Quelques ressources à trouver en soi(s) pour faciliter la communication intra- (et extra-) système.

Quelques ressources à trouver en soi(s) pour faciliter la communication intra- (et extra-) système.

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Transcription écrite :

[K] On peut peut-être commencer par se présenter. Vas-y, je te laisse commencer.

[E] Avec plaisir. Déjà, ça fait vraiment plaisir d’être là pour pouvoir parler d’un sujet qui nous, nous intéresse qu’est la communication intra et extra système. Alors nous, en externe, on est une femme de 50 ans, qui est maman de deux enfants de de 29 et 30 ans. Et cette femme a aussi un petit enfant qui a un peu moins de deux ans et on est connu comme voilà comme une femme de 50 ans et qui a une activité professionnelle indépendante où on fait de la prestation de service et également de la formation en communication non verbale. Et heu. Nous, on a choisi ce type de communication qui est plus aisé pour nous et c’est là et on fait de l’initiation, de la formation pour les couples, pour apprendre à communiquer par le toucher sans avoir besoin de se parler.

[K] Ok.

[E] Voilà et en interne, en interne, on est heu, un, deux sous-systèmes, fin’ y’a du monde. On est multiple et c’est une multiplicité qui s’est créée sur un trouble du synd…, un trouble autistique, un trouble du spectre autistique et en interne, on a aussi énormément de symptômes forts du trouble de la personnalité borderline.On a été aussi diagnostiquée•s de ça , mais ça peut se confondre aussi avec des symptômes forts de l’autisme. Donc voilà, ça, c’est des choses que l’on vit au quotidien et dans notre système. Alors déjà, je vais dire ce que c’était au démarrage parce que ça a beaucoup évolué,mais au démarrage. Voilà donc y’avait ce système traumatique, un système à côté et dans ce système traumatique, deux sous systèmes et un sous sous système. Et il y avait aussi un système dit conditionné ou programmé. Voilà ce qu’on est en externe et en interne. Et toi ?

[K] Du coup, moi, le nom que j’utilise sur internet c’est Kara. C’est pas réellement un nom de système parce qu’on en a pas, parce que parce que on s’en fout, mais Kara, ça nous convient à tous. On est aussi un système, on utilise l’étiquette plural. On est un système majoritairement trop jeune, mais pas entièrement le corps. À 30 ans, on est aussi autiste et on a des douleurs chroniques parce qu’on a le SED. On a aussi un lot de comorbidités liées un peu au trauma, avec des symptômes du trouble de la personnalité évidente par exemple, et beaucoup d’anxiété. Et du coup, dans la vie, on travaille plus et on occupe notre temps avec le fait de créer du contenu pour Partielles sur les réseaux sociaux et de vulgariser des infos à propos de la multiplicité. Plus précisément dans mon système. Du coup, moi, j’ai une prise de conscience en 2019, alors que je connaissais la multiplicité depuis longtemps et jusqu’à il n’y a pas si longtemps, je dirais un peu plus d’un an, je pensais qu’on avait trouvé. Je pense jamais qu’on trouve tous ses alters. Vous voyez le truc. Mais je pensais qu’on avait trouvé une majorité de qui on était. Sauf qu’en fait, il y avait un système parallèle à côté. Et donc j’avais trouvé que le sous-système dans lequel je suis, et pas le sous-système d’à côté. Et donc, vu que c’est un peu le sujet, on communique plutôt bien au sein du sous-système dans lequel j’appartiens, mais avec celui d’à côté beaucoup moins, et même entre eux, je ne suis pas sûr que leur communication soit aussi bonne que nous. Mais je ne sais pas. Je peux pas exactement dire pour eux. Voilà.

[E] Ah oui, puis je puis dire, nous, on s’appelle Emmanuelle – Rires – . Ça a peut-être son importance. Et on se genre, elle comme le corps, et fin’ voilà, on préfère garder le genre du corps et peu importe comment on se voit, nous de façon personnelle. Et Emmanuelle, c’est le nom du corps.

[K] OK,

[E] donc le système s’appelle comme ça.

[K] Et nous, on s’en fou n’importe. Pareil. Et du coup on a choisi ensemble de parler de la communication. Pourquoi ? Pourquoi ça vous intéressait la communication ?

[E] Alors, parce que la communication, c’est un peu le sujet de notre vie. -Rires – Parce qu’à la base, on s’est vite aperçu qu’on était nulle•s, fin’ qu’on était nulle•s qu’on avait vraiment des grosses problématiques là dessus. On en avait quand même conscience. L’enfant avait quand même conscience qu’il y avait euh petite fille, elle voyait bien qu’il y avait un mur entre elle et les autres et que ça allait dans les deux sens que parce que dans la communication, faut un émetteur récepteur. Et il y a eu quand même cette conscience qui avait quelque chose qui n’allait pas entre je reçois les informations ou j’en émet. Et il eu aussi le contexte éducatif qui a fait que, qui n’a pas vraiment permis de s’améliorer, d’évoluer dans ce domaine là, parce que le système a été élevé dans une communauté éclose avec une interdiction de communiquer, de sociabiliser à l’extérieur. Alors c’était plus subtil qu’une interdiction parce que l’enfant était scolarisé. Mais c’était des mises en garde tous les jours sur le fait que si l’enfant communiquait avec des gens externes de la communauté, il pouvait contaminer et que bien un fruit contaminé dans le panier, il est détruit. Donc déjà, ça met déjà un conditionnement et un autre conditionnement qui était quotidien, qui était alors ça, qui était surtout sur tout le cycle maternel primaire Et bien, presque tout le temps, mais surtout sur maternelle et primaire. Ce rappel à l’enfant tous les jours avant qu’il aille à l’école qu’il fallait surtout pas qui s’attache aux enfants de l’école Parce que dans cette croyance, les gens qui ne font pas partie de cette communauté, allaient, allaient être détruits ! Donc en fait, c’est tout un ensemble qui a fait que en fait la communication est devenue, je je ne sais pas comment expliquer, comment ça, comment ça nous est devenue une évidence, que c’était une importance pour nous. Mais vraiment, à la base, on était pas, on était vraiment pas doués. Et il y a eu une date qui a été décisive pour le système. Ça a été une date qui n’a jamais été oublié. – Rires – Le 31 mars 1991, donc là, on remonte au siècle dernier dans le monde des dinosaures. – Rires – Parce que le système, donc là le système, avait, le corps avait 18 ans, il était dans ce contexte, cet environnement avec ce conditionnement sur le côté social et communication vers l’extérieur, plus d’ autres choses, mais bon, c’est pas le sujet la maintenant. Et ce 31 mars, c’était un dimanche, et le système à l’époque était composé de deux littles, deux ados dont la plus vieille avait seize ans, trois fragments traumatiques et à 7 h du matin, le système a été réveillé et on lui a dit à 12 h faut que tu sois parti. Donc en fait, il s’est trouvé. Le système s’est retrouvé dehors avec une incapacité de communiquer. En fait à la rue, que là, ça a été une journée de mutisme total parce que le système a même croisé des voisins sans être capable, ni demander de l’aide, ni quoi que ce soit. Et il y a eu un moment donné, il y a eu un souvenir d’une odeur de brioche parce que tout ça, ça s’est passé dans la ville de Tours. Et encore aujourd’hui, la briocherie existe toujours, et le système s’est rappelé de l’odeur des brioches qui était devant cette briocherie, qui était devant la gare. Et c’est comme ça que le système est parti à pied, plus de cinq kilomètres à pied pour bien aller vers là bas. Le système a attendu assis entre les murs de la gare, complètement dissocié et en face, ils ont commencé, le système a commencé à observer un groupe parce qu’à l’époque, c’est la mode des punks. Et devant cette gare, il y avait un groupe de punk qui faisait la manche, qui faisait un peu sa vie devant la gare et s’est trouvé qu’en fin de journée, une fille de ce groupe est venue bien voir cet enfant. Je pense que c’était une enfant et en fait a ramené le système dans leur squat. C’est comme ça que ça a été démarré le parachutage. Voilà. Et en fait, la chance, c’est que le squat était à côté d’une bibliothèque et que bon, le bon côté de l’éducatif, c’est que la seule activité qu’il y avait dans cette éducation, c’était étudier, de façon naturelle, en un système est allé à la bibliothèque chercher des livres pour étudier et pour comprendre qu’est ce qui se passe. Et c’est comme ça que, petit à petit, est venue cette passion, cet intérêt, cette recherche un peu surdimensionnée pour comprendre ce qui se passe. C’est quoi les gens là avec qui on est. Et là, on a découvert comment communiquaient les gens en dehors de la communauté, Les phénomènes de groupe, de meute. Enfin bon voilà. Et c’est en fait comme ça que le sujet de la communication est devenu un sujet, une passion de vie en fait.

[K] Ok.

[E] Et de ce sujet obsessionnel qui n’est pas encore terminé, on s’est passionné pour l’éthologie qui est bah les sciences du comportement. Donc à la base, on a commencé par l’observation des animaux en se demandant, en observant les animaux peut-être qu’on arriverait mieux à comprendre les humains. Donc c’est comme ça qu’on a évolué après, on s’est passionné aussi pour la sociologie et plus les études des relations sociales. Et après aussi tout ce qui est éthologie humaine où là, on fait le lien entre comment fonctionne un animal et là on voit que c’est le transfert sur l’humain. Donc c’est ce qui nous a beaucoup aidés dans la communication pour évoluer. Et puis c’est passionnant. – Rires –

[K] C’est vrai.

