Partage d’expériences et de témoignages pour donner de la visibilité aux multiples expériences de multiplicités. Cette session a pour but de mettre en lumière qu’il y a autant d’expériences de la multiplicité que d’individus concerné·e·s, et d’aider les personnes multiples, en questionnement ou singlets à comprendre et (se) découvrir.

Partage d’expériences et de témoignages pour donner de la visibilité aux multiples expériences de multiplicités. Cette session a pour but de mettre en lumière qu’il y a autant d’expériences de la multiplicité que d’individus concerné·e·s, et d’aider les personnes multiples, en questionnement ou singlets à comprendre et (se) découvrir.

Coucou tout le monde ! Je suis Neo, un hôte du système Atome et je vais vous parler des différents ressentis des personnes multiples ! Tout d’abord, on parle de multiplicité pour une personne qui n’est pas seule dans sa tête/dans son corps ! On a remarqué que s’il y a des similitudes dans les témoignages, il y a aussi beaucoup de nuances et de différences et ce serait dommage de se dire “Oh, je suis pas concerné·e parce que j’ai pas comme les autres” alors que c’est tout à fait normal : chaque personne et chaque système est unique et chaque expérience est différente d’une autre. Je suis donc ici pour vous présenter, via un questionnaire à l’attention de personnes multiples, un échantillon non exhaustif certes, mais comportant une multitude de vécus! Je précise que je vais parler de multiplicité, que ce soit dans le TDI, l’ATDS, etc et que je ne parlerai pas d’un trouble en particulier, mais bien de la multiplicité en tant que telle (en sachant qu’il est tout à fait possible d’être multiple sans avoir de trouble et sans que c’en soit un). On a vraiment apprécié faire ce questionnaire (on a abandonné tellement de questions en cours de route pour éviter d’avoir quelque chose de trop dense et long …) et ça nous a fait super plaisir de voir qu’il vous a plu également ! On espère donc que cette vidéo vous plaira d’autant plus ! Je précise qu’on a pas pu tout retranscrire, on s’attendait vraiment pas à ce que ça fasse autant de données et si on avait tout mis, la vidéo aurait duré plus d’une heure, c’était vraiment beaucoup trop dense. On a gardé tous les résultats et on en reparlera ultérieurement, mais pour aujourd’hui, on a dû se limiter, avec regret, mais c’était nécessaire pour que ce soit plus fluide et agréable 🙂

La première question était de savoir si les gens qui répondaient étaient ou pensaient être multiple, vu que nos questions portaient là dessus et sans surprise, 100% des participant·es le sont ! D’ailleurs, on a eu au total 26 réponses au questionnaire ! (Merci à vous d’avoir pris le temps de le compléter)

Identifications

Alors, la première partie portait sur l’identification de chaque système et la première question était de savoir comment vous vous « définissez », un peu “l’étiquette” que vous mettez sur votre ressenti, votre situation. On a donc ici 69% de personnes se définissant “multiples”, 38% “avec un Trouble Dissociatif de l’Identité”, 0% “avec un Autre Trouble Dissociatif Spécifié”, 8% “avec un TDI-Partiel”, 0% “avec un Trouble Dissociatif Non Spécifié”, 23% “en questionnement”, 4% “Plural, système polyfragmenté et qui se définissent par “je” autant que “nous” et 8% qui ne préfèrent pas se définir. On se disait qu’on entend vraiment souvent parler de “TDI” quand on parle de multiplicité, mais on voit ici que beaucoup ne s’identifient pas comme “avec un TDI”. La multiplicité est présente dans d’autres troubles (et même sans troubles). Le TDI est un trouble incluant la multiplicité (et pas que), mais la multiplicité n’est pas que le TDI.

