Première vidéo d’une série de trois sur le coming out multiple. Dans cette vidéo, on vous donne des conseils généraux pour vous préparer : comment faire ? Quelles questions se poser ? À qui et comment le dire ? On espère que ça vous aidera :)

Première vidéo d’une série de trois sur le coming out multiple. Dans cette vidéo, on vous donne des conseils généraux pour vous préparer : comment faire ? Quelles questions se poser ? À qui et comment le dire ? On espère que ça vous aidera :)

Présentation des 3 vidéos de la série

Kara: Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles sur les troubles dissociatifs dont le TDI, présentée par Epsi et Kara ! Cette vidéo est la première d’une série de trois vidéos autour du fait de parler de son système à des gens, autrement dit le coming out multiple. Ça va se passer en plusieurs étapes. Aujourd’hui, on va parler du coming out en général avec des conseils plutôt à destination des personnes multiples préparant un CO – ouais je vais souvent dire « coming out » donc je vais le remplacer par CO parce que sinon c’est vraiment trop long. Ensuite la semaine prochaine une vidéo appelée « Je suis multiple » pour aider les systèmes dans leur coming out et la troisième, ce sera une vidéo plutôt à destination des personnes qui reçoivent le coming out, qu’elles soient singlets ou non, ainsi que d’autres pistes sur comment aider une personne multiple ou comment être un-e bon-ne allié-e. Qui que tu sois, dans tous les cas, on a essayé de rendre ce contenu accessible et intéressant pour toustes donc n’hésite pas à rester même si tu n’es pas la cible principale. Les trois vidéos sont à retrouver dans la playlist « Coming out multiple » sur notre chaîne et ici dans le « I ». J’ai oublié de le préciser plus tôt mais si les mots liés à la multiplicité te semblent flous, vas voir notre première vidéo sur les bases et le vocabulaire, elle est également dans le « I ». Note en passant que le vocabulaire ne sera pas nécessaire pour la vidéo « Je suis multiple » mais on en reparlera plus tard. Passons au coming out.

Introduction CO multiple

Epsi: Tout d’abord, avant de commencer, tu n’es jamais obligé-e de t’outer de quoi que ce soit à qui que ce soit. Tu es lae seul-e à savoir ce qui te met en sécurité et à qui et comment tu veux le dire. Faire un coming out, quel qu’il soit, est compliqué. Énormément de personnes ont produit du contenu de qualité concernant plein de types de CO. Ici, on va vraiment parler uniquement du coming out multiple et plus précisément pour les systèmes traumagéniques, dissociatifs mais n’oublie pas que tu es légitime quel que soit ton vécu ou l’origine de ton système. Et même si ça ne colle pas spécifiquement à ton vécu, tu pourras sans doute trouver quelques pistes et des conseils utiles dans ces trois vidéos. La plus grande difficulté lors d’un CO est d’appréhender, d’anticiper, d’accepter la réaction de l’entourage et de s’y préparer. C’est évidemment aussi le cas lorsqu’on est un système. La multiplicité est encore vraiment méconnue et pleines d’a priori liés à la pop-culture et aux idées reçues qu’on s’en fait, en plus de la psychophobie générale de la société et de la stigmatisation de la folie. Eh puis surtout, le TDI, l’ATDS, les troubles dissociatifs sont des troubles qui se cachent : les systèmes sont conditionnés à vivre cacher pour se protéger et le cerveau multiple fonctionne comme ça, que ce soit nécessaire ou pas. D’ailleurs ça peut être très difficile de se rendre compte de sa multiplicité et de s’en sentir légitime alors la révéler à quelqu’un-e d’autre, même à la personne la plus safe et cool du monde, ça peut vraiment engendrer beaucoup de stress, parfois même très inconscient. Pour t’aider au mieux avec tout ça, voici une liste non-exhaustive de conseils.