[E] Et vous ?

[K] Je pense que, je pense que comme vous, la base d’autisme fait que la communication c’est compliqué. Je ne sais pas exactement quand est-ce que je me suis rendu compte que je ne communiquais pas bien ou en tout cas que j’étais en décalage. J’ai un sentiment de très jeune de me sentir en décalage, mais je ne suis pas sûr que j’ai mis le doigt sur le fait que c’est parce qu’on se comprenait pas, parce que je ne communiquais pas bien et parce que je comprenais pas ce qu’on me disait. Tôt je ne suis pas sûr que c’était si clair. Et par contre, en grandissant, je pense qu’un des problèmes que j’ai eus au delà de ça avec la communication, c’est que j’ai grandi dans une famille qui a un peu fait miroiter que tout est négociable et tout est possible et que tout ça, tout, tout peut être expliqué et qu’on peut du coup parler tout. Sauf que c’est ça un peu faux et que c’est un peu… c’est un peu la façade elle le dit on peut tout dire et communiquer tout, et derrière, c’est un peu plein de gaslighting.

[E] Ouais.

[K] Et donc, je pense que déjà je comprenais pas grand chose, et je comprenais pas tous les trucs liés aux sous entendus ou ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas dire tu vois. C’est un truc qui est vraiment compliqué, encore maintenant.

[E] Ouais.

[K] Mais oui, ou en plus, enfin c’était pas clair quoi. Et donc, dans mes premières relations un peu plus profondes que juste des amitiés à l’école, ben oui, je n’étais pas, je n’étais pas très bon quoi. – Rires – Parce que je ne sais pas en fait. J’avais envie de justice, mais j’avais difficile à me remettre en question ou à comprendre parce que, je pense que je te dis c’était basé sur ça, parce que on m’avait fait croire qu’on se remettait en question alors qu’en fait c’était du flan et donc j’avais pas bien compris comment faire quoi. Et donc je résolvais les conflits par la fuite et juste je m’encombrais pas plus quoi. Je communiquais avec des gens, ça devenait un peu plus profond comme relation, il y avait un seul couac et juste je me barrais. Ça va vraiment mieux depuis pas si longtemps que ça enfaite. Ça va vraiment mieux depuis que je connais Epsi et qu’on a ensemble appris à, appris à comprendre mieux comment on communiquait ensemble et du coup à pouvoir généraliser à plus large que nous après. Mais on se connaît que depuis 2014, donc ça fait pas si longtemps, presque dix ans.

[E] On s’aperçoit que c’est un chemin qui prend du temps.

[K] À fond.

[E] Entre ce qu’on apprend, les prises de conscience, le temps d’intégration de l’information, le temps que ça descende dans le système. – Rires –

[K] Oui c’est ça.

[E] Et il y a ça aussi, parce que des fois nous on peut prendre conscience, on va dire à en surface, qu’il y a un problème de communication ou qu’on veut s’améliorer, mais après il faut le temps que tout ça descende et que tout le monde valide. – Rires –

[K] Oui, c’est ça. Et on n’est pas tous non plus… Enfin tu vois il y a un savoir, et ça ça va vraiment mieux, savoir comment… comment envoyer un message mieux, ça c’est ok. Mais comme tu disais, il faut aussi pouvoir le recevoir sans surinterpréter par exemple. Et ça c’est compliqué encore.

[E] Ouais.

[K] Tu vois de rester dans les faits et pas dans l’anticipation ou dans tous ces trucs qui viennent un peu se rattacher à des trucs style TPE, TPB, “ah si bidule a dit ça c’est que, voilà blablabla” et j’interprète que. Tu vois ?

[E] Ça c’est, oui c’est la question : comment on enraye un peu l’auto-pilotage ? Ça peut lié à ça, des fois c’est pas gagnant. – Rires –

[K] Ouais c’est ça c’est au fur et à mesure quoi mais…

[E] Mais bon c’est valable pour tout le monde. Traumatisé, pas traumatisé, singlet, pas singlet. Personne n’est né avec un doctorat en communication.

[K] Non et je ne suis même pas sûr que les personnes qui ont un doctorat en communication communiquent spécialement bien. Peut être que l’un n’empêche pas l’autre. Tu vois, tu peux être super-formé et quand même être nul. Je suis sûr qu’il y en a.

[E] Bien en fait, le fait d’apprendre et de se former, ça permet une adaptabilité. Parce que, au final, les choses se répètent. Dans la communication on s’aperçoit que c’est, on va… bon il y a la communication de groupe, la communication de négociation, la des communications affectives, il y a la communication thérapeutique… Et tout ça c’est de la technique. Donc au pire, les gens ont un doctorat, qui ont appris plein de techniques, ils peuvent s’en sortir parce que t’as appris la stratégie. – Rires – Enfin nous c’est ce qu’on essaye de faire. En stratégie, on s’en sort même si c’est pas fluide. Mais ça change rien que même un doctorant il se coltine l’auto pilotage comme tout le monde. – Rires –

[K] Et donc c’est un peu comme ça qu’a évolué votre communication, vous ? En appliquant des protocoles ?

[E] Nous pour l’externe, oui, alors pour l’externe, ça c’est sûr, ça a été en apprenant par l’observation et en lisant. En lisant, en apprenant, comment les gens se comportent en groupe, comment les gens se comportent dans la société, comment… En fait c’est en apprenant des trucs que là oui après on a réussi à mieux comprendre ce qu’on recevait. Quand t’as appris, par exemple par l’éthologie, dans un groupe, parce que nous on s’est beaucoup passionnés pour les animaux qui vivent en meute, et particulièrement le loup et le chien, donc en fait après tu t’aperçois que chez les humains c’est un peu pareil. Et quand t’as appris par observation à force d’entraînement, par exemple tu arrives dans un endroit où il y a un groupe, eh bien après t’apprends, mais c’est pareil avec les animaux. Tu apprends vite leur comportement, à savoir qui sont les leaders qui sont les soumis. – Rires – Déjà pour quelqu’un qui a du mal à communiquer, si déjà face à l’interlocuteur, en apprenant à lire des signaux non verbaux, à plus ou moins, avoir plus ou moins idée des autres, déjà pour nous ça aide. Donc du coup dans le cerveau on se dit bon, on suppose que notre interlocuteur est dans cette catégorie, ou voilà. Après il y a une autre lecture des signaux que ça on a appris avec l’éthologie sûr ce qu’on peut ressentir, plus on s’entraîne, plus on arrive à être à ce point rapide : est-ce que l’interlocuteur qui me semble être dans cette catégorie, est ce qu’il a l’air nerveux ? Est-ce qu’il a l’air en joie ? Voilà, voilà. En associant tout ça et avec ce qu’on a appris, eh bien on a appris que si, en fait un schéma qui se crée dans notre tête, si c’est quelqu’un qui est à tel poste dans la hiérarchie et que là les signaux non verbaux te montrent les signes qu’il est dans cet état émotionnel ou que ça, eh bien là tu vas chercher le dossier où il y a marqué ‘comment communiquer avec quelqu’un qui est dans la hiérarchie et qui est énervé’ par exemple. – Rires –

[K] OK.

[E] Bon ça ne marche pas à tous les coups. Mais c’est comme ça que pour l’externe on a évolué. Mais tout en sachant que quand même, à la base, si on peut fuir ou trouver une stratégie de fuite, c’est ce qu’on va essayer de mettre en avant en premier. Et si on n’a pas le choix, parce que dans la vie des fois il faut négocier, il faut communiquer, faut… Des fois on se retrouve avec des situations ou il faut même organiser des réunions de groupe. Enfin voilà il faut faire pas mal de choses donc ça ça aide. Et après, pour l’interne ce qui a aidé dans la communication, ça a surtout été des prises de conscience. Ça n’a pas été de la technique qui nous a aidé, même si on s’en sert. Alors ça, on peut s’en servir tant que tout le monde n’est pas au courant de la technique, sinon ils nous voient arriver à quinze kilomètres. – Rires – Ça marche encore un peu. – Rires – Mais à un moment donné ne on pourra plus s’en sortir comme ça quand tout le monde sera informé de ce que là haut ils ont appris. – Rires – Ouais c’est plutôt oui des prises de conscience, sur nous mêmes et tout ça, qui nous ont vraiment permis de communiquer autrement entre nous. Et vous ?

