Est-ce qu’il vous arrive de rêver les yeux ouverts ? De vous imaginer votre propre univers où vous pouvez vous échapper ?
Les rêveries compulsives et immersives font parties intégrantes du quotidien de beaucoup de personnes et de systèmes.

Est-ce qu’il vous arrive de rêver les yeux ouverts ? De vous imaginer votre propre univers où vous pouvez vous échapper ?
Les rêveries compulsives et immersives font parties intégrantes du quotidien de beaucoup de personnes et de systèmes.

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Transcription écrite :

Coucou tout le monde ! Je suis Neo, du système Atome et on va parler de rêveries compulsives et/ou immersives ! En première partie, je vais expliquer de quoi il s’agit et ensuite, je vous partagerai les résultats du questionnaire qu’on a fait pour l’occasion !
Je vous mets vite fait quelques descriptions pour mieux comprendre quelques termes que j’utiliserai sans forcément les définir.

L’histoire “commence” avec Eli Somer, psychologue clinicien spécialisé en traumatismes et troubles dissociatifs. Au début des années 2000, il réalise que 6 de ses patient·es lui parlent de leurs rêveries : des activités conscientes, dans leur monde intérieur. Au départ, il se dit que comme ce sont des personnes qui ont vécu des traumatismes, la rêverie doit être un mécanisme d’apaisement ou une distraction. En divisant leur conscience entre l’immersion interne et une attention externe, il voyait ça comme un mécanisme de dissociation défensive; mais qu’à l’inverse des autres formes de dissociation comme la déréalisation ou l’amnésie, il voyait la rêverie comme un mécanisme qui était à la base “utile” et qui se transformait en psychopathologie.

En 2002, il publie un article sur le sujet “Rêverie compulsive : une recherche qualitative », mais, par manque d’intérêt de la part de la communauté scientifique, il laisse tomber et continue son travail initial.

Quelques années plus tard, plusieurs personnes ont cherché sur Google leurs symptômes et ont retrouvé son article. De plus, en plus de monde lui demandait de continuer ses recherches sur le sujet. Ce terme qui était inconnu avant 2002 est devenu viral. Des membres des communautés en ligne de reveur·euses se sont porté·es volontaires pour des études. Eli Somer a donc pu continuer ses recherches pour finalement accumuler assez de preuves qu’il s’agit bien d’un trouble mental ne pouvant être expliqué par d’autres troubles psychologiques.

Il montre dans ses diverses études que les rêveries compulsives ou maladaptives ne sont pas des divagations classiques et normales (dans le sens “comme tout le monde a”). C’est une forme de rêverie diurne qui est intentionnelle, intense, fantaisiste, souvent accompagnée de mouvements physiques répétitifs et associée à de la dissociation et plusieurs troubles psychologiques (séparément), comme les troubles de l’attention (à prédominance inattentive), les TOC, la dépression et l’anxiété, ou une enfance plutôt solitaire et traumatique. Ça se classifie plutôt comme une forme pathologique d’adsorption dissociative avec des caractéristiques de comportements addictifs. Ces rêveries étant si gratifiantes que beaucoup reportent le sommeil ou le repas pour pouvoir les continuer.
Généralement, les divagations plutôt communes sont sur des sujets comme le travail, rencontrer l’amour, refaire une conversation passée, etc. Pour la rêverie compulsive, ce sont souvent des histoires et personnages fictifs, des univers fantastiques avec des scénarios complexes, qui n’ont souvent rien à voir avec la vie de la personne en général. On peut avoir, par exemple, une personne qui continue de développer pendant 30 ans l’histoire d’une série visionnée à 10 ans. Ou quelqu’un qui aurait 35 personnages dans différentes histoires et qui ne passerait pas une journée sans elleux. Il y a des personnes qui s’imaginent une meilleure situation familiale. Un des thèmes récurrents de rêverie étant le succès, la reconnaissance, tout ce que des gens avec des traumas pourraient donc avoir longuement manqué.