Ensuite, on a demandé à quel type de système iels s’identifient. On a 69% de systèmes qui s’identifient comme “système traumagénique” (dont l’origine est entièrement/majoritairement traumatique), 4% comme “système endogénique” (dont l’origine n’est pas/pas entièrement dûe à des traumas), 23% comme “système multigénique” (dont les origines sont variées), 0% comme “système parogénique” (dont l’origine est de volonté personnelle), 0% comme « système quoigénique” (dont l’origine est inconnue ou qui ne se reconnaît pas dans d’autres termes), 8% comme “système programmé” (dont l’origine est de “volonté externe” (mais c’est un peu plus complexe que ça), 8% qui ne savent pas/pas encore et 8% qui ne préfèrent pas se définir. Là encore, on entend bien trop souvent que pour être multiple, il faut des traumas graves et/ou répétés (déjà, tout le monde et tous les cerveaux ne perçoivent pas la même chose à ce niveau et c’est très personnel), mais c’est loin d’être un critère de multiplicité. On peut tout à fait être multiple sans avoir de traumas, ça ne donne pas forcément lieu aux même types de systèmes et c’est complètement légitime, parce que ça existe.

La dernière question sur l’identification portait sur les systèmes polyfragmentés. N’ayant pas de définition fixe à ce terme, on partait du principe que cela concernait avant tout le ressenti personnel, mais à titre d’exemple, on parle de système “polyfrag” pour des systèmes de + de 50 alters et/ou qui ont des sous-systèmes (ce terme s’applique, par exemple, aux alters du système qui ont leur propre système et/ou aux groupes d’alters). Il y a donc 19% de systèmes qui sont polyfragmentés, 50% qui ne sont pas polyfragmentés, 27% qui ne savent pas et 4% qui ne se prononcent pas. A la fin de chaque partie, on a laissé un espace d’expression libre, si jamais il y avait un besoin de rajouter quelque chose qu’on aurait pas abordé, par exemple. Ici on a eu quelques messages : Un système nous précise que pour elleux, c’est une colloc, où certain·es dorment, parlent, d’autres ne sont que de passage et il y a plein de profils différents qui interagissent entre elleux. Un autre système nous précise que le leur est, à priori, répartit en 3 catégories en terme de contenus de souvenirs et de manières de fonctionner : sensoriel, rationnel et émotionnel; en les définissant comme des sortes de “side-système” (c’est à dire un système qui existe à côté d’autres systèmes, dans le même corps), et qu’il y a aussi des personnes de leur système qui ont leur propre système (qu’on appelle souvent “sous-système”). Et un système nous précise que le leur ne comporte ni humains, ni hôtes.

Alters

La deuxième partie portait sur les alters et pour commencer, on a demandé combien d’alters les systèmes pensent qu’iels sont. On a 15% de systèmes qui pensent être entre 2 et 5, 23% « Entre 6 et 10 », 11% « Entre 11 et 25 », 15% « Entre 26 et 50 », 4% « Entre 51 et 100 », 4% « Entre 101 et 200 », 11% « Plus de 200 », 11% qui ne savent pas et 4% qui ne se prononcent pas. On aurait bien aimé lier les réponses avec la question sur le nombre d’alters qui sont conscientisé·es, mais ça aurait pris pas mal de temps et on préfère traiter ça ultérieurement. En tout cas, le nombre que l’on pense être n’est pas toujours le même que le nombre qu’on sait être. On peut, par exemple, ressentir qu’on est une 30aine et n’en connaître que 4.

On a ensuite demandé s’il y avait un·e ou plusieurs hôtes dans le système, c’est-à-dire un·e alter qui est le plus souvent au contrôle du corps. On a 35% de systèmes qui ont un·e hôte, 35% qui en ont plusieurs, 4% qui pensent en avoir, mais qui ne savent pas trop, 8% qui ne pensent pas en avoir, mais ne savent pas trop, 11% qui n’en ont pas, 4% qui ne savent pas et 4% qui ne se prononcent pas. On pourrait avoir tendance à se dire qu’il y a forcément un·e hôte défini·e dans chaque système, mais ce n’est pas toujours le cas, comme ici : il peut y en avoir plusieurs ou même 0 (et ça peut varier au cours du temps ou non). Le fonctionnement du système diffère, mais il n’y a pas d’obligation sur le fait d’avoir un·e hôte.