[K] Bien ça me parle ce que tu dis, mais pas de façon cadrée quoi. Je pense que par l’observation je fais des choses intuitives de ce type, mais tu vois si je dois faire un parallèle avec les animaux, c’est un bon exemple. Par exemple, Epsi est très théorique comme personne et je sais qu’ils ont lu plein de choses sur, sur les signaux d’apaisement des chiens, et du coup leur lecture est claire. Elle est basée sur des faits du : j’ai appris telle chose et maintenant je peux m’en servir comme ça. Et donc un peu comme vous. Que moi je peux dire : à force d’observer oh, mon intuition me dit que, mais je ne sais pas. Tu vois, je n’ai pas… Je ne passe pas ce stade de joindre la théorie à la pratique intuitive que j’observe. Et c’est en ça que, par exemple dans la vie, on est très complémentaires parce que je peux leur dire “J’ai l’impression que” et ils me disent “Oui, j’ai lu un truc à propos qui dit que”

[E] – Rires – Et qui prouve que ce que tu…

[K] Voilà c’est ça.

[E] Que ton intuition est juste.

[K] Ouais du coup, mais même si les infos je les ai lu, tu vois par exemple si tu reprends des trucs sur les chiens j’ai lu plein de trucs dessus, mais ça ne se connecte pas en temps réel. Mais ça m’aide d’avoir des connaissances théoriques, si je refais les scènes dans ma tête quoi, si je me dis “Ah. Il s’est passé ça nana”

[E] Oui.

[K] Mais on dirait que non, je ne sais pas faire comme toi de savoir dans quel cas je dois aller chercher un dossier. Moi on dirait que je fais “ahh il faut que je fasse quelque chose”, et je le fais. – Rires –

[E] Je le sais si c’est quelque chose que j’ai pratiqué plein de fois.

[K] Ok.

[E] Sur une situation nouvelle, on va vite choisir la fuite parce que, soit la connexion avec la bibliothèque est coupée et que “ahh qu’est-ce qu’on fait”. Mais c’est le fait des fois d’avoir répété, répété, répété, répété, répété… C’est comme là tu parlais d’observation des chiens et des signaux non verbaux, c’est de l’entraînement. C’est à force de t’entraîner et de voir le même signal chez, sans chien, que le truc après, il rentre dans une partie de la mémoire où là c’est acquis.

[K] Ouais.

[E] Enfin c’est comme ça qu’on, que je le vois.

[K] Ouais ouais. Non je suis d’accord, juste oui je, ouais je… Après je lis moins de théorie que sûrement toi et qu’Epsi par exemple. Et un truc qui m’a beaucoup aidé, pendant longtemps je n’arrivais pas à comprendre que tout le monde ne pensait pas comme moi. Ça a vraiment été un truc long. J’avais l’impression que si mes pensées allaient dans un sens, ça voulait dire que tout le monde pensait un peu la même chose ou que tout le monde était un peu capable de la même chose. Et bon, pas si clairement et pas sur des trucs énormes, mais je vais te donner un exemple assez concret : par exemple, ma mère, j’ai une relation correcte avec ma mère, et je lui disais “Mais, pourquoi quelque chose ?”, et elle me répondait toujours “Mais parce que j’aime ça.” Genre : “Pourquoi tu veux aller à tel endroit ?” “Parce que j’en ai envie.”, et je disais “Mais non, c’est pas une raison ça. Tu ne peux pas dire parce que j’en ai envie. Tu peux me dire parce que je vais y faire des courses, parce que c’est loin de mon domicile, parce que je vais…” Enfin tu vois moi j’avais besoin de raisons, et j’interprétais son “Parce que j’en ai envie”, par une non-envie d’être honnête et de communiquer avec moi, alors que non. C’est son système de fonctionnement que juste, elle ce qu’elle valorise, c’est ses envies et pas ses raisons.

[E] D’accord.

[K] Et, un truc qui m’a beaucoup aidé avec ça, même si c’est perfectible et que c’est juste un système comme un autre, c’est le MBTI. Et donc voilà. Lire les gens par leur MBTI, même si c’est restrictif et que c’est un outil et pas autre chose, moi ça m’a vraiment aidé à me dire : OK, non, moi dans les seize profils je suis là, et ma mère est là, et donc non elle ne le fait pas exprès, ou c’est pas de la mauvaise foi, ou elle ne pourrait pas faire un effort. C’est : Elle ne peut pas, juste elle est différente.

[E] c’est c’est, alors je valide ce que tu dis la pour le MBTI, même si c’est un sujet que moi je n’ai pas étudié. Mais je comprends le système, fin’ le principe et j’ai pu observer des gens aussi que ça, les aidait dans la perception d’eux mêmes et des autres justement, d’avoir cette forme de classification. Parce qu’au moins c’est clair, tu arrives à identifier au moins quelque chose et pas rentrer dans le processus. Je comprends pas pourquoi et pourquoi et pourquoi. Parce que c’est comme ça.

[K] Et ouais, ça m’a aidé. Oui, à connaître mieux ce qui était important pour moi et du coup à mieux voir pourquoi les autres pouvaient pas y répondre quoi. J’ai eu un peu ce genre de révélation aussi avec, même si pareil, tu vois ça un outil avec les langages de l’amour.

[E] D’accord.

[K] Tu vois, ça m’a fait pareil. Moi je comprenais pas des trucs, je ne sais pas quoi ce truc de rendre des services, ça me parlait pas. Et voilà le fait de me dire : ah ! Il y a des gens pour qui en fait, c’est sincère. Moi, j’avais l’impression que rendre des services c’était toujours pas sincère. C’est souvent ça mon problème, c’est J’ai l’impression que les gens sont pas sincères et du coup, j’écoute pas la façon dont ils communiquent et ce qu’ils ont à me dire parce que j’en interprète, voilà.

[E] Ouais mais t’as pas…

[K] Des outils comme ça, m’ont permis de dire : ok non, c’est pas que ce n’est pas sincère, c’est juste que c’est différent.

[E] Comme quoi, t’as vu tout ce qu’on apprend, ça aide.

[K] Ben oui !

[E] Plus on apprend, des choses pour mieux comprendre ce qui se passe autour de nous, ça aide à mieux se comprendre soi et à mieux communiquer. C’est tout un ensemble. La communication, ce n’est pas que des mots.

[K] Non.

[E] Heureusement.

[K] Et du coup, en interne, vous avez eu plein de prise de conscience, qui a aidé votre communication ?

[E] Oui, là, il y a eu des cycles de foison, de prise de conscience un peu successives. Alors il y en a commis des mois, voire des années, à être intégré, parce qu’il y a une grosse différence entre ce qui est perçu de façon intellectuelle et ce qui rentre vraiment dans la conscience. Ou là, c’est intégré – Rires – , digéré – Rires – et où elle vraiment on se l’approprie. Une des prises de conscience a été un électrochoc qui est parti à la base d’un exercice tout bête développement personnel qui était même pas basé sur la fin’, si un peu la communication. Mais c’était un exercice où il fallait faire la liste de tout ce qu’on n’avait plus envie de vivre en communication. T’sais toutes ces listes là qu’on fait là : je veux plus vivre ci, je veux plus vivre ça, parce que si tu sais pas ce que tu veux, déjà, tu peux faire la liste de ce que tu veux plus. Et là bon bah, on fait la liste dans un cahier : on veut plus des cris, des hurlements, être insulté, enfin bref, tout ce qu’on a connu petit, ça on le veut plus, on veut plus, vit ça à l’extérieur et de cette liste est venue une prise de conscience alors qu’on c’est pas…. On s’y attendait pas du tout. C’est que du coup de là, on a réalisé que ce qu’on voulait plus vivre, c’est ce que nous on s’infliger au quotidien dans le système. Alors ça a été une claque et quelque part, c’était un début, un peu d’une guérison interne, parce qu’on on se positionnait beaucoup en tant que victime, que nos souffrances étaient des…on était victimes de ce qu’on avait vécu avant. Et cette prise de conscience. Bon, ça, c’est ça, c’est vrai, on peut pas le remettre en question. Mais cette prise de conscience sur nous-mêmes où là, on s’est rendu compte qu’on était au quotidien bourreau de nous-mêmes et que, avec une facilité déconcertante, on s’insultait, on se coupait la parole, on se hurlait dessus, on se disait des gros mots. Donc là, déjà, ouais, ça a été une prise de conscience qui a été le début d’un changement dans notre communication. Parce que quand tu prends conscience de ça, tu dis oula, déjà l’ego, parce qu’on ne veut pas se voir comme ça. Moi, personnellement, avant cette prise de conscience, je me considérais un peu comme quelqu’un de bienveillant – Rires – dans le système – Rires -. Mais quand je me suis moi même entendu parler dans le système ou penser de certains alters, je me suis rendu compte que pour quelqu’un qui dans la hiérarchie, de notre propre hiérarchie, va au front, a ce rôle bienveillant et patati patata. Et bien moi, dans le lot, j’étais pas du tout épargné et que j’étais responsable de traumatisme et de douleurs dans le système par la manière dont j’ai traité le système. Mais après il y en avait pas un pour rattraper l’autre, sauf bah certains qui étaient victimes de nous, et qu’on les a plongés dans le mutisme aussi par notre comportement. Après, il y a eu d’autres prises de conscience. On en a parlé tout à l’heure. La prise de conscience sur l’impact de l’auto pilotage, parce que alors nous, on apprenait plein de trucs après dans, l’idée que si on pratiquait la bonne technique, on serait toujours parfait.

[K] – Rires – D’accord.