Dans l’étude

« Traits de personnalité et rêverie compulsive : fonctions et thèmes fantastiques dans un échantillon multi-pays »,

on a ces données sur les fonctions et thèmes : “La majorité des répondant·es utilisent la rêverie comme distraction d’une réalité actuelle désagréable (93.1 %), comme moyen d’accomplissement (89 %), comme moyen de chasser l’ennui (85.4 %) et comme passe-temps gratifiant (78.7 %). La majorité des répondant·es rapportent des rêveries à propos de relations avec une autre personne ou de trouver l’amour (81.3 %), d’être puissant·e et dominant·e (72.1 %), de recevoir plus d’attention (67.5 %) et de s’échapper (64.5 %).”
Alors, est-ce que toutes les rêveries sont “maladaptives” ? Et bien pas forcément. Eli Somer s’est beaucoup penché sur le sujet de ces rêveries, caractérisées par des univers vastes, absorbants, fantastiques, vifs, qui se manifestent par des mouvements physiques répétitifs et expositions à certaines musiques. Ce qu’on appelle “rêverie immersive” et qui ne ressemble en rien aux divagations classiques, qui sont une sorte de “mode off” du cerveau. La rêverie ne peut être vue comme un trouble à moins d’avoir un critère très précis : la détresse et/ou la dysfonction. C’est seulement si la rêverie immersive provoque cela qu’elle peut être considéré comme “maladaptive/compulsive”. Cette dysfonction peut se manifester comme une incapacité à travailler, socialiser, s’occuper de soi, etc. La détresse peut venir de la réalisation du temps passé à ces rêveries et de choses inaccomplies dans le monde physique.
C’est un sujet encore en cours d’étude à l’heure actuelle, bien que plusieurs soient déjà sorties et dont on s’est inspiré·es pour faire le questionnaire qu’on vous a proposé ! On a utilisé un tableau de l’étude « Rêverie compulsive, Dissociation et Troubles Dissociatifs », de Colin A. Ross, notamment. Ainsi que l’échelle de la rêverie compulsive, d’Eli Somer. Mais on y reviendra bientôt !

Pour séparer les questions entre les systèmes qui font ou non de la rêverie, on a directement posé la question. Sur 70 réponses, on a 17 % qui n’en font pas, contre 83 % qui en font.

Pour la première question, on a choisi de prendre le tableau comparatif de l’étude citée juste avant, sur ce qu’on retrouve dans la rêverie compulsive et/ou dans le TDI, afin de comparer avec les résultats des personnes qui font ou non de la rêverie.
Je l’ai traduit pour que ce soit un peu plus parlant aux francophones. Ce tableau nous indique que le point commun entre les rêveries et le TDI, c’est le panel interne de personnages/personnes. Et ce qu’aurait la rêverie à la différence du TDI, c’est les “personnages inventé·es consciemment”. Toutes les autres caractéristiques seraient dans le TDI et pas dans la rêverie. C’est donc, sans aucune indication de plus, qu’on vous a demandé de remplir ce tableau en indiquant si vous pensez que l’affirmation colle plutôt à la multiplicité, à la rêverie, les deux, etc.

Pour le panel de personnages/personnes en interne, c’est très largement attribué à la multiplicité, mais les personnes faisant de la rêverie ont également un peu coché cette option. En effet, conscient·es ou non, on retrouve bien souvent dans les rêveries des personnages, qui sont également dans notre tête.

Pour les personnages/personnes inventé·es consciemment, on retrouve comme sur le tableau comparatif une attribution bien plus large sur la rêverie. C’est intéressant de voir qu’on peut également l’attribuer à la multiplicité, notamment dans le cadre d’alters parogènes.

Pour le fait que ce soit des personnes distinctes, à part entière, c’est plus largement attribué à la multiplicité, mais on peut voir que les personnes faisant de la rêverie peuvent aussi le ressentir pour leurs personnages de rêverie. Sans forcément parler de conscience, on peut tout à fait les percevoir comme des personnes indépendantes.
Pour le fait de ne pas réaliser faire partie du même corps, c’est très largement attribué à la multiplicité, où des alters peuvent ne pas avoir conscience d’être un système, mais ça peut aussi être le cas pour des personnages de rêverie qui, finalement, n’auraient pas conscience non plus d’être dans la tête de quelqu’un, par exemple.

Dans le même style, ne pas savoir en quelle année on est. Ça arrive beaucoup à des alters, mais ça peut aussi être le cas pour des personnages. Si on ne leur donne pas la date, iels ne savent pas en quelle année nous sommes. J’ai personnellement du mal à comprendre pourquoi dans le tableau de l’étude cette donnée n’était pas cochée sur la rêverie. Les raisons sont différentes entre les deux, mais la condition peut tout à fait être remplie quand même.

