur Twitch en même temps, on s’est dit que ce serait peut-être bizarre de se relire et de faire des erreurs. Mais du coup on va en parler comme nos vidéos discussions avec Epsi.

Je pense peut-être qu’on peut d’abord dire ce qu’on entend par relations familiales ?

[Epsi] Ouais. Du coup, pour ce live et pour cette vidéo, ce qu’on entend par “relations familiales”, qu’on classe en tout cas dans cette catégorie, c’est surtout les pourvoyeurs de soins dans l’enfance, type famille biologique ou tuteurs ou en fonction… c’est pas forcément biologique mais c’est les personnes qui ont pris soin de nous ou qui étaient censés prendre soin de nous quand on était enfant, et peut être même à l’adolescence. Mais bref, c’est ça qu’on entend par relations familiales.

[K] C’est ça. Et ça peut évidemment être étendu à la famille biologique même si vous n’avez pas vécu avec vos familles biologiques. Mais vu que ce n’est pas nos cas, nous dans les exemples qu’on va donner c’est plutôt dans le sens les personnes qui nous ont élevés et qui étaient, qui ont, qui étaient supposés prendre soin de nous. À part ça évidemment, c’est un sujet qui peut être compliqué et donc n’hésitez pas à faire des pauses et, c’est ok que ce soit un sujet qui soit compliqué à aborder à certains moments. En fonction de votre situation et en fonction de plein de critères, c’est complètement ok de ne pas y réfléchir et de ne pas avoir envie d’être confronté à des réflexions sur les relations avec la famille. Et un autre petit truc que je voudrais vous dire avant, c’est que, en tant que système traumagène, donc en tant que système TDI, ATDS, TDI-p, etc, évidemment pour la majorité d’entre nous ça veut dire qu’on a des traumas dans l’enfance et donc logiquement, pour une majorité d’entre nous, ça veut dire des traumas dans l’enfance en lien avec la famille, mais je tiens vraiment à rappeler que ce n’est pas une obligation. C’est déjà pas une obligation stricte d’avoir des traumas dans l’enfance mais on n’est pas là pour parler de ça, parce que c’est une majorité, une très très grande majorité, mais en tout cas pas dans la famille. Ça peut être avec des amis, à l’école, dans la famille élargie, etc. Du coup voilà, si vous avez l’impression de ne pas avoir de trauma en lien avec votre famille ça ne veut pas dire que vous n’êtes pas légitimes. Ça ne veut pas dire non plus que vous en avez et que vous avez oublié. Ça veut dire que… ou c’est pas le cas, enfin ça veut dire que comme toujours, tout est possible. Par contre, ce qui peut être possible aussi, c’est qu’il y ait eu des problèmes hors du cadre familial et que la façon dont la famille a géré aurait pu être meilleure. C’était un peu les petits disclaimers que je voulais dire avant de commencer.

[E] Je pense que ce qui est important à dire et dont on va certainement parler un peu plus aujourd’hui, c’est en gros quand on est multiple avec plein d’avis et pleins de ressentis et plein de vécu différents dans un seul corps, les relations ça peut être compliqué parce que perçues différemment par tout le monde ou par certains alters, etc, et notamment au niveau des relations familiales et des personnes avec qui on a grandi ou vécu avec depuis toujours.

[K] Oui, c’est vraiment comme ça qu’on a envie de partir dans cette vidéo, on a envie un peu de passer en revue – et ce sera sûrement pas exhaustif – des différences qu’il peut y avoir et des façons dont ça peut être compliqué d’accepter les différences. Je pense que déjà, dans un contexte global et je vais le rappeler, c’est complètement ok de couper les ponts que ce soit la famille ou pas, que ce soit la famille biologique ou pas. Personne ne peut choisir à part vous de couper les ponts. Et même si des gens diraient que vos raisons ne sont pas légitimes ou que ce n’est pas assez ou qu’un parent on en a un ou que je ne sais pas quoi, si vous en ressentez le besoin, c’est complètement ok. Je pense que le principal, c’est de se mettre en sécurité et d’être le plus en adéquation avec la majorité de son système et c’est là que ça se corse. Et je trouve que, je ne sais pas ce que tu en penses, mais je trouve qu’on est un peu dans une période où j’ai l’impression que ce discours qui dit que c’est ok de couper les ponts, il est en train, en tout cas dans les communautés que nous on fréquente, de se… de devenir de plus en plus commun. J’entends quand même de plus en plus que dans nos communautés c’est ok de couper les ponts. Donc ce que j’entends par “nos communautés”, c’est des gens un peu handi, avec d’autres troubles, etc, pour tout ce que je ne l’entends pas chez les gens un peu plus…

