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Les troubles dissociatifs dans le DSM-V

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Disclaimer et trigger warning

La vision du DSM-V, c’est un seul regard et… ce n’est pas forcément le bon regard. Le DSM-V est perfectible, comme beaucoup de choses. Mais c’est une base encore très utilisée par les professionnel:le:s et les critères qu’il décrit sont ceux généralement utilisés pour poser un diagnostic.

  • Le trouble dissociatif de l’identité
  • L’amnésie dissociative (avec ou sans fugue)
  • La dépersonnalisation et la déréalisation
  • L’autre trouble dissociatif spécifié
  • Le trouble dissociatif non spécifié

Mentions non explicites:
Légitimité– Traumatismes– Sidération– Abus sexuels, physiques, psychologiques– Parts dissociées – Possession– Substance, alcool– Affection neurologique/médical – Appréciation de la réalité/Hallucinations – Exemples déperso– Exemples déréal Persuasion coercitive, lavage de cerveau, endoctrinement, torture– Pratiques religieuses/culturelles– Urgences

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Le trouble dissociatif de l’identité

Critères:

  • deux alters ou plus pouvant prendre le contrôle du corps ;
  • de l’amnésie du quotidien, d’infos personnelles et/ou d’événements traumatiques ;
  • des difficultés dans la vie ;
  • pas culturel ni religieux ni jeux d’enfant ;
  • pas dû à des substances

Prévalence :

1.5% dans le DSM V
3.7% dans une étude + récente

Troubles associés:

Trouble de stress post-traumatique, troubles dépressifs, troubles liés aux traumatismes, troubles anxieux, troubles de la personnalité, trouble de conversion, trouble à symptomatologie somatique, troubles des conduites alimentaires, troubles obsessionnel-compulsif, troubles du sommeil, troubles liés aux substances, …

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Infos en plus:

Il est courant que les personnes ayant un TDI consultent d’avantages pour les symptômes des troubles comorbides et reçoivent un traitement pour ceux-ci. Mais il est aussi malheureusement fréquent que l’effet de ce traitement soit limité car ces troubles cachent le TDI et toutes ses subtilités thérapeutiques.
On estime que le TDI se développe avant l’âge de 6-9 ans, même s’il peut rester caché pendant de nombreuses années. Cette information ne se trouve pas le DSM-V, mais dans d’autres théories concernant le TDI.
Le DSM-V précise uniquement qu’il est associé à des expériences éprouvantes, à des événements traumatisants et/ou à des abus pendant l’enfance.
Précisions concernant l’amnésie (critère B) : bien souvent, on pense que ça concerne des blackouts (trous de mémoire) lors des switches entre les alters mais ce n’est pas le cas. Ce critère peut concerner ces blackouts mais aussi de l’amnésie du quotidien , de l’amnésie d’événements passés ou des informations personnelles.
Enfin, les autres troubles dissociatifs sont souvent des symptômes du trouble dissociatif de l’identité. L’amnésie dissociative est systématiquement présente, la dépersonnalisation et la déréalisation sont des symptômes très fréquents et les symptômes repris dans l’ATDS peuvent également se manifester dans le TDI.

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L’amnésie dissociative

Critères :

  • amnésie d’infos autobiographiques, souvent traumatiques ; des difficultés dans la vie ;
  • pas dû à des substances ni à une autre condition médicale ;
  • ne s’explique pas mieux par le TDI ni le TSPT ni un trouble de stress aigu, à symptomatologie somatique ou neurocognitif ;
  • si avec fugue : voyage ou errance avec amnésie d’identité ou d’infos autobiographiques.

Prévalence:

1.8% dans le DSM V
3.6% dans une étude + récente

Troubles associés:

Troubles dépressifs, trouble de stress post-traumatique, trouble de conversion, trouble à symptomatologie somatique, trouble de la personnalité, troubles de l’adaptation, …

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Infos en plus:

L’amnésie dissociative est également un symptôme du trouble dissociatif de l’identité. Dans les deux cas, il est fréquent qu’il y ait une amnésie de l’amnésie et qu’on n’ait pas conscience qu’on oublie des choses, ce qui peut encore complexifier le diag. Ne pas avoir conscience qu’on a de l’amnésie est vraiment fréquent et, de la même façon, il est possible d’oublier les événements traumatiques ainsi que le fait même d’avoir vécu des traumas. L’amnésie dissociative est d’ailleurs aussi appelée amnésie traumatique.
La fugue dissociative est considérée comme rare sauf en cas de trouble dissociatif de l’identité (ou d’autre trouble dissociatif spécifié probablement ^^).

