Quelques infos sur à quoi s’attendre quand on annonce à sa famille qu’on est multiple. Extrait du live durant lequel nous avons enregistré la vidéo sur les relations avec la famille.

Quelques infos sur à quoi s’attendre quand on annonce à sa famille qu’on est multiple. Extrait du live durant lequel nous avons enregistré la vidéo sur les relations avec la famille.

[Epsi] Oui, je vois dans le chat que ça parle de faire un coming out multiple/TDI aux parents. Je pense qu’on en parle dans notre vidéo sur le coming out un peu. Personnellement, je ne l’ai pas fait parce que ma famille n’est pas capable de comprendre. Mais ma famille a une relation au handicap et à la santé mentale qui est compliquée et qui a biaisé beaucoup ma vision des choses, entre autres.Mais je sais qu’un truc qui revient souvent si jamais, info comme ça, c’est que les parents, souvent, ont tendance à chercher “leur” enfant. Parce que bah c’est une vision très singlet-centrée que beaucoup de gens ont. Que ce soit un coming out à un partenaire, à un ami ou quelque chose, la personne a tendance à chercher la “personne principale”, la “vraie personne”, la “personne unique”, la “personne qu’ils ont connue”, sans se rendre compte qu’en fait la multiplicité, elle est là généralement depuis avant même que la relation existe, ou en tout cas depuis très longtemps, et que donc la “personne connue”, la “personne principale”, c’est un groupe, c’est un mélange, etc… Mais voilà. Préparation si jamais, c’est fréquent qu’il y ait un “je veux retrouver mon enfant”, “c’est qui ma fille/mon fils?”, etc. Voilà. C’est une étape qui est compliquée à passer pour eux, même quand c’est accueilli de façon bienveillante, le “la multiplicité, ça existait déjà” et le parent, il connaît déjà en fait plusieurs alters, il aime déjà plusieurs alters, etc. Et il n’y a pas un “vrai enfant et des trucs autour”. Voilà, comme dans beaucoup de coming out, mais c’est compliqué comme sujet, quoi.

[Kara] Oui, un autre truc, je pense qui est fréquent au coming out, mais qui du coup se marque plus dans les coming out avec les parents ou en tout cas avec les personnes qui connaissent depuis très longtemps, c’est des trucs qui viennent toucher la légitimité du type “si c’était vrai, je l’aurais vu”. Je pense que vu que les parents – à tort, moi je ne comprends pas comment les parents peuvent se dire ça mais c’est une pensée très fréquente chez les parents, encore plus quand on vit sous leur toit – c’est les parents ont cette espèce de confiance en le fait que c’est les personnes qui nous connaissent le mieux au monde. Moi, je comprends pas comment ils peuvent arriver à cette conclusion mais… Et du coup oui, il y a ce truc du “tu es mon enfant, je te connais plus que tout et donc je sais”. Et donc ça peut vraiment toucher la légitimité du, oui c’est ça, avec des trucs qui disent “mais je te vois grandir depuis 30 ans” et nanani nanana. Et du coup, ça, je pense qu’il faut s’y préparer. Mais vraiment, voyez ça comme n’importe quel autre sujet. Si vous vous dites- si vous donnez du crédit, et de la légitimité c’est compliqué, mais si vous donnez du crédit à une phrase du type “je dois mentir parce que mon parent m’a dit que je mentais”, dites-vous “est-ce que mon parent comprend mes sentiments?”, “est-ce que mon parent sait de qui j’ai été amoureux?”, “est-ce que mon parent sait quelles sont les difficultés que j’ai rencontrées dans ma scolarité?”, avec sincérité, et vous verrez qu’en fait, c’est juste une phrase comme bien d’autres.

[E] Et qu’il y a plein d’autres phrases qui sont bien plus vraies. Comme ma mère qui me dit des trucs comme “t’as ta mauvaise tête aujourd’hui”.

[K] C’est ça.

[E] Je suis sûre que si je lui disais aujourd’hui, elle me croirait pas ou en tout cas, elle comprendrait pas, etc. Mais à côté de ça, elle me dit tellement de trucs qui vont dans ce sens

[K] À fond.

[E] Et un autre truc par rapport au coming out auquel je pense qu’il faut se préparer, surtout si on a genre un TDI, des traumas et tout, c’est que les parents, ils ont potentiellement deux réactions. La première étant le gros déni et la deuxième étant le fait d’insister pour chercher les traumas. À partir du moment où ils se rendent compte, et c’est très souvent dit “TDI = traumas” – comme on l’a dit, c’est pas vrai dans 100% des cas…-

[K] … mais ça peut pas être faux.

[E] … c’est pas, voilà, mais c’est l’information qui est quand même une des plus connues. “Le TDI, c’est lié aux traumas”, nanana, aux traumas dans l’enfance. Soit ils vont culpabiliser à balle et voilà, soit ils vont vraiment chercher à savoir ce qu’il y a. Il faut s’y préparer. Dire “je ne suis pas capable d’en parler” ou se préparer à en parler.

[K] Oui, c’est ça. Et pareil, je pense que c’est déjà compliqué comme réponse pour soi-même, pour des proches, mais pour des parents encore plus. Des réponses du type “je ne sais pas pourquoi”. Avec une vision biaisée qui est à eux quoi, genre comment tu peux dire – même si vous dites la vérité quoi, mais vous pourriez par exemple vous exposer à des réponses comme “comment tu peux dire que ça a été traumatisant pour toi, je m’en souviens, j’y étais, et…”, ben oui, et alors? C’est très bien. Tu étais adulte, ça ne t’a pas traumatisé, c’est pas grave. Voilà. Mais je pense que ça peut bien se passer, hein! On veut pas montrer un portrait uniquement défaitiste. Sachez que ça nous arrive de recevoir des mails de parents, et les mails de parents qu’on reçoit sont à 99% positifs. Mais après, là aussi c’est biaisé, vous dites pas que ça se passe bien dans 99% des cas, mais c’est justement ça. Il y a des parents qui font des recherches sur internet et tombent sur nous et nous envoient des messages pour dire “mon enfant m’a dit ça, est-ce que vous avez des conseils?” ou “je suis perdu et vos vidéos m’ont donné de l’espoir”. Parce que je pense que, comme pour toute annonce du fait que “ton enfant sort de la normalité”, les parents, ils ont très une vision qui dit “je pensais que sa vie était foutue”. C’est un mail qu’on a déjà reçu plusieurs fois, c’est des gens qui disent voir que vous vous êtes concernés et que vous êtes capables de faire des vidéos et que vous avez l’air de vivre “correctement” entre guillemets, dans une vision normée de la société, me fait du bien et me donne de l’espoir pour mon enfant. Voilà. Du coup, c’est pas- Ce qu’on veut dire, c’est faites attention, parce que c’est potentiellement pas simple. Mais ne vous dites pas, ça ne vaut même pas la peine d’y réfléchir parce que c’est tout le temps nul. Non, non, on a vraiment reçu déjà des mails très, très mignons et touchants de parents qui essayent vraiment de comprendre et pour qui c’est vraiment difficile quoi.