[E] Lambda

[K] Oui, c’est ça. Mais par contre, moi ce que j’ai envie de dire aussi, c’est un peu l’inverse mais pour d’autres raisons. J’ai parfois eu un peu l’impression inverse que j’avais une espèce d’injonction à couper les ponts avec ma famille biologique. Parce que, en fait je dirais, j’avais un peu l’impression, et je ne dis pas que c’est vrai, c’est une perception, mais j’avais l’impression que ce qui m’était renvoyé, c’était : si tu veux être légitime à ton plaindre, il faut que tu aies coupé les ponts. Comme si, comme si c’était, “c’est que tu ne souffres pas encore assez alors” ou “tu prends de la place avec tes faux malheurs alors que t’as même pas coupé les ponts”, tu vois ?

[E] Ouais ouais

[K] Et du coup, ‘fin c’est un peu, c’est un peu de ce truc inverse que j’avais envie de parler moi aujourd’hui. J’avais envie de dire que, même s’il y a toutes les raisons du monde de couper les ponts, même si vous vous dites : peut-être que si je coupais les ponts, j’irais mieux et ce serait mieux pour ma sécurité physique ou mentale, mais j’y arrive pas, pour tout plein de raisons. Bah moi ce que j’ai envie de dire c’est que c’est ok aussi. Et ne pas couper les ponts aujourd’hui ne veut pas dire que ça n’arrivera jamais. Et surtout, ne pas couper les ponts dans un terme couper les ponts de façon claire et définitive ne veut pas dire ne pas se protéger, se préserver et mettre des choses en place pour limiter l’impact négatif que ça peut avoir sur nous.

[E] Oui, et ça ne veut pas dire non plus que c’est qu’on en souffre pas assez.

[K] Oui, tout à fait.

[E] Tu l’as déjà dit mais voilà.

[K] Et qu’on n’a pas le droit de s’en plaindre. Par exemple, moi j’ai pas coupé les ponts malgré le fait que je sais que… avec mes parents, malgré le fait que je sais que dans une certaine mesure ça pourrait être mieux, et je parle dans une base de système, je parlerai plus spécifiquement après de comment c’est d’un point de vue individuel, et un peu les grands groupes qui se détachent, mais… Mais en fait, la conclusion à laquelle on est arrivé maintenant, c’est dans une balance bénéfice risque c’est mieux de garder un contact. C’est un contact qui est peu fréquent et qui est le plus respectueux de mes limites possibles. Mais ce n’est pas couper le contact. Parce que couper le contact, justement complètement, aurait des conséquences négatives et sur moi, et sur d’autres membres de ma famille qui seraient des dégâts collatéraux à cette décision. Et ce qui est complètement ok de penser à soi en premier, mais juste moi dans ma balance, c’est compliqué. Et parce que ça aurait des conséquences sur des membres de mon système qui sont plus attachés ou qui ont des difficultés à voir la situation comme moi je peux la voir, ce que j’ai envie de dire avec objectivité mais ce serait sûrement un peu hypocrite, mais je dirais avec plus de connexion au présent. Est ce que tu as envie de parler du fait que toi t’as coupé les ponts et que t’es revenu ?

[E] Ouais. C’est ce que j’allais dire en réponse par rapport à toi, c’est que du coup, moi j’ai coupé les ponts pendant un moment parce que c’était trop et que c’était plus facile pour moi de couper les ponts pendant un an, deux ans. Et puis, petit à petit, il y a eu une reprise de contact. Alors ma famille biologique directe n’est pas à l’origine de mes traumas, même si elle est à l’origine du fait que, ‘fin elle est à l’origine de beaucoup de choses et certainement de mes schémas de réactions qui ont mené, entre autres, aux traumas. Mais ce n’est pas, c’est pas une famille abusive au départ, pas au sens le plus commun du terme en tout cas. Mais il y a quand même eu suffisamment de choses pour que j’en ai marre et que ce soit trop et qu’effectivement je coupe les ponts. Mais après, il y a eu des reprises de contacts avec une remise en question partielle et certainement insuffisante, mais une tolérance différente de ma part et surtout un meilleur respect de mes limites et de mes capacités et donc une possibilité pour moi de rester en sécurité. Alors il y a eu une reprise de contact, il y a eu de nouveau des désillusions et des colères et des problèmes, etc, il y a eu de nouveau une rupture du contact pendant plusieurs mois, et puis encore une reprise de contact et aujourd’hui, ça va. On n’est pas à l’abri, il y a quand même une grosse distance qui existe, mais voilà, j’ai fait un peu toutes les possibilités qu’il y avait quoi.