[E] – Rires -, pourtant l’autopilotage on le voit, mais pas formulé comme ça en éthologie. Parce que l’animal, lui, il est toujours en auto pilotage : attaque, fuite ou élan tu vois ? – Rires –

[K] hum – Acquiesce –

[E] J’ai l’élan d’aller vers, j’attaque ou je fuis. Et en fait, cette prise de conscience, elle est venue en faisant une thérapie, ce qu’on appelle les thérapies troisième vague qui était avec le Docteur Ducasse qui est chercheur sur le trouble borderline, c’était une thérapie de groupe. Et le fait d’un temps de cette chercheuse, cette personne scientifique, faire complètement le lien entre ce qu’on avait appris avec les animaux – Rires – et en nous expliquant : eh bien voilà, des fois il faut pas chercher à culpabiliser ou à faire quoi que ce soit, on a tous un mode auto pilotage, sauf que nous par rapport aux animaux il y a des émotions, enfin des pensées, qui se mettent en route. Et en fait, cette thérapie est basée sur tout ce qu’on peut mettre en place pour éviter d’arriver à ce stade d’auto pilotage qui, dans la communication, peut être catastrophique. Parce que l’auto pilotage en général, c’est le paradis du drame. – Rires –

[K] C’est vrai.

[E] Donc ça, ça a été quand même une grosse prise de conscience, alors on est pas du tout parfaits là dessus. Il y a eu aussi cette prise de conscience sur l’importance de la communication non verbale, être un système basé sur les émotions. Alors ça, c’était un mélange avec, alors pendant un temps, on s’est passionnés par les travaux de Marshall Rosenberg. Qui est un docteur en psychologie, qui est né en 1934 je crois. Et c’est un docteur en psychologie qui a voué sa vie sur la communication. Parce que lui, dans son idée, alors nous on a trouvé ça passionnant parce que déjà c’est un gars qui est né en 1934, c’est dans un autre contexte.

[K] hum – Acquiesce –

[E] Il a vécu les deux guerres mondiales, il a vécu la sortie des années 30, c’était quand même… il y avait beaucoup de chaos à cette époque là. Et lui dans son idée, il pensait que le problème entre les patients et les soignants, c’était dans le fond un problème de communication, et que la problématique pour le patient lui-même, c’était un problème de communication avec lui-même et autrui. Et en fait il a basé ses recherches sur la communication. Donc évidemment on a plongé dedans. – Rires – Le fait d’étudier les travaux de cette personne là, où lui tout est basé sur l’empathie, trouver le chemin empathique avec son interlocuteur, qui peut être soit. Et aussi une philosophie basée sur le dialogue empathique. Alors là, du coup, nous qui à la base, on était basés que sur de la stratégie. Là ça a été aussi une prise de conscience pour s’ouvrir vers une autre forme de communication. Et du coup on s’est assez bien reconnus là dedans. Et en plus, la façon de Marshall Rosenberg de voir les multiples facettes de la personnalité, la possibilité que le patient puisse communiquer avec lui-même, avec toutes les parties de lui. Cette philosophie basée sur : quand quelqu’un nous parle, en fait il est en train d’exprimer un besoin, donc d’essayer d’être à l’écoute du besoin de l’autre. Enfin voilà, c’est tout un tas de stratégies, de nouvelles façons de communiquer qui nous ont beaucoup aidés, nous, dans l’évolution du système. Pour le système, nous ce qui nous aide le plus, c’est de trouver le lien empathique. Et puis ça, il y a eu l’observation là qu’on s’apercevait qu’on était quand même pas cools Les gens entre les autres. Il y a eu la prise de conscience sur l’existence de gangs à l’intérieur du système. Donc là, côté communication, c’était un peu une catastrophe. Mais il fallait en prendre conscience pour qu’on puisse s’améliorer. Donc nous, déjà, il y avait le gang de nous, le système Emmanuelle, et eux, les programmés. Donc déjà tant qu’on était dans ce schéma on pouvait pas trop avancer. Y’avait, on a un sous-système composé de tulpas, donc il y avait le gang, nous les cartésiens, moi y compris, et eux les fifous. – Rires – Mais quand on a un alter qui front, et qui nous dit qu’il vient de Sirius, qui nous raconte des trucs de galaxies et tout ça… Nous, pour nous hein, maintenant ça va mieux mais il y a eu une période où pour nous c’est insupportable, on n’en voulait pas d’eux. D’ailleurs, au psy on arrêtait pas de lui dire : mais eux, ils viennent pas de chez nous. – Rires – Donc tant qu’on était dans cette perception de gang, nous et les autres, déjà on pouvait pas trop évoluer.

[K] Oui. – Acquiesce –

[E] On avait des sous-gangs – Rires – On avait le gang des “les littles ils font ce qu’ils veulent” et les Super Nanny.

[K] D’accord. – Rires –

[E] Ah ba v’là les discussions… et on était en conflit tout le temps hein, parce que le schéma, que je voyais chez nous, mais que je vois aussi chez d’autres systèmes, le little qui passe sa vie à manger des bonbons, à fronter pour faire des achats compulsifs, nous on en avait une comme ça. Après bon bah c’est clair que quand ce genre de little front on vit vraiment un moment merveilleux. Mais rien ne change, quand il se passe ce genre de scène, qu’après on avait d’autres alters “tu te rends compte, la gosse elle a dépensé le loyer, il y en a marre”, “moi je vais encore avoir de la cellulite avec ses bonbecs”. Donc il y avait vraiment, voilà, plein de gangs. Et aussi, alors là c’était une prise de conscience qui nous a fait mal. C’était nous les “normaux” et les “malades mentaux”. Il y avait, on a pris conscience que dans le système il y avait de la psychophobie.

[K] Ok.

[E] Exemple, on n’est pas fier de nous hein, le nombre de fois où on a dit au psy que notre Reine, elle était perchée… Là, maintenant qu’on le réalise, on se dit bah il ne faut pas se plaindre qu’elle soit partie en dormance. Au bout d’un moment, quand un alter, il se fait traiter de fifou, de… enfin bref ou qu’il est pas accepté dans le système, c’est un peu comme dans une meute hein, si tu veux chasser quelqu’un tu y arrives. Donc voilà, c’est un tas de prises de conscience qui ont fait évoluer en communication. Mais ça a démarré par des claques personnelles. Se voir exactement tel qu’on était en interne et qu’on était pas des anges, même ceux qui pensaient être les plus gentils.

[K] J’entends que c’est intuitif de culpabiliser et, tu vois quand tu dis “tu m’étonnes qu’elle est partie en dormance”, mais à côté de ça, rien que tout ce chemin qui est fait, il est tellement impressionnant et tellement grand et, je comprends d’où vient ce sentiment de culpabilité, mais à mon sens c’est ok quoi, ça se voit que vous avez fait, à partir du moment où vous en avez eu conscience, le meilleur pour faire mieux.

[E] Oui, oui, oui, il ne faut pas, c’est pas la peine de culpabiliser. C’est pas parce que tu prends conscience… on traverse toujours une phase euh, parce qu’on est pas fiers de nous, mais faut se servir de ça pour évoluer. C’est comme un état des lieux en fait. Et puis si t’as envie, une fois que tu as fait l’état des lieux, tu peux continuer à vivre dans une maison croulante, tout le monde a le droit. Comme on peut se dire, bon bah pas par pas je vais essayer d’améliorer les choses, pour pas rester comme ça quoi.

[K] Et nous du coup… Mais c’est comique qu’on parle de ça maintenant parce que, genre ça a été une révélation il y a deux jours, c’était peut être même hier ?, non c’était il y a deux jours. Je me suis rendu compte qu’il y avait vraiment une différence, pour résumer en un mot, d’indulgence vis-à-vis de ma communication à l’extérieur et à l’intérieur. Donc voilà, du coup comment elle est notre communication en interne : elle est plutôt fluide, et elle est plutôt bonne, et elle est plutôt sans jugement et vraiment bien. Je pense qu’un des trucs qui nous a préservés de ça, c’est le fait d’avoir été dans le déni longtemps et d’avoir une prise de conscience dans un contexte où la multiplicité était quelque chose de cool et d’accepté. Donc nous on connaît Epsi depuis 2014, et donc on connaît le fait qu’ils soient multiples depuis 2014. Et, pendant longtemps, juste on a appris à connaître leur système et voilà, et on s’est posé la question de savoir si nous aussi on était multiple, et la réponse était “Euh non, je ne vois pas du tout ce qui aurait pu m’arriver dans ma vie, moi je ne suis pas comme ça”. C’était faux. – Rires – Et du coup, quand moi j’ai commencé à prendre conscience en 2019 qu’on était plusieurs, c’était OK. Je ne suis pas passé par ce truc de me dire “Est-ce que je suis folle ?”, “Est ce que je suis possédée ?”, “Est ce que…” quoi que ce soit de négatif et basé sur la peur que, par laquelle plein de systèmes passent. Parce que j’étais directement entourée et acceptée dans le fait qu’être multiple, ce n’était pas un truc… en fait que c’était un truc. C’était ni grave ni pas grave, c’était juste un fait possible. Et donc, je sais que dès les premiers jours qu’on s’est dit “Peut être on est plusieurs”, on s’est directement parlé et on a essayé de communiquer en pensée, alors qu’Epsi ne le faisait pas à ce moment-là. Et donc c’est moi qui leur dis “Mais tu leur parles ?” et elle dit “Non, parfois ma protectrice me parle mais moi je ne réponds pas, ça me fait peur, je ne sais pas.”, je dis “Ah bah essaye parce que, moi ça marche”. – Rires – Et du coup, ‘fin voilà, vu que je n’avais pas de peur et d’appréhension, j’ai osé tester des trucs qui au final fonctionnent pour eux et qui maintenant, enfin qu’ils font depuis super longtemps.