On poursuit avec les fragments (c’est-à-dire de “morceaux d’identité” qui ne seraient pas tout à fait des alters). On a 8% qui en ont 0, 27% “Entre 1 et 5”, 4% “Entre 11 et 25”, 4% “Entre 51 et 100”, 4% “Entre 101 et 200”, 4% “Plus de 200” et 50% qui ne savent pas. Et on a un système qui ajoute “Nous sommes tous·tes des fragments dans le système, les parts qui ont l’air le plus « développées » sont des sous-systèmes de fragments. On fonctionne en coprésence (à mini 60 personnes) tout le temps, en partie pour ça.” On avait laissé un espace d’expression libre au sujet de l’arrivée des alters dans le système (par soucis de temps et de “lisibilité”, la question qu’on avait mise à ce sujet ne sera pas traitée ici) et on a eu quelques réponses que je vais vous rapporter du mieux que je peux ! Un système nous dit “Nous avons un « passeur » qui va chercher les nouveaux dans la zone d’apparitions de l’inner.” Un autre système nous dit “Les alters sont parfois déjà là depuis longtemps, mais n’ont pas bien encaissé la prise de conscience, alors ils sont partis en dormance. Quand ils reviennent, pour les alters présents, c’est une évidence, mais pas pour l’hôte. Du coup, quand l’hôte les voit, ils se présentent ou quelqu’un d’autre les présente.” Un autre système nous dit “Il est rare que quelqu’un d’autre présente laes nouvelleaux, étant donné que les gens viennent par 2 en général chez nous, c’est plutôt le duo qui subitement va fronter et on va se dire « tiens c’est nouveau » et iels sauront parfois qu’iels sont pas de la rotation habituelle des fronteurs, mais on est très émotionnellement détendus/ détachés et l’arrivée de nouveaux n’est plus une surprise, ni prise comme telle. nous sommes au moins 300, au bout d’un moment on sait qu’il y a un paquet de gens que « je » ne connais pas personnellement, mais je peux vaguement en avoir entendu parler.” Un autre système nous dit “Un des alter qu’on a conscientisé récemment était visiblement présent depuis longtemps, car je me suis posé des questions sur la multiplicité à partir de choses dont il était l’origine, sauf que j’ai découvert d’autres alters avant lui. Et un jour il a décidé de parler, c’était le premier à venir avec son prénom déjà défini.” Et un autre système nous dit “Concernant l’accès au front, l’hôte et gatekeeper (l’alter qui gère les accès entre le corps et « l’intérieur”, en quelque sorte) peut convoquer n’importe quel alter (à ce jour) au front/co-front.”

Communication

Passons maintenant à la communication ! La question était “Pouvez-vous communiquer intérieurement avec vos alters ?”. On a 4% “Avec tou·tes”, 54% “Avec la plupart”, 19% “Avec certains groupes”, 23% “Avec quelques un·es”, 61% “Ca dépend de mon état”, 61% “Ca dépend du moment”, 4% “Ca dépend de l’humeur des alters”, 4% qui ne savent pas et 4% qui ne se prononcent pas.

Du coup, on a voulu savoir quels sont ces moyens de communication. On a majoritairement par “Pensées”, par “Visualisation d’images”, par “Souvenirs”, par « Visualisation de scènes” et par “Odeurs”, mais on a aussi par “Instinct”, par “Représentations futures (de scènes qui ne se sont pas produites)”, par « Émotions/Sentiments » et par “Musique”. Les résultats sont “larges”, dans le sens où il y a de tout et il n’y a pas de règle définie pour tout le monde. Encore une fois, ça dépend clairement des systèmes et c’est important de ne pas se fermer sur une seule méthode si elle ne fonctionne pas. Là encore on a laissé un petit espace s’il y avait besoin de détailler. Un système nous dit “La plupart du temps c’est en pensée et en images. Dans ces cas-là, le message passe bien. Par contre quand c’est avec l’odeur, le message n’est pas forcément bien passé, donc la communication via cette méthode est difficile.” Un autre système nous dit “De base je pensais que ce n’était que de l’imagination, jusqu’à que je comprenne que c’est en partie vrai, l’imagination permet de mettre en forme la représentation du système. Les alters sont le fond, l’imagination s’occupe de la forme.” Un autre système nous dit “La communication directe, si c’est pas en co-conscience (on passe notre temps à dialoguer en co-conscience, juste un « monologue interne » continu, on sait pas forcément qui communique, qui switch, qui vient qui part, c’est juste une continuité avec perte de mémoire sur les détails), si on veut vraiment se poser et discuter avec une personne ou un groupe spécifique (genre les « admins » en quelques sortes), on visualisera un lieu (déjà existant à l’intérieur, normalement), mais des fois c’est plus simple d’avoir une « bulle » temporaire où se retrouver, un lieu éphémère qui disparaîtra quand il n’y aura plus personne pour y penser. Ca arrive plutôt quand la communication est difficile, que le système est en situation d’instabilité – dans ce cas, une bulle éphémère pendant une séance de méditation avec un bruit blanc, sont les meilleurs moyens de se poser pour discuter.” Un autre système nous dit “Plusieurs personnes envoient des gifs à l’avant de scènes de film (grosse mémoire visuelle pour les films) parce qu’iels n’ont pas envie de se montrer pour parler.” Un autre système nous dit “La communication par pensées est compliquée et flou dans les moments où je me sens confuse et où j’ai moi-même du mal à penser.” Un autre système nous dit “C’est rare qu’on vocalise/pense avec des langues d’humains.” Et pour finir “C’est essentiellement par pensées/intuition, mais c’est arrivé qu’un alter m’envoie un facepalm.” Voilà, j’espère avoir tout bien retransmit !

