Dans cette vidéo (traduite ci-dessous), Emely partage 10 choses qu’iels auraient aimé savoir 10 ans plus tôt, quand iels ont réalisé avoir un TDI. Sous la transcription se trouve une simple liste des 10 choses qui y seront mentionnées. Nous apprécions que vous investissiez du temps pour en apprendre plus sur le TDI.

10 choses sur le TDI que j’aurais aimé savoir il y a 10 ans :

Lien original de la vidéo : My life with Dissociative Identity Disorder – 10 things I wish I knew 10 years ago – For new Systems

Hey Power Plurals ! Mon nom est Emely et aujourd’hui, je serai votre hôte. Bienvenue sur cette vidéo de Power to the Plural. Dans cette vidéo, je vais partager les 10 choses que j’aurais aimé savoir quand je venais tout juste de me faire diagnostiquer le TDI. Je partage une partie de ça dans ma vidéo “DID 101” pour la PPWC 2019, mais je pense que ce sujet mérite vraiment sa propre vidéo, parce que j’aurais aimé avoir cette vidéo quand j’ai découvert que j’avais le TDI (ou que je n’étais pas seul·e dans ma tête, parce que quand je l’ai découvert, je ne savais pas que ça s’appelait TDI). Pour moi, c’était il y a 10 ans, je l’ai découvert en 2009, quand on était enceint·es de notre enfant. On a été vraiment très malades et pendant ce temps, je dissociais tellement et j’ai rencontré quelques autres. Pour d’autres dans notre système, c’était différent, iels ont réalisé plus tard ou après qu’on soit diagnostiqué·es et on a aussi des parts qui ne savent pas qu’on a le TDI, à ce jour (ou iels n’y croient pas). Quand j’ai réalisé, il n’y avait pas beaucoup d’informations, donc je pense que cette vidéo peut être une bonne ressource pour celleux qui viennent de réaliser qu’iels ont un TDI ou viennent de se faire diagnostiquer.

Ces 10 choses que je vais aborder aujourd’hui sont des choses que j’ai expérimentées dans ma vie personnelle, vous pouvez avoir expérimenté des choses différentes ou vous pouvez souhaiter avoir trouvé d’autres choses quand vous avez été diagnostiqué·es. Ce seront mes exemples personnels et ça peut être différent pour vous.

N°1 : Les cauchemars

J’aurais aimé savoir que j’aurais des cauchemars. A l’époque, quand je venais de réaliser, j’avais cet état d’esprit : Si je travaille assez et garde mon esprit occupé, alors, mon cerveau n’aura pas le temps de se focaliser sur les traumas. Ça marche seulement sur une très courte période et ça a causé beaucoup de souffrances dans notre système. Les traumas étaient à l’avant de notre cerveau, ils n’étaient pas traités (ils ne le sont peut-être toujours pas), alors ils étaient constamment dans notre esprit, constamment. Plus je les bloquais, plus ils revenaient la nuit, quand j’essayais de dormir ou quand je dormais. Je pense que mon subconscient essayait de trouver un moyen de les extérioriser. Ces cauchemars étaient vraiment invalidants. J’avais tellement peur d’aller dormir, mais j’avais aussi peur de rester éveillé·e, parce que quand j’allais dormir en étant vraiment fatigué·e, ces cauchemars étaient encore pires. Je me suis retrouvé·e dans une situation un peu comme dans Catch 22, où je ne savais pas si je devais aller au lit ou ne pas dormir. A l’époque, j’aurais aimé qu’il y ait une sorte de machine à sommeil, comme dans Star Trek, où on se met juste dedans et voilà. Cette machine n’existait pas, mais ce qui existait, c’était un traitement que nous devions essayer. Et ce traitement faisait qu’on dormait sans rêver et donc sans cauchemars. En même temps, j’étais en thérapie, hospitalisé·e, j’étais beaucoup plus activ·fe, avec mon système, pour travailler sur les traumas. Je pense que c’est une combinaison des deux qui a marché pour nous.

N°2 : Attendre que plus d’alters se montrent

Je l’ai fait tellement de fois…[rires] De me convaincre que je connaissais toutes mes parts. Je l’ai fait quand on a découvert qu’on était 12, je l’ai fait quand on a découvert qu’on était 14, je l’ai fait quand on a découvert qu’on était 100. J’ai fermé la porte, j’ai dit “C’est le max, on ne fait plus ça.” [rires] Mais je ne réalisais pas à l’époque que les dégâts avaient déjà été faits. Il n’y avait pas nécessairement de nouveaux alters, mais on était juste pas encore conscient·es des autres. On a aussi eu beaucoup de discussions au cours des années avec des gens (de l’innerworld) que j’avais bloqué·es. Que j’ai littéralement renvoyé·es. Qui m’ont partagé la douleur qu’iels ont traversée. C’était très intense pour toutes les personnes impliquées. C’était très émotionnel et on a dû beaucoup guérir dans notre système pour aller au-delà de ça. Donc maintenant, j’essaye de garder la porte aussi ouverte que possible.