[E] Ouais.

[K] Mais juste, il y avait cette peur, tous ces trucs intériorisés et voilà, je n’ai pas eu. Et donc non, j’ai tellement plus d’indulgence et de remise en question et de capacité à concilier en interne qu’en externe, depuis le départ. Et, après je te dis pas qu’il n’y a pas des couacs, ce n’est pas parfait et tout rose. Mais on n’a pas de problème, par exemple de little qui dépense l’argent du loyer. On dit “Oh, est-ce que, est-ce que tu voudrais acheter un truc ? Tu voudrais acheter ça ? Oui, ok, c’est dans le budget vas-y.”, ou “Est ce que je peux m’acheter ça ? Oui vas-y”. On n’a pas de truc excessif dans nos interactions en interne, et voilà. Je pense qu’une des raisons c’est ça, c’est le fait d’avoir, de s’être découvert sans peur. Et, vis-à-vis de l’autre sous-système, je pense que, c’est — je ne sais pas exactement si c’est que des filles mais c’est essentiellement des filles du coup je parle d’elles en “elles” au pluriel — je pense qu’il y a une conscience et une volonté de nous protéger depuis le départ. Et donc dans leur communication, elles sont très… elles sont là pour me rendre service. Enfin “me” au pluriel, “me” mon sous-système dans lequel je fais partie.

[E] hum – Acquiesce –

[K] Et donc voilà. Et moi, au début, quand j’ai pris conscience qu’il y avait un autre sous-système, ça a été un peu… Il a fallu un peu de temps avant que ça match et que, tu vois, on soit sur la même longueur. Mais ça a quand même été assez vite par rapport à plein d’autres systèmes que je connais. Pour tout ce que en extérieur, non, non, je galère quoi. J’arrive pas bien encore à, et encore c’est un “je” mais qui comprend plusieurs personnes. Il y a plein de trucs que je gère trop bien en interne, de dire… J’arrive beaucoup mieux à m’excuser en interne qu’en externe par exemple. Tu vois, genre si quelqu’un dans mon système fait un truc avec lequel la majorité n’est pas d’accord, ou un truc excessif, ou réagit mal, eh bien c’est beaucoup plus facile de revenir sur la situation, d’en parler, de s’excuser,

[E] Oui

[K] de s’expliquer. Tu vois, de régler l’histoire le mieux. Que en externe moins, j’ai beaucoup plus de réactions de fuite ou de tendance à m’énerver ou de choses comme ça.

[E] Je valide, nous c’est pareil. C’est beaucoup plus facile en interne qu’en externe. Parce que c’est pas parce qu’on essaye d’appliquer par cœur des stratégies ou des trucs que c’est facile. Et pareil, comme toi, moi j’avais le choix A : la fuite – Rires – si vraiment j’ai pas le choix. Alors que dans l’interne il peut y avoir des fois des conflits. Par exemple, en externe, je me retrouve devant quelqu’un qui est effondré, qui pleure et tout ça. Et bien je vais vite passer par une phase de flottement ou du coup comme ça va titiller l’émotionnel… Dès que ça sort du cartésien ça devient compliqué. Tu vois, la communication cartésienne ça va, mais après si il faut y mettre de l’émotionnel et tout ça, oh bah là… Voilà, après t’as fuite. – Rires – Et je pense à un truc, parce qu’en ce moment, on est en train de réaliser un truc. Il y a une chose qui, chez nous, et comme pour beaucoup de personnes hein, le mensonge externe, que quelqu’un nous mentent ou tout ça, c’est quelque chose qui est vraiment difficile à encaisser même si, intellectuellement, on peut comprendre pourquoi. Mais ça crée un fossé. Parce que dans le fond, on comprend pas pourquoi. Par contre, nous, on est des menteurs. Nous, en ce moment on est en train de réaliser tout ça. Nous, qu’est ce qu’on mythone… Tout ça pour justifier qu’on ne voulait pas communiquer ! – Rires –

[K] hum – Acquiesce –

[E] Donc, du coup bah ça c’est une prise de conscience, bon qui n’est pas très très grave. Mais parce que là, c’est parce qu’il y a eu un petit truc là ces derniers temps avec quelqu’un qu’on connaît, où on a vu bon qu’il n’avait pas vraiment dit la vérité, bon ça va se calmer tu vois, mais pour l’instant un peu chiffonnés. Mais à côté, on met en parallèle, ouais mais nous si on met en parallèle le nombre de fois où on ment… Parce que, plutôt que de dire pourquoi on ne veut pas communiquer ou pourquoi on annule un rendez-vous ou pourquoi ça, on raconte, les pneus ont dû crever 150 fois dans l’année… tu vois ce que je veux dire – Rires –

[K] Ouais. Tout à fait oui. Et, ça a d’ailleurs été un de nos problèmes au départ dans notre relation parce que, comme toi et comme moi, ils sont très clairs sur le fait qu’ils n’aiment pas le mensonge, et du coup ils ont un peu mis une double contrainte qui a un peu mindfuck mon cerveau : je savais que, leur mentir c’était la pire chose qu’ils voulaient, et du coup, ils m’avaient renforcé dans le fait que si j’étais honnête avec eux il n’y aurait pas de mauvaise issue, ils sont honnêtes et clairs. Mais à côté de ça, moi je connaissais pas d’autre moyen que le mensonge pour m’en sortir. Et donc,

[E] Ouais.

[K] dans des situations, je savais que je n’avais pas le droit de mentir parce que ça allait les blesser, mais je n’étais pas capable de dire la vérité parce que je l’avais jamais fait. Et du coup ça a vraiment été un long moment de tension, juste parce que je n’avais pas encore trouvé que juste, si, dire la vérité c’est ok. Et non, ça ne veut pas dire que ça va mal se terminer. Parce que j’avais ce truc de, on me pousse à dire la vérité, mais en fait c’est toujours pour se retourner contre moi au final. Parce que j’ai grandi dans un truc qui ressemblait à ça, où on te pousse à être honnête pour en fait utiliser des faiblesses.

[E] hum – Acquiesce –

[K] Et voilà. Et vraiment ça a été des années comme ça où je disais : “Tu ne veux pas que je te fuis parce que t’as pas envie que je te fuis”, et c’était vrai, “Tu ne veux pas que je te mente et juste, moi je ne sais pas ce que je dois faire.” Et c’était si triste parce que juste ce que je devais faire c’était : être honnête. Et ça semble si facile mais non, c’était long et dur.

[E] Je te suis dans ce que tu dis là, dans ton expérience, dans ce que tu vis là dans ta vie. Parce que moi, là, depuis que, du coup je communique plus depuis quelque temps avec des gens qui ont des troubles, soit autistiques ou autres. Et bien par contre avec eux, j’arrive à pas mythoner.

[K] hum – Acquiesce –

[E] Déjà c’est préférable que je dise la vérité plutôt que je sorte un mytho pour m’en sortir, mais je sais que je suis face à des gens que si je leur dis “ben tu sais quoi là franchement j’ai pas les moyens”, j’ai pas les moyens d’assurer leur rendez vous, j’ai pas les moyens de faire autre chose. Eh bien je sais que eux, vont pas essayer de me forcer. C’est une forme de fuite hein le mensonge. Et qu’on a vraiment envie d’évoluer là dessus, de moins mentir en externe… Allons alors nous en interne on ne se ment pas parce que, on est quand même plus ou moins, sauf ceux qui sont pas au courant mais, si quelqu’un est pas au courant on voit pas l’intérêt d’aller vers lui pour lui raconter un truc qui est faux. Entre nous, on n’a pas besoin de se justifier, si ça ne va pas, ça ne va pas. Voilà.

[K] C’est ça. Et maintenant ça va vraiment bien et ça s’est étendu à plus de connaissances, mais ouais les premières années c’était vraiment vraiment compliqué.

[E] Et bien c’est vraiment bien qu’on a abordé ce sujet du mensonge, parce que c’est un point phare dans la communication. C’est un point phare et un point sensible, et c’est difficile de parler de communication sans parler du mensonge.

[K] À fond, et c’est tellement lié à la culpabilité.

[E] Oui, oui, la culpabilité. Et puis c’est aussi dans le fonctionnement pour cacher les troubles.

[K] Oui bien sûr.