Et mêmes questions, mais avec la communication externe (par exemple, en se parlant à voix haute). On a 11% “Avec tou·tes”, 23% “Avec la plupart”, 11% “Avec certains groupes”, 42% “Avec quelques un·es”, 38% “Ca dépend de mon état”, 50% “Ca dépend du moment”, 4% qui ne pensent pas pouvoir, 8% qui ne savent pas et 4% qui ne se prononcent pas.

Pour ces moyens de communication, on a majoritairement par « Écrit sur une application/téléphone”, en “Parlant à voix haute”, par « Écrit sur un carnet”, par « Vidéos”, par “Enregistrements vocaux” et aussi par “Gestes physiques, Mouvements de doigt/tête” et par “Document texte”. Là encore, les résultats sont “divers” et il n’y a pas une règle de communication fixe pour tous·tes, il faut tester, explorer, mais ne pas se fermer sur une seule méthode si ça ne vient pas. Pour compléter un peu, il y a eu quelques réponses libres à ce sujet. Un système nous dit “On a créé un serveur Discord, la communication passe super bien via ce média/moyen.” Un autre système dit “La communication était de manière inconsciente et involontaire avant la prise de conscience. Aujourd’hui c’est pour essayer d’avancer tous ensemble et de se comprendre.” Un autre système nous dit “Quand on est seuls le monologue interne devient externe et on discute verbalement, en co-cons. On essaie de conserver un journal ouvert à tous·tes, on signe quand on sait qui front. On a un serveur discord perso aussi.” Et pour finir “Je m’en rend compte lorsque je re regarde mes journaux de bords, ou parfois quand je filme”