Cette phrase était un peu particulière dans le tableau et je l’ai censurée parce qu’elle était un peu trash. Ces personnes/personnages pourraient “écarter” l’hôte et ne pas se sentir affecté·es. C’est largement attribué à la multiplicité, parce que les alters peuvent continuer de fonctionner quand même. Dans le cadre de la rêverie, je pense que ça diffère beaucoup selon si on parle d’un système ou non. Dans le cadre de systèmes, si l’hôte n’est plus, les rêveries peuvent continuer quand même, donc les personnages ne seraient pas affecté·es. Dans le cadre de singlets, qui n’ont qu’une identité, alors si celle-ci est “écartée”, la rêverie s’arrête et donc les personnages en seraient affecté·es. Je pense donc que ça dépend beaucoup du contexte !

Pour le contrôle exécutif du corps, c’est en très grande majorité attribué à la multiplicité, mais quelques personnes faisant de la rêverie répondent que ça peut aussi être le cas avec ces personnages. On reviendra là-dessus tout à l’heure, mais je pense que c’est lié au fait que des personnages de rêveries peuvent également être des alters.

Et pour les amnésies sur les périodes où d’autres avaient le contrôle exécutif du corps, c’est aussi très largement attribué à la multiplicité, avec un petit peu de réponses sur la rêverie.

On revient donc sur les personnages qui peuvent devenir des alters et on a posé cette question aux personnes faisant de la rêverie. On a eu 56 réponses. Majoritairement, c’est le cas, que ce soit un·e, plusieurs, peut-être que oui, c’est globalement affirmatif. Il peut arriver, pour des personnes déjà multiples, qu’en développant des histoires et des situations avec des personnages, celleux-ci finissent par acquérir leur propre conscience et devenir des alters, en évoluant au fur et à mesure. Mais ça peut tout à fait ne pas arriver, ou alors être un peu difficile de déterminer si c’était des alters avant la rêverie ou après.

Et à l’inverse, on a demandé si vos alters interviennent dans vos rêveries. On a eu 58 réponses. C’est en majorité plusieurs alters qui interviennent dans les rêveries, tout comme il est possible que plusieurs alters fassent des rêveries différentes en même temps, par exemple. Ça peut également arriver qu’il n’y en ai pas qui interviennent et que les rêveries se fassent exclusivement avec des personnages.

Pour la partie suivante, on a tout simplement posé les questions de l’échelle de la rêverie compulsive, créée par Eli Somer, notamment, afin de comparer les réponses des personnes faisant de la rêverie et des personnes n’en faisant pas. Chaque question est jaugée par tranche de 10 %. Pour avoir son résultat personnel, il faut additionner chaque résultat qu’on donne, puis le diviser par 16. Si le nombre obtenu est supérieur à 40, il y a des chances d’être concerné·es par la rêverie compulsive.
Je précise qu’étant donné qu’il y a beaucoup moins de personnes ayant répondu ne pas faire de rêverie, leur courbe sera toujours plus basse, ce qui est intéressant à voir, c’est plutôt sa forme que sa hauteur.

“Certaines personnes remarquent que certaines musiques peuvent déclencher leurs rêveries diurnes. Dans quelle mesure la musique active-t-elle vos rêveries ?” Sur celle-là, on voit bien que les personnes faisant de la rêverie ont une courbe qui monte avec des pics à 20, 80 et 100 %, au contraire des personnes n’en faisant pas, pour qui la courbe diminue. Pour Eli Somer, la musique est un point important dans les rêveries, ses observations montrent que les personnes en faisant ont tendance à utiliser certaines musiques pour activer les rêveries.

“Certaines personnes ressentent le besoin de continuer une rêverie diurne si elle a été interrompue par un événement du monde physique. Quand un événement du monde physique interrompt l’une de vos rêveries diurnes, avec quelle urgence ressentez-vous le besoin de vous y replonger ?” Ici aussi, la courbe augmente plus pour les personnes faisant de la rêverie avec un pic à 80 %, mais c’est également légèrement le cas pour les personnes n’en faisant pas, avec un pic à 0 %, mais également à 80 %. On peut supposer que si rêvasser est agréable, c’est frustrant de se faire couper et on a envie de continuer à buller un peu.