[E] Donc on se retrouve… c’est un mode de fonctionnement, donc après ça peut être difficile, bon quand on en prend conscience après c’est… Je trouve que ça c’est le truc le plus difficile d’en sortir. D’arrêter de mentir aux gens comme excuse, de trouver une excuse bidon, plutôt que dire que je n’ai pas les, qu’on n’a pas les moyens. Qu’on n’a pas les ressources… Ça viendra ! – Rires –

[K] Ouais ouais, vraiment dans mon expérience, plus je vis avec des gens qui comprennent sincèrement et plus le mensonge a diminué. Ce qui est ce qui augmente le mensonge, c’est de savoir ou de supposer, à juste titre ou pas, que ta vérité ne sera pas reçue et que ton excuse sera mieux perçue.

[E] Parce qu’on s’aperçoit que c’est possible.

[K] Et il y a encore des fois où je mens, les relations que j’ai depuis avant ce genre de prise de conscience, ça m’arrive encore de mentir, mais pour des trucs bêtes et Epsi me dis “Mais, tu pouvais dire la vérité là” et je dis “Bah tu sais quoi j’avais même pas vu”. Tu vois des trucs genre, j’ai très trucs de : si je suis en retard, je dis que c’est pas ce qui m’est arrivé un truc.

[E] Oui – Rires –

[K] Genre “Oui oui j’ai une demie heure retard, mais c’est parce que il m’est arrivé tel truc avant de démarrer”, non c’est pas vrai, juste j’étais à la bourre. Mais, et elle me dit “Mais tu sais tu pouvais dire la vérité, je suis sûr il aurait compris” et je suis là “Ah ouais j’avais pas fait attention”. Genre ça sort spontanément quoi.

[E] Ah bah, oui. C’est un auto pilotage en mode conditionné.

[K] C’est ça.

[E] C’est, ça me parle hein, moi j’ai fait que mytho… Alors maintenant on ne mythone plus, là on a fait des progrès, c’est que là si on mythone encore c’est pour pas dire qu’on ne va pas bien. Mais on ne fait plus de mythonage, parce que ça on a commencé petits, parce que les gens, le peu que tu communiquent avec eux ils veulent savoir comment ça se passe chez toi. Donc en fait petits, pour peu qu’on devait expliquer quoi que ce soit ou, comment ça… “c’est qui tes parents” ou voilà. Parce que des fois il y a quand même eu de l’altération sociale avec d’autres enfants. Eh bien on racontait n’importe quoi. Et en fait après, c’est adultes qu’on s’est aperçu qu’on était des mythos, et qu’on mentait pour n’importe quoi. Tout le temps en mode camouflage en fait.

[K] Est-ce que tu veux parler de ce que ces prises de conscience ont changé ? Ou est-ce que tu l’as déjà fait ?

[E] Euh oui c’est presque fait hein, parce que, du coup ça… Bah déjà de changer de regard sur soi même, c’est subtil mais l’évolution elle se fait toute seule avec le temps. Alors nous, vraiment en changement ce que ça a permis, bah ça permis déjà la disparition des gangs. Ce qui est énorme. Donc évidemment, côté communication, quand c’est plus l’un contre l’autre, ça aide. – Rires – Ça a permis de faire disparaître l’euphorie de genre. Parce que ça, ça a été des années de souffrance de ce gang, nous les masculins, contre les deux filles. Donc le fait, voilà que ce gang là, qu’on rentre en empathie en fait, tout ça, ça nous a développé l’empathie. Alors déjà là, au quotidien, ne plus vivre l’euphorie de genre c’est énorme. Parce que ça, ça se rajoutait au stress, à l’angoisse, à… Bah tous ces symptômes qu’on connaît tous hein,

[K] hum – Acquiesce –

[E] qui gravitent autour des troubles. Et puis, oui, je pense qu’on a quand même fait le tour quand même de tout ce qui a changé. Et puis le fait aussi de comprendre, ça c’est en étudiant les travaux de Marshall Rosenberg, où lui il parle beaucoup de l’intention. De se poser la question, avant de vouloir communiquer, quelle est notre intention. Alors, avant on avait lu beaucoup de bouquins sur l’intention, mais on n’y comprenait rien. – Rires – Lui, la manière dont il l’aborde, ça a été facile pour nous de l’intégrer. Et ça, c’est un truc qui paraît bête, de se poser la question, quand on peut, s’il n’y a pas d’auto-pilotage – Rires – et que ça ne va pas trop vite, de se demander quelle est mon intention quand je veux communiquer avec quelqu’un. Alors ça c’est un truc qu’on a appris à intégrer. On a même fait une fiche sur le téléphone pour qu’on n’oublie pas notre intention quand on veut communiquer. Et en fait, le fait d’intégrer ça, ça nous a permis dans la communication, d’avoir une communication plus saine et de s’épargner tous les dramas. Parce qu’on s’est aperçu, que ce soit en externe ou en interne, le simple fait d’avoir intégré ça, de pouvoir soit se demander à soi quand on veut parler, ou quand un des nôtres, par exemple veut switcher et prendre la parole. Par exemple on a eu le cas il y a pas longtemps, on a évité un drama avec la belle-fille, qui est dans notre vie quand même depuis dix ans, qui est vraiment quelqu’un d’adorable, mais que, sur certains aspects, certains d’entre nous on est pas toujours d’accord avec elle, enfin bref c’est normal quoi.

[K] Ouais.

[E] Mais que, et là il s’est produit… c’était pas,un phénomène un peu trigger dans la conversation. Et là nous on a senti arriver un des nôtres, qui voulaient prendre la parole, et que lui si il commence il peut arriver en bataillon et que là, on peut vite arriver au drama. Et que, il y en a un de nous qui a eu la jugeote de lui demander “Quelle est ton intention ?”. Parce que là on est rentré dans cette conversation, on se voit hein, on était sur le canapé, elle est en train de parler, on est en train de, de cette phase déréa/déperso là, et là j’ai senti le coup arriver que j’allais perdre la voiture – Rires –

[K] Je vois le genre oui.

[E] Mais que je sentais que celui qui voulait prendre le volant, euh voilà, c’est clair. Et il y en a un de nous qui a eu l’idée de lui demander “Quelle est ton intention ?”. Et bien ça s’est écroulé d’un coup. Parce que là, on est beaucoup, maintenant, à avoir compris dans le système, si ton intention n’est pas de communiquer de cœur à cœur avec l’autre, tais toi. Si ton intention est de lui dire ses quatre vérités, là c’était le cas, de lui dire tout ce que t’as sur le cœur depuis dix ans, d’en découdre… Là, en plus on était face à quelqu’un qui est vraiment gentille et sensible elle n’aurait rien compris, ça aurait créé un drama familial, une culpabilité. Tu vois comme quoi, ce truc d’avoir pris conscience de “quelle est mon intention”, d’essayer de se poser la question avant de rentrer en communication, et bien ça économise.

[K] Et moi, dans le même style, je n’y arrive pas toujours et on n’est pas tous aussi bons pour y arriver mais, j’essaie de ne pas présumer d’intention négative aux gens avant d’en savoir plus. Tu vois, c’est un tout qui est très intuitif pour moi, c’est ce que je te disais, de avoir l’impression que les gens ne sont pas sincères ou qu’ils vont me juger ou des choses comme ça. Eh bien j’essaie d’enrayer ça en me disant : Non, là, je présuppose des intentions négatives, peut-être que ce n’est pas le cas, tant que je n’en sais pas plus c’est que c’est positif, et si c’est négatif ben, tant pis on agira en fonction mais, voilà. Ne pas être dans l’anticipation de “les gens ont une mauvaise intention”.

[E] C’est sûr parce que si t’as ça dans ton programme dès le départ, c’est pas évident. Parce que tu es déjà en mode fuite,

[K] Oui c’est ça.

[E] tu as déjà le pied soit sur le frein ou sur l’accélérateur avant d’avoir commencé quoi.

[K] Oui, voilà.

[E] Bien tu vois c’est bien de prendre conscience de ça.

[K] À fond. Et du coup oui, pareil… Après, moi il y a des gens dans mon système qui disent “mon intention est mauvaise, et alors ?” – Rires – Tu vois ? À la question “Quelle est ton intention ?” : “Elle est mauvaise et… je t’emmerde” – Rires – mais pas tout le temps. Genre “Est-ce que ce que tu veux c’est dire les quatre vérités ?” : Oui. “D’accord, est-ce que t’as conscience que c’est peut-être pas la chose la plus pertinente à faire ?” : Oui. “Ça ne change rien. Bon d’accord…” – Rires –

[E] “Tu veux y aller quand même ?” – Rires – Ah bah ça, je valide hein. Parce que nous, dans le système, il y en a qui sont pas du tout au courant qu’on a étudié plein de trucs. L’information n’est pas descendue. Et que là nous, là où on s’en sort, c’est en tant que récepteur. Parce que, on a toujours, euh voilà, dans le lot il y en a ils sont en mode auto-pilotage. Ils ne sont pas encore sortis de ce schéma auto pilotage. Alors, petit à petit, on arrive à plus ou moins prendre du recul sur ce mode auto-pilotage, mais bon dans le lot y’en a, bah comme certains fragments : c’est auto-pilotage. Et il n’y a pas ni “Quelle est mon intention”… Mais de toute manière ça va tellement vite que, – Bruitage – Speedy Gonzales, coup d’tête balayette – Rires –

[K] Et ça pour le coup ça va vraiment mieux aussi. On est vraiment plus dans la compréhension de se dire : OK, on n’est pas tous au même stade, on n’a pas tous les mêmes possibilités et c’est pas grave. Et de pas, pareil, réagir négativement à quelqu’un qui a réagit pas de la meilleure façon, ce qui fait aussi effet boule de neige quoi.