Switches

On a ensuite demandé s’il leur est possible de sentir les switch (c’est-à-dire quand l’alter au contrôle du corps change). On a 8% “Avec tou·tes”, 23% “Avec la plupart”, 11% “Avec certains groupes”, 50% “Avec quelques un·es”, 42% “Ca dépend de mon état”, 54% “Ca dépend du moment”, 4% “Ca dépend du trigger ou de l’humeur”, 8% qui “N’ont pas de switch mais plutôt co-front/co-cons”, 11% qui ne pensent pas pouvoir, 4% qui ne peuvent pas le sentir, 8% qui n’ont pas de switchs et 4% qui ne savent pas. Là encore, c’est clairement pas une évidence pour tout le monde et c’est loin d’être “spectaculaire”- comme on l’entend souvent- pour être remarqué par tout le monde, même au sein d’un même corps et ce n’est pas du tout un critère de légitimité. On a un espace d’expression libre ici sur les switchs, mais aussi sur les co-front/co-conscience et comment le perçoit l’entourage (on a décidé de ne pas mettre les questions ici par soucis de temps, principalement, mais on va retransmettre les réponses libres !) Un système nous dit “Les ressentis des switchs dépendent de beaucoup de choses”. Un autre système nous dit “Quand un switch a du mal à se faire, une douleur indescriptible s’immisce, où le corps et la pensée se contredisent et peut être très bizarre vu d’un point de vue extérieur (même de l’intérieur à vrai dire, on a conscience de la bizarrerie de la chose) je crois que ça a un nom, le switch rapide me semble t-il”. Un autre système nous dit “C’est difficile d’extrapoler, nos switch sont en général fluides et « invisibles » même pour nous. Quand c’est d’un groupe à un autre, qui ont des barrières amnésiques plus denses, y’a des gros coups de disso, des spasmes, des incapacités de bouger.” Un autre système nous dit “Pour les ressentis avant/après switch, on prend en compte les « gros » switch uniquement, tels que des sous-systèmes habituellement éloignés du front et/ou n’ayant pas beaucoup de liens avec celleux au front actuellement. En dehors on a le switch rapide et peu d’impact.” Au sujet de “la perception de l’entourage”, un système nous dit “Certains proches qui ont un système aussi arrivent mieux à voir les différents alters. D’autres, qui sont singlets, ont beaucoup de mal, mais remarquent des différences.” Un autre système nous dit “Alors, voilà on est 300, c’est difficile déjà pour nous de nous reconnaître, alors des fois notre partenaire va reconnaître avant nous, mais ça c’était surtout au début de la découverte du système où on était « juste » 30. Les littles sont reconnaissable mais plus comme « groupe » qu’individus. Les seules choses qui peuvent vraiment ôter le doute c’est des conversations particulières qu’on sait qu’une seule personne a vécu avec lae partenaire et du coup iel sait que c’est cette personne.” Un autre système nous dit “Il y a très peu d’alters qui soient extrêmement évidents à reconnaître, et iels ne frontent pas devant n’importe qui.” Un autre système nous dit “La prise de conscience est très récente et le déni et la honte sont très présents. Je n’ai pas d’entourage à part mon conjoint, et il remarque quelques « changement de comportements », mais il n’y fait pas trop attention dans le sens où il ne le sent pas comme étant quelqu’un d’autre en plus de moi (co-conscience/co-front) ce qui fait que je suis moi-même dans le doute par rapport au fait de reconnaître ce qui vient de moi ou non, je n’ai pas d’avis venant de l’extérieur.” Et un autre système nous dit “En dehors des moments d’identification ou de crises (autistiques, dépressives) très fortes, le reste du temps le fonctionnement est du co-front, donc iel n’arrivent jamais à s’identifier et à avoir des signes distinctifs pour les personnes extérieures”

Innerworlds

On passe à l’innerworld ! Ce monde intérieur où sont les alters quand iels ne sont pas au front et qui est différent pour tout le monde. (En très résumé) La première question était de savoir s’iels ressentent, peuvent voir leur inner. On a 54% de “Oui”, 19% “Je crois que oui”, 8% “Je crois que non”, 11% “Non”, 4% “Que dans certaines situations bien particulières, voulues et rares” et 4% “Seulement en « rêve » ”. Là encore, on est pas sur quelque chose d’évident et homogène. C’est propre à chaque système et qui peut changer au cours du temps.

Puis, la question était de savoir s’il y avait un accès à tout l’inner. On a 4% de “Oui, entièrement”, 11% “Oui, globalement”, 31% “Non, mais à une partie quand même”, 27% “Non”, 4% “A tout sauf les “zones”personnelles”, 4% “Une partie est difficile d’accès pour la majorité” et 19% qui n’étaient pas concerné·es par la question.