T’en as parlé avec ton système ? Prépare-toi aux réactions possibles

K: T’en as parlé avec ton système ?
Prépare cette étape avec ton système, écoutez-vous et partagez vos envies et appréhensions pour ce soit le plus agréable possible pour vous toustes. Par exemple, il arrive souvent qu’un ou une alter ne soit pas à l’aise avec l’outing et ça peut vraiment aider de lae rassurer. Puis prépare-toi
aussi aux diverses réactions possibles. Un CO peut se passer très très bien ou pas top ou plutôt mal. C’est malheureusement impossible de savoir exactement comment la personne à qui tu le dis va réagir, malgré une bonne préparation.
Et n’oublie pas : tu n’es pas responsable si cette personne a une mauvaise réaction, ce n’est pas de ta faute si elle a une réaction maladroite ou malvenue ni si elle est, par exemple, biaisée par la psychophobie. Parmi les réactions possibles, la personne va peut-être dire qu’elle est ok d’apprendre ou qu’elle connaît le TDI – et qu’elle ne connaît vraiment et pas qu’elle croit le connaître mais en fait non, ça c’est une autre catégorie mais j’y reviens – et qu’elle tient à toi et que tout est ok et qu’elle est prête à t’écouter pour la suite, et ça c’est le must ! Ça devrait être la réaction normale mais malheureusement, c’est pas toujours le cas. L’extrême opposé c’est que la personne te dise des choses comme « c’est pas possible ça, n’existe pas, tu fais ça pour attirer l’attention »… bah je pense que tu peux te dire que cette personne n’est actuellement pas bonne pour toi et laisser tomber. Mais t’inquiète, on va te donner des conseils un peu plus loin pour filtrer et éviter ce genre de réactions avant de faire ton CO. Eh puis il y a les réactions du milieu. On va énumérer quelques possibilités de réactions de bif-bof. Si tu es sensible à ce sujet, tu peux passer les exemples et nous retrouver plus loin, je note le timecode ici.

E: C’est possible que la personne ait des réactions très maladroites. elle peut te dire que c’est incroyable, fascinant où qu’elle n’avait jamais rien remarqué, que tu cachais bien ton jeu où elle peut t’assurer qu’elle connaît le TDI mais n’en avoir qu’une vision biaisée qui n’est pas du tout le vécu de tous les systèmes et remettre en doute ton vécu parce qu’il ne rentre pas dans ce qu’elle en sait. Elle peut aussi te poser des question maladroites comme « à qui je parle là du coup ? » ou « ah je suppose que cette fois-là, tu étais d’hyper mauvaise humeur parce que c’était pas toi ? ». Elle peut demander à voir pour croire. Elle peut aussi te dire qu’elle ne comprend pas bien et te demander comment tout ça fonctionne ou comment c’est possible. C’est complètement ok de ne pas avoir l’énergie de répondre à ces questions. Tu peux le dire, à taon proche, que ce n’est pas possible pour toi de répondre tout de suite ou tout court. Et donc, pour ne pas être pris-e au dépourvu, c’est plus facile d’avoir réfléchi avant aux genres de questions qui te mettent mal à l’aise et à quoi tu réponds aisément. Tu peux même déjà l’intégrer à ton coming out pour que la personne ne pose même pas la question. Par exemple : est-ce que ça te met mal à l’aise de dire qui est devant ? Est-ce que tu es d’accord qu’on te demande à voir un ou une alter en particulier ? Est-ce que tu es d’accord de répondre à des questions plus personnelles ? Deux questions très très maladroites qui reviennent souvent quand on fait un CO multiple, c’est : « est-ce que tu peux redevenir ‘normal-e’/est-ce que ça soigne ? » et « comment ça se fait que tu es comme ça ? ». À ça, tu peux répondre que non, ça ne se « guérit » pas, même si toustes les alters
fusionnaient, une division est toujours possible et un cerveau multiple le restera toujours mais par exemple, tu peux dire que tu prends soin de gérer les autres symptômes dérangeants comme la dissociation et embrayer là-dessus si tu es à l’aise avec ça ; et à la deuxième question, sache que tu n’as aucune obligation de parler de tes traumas, si la personne insiste dis-lui que tu n’as pas envie de lui parler de ça maintenant et que si un jour tu te sens prêt ou prête, tu le feras.