N°3 : Certains flashbacks n’ont pas trop de sens

J’aurais aimé savoir que les flashbacks peuvent de pas avoir trop de sens. J’ai eu tellement de flashbacks perturbants, qui étaient littéralement impossibles et le déni était extrême. Depuis, j’ai trouvé comment gérer le déni, j’ai fais quelques acceptations radicales, que le déni était une partie de mon trouble. Donc quand j’ai du déni, ça veut dire que j’ai un TDI [rires]. Et ça marche pour moi maintenant, mais je ne pense pas que ça aurait marché il y a 10 ans. J’avais des flashbacks qui n’avaient pas de sens et j’ai réalisé plus tard en thérapie que c’était deux voire trois événements en même temps en flashback. Et c’était très perturbant. Une fois qu’on l’a réalisé, une fois que les autres parts ont partagé leurs mémoires à ce moment-là. Plus particulièrement, on a des alters avec le même nom, quand mon thérapeute disait “Sarah, pouvez vous expliquer ce qui s’est passé quand vous étiez jeunes ?” (je ne pense pas qu’il ait dit ça exactement, mais vous voyez [rires]), plusieurs Sarah voulaient répondre à cette question. C’était très perturbant et ça a mis des années pour trouver des solutions et accepter que c’était vraiment ce qui se passait. Parce que c’était vraiment difficile, mon thérapeute a dû m’expliquer plusieurs fois comment on pouvait travailler avec quelqu’un qui est très polyfragmenté·e. Ce spécialiste du TDI, en 2011, il disait “Je vous vois switch plus souvent que vous le remarquez.” Et c’était très effrayant pour moi mais maintenant je me dis qu’il avait tellement raison.

N°4 : Tous·tes les alters viennent pour aider

J’aurais aimé savoir que tous·tes les alters viennent pour aider, même les persécuteur·ices, les protecteur·ices en colère, les littles en colères (c’était encore plus dur à gérer). Les ados et tout, je me sens plus à l’aise de leur dire directement que c’est pas ok, mais les littles, s’iels ont une colère, iels ont une colère [rires], on peut pas vraiment leur dire de se taire ou autre. C’était vraiment difficile à gérer pour nous. J’aurais aimé savoir que tous·tes les alters viennent pour aider, même s’iels ne savent pas le meilleur moyen de le faire ou qu’iels ont des idées mal avisées sur ce que protéger veut vraiment dire. Actuellement, nos persécuteur·ices sont nos meilleur·es protecteur·ices et ce sont des alters merveilleux·ses.

N°5 : Les techniques d’ancrage

J’aurais aimé savoir que les techniques d’ancrages fonctionnent comme un muscle. Quand on m’a parlé des techniques d’ancrages et que je les ai essayées, j’ai juste dissocié encore plus. Je ne réalisais pas que quand vous nommez 5 choses de la même couleur, vous devez être dans l’instant, focalisé·es, être présent·e ou du moins essayer de l’être. Je ne l’ai pas compris et je n’ai pas réalisé que ça fonctionne comme un muscle, que vous devez l’entraîner, qu’il faut pratiquer pour que ce soit “parfait”.

N°6 : La communauté en ligne TDI & multiple

J’aurais aimé savoir que c’est safe de rejoindre les communautés en ligne de TDI & multiplicité. A l’époque, j’étais effrayé·e d’aller sur les communautés en ligne. Je pensais que j’allais prendre les souvenirs d’autres personnes ou prendre leurs alters. J’avais vraiment peur que les personnes avec le TDI puissent prendre toutes sortes de choses [rires]. Maintenant je sais que ce n’est pas possible, ce n’est pas une réalité. Ça ne s’est jamais produit depuis 5 ans que je suis sur les communautés en ligne. Je n’ai jamais pris de souvenirs, ni trouvé d’alters dans mon système qui n’était pas “mien·nes”. On a un groupe FaceBook appelé AlterNation by The Plural Association for Dissociative Identity Disorder &+ (ndt: en groupe français vous avez Trouble dissociatif de l’identité (TDI) – ATDS – Multiple &+ par TPA). C’est un groupe de soutien pour les personnes ayant un TDI ou multiple qui ont besoin de soutien ou conseils. C’est un super endroit, la communauté est très aimable, c’est un super endroit pour la pair-aidance. J’aurais vraiment aimé savoir plus tôt que c’est une option safe, particulièrement parce qu’il n’y a pas beaucoup de traitements existants.