Après la possibilité d’accès, la question portait sur celleux qui n’y ont pas accès et à quoi cela pourrait-être dû ? On a majoritairement “Ne sait pas comment s’y prendre”, “Ne sait pas pourquoi”, “Manque de communication”, “Les alters qui empêchent”, le “Déni”, et aussi la “Peur de quitter le contrôle en tant qu’hôte”, la “Difficulté à se détendre/lâcher-prise/se concentrer”, le “Blocage dû à la prog*” et “Peut-être pas d’inner”. On a préféré ne garder que ces questions par soucis de temps, mais on va mettre les réponses libres sur le sujet ! Un système nous dit “Notre Innerworld est en constante évolution, donc assez dur de le définir dans les détails pour le moment, mais ça arrivera j’imagine.” Et un autre système nous dit “Comme nous, notre inner est en constante fluctuation, reconstruction, évolution. Selon les besoins. Il a changé de face 5 fois depuis la découverte du système y’a 3 ans. Nous ne savons pas s’il se stabilisera un jour; des lieux apparaissent et disparaissent au besoin, avec notre compréhension et découverte des uns et des autres; des fois des essais sont fait, cohabitation proche/ distante/ divisée en groupes, voir ce qui stabilise le mieux, qui permet une meilleure communication, une meilleure entente. Selon les besoins individuels aussi, il faut prendre en compte que certaines personnes ne doivent pas avoir accès les un‧es aux autres. Notre évolution externe a un impact sur l’interne (depuis qu’on fait de la céramique on a un atelier à l’intérieur, avec tour de potier etc, ainsi que le cabinet de notre thérapeute. Au fil qu’on retrouve des souvenirs aussi on a reconstruit notre maison d’enfance)”

Dissociation

On passe à la dissociation, ce qu’on définit un peu comme une “déconnection avec ce qui nous entoure.” La première question était de savoir si les gens ont la sensation de dissocier et il y a eu 85% de “Oui” et 15% de “Oui, je pense”. On était assez étonné·es qu’il n’y ait personne qui ne ressente pas la dissociation, mais globalement, sur les systèmes interrogés en tout cas, la sensation est plutôt conscientisée. C’est vrai que bien souvent, dans la multiplicité, il y a cette sensation de dissociation qui s’y “rapproche”, mais on se disait que peut-être des gens n’ont pas cette sensation ou n’arrivent pas à le “rapprocher” à de la dissociation. Enfin bref !

De ce fait, on a demandé comment ça se passe, quels sont les ressentis de la dissociation. On a majoritairement le “Regard dans le vide”, les “Bruits alentours qui semblent lointains”, l’“Incapacité à formuler une pensée/réfléchir”, l’“Incapacité à parler”, l’“Incapacité à bouger”, et aussi l’“Incapacité à ressentir les émotions”, la “Sensation qu’il n’y a personne qui contrôle le corps”, la “Vision différente” et la “Perception du temps altérée”. Pour la partie expression libre, un système qui nous précise “En vrai quand on dissocie… on se laisse dissocier. On a un problème avec la « prise de contrôle » quand quelqu’un essaie de nous ancrer, s’en est même insultant comme sensation. En général, si on n’est pas en sécurité, quelqu’un sera en co-cons et prendra le contrôle pour retarder la disso, jusqu’à ce qu’on soit en capacité de juste se laisser bugger pendant les heures nécessaires.”

La question suivante était : Avez-vous des amnésies dissociatives ? On a 58% de “Oui”, 23% “Oui, je pense”, 11% “Non, je ne pense pas”, 0% “Non”, 4% “Quelques unes”, 4% “A une période, mais ce n’est plus d’actualité”. Dans le cadre de ces amnésies, on a demandé comment ça se manifeste. On a une majorité de “Trous de mémoire”, “Impression de trous de mémoire”, “Souvenir dénué d’émotion ou de sensations”, “Souvenirs modifiés/altérés”, “Souvenir qui semble ne pas m’appartenir”, “Souvenirs plus sombres/teintés” et aussi “Sensation d’avoir “rêvé le souvenir”, “Sensation du souvenir qui “s’envole” immédiatement” et “Souvenir d’intensité différente”.

Prise de conscience

La partie suivante était sur la prise de conscience et on commence par la question “Depuis combien de temps ressentez-vous que vous êtes multiple ?” (même sans en connaître les termes). On a 4% “Moins de 6 mois”, 15% “Entre 6 mois et 2 ans”, 11% “Entre 2 et 5 ans”, 4% “Entre 5 et 10 ans”, 31% “Plus de 10 ans”, 15% “Depuis toujours”, 4% “Je sais depuis quelques années, mais des signes étaient là bien avant ”, 4% “Je sais depuis longtemps, mais j’ai vécu en “l’ignorant” pendant des années” et 8% qui ne savent pas.