[E] Bah c’est surtout si on comprend pourquoi il l’a fait. Parce que même si la forme n’est pas futée, le fond, il y a sûrement un fond dans tout ça. Donc si on comprend ça, voilà, c’est quoi le stimuli qu’a lancé ce truc là ? Ou cette communi… ce genre de communication là ça aide. Après si on commence, si on reste le schéma à s’auto juger les uns les autres et à vouloir que tout le monde soit le premier de la classe en communication, bah on n’y arrivera jamais hein, c’est pas possible.

[K] Et, avec des gens proches et de confiance, un truc qui est possible aussi c’est de dire : ok, là il y a quelqu’un ou ‘je’ qui ai envie de dire des trucs, si c’est ok pour toi, juste que je te les dise pour vider mon sac, est-ce que ça te va ? Et un peu de demander le consentement à dire

[E] Ouais.

[K] des trucs qui dépassent l’entendement et la pensée, mais pour que ça sorte et que ça reste pas juste là à grandir silencieusement quoi.

[E] Alors ça, tu es en train de mettre le doigt vraiment sur un truc qui est essentiel, c’est le consentement. C’est un sujet qui est quand même populaire le consentement. Mais, souvent on y pense pas dans la communication. Ah oui, demander à l’inter… que ce soit en externe ou en, que ce soit voilà dans les deux sens, je valide. Demander le consentement, si la personne déjà elle est disposée OK. Parce que si on ne demande pas le consentement à l’autre, eh bien on va face au drama.

[K] C’est ça.

[E] – Rires – Soit en face bah l’autre il va nous envoyer bouler. Bah c’est pareil dans le système, quand il y a un alter qui déboule comme ça et qui nous crie dessus, ou que nous, en externe, on arrive et que on veut à tout prix dire un truc qui soit positif ou négatif, mais qu’on demande pas à l’autre si c’est OK… En fait c’est que des petites prises de conscience qui évitent des dramas, et une vie sans dramas, c’est déjà… déjà si on peut s’épargner ça c’est déjà pas mal pour la communication.

[K] Non, oui, je suis tout à fait d’accord.

[E] Et peut-être qu’on pourrait parler aussi de, dans la communication, de l’importance aussi d’identifier quand on n’a pas les moyens de communiquer.

[K] Vas-y.

[E] Bah c’est un peu comme éviter les dramas. Des fois on n’a pas les moyens, que ce soit en interne ou en externe, et ça c’est quelque chose, c’est des prises de conscience parce que, en fait, en général, on a tous envie d’être capable tout le temps. Tu vois, d’être capable, et de communiquer dans l’inner, et de communiquer en externe. Mais que des fois, arriver à verbaliser en externe, tu vois quand quelqu’un veut communiquer avec nous… Alors ça on y arrive de mieux en mieux, à dire : bah là tu vois j’ai pas les moyens. Parce que là, si on aborde la conversation maintenant, on a peu de chances d’aboutir. Et pareil aussi quand nous on veut communiquer avec quelqu’un, des fois on a envie de dire des choses, alors quand on a passé l’étape “quelle est mon intention”, des fois l’intention elle vient du cœur. Question deux “Est-ce que j’ai les moyens ?” Parce que si je n’ai pas de gazoline dans le réservoir, d’abord je dors. – Rires – Donc ça, je trouve pareil, dans la communication, sans parler technique, mais juste des fois refaire un auto-scanner : Est ce que j’ai les moyens là de communiquer maintenant ? Nous par rapport à l’inner, le fait de réaliser ça, ça a permis de déculpabiliser de ne pas avoir les moyens. Parce que des fois on peut avoir un alter qui frappe à la porte avec un tas de raisons, soit parce qu’il veut s’amuser, soit parce que des fois c’est un alter qu’avec des traumatismes ou des souffrances et puis il a décidé que c’est maintenant, en pleine journée, qu’il voulait se manifester. Et du coup, le fait d’accepter que des fois on n’a pas les moyens, ça nous permet des fois d’enrayer des dramas internes, parce qu’avant, alors soit on se forçait à vouloir l’entendre, alors qu’on n’avait pas les moyens de l’écouter. Puis ça s’est terminait par un chaos général. Ou soit, on avait le comportement de fuite en disant l’alter… ou en faisant comme si on ne voulait pas l’entendre. Et là, le fait de pouvoir dire en interne : OK, je t’ai entendu. Là je vois bien que c’est important pour toi, mais là tu vois Ninou, là on a des choses à gérer dans le quotidien, là c’est pas le moment, on n’a pas les moyens, là nous mêmes on est perturbés, on est même, on est face à une situation externe qu’on sait pas comment la gérer. Est-ce que tu acceptes que je revienne vers toi plus tard à un moment, pour vraiment être de cœur à cœur avec toi

[K] À fond.

[E] parce que j’ai entendu, je l’entends là ton émotions, je la sens, je vois bien que tu veux communiquer. Mais là, il faut soit que je crée un cadre sécurisé pour qu’on puisse tous t’entendre. Voilà. Parce que des fois c’est pas facile à entendre. Et qu’on sécurise le cadre, au cas où on coupe le téléphone, peut-être on prévient un ami ou quelqu’un “là je sens que j’ai un alter qui veut parler mais apparemment ça va être rude”. Tu vois, on reste pas, on essaye de prévoir le cadre. Et, ce que j’ai pu constater, pour l’avoir pratiqué en externe, à chaque fois bah si j’ai.. bah ça m’aide pour pas sortir un mytho. Soit c’est le mytho, soit c’est dire la vérité que je n’ai pas les moyens. Eh ben le fait dire à un interlocuteur, même si c’est l’interlocuteur qui vient vers moi parce qu’il veut me secouer, dire quatre vérités. – Rires – Tu vois, bah ce qu’il veut. Eh bah le fait d’arriver à dire : ok, je vois que là tu veux communiquer, que t’as quelque chose qui est vraiment important pour toi. Mais moi là j’ai pas les moyens. En plus je suis pas sûr que toi t’aies vraiment les moyens en ce moment. – Rires – Bon ça je le dis pas. Est-ce que tu acceptes que je m’ouvre à t’écouter plus tard ? Eh ben tout le temps ça passe. Et ça évite ce moulinage “Écoute moi, écoute moi, écoute moi”. Tu le vis comme ça toi aussi ?

[K] Oui vraiment, en interne vraiment. Et en externe de plus en plus, comme tu disais en partant du principe que les gens sont OK et honnêtes dans leurs réponses et capable de dire.. En fait, il faut que la personne en face soit capable de respecter ses propres limites et d’être sûre que la personne le fait vraiment, et pas que ce soit un.. dans soit de dire oui ou non, mais que ce que ce qui était désiré c’était l’inverse quoi. Et du coup, voilà. Du coup, oui, de plus en plus.

[E] C’est chouette hein, on évolue hein.

[K] À fond à fond.

[E] Alors je vais dire un truc, je trouve que les personnes multiples ont énormément de ressources. Et quand tu vois l’évolution aussi, de la multiplicité sur le temps, sur les années. Tu tapes, même si on passe des phases des fois chaotiques, pas faciles, mais moi je m’aperçois que ce sont des personnes qui évoluent énormément, et des fois ça va très vite.

[K] On parlait de ça avec un ami système, il y a, euh je ne sais plus quand, parce que la multiplicité… Euh mais qui disait quand, une des raisons de ça c’est peut être parce que, vu qu’on est obligés de négocier, de communiquer, d’apprendre à se connaître en interne, on est dans une position de réflexion et d’introspection

[E] Oui

[K] bien plus grande que peut-être des singlets qui n’auront jamais l’obligation de le faire.

[E] Oui.

[K] Nous, vu qu’il faut déjà le faire avec nous même, avant de le faire avec les autres, eh bien… Voilà.

[E] Et puis des fois, il faut se retrouver dans cette situation du précipice de survie, pour dépasser des choses.

[K] Tu vois, parfois je me dis “Ah, c’est nul, ce serait tellement cool…” Tu vois, quand tu vois un truc arriver et euh, ce serait tellement cool de réussir à le dépasser avant d’avoir eu peur de voir le fond de trop près là tu vois.

[E] Ouais.

[K] Et, pour autant, j’ai l’impression que ça marche quand même.

[E] Et vous vous mettez des, vous avez des principes ou des règles entre vous en communication ?