N°7 : La difficulté de trouver un·e bon·ne thérapeute

J’aurais aimé savoir qu’il est difficile de trouver un·e bon·ne thérapeute. [rires] J’en ai eu pas mal, depuis le temps. Et soit iels ne pouvaient pas m’aider, ou étaient trop loin, ou l’organisation a fermé parce qu’iels ne pouvaient pas se mettre d’accord sur les théories de la dissociation et du TDI. Je vois que c’est un problème international et c’est un privilège de trouver un·e thérapeute ou d’avoir un diagnostic du TDI. Dans les recherches, on voit que ça prend entre 6 et 12 ans pour avoir un diagnostic correct sur le TDI. Pendant ce temps, les gens se font diagnostiquer beaucoup d’autres choses qu’iels peuvent avoir ou non. Trouver un·e thérapeute qui accepte ce que vous souhaitez comme but, au lieu de ce qu’iels pensent être le plus bénéfique pour le système, c’est très dur à gérer. J’étais très naïf·ve au début, je pensais que j’avais le droit, comme dit dans la loi, à la pratique fondée sur les preuves et ça ne s’est pas passé comme prévu, c’est vraiment un problème international.

N°8 : Les pièces de puzzle

J’aurais aimé savoir que parfois, quand les pièces de puzzles s’assemblent pour moi, ce n’est pas toujours le cas pour les autres dans le système. Parfois, des choses commençaient à avoir du sens pour moi et je commençais à assembler les choses ensemble, ça avait du sens pour moi. Et ensuite, j’expliquais ma théorie à quelqu’un d’autre et iels me disaient que non, ce n’est pas comme ça que ça marche. Et un mois plus tard, iels revenaient me dire qu’effectivement, j’avais raison. C’est intéressant comment ça fonctionne. Ça arrivait aussi pour d’autres qui me parlaient d’un sous-système et je leur disais que non, il n’existait pas. Et il l’était.

N°9 : La sécurité et le bonheur internes apportent la sécurité et le bonheur externes

J’aurais aimé savoir que la sécurité et le bonheur internes apportent la sécurité et le bonheur externes. Rendre votre innerworld safe vous fait sentir plus en sécurité et percevoir le monde plus sécurisant aussi. Votre fenêtre de “ce qui est normal” devient plus large si votre innerworld est plus sûr.

N°10 : TDI =/= Être un système, ça demande un travail collectif

Juste parce que vous avez été diagnostiqué·e TDI ou réalisez que vous êtes multiple ne veut pas dire que vous êtes un système ou un système collectif. C’est quelque chose sur lequel vous devez travailler pour atteindre cette situation. Ça demande du temps, des efforts, de la persévérance, de la passion et de la sueur [rires]. C’est beaucoup de travail pour l’accomplir. Ça fait 10 ans et je n’ai toujours pas l’impression que j’en suis là, même si évidemment j’en suis bien plus proche que je l’étais il y a 10 ans. Mais je sais aussi que j’ai encore une longue route devant moi. La semaine prochaine, on publiera notre vidéo “5 étapes pour devenir un système collectif”. On espère qu’elle vous aidera avec ce point n°10.

N°11 : Faire confiance au système et travail d’équipe

J’aurais aimé savoir que tout le monde dans le système est là pour m’aider et que je peux me reposer sur elleux, je peux compter sur elleux pour le soutien, l’aide, que je peux demander de l’aide, qu’iels me la donneront quand j’en aurai besoin. J’aurais aimé savoir que je n’ai pas à tout faire par moi-même. C’est vraiment ok de faire confiance à votre système.

La liste rapide

  1. Cauchemars
  2. Attendre que plus d’alters se montrent
  3. Certains flashbacks n’ont pas trop de sens
  4. Tous·tes les alters viennent pour aider
  5. Techniques d’ancrage
  6. On peut rejoindre les communautés en ligne TDI & multiple
  7. La difficulté de trouver un·e bon·ne thérapeute
  8. Les pièces de puzzle
  9. La sécurité et le bonheur internes apportent la sécurité et le bonheur externes
  10. Être un système/Être un système collectif
  11. C’est ok d’avoir confiance en les autres en interne

Comme toujours, nous vous encourageons vous et votre système à suivre votre propre vérité, de chercher, de trouver des mots, étiquettes, visions, théories et communautés qui ne sont pas seulement dans vos valeurs, mais qui rejoignent aussi votre expérience de vie et/ou vos buts à long terme, pour que vous puissiez trouver une place et ne pas avoir à essayer de rentrer dans une case.

Merci à vous d’avoir investi du temps pour lire cet article.