[K] Moi, je veux bien, je veux bien parler un peu des choses que j’ai mis en place pour que justement rester en contact ça me semble être le meilleur point. Et je pense qu’il n’y a évidemment pas de conseil universel mais je pense qu’il y a des points d’attention auxquels justement, parce que tu es allé avec moi chez moi, que tu m’as aidé à voir. Du coup, un truc que j’ai appris et qui pour moi a été positif, c’est de réfléchir à ce que je donne comme information. Et ça n’a pas été facile pour tout le monde parce que c’est compliqué de cacher des infos qu’on a envie de dire aux autres parce qu’elles nous rendent heureux ou parce que justement on a envie d’avoir du soutien pour. Mais c’est vraiment un truc que je fais maintenant, qui est de mettre dans une balance comment je suis capable de gérer si la réponse que je reçois n’est pas la réponse souhaitée. Et ça ça m’aide de me dire : ok, là j’ai plus de chances d’avoir une réponse pas adaptée ça va me décevoir encore plus du coup je donne pas, je ne donne pas cette information. De me dire : en quoi cette information peut être retournée contre moi dans un problème futur ? Et, bah oui c’est un peu triste de se dire, de devoir y réfléchir, mais voilà. Je pense que pour moi c’est vraiment un truc qui aide. J’essaie au maximum de ne pas avoir de, de ne rien devoir à personne. Du coup, voilà, ça ne m’empêche pas de demander des services si j’ai besoin de services. Mais j’y réfléchis et j’essaye de ne pas, de ne pas me laisser avoir par l’engrenage qui est qui est un truc assez fréquent, qui est “avec tout ce que j’ai fait pour toi”, “je t’ai rendu un service et donc tu” voilà. J’essaie vraiment de mettre un halte là le plus clair possible, et c’est dur et c’est pas vraiment facile pour tout le monde dans mon système, mais de dire : d’accord je peux faire ça, mais c’est tout… J’essaye d’être plus clair sur mes limites même si je sais qu’elles ne seront potentiellement pas respectées. Au moins, je le fais pour moi. Et le fait de les énoncer et d’y réfléchir, ça m’aide à savoir mieux les placer. Parce que je suis passé par une phase quand je me suis rendu compte que mes limites n’étaient pas respectées de me dire “de toute façon à quoi bon, vu qu’elles sont pas respectées”, alors qu’en fait non, rien que me les mettre à moi même, même si je les outrepasse et que je peux avoir de l’indulgence envers moi même de les outrepasser, ça m’aide quand même à rester plus dans un cadre acceptable. Et ce que je voulais dire c’est que tu m’as vraiment beaucoup aidé à comprendre ce qui était difficile que moi je trouvais normal. Et ça, ça m’a aidé d’avoir un regard extérieur qui dit “non, ça se passe pas comme ça partout”, “non, c’est pas normal”, des choses comme ça. Et ce qui m’a aidé aussi, c’est de voir les conséquences que ça pouvait avoir sur moi que je ne percevais pas. Par exemple, après aller dans la maison dans laquelle j’ai grandi, moi je pensais que ça ne me faisait rien parce que j’y ai toujours vécu et que ‘fin je m’en fous quoi. Mais en fait, à force, ils ont commencé à me dire “Mais si, à chaque fois qu’on va là bas, tu es plus, t’es plus sensible, tu es plus énervé…” et pas contre eux ou contre quoi que ce soit, mais je suis plus proche de la limite où n’importe quoi pourrait me démarrer quoi. Quel que soit le côté dans lequel je démarre quoi. Que ce soit vers un truc émotionnel ou un truc de colère ou voilà. Et du coup voilà, ce que réfléchir à pourquoi je ne coupais pas les ponts m’a apporté c’est de réfléchir à qu’est ce qui était trop et qu’est ce qui n’était pas, et ça m’a vraiment, ça m’aide vraiment à ce que les points négatifs soient limités. Mais je pense que t’as vraiment fait la même chose.