“À quelle fréquence vos rêveries diurnes sont-elles accompagnées de bruits vocaux ou d’expressions faciales (ex. : rire, parler ou articuler des mots sans les prononcer) ?” Là encore, la courbe augmente beaucoup pour les personnes faisant de la rêverie avec un pic à 70 et à 100 % et chute pour les personnes n’en faisant pas. C’est un des autres points dont parle Eli Somer dans ses observations, les rêveries sont très très souvent accompagnées de gestes physiques, d’expressions faciales, de bruits, etc.

“Lorsque vous passez toute une période sans pouvoir rêvasser autant que d’habitude en raison d’obligations du monde physique, à quel point vous sentez vous en détresse ou affligé·e·s à cause de votre incapacité à trouver le temps de rêvasser ?” Ici, les deux courbes augmentent, vers les 60 à 90 %, sans trop atteindre les 100 %. Comme je disais, quand rêvasser est agréable, ça peut être frustrant de ne pas pouvoir trouver un peu de temps pour le faire. C’est aussi une forme de détente, de moment pour soi.
“Certaines personnes ont le sentiment que leurs rêveries diurnes interfèrent avec leur routine ou leurs tâches quotidiennes. À quel point vos rêveries interfèrent-elles avec votre capacité à réaliser des tâches basiques ?” Pour les personnes faisant de la rêverie, la courbe fait une sorte de cloche en restant en haut, plutôt entre 20 et 70 %, mais redescend. Les personnes ne faisant pas de rêverie ont une courbe inverse, avec un pic à 0 % et un petit pic quand même sur 70 %. La rêverie a un impact sur le quotidien, mais rarement un grand impact ici. On peut aussi noter la dissociation qui aurait aussi cet effet là.
“Certaines personnes se sentent affligées ou préoccupées par le temps qu’elles passent à rêvasser. À quel point vous sentez-vous affligé·e·s ou préoccupé·e·s en ce moment par le temps que vous passez à rêvasser ?” Globalement, les deux courbes sont hautes de base et se maintiennent, puis chutent sur la fin. La courbe des personnes faisant de la rêverie monte et descend, avec des pics à 0, 20, 50 et 80 %. C’est quelque chose qui peut être préoccupant ou non, selon le temps qu’on y passe, mais pas vraiment “très” affligeant ici.

“Lorsque vous savez que vous devez prêter attention ou terminer quelque chose d’important ou de compliqué, à quel point éprouvez-vous des difficultés à vous concentrer et à terminer cette tâche sans rêvasser ?” Ici, les deux courbes augmentent, particulièrement entre 60 et 90 %. Ca peut aussi être quelque chose qui arrive avec le TDA/H ou la dissociation, d’avoir du mal à terminer une tâche sans que le cerveau parte dans tous les sens.

“Certaines personnes ont le sentiment que leurs rêveries diurnes interfèrent avec les choses qui leur sont importantes. À quel point avez-vous le sentiment que vos rêveries interfèrent avec vos objectifs de vie ?” Ici la courbe des gens qui font de la rêverie fait une sorte de cloche avec un pic à 20 % avant de redescendre et la courbe de celleux qui n’en font pas se maintient globalement. Il peut y avoir plusieurs autres facteurs qui interfèrent avec les objectifs de vie et il peut aussi ne pas y avoir d’objectif de vie particulièrement. C’est assez compliqué pour pas mal de raisons et la rêverie compulsive peut en faire partie.

“Certaines personnes éprouvent des difficultés à contrôler ou limiter leurs rêveries diurnes. À quel point vous a-t-il été difficile de garder vos rêveries diurnes sous contrôle ?” Pour les personnes faisant de la rêverie, on a un pic à 20 % et à 60 %, avec un gros creux à 40 %. C’est la team des gens qui contrôlent et la team des gens qui contrôlent moins, ce qui peut par exemple être une différence entre la rêverie immersive et compulsive. Pour les personnes n’en faisant pas, on a un pic sur 0 % et une p’tite remontée entre 60 et 80 %, ça peut arriver d’avoir du mal à gérer où le cerveau veut aller.