En parler à sa famille

K: Il peut être particulièrement compliqué de parler de sa multiplicité à sa famille et je le répète encore une fois : rien ne vous oblige à en parler. Les traumas ayant généralement commencé dans l’enfance, la famille peut avoir un rôle direct ou indirect dans le TDI, et à cause de la psychophobie, de ce besoin d’avoir « un enfant normal », de la culpabilité de n’avoir rien vu et/ou la culpabilité d’avoir une responsabilité, les familles sont plus susceptibles d’avoir une réaction en demi-teinte, même si elles se montrent compréhensives. Pour que ça se passe au mieux, prépare-toi avant de te lancer si tu peux et n’hésite pas à poser tes limites, tu as le droit d’en avoir et de les faire respecter. Le dire à cette personne est une preuve de confiance, pas un devoir de te révéler sur des choses dont tu ne veux pas parler.

Pense à ta sécurité

K: On le répète encore une fois mais dans un premier temps, pense à ta sécurité : est-ce que parler de ta multiplicité peut avoir un impact négatif sur ta sécurité directe, pendant que tu en parles, avec de la violence verbale ou physique, ou sur ta sécurité à moyen-long terme en ayant une répercussion sur une éventuelle hospitalisation forcée, ton logement, tes revenus par exemple ? Aussi, es-tu bien entouré-e ?
Peux-tu demander à un ou une proche d’être avec toi ou de pouvoir te voir ou t’appeler, te contacter quoi, juste après ? Tu peux aussi te prévoir un truc réconfortant après, parce que même si ça se passe le mieux possible, c’est vraiment jamais facile et tu le mérites.

Comment aborder le sujet ?

E: Passons maintenant à comment aborder le sujet. En général, personnellement, j’essaye de tâter le terrain en ne parlant pas directement de moi, et en fonction de la réponse, je continue ou pas. Parfois il peut se passer quelques temps entre plusieurs essais. Par exemple : « Hey tu connais ce film ? Tu en as pensé quoi ? Tu as trouvé ça génial ? Ah, bon, parce que j’ai vu sur Internet des pétitions qui disent que la représentation du TDI est vraiment mauvaise et a fait beaucoup de mal à cette communauté… »
Si taon proche t’écoute et essaye de comprendre, c’est un bon premier pas. S’iel répond « pff, de toute façon, ce trouble n’existe pas, c’est que des fous à enfermer », ce n’est peut-être pas une bonne idée. Et si elle répond un truc entre les deux, investigue encore plus la prochaine fois. Par exemple, il y a trois ans, ma meilleure amie de l’époque n’a jamais réussi le premier test. Il faut savoir qu’elle est psy et je lui ai dit : « dis, dans tes cours, t’as entendu parler du TDI ? et t’en as vu quoi ? parce que bon c’est pas très connu ». Elle m’a répondu : « j’en ai vu que c’est un trouble que tu n’as pas ». Contresens, tu es à contresens, bizarrement nous nous sommes assez vite éloignées après ça. Mais ce n’est pas toujours le cas, la dernière personne à qui je me suis à outé-e – parce que oui même si je suis diag depuis longtemps, que je connais bien mon système et que je passe mes journées à penser TDI, écrire TDI et lire TDI, il y a encore des personnes qui ne sont pas au courant IRL, bref – elle m’a répondu un truc très chouette et très doux ! Elle m’a répondu :
« je connais déjà le TDI, évidemment je te crois, est-ce que je dois faire quelque chose de spécial comme changer de pronoms par exemple ? ».

K: Il est aussi possible d’introduire le sujet en parlant d’un ou une de ses ami-e-s qui est aussi concerné-e, ça peut vraiment bien fonctionner et donner un côté plus personnel qu’une histoire d’Internet ou de film mais ça aussi l’inconvénient de donner l’argument « c’est pas possible, tu copies » et tmtc, en tant que multiple, se prendre une réflexion basée sur la légitimité, c’est vraiment pas fun. Mais tu connais taon proche et en fonction de comment iel peut être à l’aise avec le concept de « les gens qui vivent les mêmes choses se rassemblent » – ce qui est très logique mais les gens ont parfois du mal à le capter – ben vas-y ou pas quoi.