[E] Ouais… Mais moi, il y a dans les trucs qui m’ont aidé effectivement, je suis parti de la maison assez jeune et je n’avais pas envie d’y retourner. À partir de là j’ai commencé à me poser des questions et à réfléchir à l’impact que ma famille avait eu sur moi etc, et à revoir petit à petit effectivement ces schémas problématiques dans lesquels ils me mettaient, parce que j’étais loin en fait. C’est la distance qui a permis que.

[K] Ouais moi aussi.

[E] Et c’était la distance physique quoi, parce que j’ai essayé de faire des études, lol. Loin de chez moi en Belgique, donc c’est pas si loin que ça en fait mais bref. Et voilà. Et donc c’est vraiment ça qui a aidé. Et puis ouais à me rendre compte que c’était pas comme ça partout, etc. Et aujourd’hui, ce qui m’aide et ce qui m’a aidé à être dans la situation qui aujourd’hui me convient, c’est aussi de, du coup de comprendre l’impact que ça a eu sur moi, l’impact que ça a toujours, et de me pardonner de l’impact que ça a sur moi, tout en me rendant compte que j’ai le droit de leur pardonner si j’en ai envie mais ce n’est pas parce que je me pardonne à moi que je leur pardonne à eux.

[K] Oui

[E] Parce que j’ai des alters qui sont en colère et qui ne leur pardonneront certainement jamais. Et à côté de ça, j’ai des alters qui y tiennent très fort et qui ne voient pas le mal, ou même s’ils voient le mal c’est pas grave et eux leur pardonnent. Et moi, je suis un peu entre les deux à me dire : je suis assez détaché de cette situation parce qu’en plus, moi personnellement moi je me suis un alter qui est arrivé plus tard donc je suis un peu détaché de ça, mais voilà, c’est pas parce que je me pardonne des conséquences et je me pardonne d’avoir des schémas à cause de ça, que je leur pardonne à eux de m’avoir fait du mal et que c’est pas grave et que ça n’a pas d’importance etc, ni que j’interdis à des alters de les aimer, les considérer malgré leurs problèmes parce que c’est leur vision des choses qui a le droit d’exister aussi en fait.

[K] Oui, il y a plein de trucs de, que t’as dit qui viennent de me donner envie de rebondir. Mais du coup, je veux bien qu’on dise un peu une chose à la fois. Un truc que moi je vis pas vraiment un tout petit peu pour certains, mais pas comme toi, tu peux peut-être parler de ton expérience de membres de système qui ne considèrent pas la famille biologique comme sa famille, ce qui est le cas chez vous.

[E] Oui. Chez nous il y a vraiment des alters qui considèrent que c’est des personnes et juste des personnes comme n’importe qui, voire des étrangers. Pas de contact, pas de… enfin comme n’importe qui qui passerait dans la rue quoi. Il y a des alters qui les considèrent comme leur famille biologique comme, je suppose, des personnes singlets qui ont un lien avec leur famille biologique les considèrent. Ou en tout cas ça s’en rapproche. Et des alters qui n’ont pas grandi avec, et que ce soit des alters enfants ou pas, et des alters qui n’ont pas grandi avec parce que, comme c’est mon cas par exemple moi je suis arrivé à l’adolescence, donc je ne les ai pas connus enfants, mais même des alters enfants ou adultes qui sont arrivés plus tard dans le système mais qui ont quand même ce lien familial avec eux. Cette importance de la famille et ce ressenti de lien familial et c’est vraiment, c’est indépendant de tout quoi. Il y a des alters qui sont là depuis toujours, qui les ont toujours connus, mais ce sont des étrangers à leurs yeux. Et des alters pour qui c’est l’inverse, et des trucs qui flottent un peu entre les deux.

[K] Et est ce que ça pose des problèmes entre vous ? Genre est ce qu’il y a des trucs genre “mais toi tu ne peux pas savoir c’est pas ta famille” ?