Par ailleurs, on voulait également savoir si le ressenti des symptômes s’intensifie après la prise de conscience. On a 23% “Oui, totalement”, 54% “Oui, mais ça dépend des fois”, 11% “Non, je ne pense pas”, 0% “Non, pas du tout”, 4% “Toujours en déni et une baisse de manifestations depuis”, 4% qui ne se souviennent pas et 4% qui ne se prononcent pas. On a même un système qui précise que c’est à la fois agréable et flippant, comme un lâcher-prise.

On a alors demandé ce qui avait déclenché la réflexion sur la multiplicité, qui a été un peu “précurseur” des questionnements. Majoritairement, c’était “des vidéos à ce sujet”, “un·e ami·e multiple”, “un·e thérapeute” et aussi “un·e ami·e non multiple”, “le stress dû à une opération”, “une fille”, “plusieurs alters qui ont explicitement pris le contrôle”, “une mise en couple qui a fait front des alters”, “des lectures”, “un alter qui s’est manifesté pendant une séance d’EMDR et une succession de fronts pour protéger le système”, “un tweet de soutien pendant une “attaque” sur Twitter vis à vis du TDI”, “manifestations de multiplicité incontrôlées” et “mon vécu d’abord, les vidéos ont confirmé ma conviction”. Et on a laissé un petit espace libre s’il y avait des choses à rajouter sur la prise de conscience. Un système nous dit “Il est fortement possible qu’il y est eu une 1ere réalisation de notre multiplicité quand on était enfant. Cependant il y a eu une amnésie de plusieurs années et un oubli total des symptômes dont nous prenions doucement conscience.” Un autre système nous dit “On a mis plusieurs mois à tous accepter la multiplicité; temps durant lequel notre partenaire nous a aidé à trouver des mots, a permis à celleux moins dans le déni de faire des recherches par elleux-mêmes, et enfin se faire une place et « imposer » à la personne qui pensait être hôte à l’époque une existence partagée.” Et un autre système nous dit “Se remettre en question est important, est n’est pas supposé être culpabilisant.”

Vie quotidienne

On passe à la partie de la vie quotidienne et pour bien commencer, on a demandé “Est-ce que vous faites/avez fait des études ?”. On a 27% de “Oui, actuellement”, 42% “Oui, par le passé”, 19% “Non, j’ai arrêté”, 8% “Non je n’en fais pas/n’en ai pas fait” et 4% de “Cours du soir/Pas vraiment étudiant·e”.

Et même question, mais sur le travail. On a 31% “Oui, actuellement”, 8% “Oui, par le passé”, 23% “Non, mais c’est prévu”, 19% “Non, j’ai arrêté”, 15% “Je n’ai jamais travaillé” et 4% “Arrêt maladie”.

Pour les systèmes qui ont répondu oui à au moins une des deux situations, on a demandé comment ça se passe, comment la situation est vécue. On a 11% “Je le vis bien”, 23% “C’est compliqué, mais ça va”, 19% “C’est compliqué, ça va pas trop”, 15% “C’est vraiment compliqué, ça va pas”, 4% “En arrêt à cause de la multiplicité, 4% qui n’ont pas trop de difficultés vis à vis de la multiplicité, mais plutôt des “à-côté” (anxiété, dissociation, etc) et 23% qui n’étaient pas concerné·es par la question.

Et à contrario, pour celleux qui ont répondu non à au moins une des deux questions, on a demandé pour quelles raisons. Majoritairement, on a eu “Raisons de santé”, “Dissociation”, “Raisons financières”, “Désaccords entre les alters”, et aussi “Peur des crises d’angoisses incontrôlables », “Fatigue extrême, incapacité de concentration, triggers à répétition”, “En pleine levée d’amnésie traumatique”, “PTSD (Trouble de stress post traumatique) et TAG (Trouble anxieux généralisé) trop envahissants”, “Burn out + troubles + santé physique”, “Travail qui demande trop de stabilité, trop à gérer” et “Intolérance à l’humanité subie”.