“Certaines personnes sont dérangées lorsqu’un événement du monde physique vient interrompre l’une de leurs rêveries diurnes. Lorsque le monde physique interrompt l’une de vos rêveries diurnes, en général, à quel point cela vous dérange-t-il ?” Pour les personnes qui en font, la courbe augmente de manière stable. Pour les personnes n’en faisant pas, on a un pic à 0 % puis une augmentation vers 80 %. Comme on disait sur une question précédente, il peut être très frustrant de se faire couper dans une rêverie, comme dans une autre tâche où on passe du temps.

“Certaines personnes ont le sentiment que leurs rêveries diurnes interfèrent avec leur réussite académique/professionnelle ou avec leurs accomplissements personnels. À quel point vos rêveries diurnes affectent-elles votre réussite académique ou professionnelle ?” Pour les personnes qui en font, la courbe zigzague beaucoup avec des pics à 10, 30 et 70 %. Pour les personnes n’en faisant pas, on a un pic à 0 %, puis une augmentation entre 50 et 70 %. Là encore, ça peut aussi beaucoup dépendre de la situation personnelle. C’est difficile de mesurer un impact sur la vie professionnelle si celle-ci est déjà impactée par d’autres choses ou d’autres troubles.

“Certaines personnes préfèrent rêvasser plutôt que de faire quoi que ce soit d’autre. À quel point préféreriez-vous rêvasser plutôt que d’entrer en contact avec d’autres personnes ou participer à des activités sociales ou des loisirs ?” Ici, la courbe des personnes faisant de la rêverie augmente avec un pic à 70 %, celle des personnes n’en faisant pas se maintient globalement. Là encore, si la rêverie est plus agréable que les activités du monde physique, il est assez logique de la privilégier. Surtout si on a déjà des difficultés avec le social, par exemple.

“Lorsque vous vous éveillez le matin, à quel point ressentez-vous le besoin de commencer à rêvasser immédiatement ?” Pour les personnes en faisant, la courbe oscille un peu, avec des pics à 20, 40/50 et 80 %. Pour les personnes n’en faisant pas, la courbe a des pics à 0, 60 et 100 %. Ce qui peut s’expliquer, par exemple, par le fait d’avoir du mal à commencer sa journée et buller un peu avant de pouvoir se lever.
“À quelle fréquence vos rêveries diurnes sont-elles accompagnées d’activités physiques telles que faire des va-et-vient, se balancer ou agiter vos mains ?” Pour les personnes en faisant, la courbe augmente, avec une chute brusque à 40 % avant de ré-augmenter. Pour les personnes n’en faisant pas, la courbe baisse à partir d’un pic à 0 % avec une légère augmentation à 90 %. C’est un des points importants dans les recherches d’Eli Somer, les rêveries immersives et compulsives sont très souvent accompagnées de mouvements physiques.
“Certaines personnes adorent rêvasser. Lorsque vous rêvassez, à quel point trouvez-vous cela réconfortant et/ou agréable ?” Ici, les deux courbes augmentent, ce qui peut faire le lien avec des résultats précédents. Pour beaucoup de personnes, la rêverie apporte du positif, un univers réconfortant et où il est plus agréable d’exister. Ce qui rend frustrant les moments où le monde physique vient couper ces rêveries.

“Certaines personnes trouvent compliqué de maintenir leurs rêveries lorsqu’elles n’écoutent pas de musique. Avec quelle ampleur vos rêveries dépendent-elles de l’écoute continue de musique ?” Et ici encore, les deux courbes ont la même forme, un pic à 0 % avec de redescendre, avec un petit pic vers 50 à 70 %. Cette question fait un parallèle avec la toute première, sur l’impact de la musique dans les rêveries. Pour Eli Somer, la musique active les rêveries (ce qui correspond avec les réponses à la première question). Ici, pour les personnes ayant répondu, la musique n’est pas nécessaire pour la rêverie, quand bien même elle peut les activer plus facilement.

Et on avait laissé une partie libre !