[E] Oui, il y a des alters qui considèrent ça. Et à côté de ça, il y a des alters qui par exemple aident parce que des alters qui considèrent pas que la famille est plus importante que le reste donnent une vision plus claire des choses. Du “c’est pas parce que c’est ta mère, ton père, qu’iel a le droit de te faire ça.” Tu vois ? Qu’iel y a plus de droits ou de pouvoir sur toi, c’est pas vrai. Et à côté de ça voilà, il y a des alters qui disent “oui, mais j’ai des sentiments et…” tu vois. Voilà ça donne une relativité, mais effectivement il y a aussi un peu des conflits internes du “de quoi tu parles ? Tu l’as pas connu enfant, etc.”

[K] Ok. Ouais chez nous pas vraiment. Je dirais que pour la majorité on ne se pose pas la question. Genre c’est comme ça. Et que pour certaines personnes c’est avec la prise de conscience de la multiplicité et du coup la prise de conscience de leur existence propre que certains alters peuvent dire “ouais non, en fait c’est pas ma famille, mais vu que je l’ai toujours considéré, vu que je ne savais pas que j’étais différent de toi je le considère toujours. Mais en fait, si j’y réfléchis profondément, non, c’est pas le cas”. C’est un peu un truc comme ça.

[E] Ouais.

[K] Mais du coup, ça n’a pas de conséquences. C’est pas comme tu vois, je sais qu’il y a quelqu’un dans ton système qui appelle “la mère”

[E] Ouais.

[K] Tu vois il n’y a personne qui dit “la mère” chez moi, on dira “ma mère” tous.

[E] Ouais, si si ouais.

[K] Alors que là dans sa formulation c’est très “la mère du corps”.

[E] Ou la mère d’un autre alter quoi, “sa mère”, je sais bien qu’elle dit “sa mère” aussi parfois.

[K] Et c’est complètement ok et ça arrive et c’est commun. Et je pense que… je pense que tout existe. Ouais, je pense que ça peut être difficile à comprendre qu’une position qui n’est pas la nôtre soit une vérité pour d’autres, mais juste, c’est une différence comme tant d’autres que la multiplicité apporte. Mais par contre, dans le même style de quoi j’ai une expérience, c’est toutes ces divergences d’opinions concernant soit concernant quoi faire, soit concernant quels sont les sentiments. Tu vois, je pense que comme tu disais, il y a des alters qui ont envie de pardonner et des alters qui n’ont pas envie de pardonner déjà. Mais je pense que plus spécifiquement encore, il y a des alters qui ont pas de souvenirs d’abus.

[E] hmm

[K] Ou qui n’ont justement que des souvenirs positifs. Tu vois c’est encore une catégorie à part. Il y a, il y a les personnes qui ne savent pas genre c’est flou, et il y a les personnes qui ont des souvenirs positifs conscients. Et dans mon cas, et je pense que c’est commun mais que c’est compliqué d’en parler, du coup, que c’est peu énoncé, mais dans mon cas, je pense qu’il y a beaucoup d’alters qui ont honte d’être attachés.

[E] Oui.

[K] Qui sont un peu entre deux eaux. Qui, tu vois il y a ceux qui sont attachés et qui sont un peu détachés du conscient et qui ont une perception entre guillemets “biaisée” de la réalité des faits, entre guillemets, sans vouloir minimiser leurs sentiments. Mais il y a aussi tous ceux qui sont entre les deux, qui comprennent la vision large que nous on en a, que moi j’en ai par exemple, et qui comprennent mes arguments quand je dis “non, ça c’est pas normal.” mais qui en même temps sentimentalement ne le ressentent pas. Et ont un attachement profond mais qui génère de la honte. Parce que, parce que justement c’est ces sentiments du “je sais que je ne devrais pas le ressentir mais”.

[E] hmm.

[K] Voilà.

[E] Ouais.

[K] Et je sais que c’est compliqué pour ces alters là et je sais aussi que ça a pu, c’est encore compliqué pour moi de ne pas juste dire “Bah arrête”. [Rires] Tu vois ? “T’es triste ? Bah arrête.” C’est un truc dont on parle, tu vois, c’est “qu’est ce que je peux faire en tant que personne connectée au conscient et du coup plus connectée à une vision globale ou à la réalité des faits pour écouter, accueillir, être indulgent envers des alters qui juste ne voient que le positif ou ne voient pas le problème ou ont peur de blesser la famille alors même que la famille a été blessante.” Et vraiment moi c’est arrivé que ça engendre de la colère en moi de me dire “Mais enfin, genre t’abuse quoi”. Genre “qu’est ce que tu veux que je te dise qu…” tu vois ?