Choisir le moyen de communication

K: Après avoir introduit un peu ou avoir décelé des signes que ça pourrait bien se passer, bref n’importe quel moyen qui fait que tu te sentes assez en confiance pour le dire, il reste « plus qu’à » le faire et, pour ça, à choisir le moyen de communication. À l’écrit, à l’oral, en direct, en vidéo, quel que soit le canal, il est possible d’utiliser un moyen pour différer la réponse (capsule vidéo, mail, lettre) ou d’avoir une réponse directe (facecam, conversation instantanée, en face à face). D’ailleurs, n’hésite pas avant de te lancer, à dire « je demande toute ta bienveillance s’il te plait ». Je pense que tu vas pas avoir de difficultés à choisir entre écrit ou oral, en général on a vraiment une préférence, et entre différé et direct, je te fais une liste des deux côtés. En direct, tu peux voir les émotions de la personne, ajuster tes paroles en fonction de ses réponses, reculer au dernier moment mais c’est plus difficile de se lancer et si la personne se montre hostile, c’est encore plus compliqué moralement à gérer. En différé, tu peux prendre le temps de poser tes mots, de reformuler, de recommencer pour être parfaitement d’accord avec ce que tu dis, tu peux choisir le moment que tu préfères pour envoyer mais la personne peut mettre très longtemps à répondre voire pas répondre du tout.

« Je suis multiple » (2ème vidéo de la série)

C’est le bon moment pour te reparler de l’autre vidéo qui sortira la semaine prochaine, dont je te parlais au début de cette vidéo. C’est une vidéo coming out où je vais expliquer de la façon la plus accessible le TDI, ce que c’est, d’où ça vient, comment ça se manifeste et quelques brefs exemples de comment agir avec un système. Son but est de pouvoir être envoyée telle quelle à un ou une proche pour que le « gros morceau » soit passé. Et là aussi plusieurs solutions : tu peux la regarder avec taon proche en direct, tu peux l’envoyer sans introduction, elle peut compléter tes mots, tu peux t’en inspirer et bien d’autres possibilités auxquelles on n’a sûrement pas pensé. Notre but en faisant cette vidéo, c’est de te rendre ce moment plus facile, utilise la comme ça te semble le mieux.

L’après coming-out

K: Enfin, prépare-toi à l’après coming out.

E: La personne à qui tu vas en parler va peut-être avoir envie de te poser un tas de questions et que tu présentes tes alters. Il est possible aussi qu’un peu mal à l’aise, elle ne réagisse pas assez voire pas du tout. Tu peux préparer ce que tu aimerais que l’autre fasse pour l’aiguiller dans sa réaction, en disant directement que tu n’es pas prêt ou prête tout de suite à répondre aux questions ou à dire qu’elle peut y aller sans problème sauf sur tels sujets. Tu peux lui dire aussi si elle a le droit ou pas d’en parler à une autre personne de confiance.
Et tu peux lui expliquer comment tu aimerais qu’elle s’adresse à vous, avec quels pronoms, prénoms, comme avant ou en fonction du switch par exemple. En bref, réfléchis avant à ce qui est confortable pour vous afin de te préparer au mieux et d’accompagner taon proche pour qu’iel ait la meilleure réaction possible. N’hésite pas à nous raconter comment c’était si tu as utilisé la vidéo, on espère de tout coeur que ça se passera au mieux pour toi et ton système. En passant, si tu n’es pas une personne multiple ou si tu n’as pas de coming out à faire pour l’instant, n’hésite pas non plus à aller voir les futures vidéos, on a vraiment essayé qu’elles soient toutes les trois intéressantes pour tout le monde. Merci beaucoup d’être resté-e jusqu’ici, à la semaine prochaine pour la vidéo « Je suis multiple » pour aider au coming out et à tout de suite sur nos autres réseaux sociaux.

K: À bientôt !