  • L’aphantasie, qui est l’incapacité de produire une image mentale, peut entraver la rêverie. Ne pas visualiser, “imaginer” quelque chose de visuel, peut effectivement amener à ne pas pouvoir se construire de rêverie. Il y a peut-être, cependant, d’autres manières de rêvasser sans pour autant visualiser d’image mentale, peut-être avec des sensations physiques ou d’autres sens.
  • La prise de conscience peut avoir un impact sur les rêveries. Sur ce témoignage, avant la prise de conscience, les rêveries étaient un moyen de communiquer avec les alters et/ou de se retirer du monde physique, ce qui peut aboutir à une dépendance. Vient ensuite la réalisation que les rêveries étaient en fait une part de l’inner, une part du vécu des alters, pour se stabiliser et devenir quelque chose de quotidien, qui ne crée plus vraiment de dépendance. Il est même possible de se créer des paramètres, des scénarios, de demander aux alters qui voudraient participer, pour les “emmener en aventure”, en quelque sorte, ce qui permet de mieux gérer ce qui se passe dans les rêveries.
  • Les rêves lucides sont finalement aussi une forme de rêverie ! C’est le fait de pouvoir contrôler ses rêves lorsqu’on dort. Finalement, c’est une rêverie… dans un rêve. On aurait pu faire une question là-dessus, pour savoir si les personnes faisant de la rêverie font aussi des rêves lucides, mais on y a pas pensé. (En tout cas, nous personnellement, c’est pas le cas. On a essayé pendant des années sans succès…)
  • Pour certaines personnes, les rêveries peuvent ne pas impacter le quotidien en trouvant un temps pour. Ca peut être, par exemple, le soir avant d’aller se coucher, de se réserver un temps pour ça et éviter que ça impacte le reste de la journée. Un peu comme le fait de repousser la dissociation pour le faire à un moment qui aurait le moins d’impact.
  • La rêverie peut être une forme d’échappatoire du quotidien, une façon d’échapper aux traumas et à la réalité partagée qui peut être invivable. Les rêveries peuvent offrir un cadre beaucoup plus accueillant et positif, c’est ce qui peut rendre ça problématique pour certaines personnes, ce côté “mieux que le monde physique”.
  • Les alters peuvent aussi avoir leurs propres rêveries, ou ne pas en faire, c’est quelque chose qui peut être individuel ou global. Et iels peuvent aussi avoir un résultat différent sur l’échelle utilisée tout à l’heure, par exemple.
  • Les rêveries, tout comme les évènements de l’inner, peuvent influencer sur le corps. Fatigue, migraine, épisode dépressif, etc etc.
  • Ca peut être quelque chose qui est là en permanence, on peut se lever avec la rêverie, se coucher avec, intégrer des évènements du monde physique dedans. Tout comme ça peut être quelque chose de très situationnel, par exemple refaire une discussion avec quelqu’un, imaginer qu’on obtient quelque chose dont on rêverait, etc.
  • Les rêveries peuvent se passer dans l’inner. Comme il s’agit d’un monde intérieur, c’est là où vivent les alters, mais ça peut également être là où se passe les rêveries. Pas forcément aux mêmes endroits, ça peut être des lieux séparés ou pas du tout. Il arrive de confondre inner et rêverie parce que les rêveries peuvent tout à fait se passer dedans.
  • Le TDA/H, par exemple, peut influencer sur les rêveries, dans le sens où le cerveau peut basculer d’une seconde à l’autre dans la disso ou dans la rêverie, par exemple.
  • Et il arrive que ça évolue. D’avoir fait de la rêverie compulsive en étant plus jeune et que ce ne soit plus compulsif au fil du temps ou même de ne plus en faire du tout, voire l’inverse. Ce n’est pas quelque chose de figé dans le temps et ça peut tout à fait changer. Refaire la même échelle dans quelques années peut donner des résultats bien différents.

Voila ! On voulait faire cette vidéo parce qu’on a découvert les rêveries immersives et compulsives peu après notre prise de conscience et c’est un sujet qui nous a énormément intéressé·es. On se demandait beaucoup si finalement, notre multiplicité n’était pas juste de la rêverie, par exemple. La frontière entre les deux peut être vraiment fine, voire même inexistante, ça n’en reste pas moins une expérience légitime. Vous pouvez avoir un système avec uniquement des alters qui étaient des personnages de rêveries, ça existe. Vous pouvez aussi avoir un inner construit uniquement via les rêveries, ça existe aussi. On vous mettra les liens des différentes études et de l’échelle de rêverie, si ça vous intéresse !
Merci à vous d’avoir regardé, on espère que ça vous aura plu. Portez-vous bien !

Session présentée par :

Atome (https://www.youtube.com/@atome.systeme)