[E] [Acquiesce]

[K] Genre, je sais pas comment expliquer, mais genre “Pourquoi tu comprends pas alors que je viens de te l’expliquer”. Et voilà, je sais que ça a été compliqué et je sais que sur le coup, je n’ai pas réussi à en faire quelque chose de bien, mais c’est arrivé par la suite que des amis systèmes en parlent avec nous, dans des situations qui n’étaient pas vraiment dans le même contexte mais qui amenaient un peu le même genre de réflexion, et ce qu’on leur a dit c’est : est-ce que juste les gens là, ils ont pas juste besoin d’être entendus. Tu vois et qu’on leur dise “J’entends que tu le ressens, c’est ok, c’est pas ce que je pense et c’est pas grave. On n’est pas obligés de toujours être d’accord, et si on accepte de ne pas être d’accord sur plein de choses et bien parfois on n’est pas d’accord même sur des choses profondes et douloureuses. Et j’entends tes sentiments et je peux pas te dire que j’espère pas qu’un jour tu changeras d’avis. Mais en tout cas, tant que c’est comme ça, c’est ok, et tu as le droit”. Je pense que, comme je disais, il y a beaucoup de honte chez ces alters ou beaucoup de sentiments de solitude et d’incompréhension, et justement, en tant que personne plus reliée au conscient, est ce que notre rôle ce n’est pas de dire “J’entends. Je comprends pas et désolé, je serai encore certainement maladroit plus d’une fois parce que vraiment, je comprends pas et c’est un peu hors de mes conceptions, mais j’entends. Et tu as le droit”. Et de pas juste être en colère.

[E] Ouais, ce qui… ce qui amène à du rejet et je sais qu’il y a beaucoup de… qu’il y a beaucoup de systèmes qui ont ce genre de problème, d’avoir envie de s’éloigner mais y revenir toujours, envie de s’éloigner et y revenir toujours, etc, et de toujours fluctuer entre les envies des alters en fonction de qui est le plus fort sur le moment, tu vois

[K] [Acquiesce]

[E] Et c’est difficile de se dire “Tout le monde a le droit d’exister dans son ressenti”

[K] [Acquiesce]

[E] Parce qu’il y a des fois où tu dis “Mais enfin, évidemment que j’ai envie de te convaincre que la réalité elle n’est pas forcément celle que tu perçois” tout en se remettant en question sur est-ce que ma propre vision de la réalité est la bonne mais, bref.

[K] Oui.

[E] Mais oui, surtout sur, enfin dans tous les domaines mais, dans des trucs aussi loin pour certains que les relations familiales, avec potentiellement des alters qui sont, qui sont à cette époque là depuis 20, 30 ans, 40 ans peut-être et qui juste sont restés dedans et qui n’ont qu’une partie de ces sentiments, etc etc. Je pense que oui, c’est important d’essayer de juste accueillir et de faire au mieux.

[K] Oui, moi un truc qui m’aide c’est de me dire, c’est toi qui m’a dit de faire ça et ça m’aide vraiment, c’est “Qu’est ce que je me dirais si c’était quelqu’un d’extérieur à moi qui me le disait ?”

[E] [Acquiesce]