Troubles et troubles associés

Pour suivre, on a posé la question “Avez-vous des (ou d’autres) troubles psys ?”. On a eu 42% d’”Autisme”, 35% de “TDA/H” (Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité), 50% de “TCA” (Trouble du comportement alimentaire), 4% de “TSS” (Trouble de spectre de la schizophrénie), 69% de “Dépression”, 46% de “PTSD” (Trouble de stress post traumatique), 73% de “Trouble anxieux”, 15% de “Trouble de la personnalité borderline”, 11% qui ne savent pas et 4% qui ne se prononcent pas. Il y a eu beaucoup de précisions sur le fait que certain·es n’ont pas de diagnostic sur ces troubles ou alors en cours de diagnostic. On aurait du préciser que l’autodiag est complètement accepté, les ressentis sont complètement légitimes. Quand on voit l’errance médicale et comment se passent certains parcours de diag, il n’y a, à nos yeux, aucun souci à faire de l’autodiag : le ressenti est réel et légitime, qu’il y ait un diagnostic officiel ou non.

La dernière question était “Avez-vous la sensation que votre multiplicité est un trouble ?”. On a eu 11% de “Je ne sens pas que ce soit un trouble pour nous”, 11% “Je ne sens pas que ce soit un trouble pour moi, mais ça l’est pour d’autres alters”, 19% “Je sens que c’est un trouble pour moi, mais ça n’en est pas un pour d’autres alters”, 11% “Je sens que c’est un trouble pour nous”, 19% qui ne savent pas et on a aussi eu quelques précisions : “Ce n’est pas un trouble, c’est juste déroutant”, “Nous sentons que c’est un trouble, mais ce n’est pas un problème pour la vie quotidienne”, “Ce qui accompagne la multiplicité peut être un trouble, mais globalement, on arrive à faire avec”, “Sans la multiplicité, on serait probablement en pire posture », “Je sens que c’est un trouble pour moi, mais je ne sais pas pour les autres”, “Compliqué à dire, la prog nous fait encore beaucoup souffrir” et “Nous avons longtemps dit non, on commence à se poser la question”. Et on a un espace d’expression libre sur les troubles (ou non-troubles). Un système nous dit “Pour l’hôte, qui a vécu singlet, c’est une véritable libération d’avoir de l’aide, car elle ne s’en sortait pas. Et ça a permis de comprendre des choses.” Un autre système nous dit “Étrangement je vois ça comme une force, avoir plusieurs points de vue sur une même situation nous rapproche un peu plus de l’objectivité totale. C’est une source incroyable de théories mêlant psychologie et philosophie, ça me passionne tout particulièrement, et j’arrive à captiver l’attention des autres du système avec mes analyses théoriques.” Un autre système nous dit “C’est dur comme question. Si c’était un truc que les gens connaissaient, avaient conscience, était « banalisé », je n’aurais aucune envie d’appeler ça un trouble; je suis beaucoup plus handicapé par l’anxiété que par le système, les deux n’ont rien à voir. Alors oui là on est en train de choper des souvenirs traumatiques au compte-goutte et oui là j’ai des soucis de flashback etc, mais une fois de plus, c’est pas *le système* le problème, plutôt la raison de son existence (les trauma).” Et un autre système nous dit “Ce sont les troubles que porte le système, on sait que tous les alters ne les ont pas, mais on ne sait pas exactement qui a quoi. Aussi, ce sont des déductions suite à de nombreuses recherches, mais pas de diag officiel à part le C-PTSD.”

On espère vraiment que la vidéo vous a plus, que c’était pas trop long et que ça a pu vous apporter une vision différente de la multiplicité ou même vous aider à vous poser des questions pour avancer, ça nous ferait vraiment plaisir si vous avez trouvé tout ça utile et sinon… On espère quand même que vous avez passé un bon moment ! Etant donné qu’on a dû laisser énormément de questions sur le banc de touche, malgré la grande envie d’en parler, on se dit qu’on refera peut-être d’autres questionnaires (et finir de traiter celui-là), plus ciblés sur certains thèmes (les alters, l’inner, etc), un peu de la même manière qu’ici, en plus “joli” visuellement, avec un questionnaire ou même directement en mode « interview », mais c’est pour l’instant qu’un début de projet ! Merci de m’avoir écouté, encore une fois j’espère que ça vous aura plu et que c’était pas trop ennuyeux à écouter. C’était ma (et notre) première expérience de vidéo et encore merci à vous ! Portez vous bien 🙂