[K] On n’a pas de grands trucs établis. On a pas, on a pas de règles type contrat, tu vois, il y a des systèmes qui passent par des trucs un peu : Qu’est ce qui est OK ? Qu’est ce qui n’est pas OK ? Et de façon un peu structurée. C’est pas notre cas, parce qu’on n’est pas très structuré. En clair, on essaye, on essaye d’être gentil en fait. Mais il n’y a pas de concept très prédéfini du… par exemple, il n’y a pas dans mon système de truc qui dirait : on n’a pas le droit de crier par exemple. Ça pourrait être un truc important pour plein de gens, mais nous, on s’en fout. C’est en fonction du moment, et de l’intention, et de comment ça se passe, les trucs s’adaptent et ça se fait un peu intuitivement. Le seul truc, mais ça va mieux maintenant, mais le seul truc au début de la prise de conscience qui n’était pas ok, c’était de ne pas répondre parce que c’était hyper délégitimisant. Et du coup, si je posais une question ou quelqu’un d’autre, et qu’il n’y avait pas du tout de réponse, et que c’était le calme plat en pensée interne, ça amenait des trucs du type : ahh c’est que je mens, et qu’on n’existe pas, blablabla. Et du coup

[E] Ouais

[K] il y avait un truc de dire, au moins de dire “oui, je suis là, je t’ai entendu. Non, je n’ai pas envie de te parler.” et point. Mais juste, le silence n’était pas OK mais la non-communication était OK tu vois. Juste : me laisse pas t’appeler septante huit fois juste parce que t’as pas envie de me répondre. Dis “oui, je suis là donc je ne veux pas te parler”. Mais ça va mieux maintenant, je n’ai plus du tout de problème de légitimité si il y a ce, tu vois ce grand blanc où tu as l’impression d’être seul dans ta tête et où tu flippe, ça ne m’arrive plus.

[E] Je comprends, j’en suis sorti aussi. On en est sortis de ces phases où il n’y a plus personne et la tu remets tout en question.

[K] Ouais c’est ça. Et du coup, et du coup, oui ça entravait la communication parce que du coup j’étais très insistant en mode “mais si vas-y, répond moi” et juste la personne elle avait juste besoin de prendre un temps avant de revenir sur des choses ou de parler. Et je laissais pas ce temps, pas parce que je ne voulais pas respecter le besoin de retrait de la personne, mais parce que j’étais flippé en mode.. voilà, parce que ça passait sur un autre sujet. Et voilà. Mais du coup non, maintenant il n’y a plus vraiment de règles et de trucs comme ça puisqu’on est comme ça en fait.

[E] Nous on essaye de mettre, de mettre quelques principes. Mais c’est plutôt d’essayer de mettre un mode de réflexion en place. C’est pas des interdictions et tout ça, mis à part que, nous les cris et tout ça, si ça traumatisait pas en interne des alters, personnellement on en a rien à faire. Mais du coup c’est plutôt des prises de conscience sur les conséquences de si on se comporte comme ça, en interne, bah en fait ceux qui sont dans le coffre peuvent entendre ceux qui sont en train de conduire la voiture. Donc c’est plutôt dans ce sens là, par le lien empathique ou que petit à petit on prend conscience ouais si on continue euh.. parce que certains d’entre nous, on a quand même du recul si il y en a un arrive en criant, des fois on rigole parce que, on se dit “bah tant qu’il crie c’est qu’il est vivant” – Rires – Ça on va avoir de l’humour. Mais que, quelque part, cet alter là peut comprendre que même si nous, il est vénère, bon bah ça va lui passer. Ça peut faire, tu sais comme un caillou dans la mare,

[K] Hum – Acquiesce –

[E] ça fait des vagues, des échos, et que des fois on se retrouvait bah que du coup ça réveillait quelqu’un dans l’inner… Donc ce n’est pas vraiment des principes. Par contre, si après, bah comme on l’a dit tout à l’heure, on essaie tous de plus ou moins intégrer l’idée de l’intention, de “quelle est ton intention” quand tu veux communiquer… Il y a un truc qu’on essaye, même si certains la délicatesse c’était quelque chose d’acquis, dont la politesse. Mais ça, on essaye. Ou même si un alter arrive, de lui faire comprendre comme on peut faire comprendre à un enfant : Bonjour, merci,

[K] Hum – Acquiesce –

[E] ça va… tu vois. Un peu des fois pour désamorcer un comportement. Mais que si c’est un alter qui peut fronter, si il l’a en interne, il va aussi l’avoir en externe. Donc quand cet alter front et puis que il va prendre la parole. Ni dire merci, ni s’il te plaît, ni demander le consentement, – Rires – ni… Euh tu vois ? Donc quelque part on essaye un peu de faire de l’éducation euh

[K] Ouais.

[E] sur des bases, tu vois sur des bases qui permettent de sociabiliser plus facilement. Et sinon, nous on s’entraîne sur les téléréalités pour les dramas. Oui, parce que, une technique.. ou sur les réseaux sociaux. Parce que, pour arriver à enrayer la faculté qu’on a tous de créer des dramas personnels, internes ou en externe, des fois, c’est pas sur soi qu’il faut s’entraîner. Il faut avoir cette capacité de prendre du recul, de descendre l’émotionnel, d’avoir une analyse, une analyse juste. Et nous on a vu que, comme les réseaux sociaux et les téléréalités c’est le paradis du drama dans la communication. Et bien des fois on assiste à des, à des dramas. Et du coup on se fait la liste “Quelle était son intention ?” Et en général on voit bien que l’intention de l’autre c’était d’en découdre donc il était perdant. Est-ce qu’il a demandé le consentement ? En général non, il y a quelqu’un qui déboule avec son information, quelle qu’elle soit, surtout elle agressive sans demander si les autres sont d’accord. – Rires – OK ou prêts. Est-ce qu’il y a de la délicatesse… Et en fait, le fait des fois de se mettre en tant qu’observateur de communication des autres. Comment communiquent les autres ? Et du coup de réaliser à l’auteur : ah oui, à mon avis l’intention était soit d’en découdre ou de déballer son drama, ou de faire ci.. Mais ça, alors c’est un sujet qui peut paraître délicat, mais quand on est comme ça aussi, dans les difficultés mentales, émotionnelles, traumatiques et tout ça, pour moi, c’est.. quand on peut, parce que des fois, quand on est dans le chaos, on n’a même pas.. tu sais il sort des trucs de nous qui sont même plus contrôlés,

[K] Hum – Acquiesce –

[E] tu vois ça peut arriver. Mais d’essayer au maximum dans ce qu’on envoie, parce que on envoie et on reçoit, donc si on pouvait petit à petit intégrer, voilà d’essayer de se poser un minimum de questions avant de poser quoi que ce soit, pour la communication c’est quand même intéressant. Ça évite de se prendre des pavés.

[K] Est-ce que tu veux encore..

[E] Au final on a parlé “Comment éviter les dramas et les pavés” – Rires –

[K] J’trouve qu’on balaye les trucs importants quoi. Avoir un peu, au fur et à mesure, avec indulgence, une meilleure clarté sur soi-même et sur qu’on veut comme on est et sur nos intentions. Et du coup, après, pour faire la même chose un peu à l’extérieur quoi ? Non, moi je trouve qu’on a balayé des points qui me semblaient importants.

[E] Et puis aussi, ça montre aussi que c’est possible d’évoluer. Parce que des fois, on vit tous, et on vivra sûrement encore, des phases où il n’y a aucune communication, où c’est le chaos, où c’est la catastrophe, où euh… Cette histoire de lâcher prise et tout ça c’est bien gentil parce que quand on a la tête dans le guidon, on ne voit pas la route tu vois, une fois qu’on est dedans. Mais plus il y a de la résistance, plus ces états restent. Mais avec le temps, on apprend à rester de moins en moins longtemps dans cet état. Et des fois, accepter des phases où on est tout seul et il n’y a personne, mais que du coup ça n’enclenche par ce fameux sentiment d’abandon : on ne peut plus communiquer, je suis une mytho, j’ai tout inventé, je ne suis pas multiple, qu’est ce qui s’est passé… Mais des fois, ce qui enclenche tout ça, c’est le sentiment de se sentir abandonné par les autres.

[K] Dans ce même truc de ‘parfois, il y a des couacs’, ben oui, je suis tout à fait d’accord sur le fait que ça peut pas être parfait et que c’est normal et qu’il faut pouvoir entendre qu’il y aura toujours des moments plus compliqués. Moi ce que j’essaye de faire dans mon quotidien, c’est pas de me dire “il faut être irréprochable”, mais c’est plutôt de me dire : OK, ben, les moments où la communication elle est plus compliquée ou où c’est moins bien, que ça ait moins d’impact dans le futur, que ça n’ai pas trop de conséquences, ou que ça ne dure pas pendant trop longtemps, ou… Enfin voilà. De permettre la possibilité que ce soit bizarre, moins bien, moins positif, moins sain, je ne sais pas mets le mot que tu veux. Mais que ça ai, que ça reste dans le cadre de ce que c’était et pas que ça s’étende sur plein de choses. Le moins possible.

[E] Et là, pour moi, ce que tu dis, on en revient à ce que tu disais tout à l’heure par rapport à la capacité qu’on a de faire des suppositions et des projections. Qui nous, qui des fois peuvent nous enliser dans une certitude qui n’est pas réelle. Mais bon avec le temps on y arrive.

[K] Ouais de mieux en mieux hein.

[E] C’est de la gymnastique. – Rires –

[K] Est-ce qu’il y a encore un truc que tu as envie de rajouter à propos de tout ça ?

[E] Non… Bah je pense déjà qu’on a fait pas mal le tour hein.

Session présentée par :

Remerciements :

F.O.X, Trisphyra