[K] Tu vois il y a, des fois il y a des gens qui disent des trucs qui vont dans ce sens sur des relations abusives ou toxiques qu’ils vivent. Et toi, t’es là genre “hum hum, hum hum”, et t’as envie de dire “Ton partenaire est un redflag.”, mais tu ne peux pas et tu sais que ce serait productif pour personne et que la personne elle a pas besoin d’entendre ça et que la meilleure façon d’être là pour la personne et d’être un bon ami ou de la protéger c’est de rester disponible et d’écouter ce qu’elle a à dire. Et que dire frontalement “T’as tort” serait pas être la personne la plus adaptée à la situation. Et bien j’essaye de faire pareil. Et c’est pas toujours facile. Et pareil j’ai de l’indulgence pour moi même quand parfois je dis “Non” [Rires] Parce que moi aussi j’ai mes propres sentiments. Et j’ai aussi le droit de parfois ripper. Mais voilà. Du coup voilà enfin bref, ce qu’on veut dire c’est que c’est compliqué et que c’est compliqué d’être à toutes les positions, et que ça peut être encore plus compliqué parce que, les relations familiales, ça touche vraiment à un truc qui est là depuis longtemps et très ancré et qui est très, sur lequel la société a beaucoup d’impact tu vois “Respecte ta famille, avec tout ce que tes parents ont fait pour toi”, ou à l’inverse “Tes parents c’est eux qui ont fait que tu vis et donc que s’ils sont méchants, tu dois couper les ponts avec eux parce que toi t’as rien demandé”. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de gens qui ont des opinions très tranchées et que c’est parfois difficile de se situer, et du coup de rester et ouverts et indulgents dans toutes les situations. Et donc c’était un peu ça le sens de cette vidéo. On voulait vraiment vous dire c’est ok et c’est normal pour tout et, que ce soit dur en fait, c’est le cas. Et on est désolés que ça vous arrive et on espère vraiment que, ensemble, vous pourrez communiquer le mieux possible pour que ce soit le plus facile possible. Mais n’ayez pas, ne vous dites pas, j’en fais des caisses. C’est compliqué, c’est le cas. Un dernier truc qu’on voulait aborder, c’est avoir des problèmes avec sa famille, avoir des problèmes d’attachement lié à ses pourvoyeurs de soins, ça peut avoir des conséquences. Je pense qu’on n’a pas vraiment le temps de le développer dans cette vidéo, mais on a juste envie de les nommer. Les conséquences par exemple que ça peut avoir ça peut être d’avoir des… déjà un attachement qui est biaisé et qui est déterminé par ça dans tous les autres types de relations de la vie, mais aussi de chercher des modèles familiaux et parentaux dans des autres interactions, parfois avec des personnes extérieures, et de chercher en fait des figures parentales dans des amis, dans des relations, etc. Et je pense que, je pense que le savoir c’est ok, mais j’ai pas assez de connaissances et de compétences pour en parler correctement. Juste si ça vous arrive, sachez que ça arrive et que c’est commun. Et une piste de réflexion c’est peut être de vous renseigner sur le reparenting ?

[E] Oui, donc brièvement, c’est le fait que des alters vont prendre soin d’autres alters dans le même système, comme des figures parentales, figures parentales au sens large quoi. Mais répondre aux besoins de ces alters là, de la façon dont ils en ont vraiment besoin et s’en occuper, les occuper, répondre à leurs besoins émotionnels, etc, et pour entre guillemets “éviter” que, qu’il y ai une recherche de reparenting à l’extérieur et potentiellement dans des situations qui peuvent être que re-traumatisantes parce que avec des personnes pas adaptées, etc et donc voilà, essayer de mettre les choses en place en interne. C’est ça qu’on appelle le reparenting dans la multiplicité. Et il y a des ressources pour le faire et on en parlera peut-être une prochaine fois.

[K] Oui c’est ça et on vous mettra en description des ressources en anglais. Mais on ne connaît pas de ressources en français sur le reparenting, mais on réfléchit à traduire ce genre de ressources. Je pense qu’on a un peu fait le tour des trucs qu’on avait à dire à ce sujet. Du coup on prévoit de, je ne suis pas sûr que ce sera dans quinze jours, je pense qu’il y aura peut-être des vidéos entre eux mais, du coup on prévoit aussi de faire une vidéo sur les relations amicales, sur les relations de couple et sur les relations thérapeutiques. Comment ça se passe avec les soignants/soignantes, que ce soit psy, psychiatre, mais même avec le corps médical en général. On espère que ça vous plaira. Merci beaucoup à toustes d’être restés jusqu’ici. Nous on se retrouve un dimanche sur deux ici sur YouTube, le reste du temps sur les réseaux sociaux. La semaine avant la parution de la vidéo, donc dans une semaine sur Twitch pour enregistrer la vidéo suivante, sauf si c’est une vidéo qu’on n’enregistre pas sur Twitch parce que c’est une vidéo scriptée, parce qu’actuellement on ne fait pas encore les vidéos scriptées sur Twitch, parce que c’est stressant. Bref, suivez nous sur Insta c’est l’endroit où on donne le plus de nouvelles. On a aussi un discord qui sert juste à donner des infos, il est en description. Tout ça pour dire : à bientôt.

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Remerciements

Grand merci à Trisphyra pour les sous-titres !