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Dépersonnalisation Déréalisation

Critères:

  • expériences de déperso (détachement de soi) et/ou de déréal (détachement de son environnement) prolongées ou récurrentes ;
  • on sait que la réalité est toujours la réalité, on en est « juste » détâché.e.s ;
  • des difficultés dans la vie ;
  • pas dû à des substances ou à une autre condition médicale ;
  • ne s’explique pas mieux par une schizophrénie, un trouble panique, dépressif, de stress aigu ou de stress post-traumatique ni par un autre trouble dissociatif.

Prévalence:

Le DSM-V explique que la moitié des personnes vivent des épisodes brefs (quelques heures à quelques jours) de déperso et/ou déréal et qu’il est donc difficile de faire une estimation juste
2% dans le DSM V
2.2% dans une étude + récente

Troubles associés:

Troubles dépressifs, troubles anxieux, trouble de la personnalité, trouble obsessionnel-compulsif, plus rarement trouble de stress post-traumatique, …

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Infos en plus

Exemples Déperso : ne pas se sentir bien en se regardant dans un miroir ; avoir l’impression de n’être personne ou de ne pas exister ; savoir qu’on a des émotions ou des sentiments mais ne pas les ressentir ; avoir l’esprit brumeux ; ne pas ressentir la faim, la soif, le contact physique, la douleur ou le plaisir ; avoir des difficultés de proprioception ou d’équilibre ; avoir l’impression d’agir en pilote automatique ; …
Exemples Déréal : avoir la vision trouble ou du mal à « mettre au point » ; impression que l’extérieur de soi est irréel, peu familier ou terne, et ça peut concerner autant des lieux que des objets, des animaux ou des personnes ; se sentir dans le brouillard ; des difficultés avec les distances, la taille des choses, les dimensions ; …
Ce sont des troubles qui ne sont pas souvent pris au sérieux ou identifiés comme pathologiques. De plus, la déperso et la déréal sont des symptômes de nombreux autres troubles et ils sont aussi un peu considérés comme les symptômes typiques de la dissociation.

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ATDS: Autre trouble dissociatif spécifié et TDNS Trouble dissociatif non spécifié

Critères:

  • des difficultés dans la vie ;
  • pas dû aux substances ;
  • pas culturel ni religieux ;
  • pas dû à un autre trouble

ou une autre condition médicale ;

  • comme un TDI mais sans switch ou sans amnésie ;
  • OU présence possible de fragments d’identités ;
  • OU identité modifiée/en questionnement, présence possible de fragments également ;
  • OU déperso et/ou déréal et/ou amnésie dissociative durant une courte durée ;
  • OU transe dissociative : absence de réactions, perte de conscience de l’environnement, ;
  • OU de la dissociation pathologique n’entrant pas strictement dans les critères diag des autres troubles dissociatifs ;
  • OU un mélange de tout ça.

Prévalence:

pas de chiffre dans le DSM V
4.5% pour l’ATDS dans une étude + récente

Troubles associés:

Le DSM-V ne précise pas de troubles associés, mais on peut supposer que les troubles associés aux autres troubles dissociatifs peuvent être repris Exemples : troubles dépressifs, de stress post-traumatique, anxieux, etc…

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Infos en plus:

Comme décrit, l’ATDS reprend vraiment toute la dissociation symptomatique qui ne rentre pas dans d’autres cases diag, qu’il y ait des alters ou non. Bien sûr, lorsqu’il y a des alters, le TDI et l’ATDS peuvent se ressembler très fort. Mais d’ailleurs, qu’est-ce qui différencie un.e alter du TDI d’un.e alter de l’ATDS ? Hormis le switch ou non ou le côté “accompli.e” ou non, c’est vraiment difficile à dire. Mais après tout, est-ce vraiment important ?
Ces exemples ne sont pas des critères stricts obligatoires et on ne veut pas que quelqu’un.e ne se sente pas légitime parce qu’iel ne rentre pas dedans, surtout alors que l’autre trouble dissociatif spécifié accepte vraiment beaucoup de manifestations de la multiplicité.
Le TDNS est un peu comme un diagnostic temporaire le temps d’investiguer pour savoir s’il y a un trouble dissociatif spécifique. C’est sans doute pour cette raison qu’il n’est pas souvent expliqué.