Format audio – Discussion sur l’injonction aux traumas, en particulier « graves », et pourquoi nous pensons qu’il vaudrait mieux l’éviter.

Kara: Bonjour et bienvenue sur ce nouvel épisode de « Et si on parlait de? » sur la multiplicité, présenté par Epsi et Kara. Aujourd’hui on a particulièrement envie de vous parler d’arrêter les injonctions aux traumas mais on est bien conscients que ce titre n’est pas très vendeur parce que c’est pas très explicite. Ce qu’on veut dire par là, c’est en fait une multitude de petits points qui ont, comme souvent dans ce genre de format, un lien entre eux mais pas assez pour qu’on fasse une vidéo classique parce que ce serait pas clair [rire]. Mais donc on va vous dire des trucs, des points, les uns à côté des autres, et à la fin on espère que vous aurez compris c’est quoi le lien entre les tous- entre tous. [rires]

Epsi: « Entre les tous » c’était mignon.

K: Du coup, un fait d’abord: les critères diagnostiques du TDI, et de certaines formes d’ATDS qui concernent la multiplicité, et du TDI partiel, c’est dans tous les cas, la présence d’alters, de l’amnésie ou pas en fonction et de la détresse cliniquement significative, c’est pas des jeux d’enfants et ce n’est pas lié à une pratique culturelle répandue. C’est tout. Les critères diagnostiques, c’est ça. C’est juste être plusieurs et avoir de l’amnésie ou pas en fonction des cas mais en bref, c’est juste être plusieurs. Et donc, c’est ce qu’on disait dans notre dernière vidéo, mais c’est un peu pour revenir là-dessus, il y a évidemment des gens qui pourraient rentrer dans ces critères alors que leur multiplicité ne serait pas induite par des traumatismes, que leur multiplicité ne se serait pas développée dans l’enfance ni même que leur multiplicité n’ait pas été créée, engendrée, par elleux-mêmes.

E: Oui. Ce qui veut pas dire que toutes les personnes multiples rentrent dans les critères ou doivent se considérer comme concernées mais les traumas ne sont pas un critère diagnostique.

K: Tout à fait, c’est là que je voulais arriver. Est-ce que pour autant, on pense que les traumas n’ont rien à voir avec le TDI et les autres formes de multiplicité traumagène ? Absolument pas, c’est pas ça qu’on dit. On est complètement d’accord avec le fait que évidemment qu’y a un lien. Évidemment que pour une majorité, voire même une très grande majorité, des personnes concernées, le lien est existant. Mais ça ne change pas le fait que ce n’est pas un critère diagnostique. Et donc de ce même principe, en partant des critères diagnostiques, un système qui aurait des traumas qui seraient à l’origine de leur multiplicité mais qui aurait une pratique spirituelle dans laquelle la multiplicité est quelque chose d’admis, on pense par exemple à la tulpamancie: même si cette personne, l’origine de sa multiplicité est traumatique et donc est plutôt traumagène, pourrait complètement ne pas rentrer dans les critères diagnostiques parce que aurait une pratique culturelle reconnue comme acceptant la multiplicité. C’est vraiment de ça dont on a envie de parler maintenant, du: à mettre le trauma, les traumas au centre de tout, on exclut des personnes de tous les côtés.

E: Oui.

K: Donc ça c’était le premier fait. Et vraiment je le répète, évidement que dans la majorité des cas, la plus grande partie des systèmes traumagènes ont des traumas, c’est l’idée.

E: Mais il y a rien qui prouve que les traumas sont le seul lien.

K: Non.

E: Il y a, c’est factuel, un lien possible entre TDI et traumas, mais il n’y a rien qui prouve que c’est le seul.

K: Par exemple, les théories actuelles ont tendance à dire que, c’est ce que la dissociation structurelles dit par exemple, que le TDI, c’est plutôt un échec d’intégration, qui se passe entre 6-9 ans, de différents aspects, et qu’on nait tous avec différents aspects et que, voilà, ça forme des identités dans le TDI parce qu’il y a eu un échec d’intégration là. Alors que les théories d’avant disaient plutôt que c’était des divisions. Et on peut pas savoir ce que les théories de demain diront. Et, vous allez me dire peut-être, « mais c’est comme ça pour tout! » et je suis tout à fait d’accord! Mais là où c’est vraiment complexe, c’est que les scientifiques peuvent décemment pas prendre une brochette d’enfants et leur faire faire des expériences pour voir qui va avoir un TDI ou pas, qui va pas en avoir, qui- On va pas traumatiser des enfants juste pour la science. Éthiquement, j’ai pas dit que ça n’arrivait pas, éthiquement.

E: C’est ça. Et je sais qu’il y a des systèmes qui ont conscience d’être plusieurs depuis toujours, et donc si tu reprends la théorie de la dissociation structurelles, ça reste cohérent parce qu’on est censés être- naître plusieurs.

K: Oui.

E: Mais à côté de ça, c’est tendu de partir dans ce biais-là. Mais une majorité de singlets n’ont absolument aucun souvenir d’avoir été plusieurs enfant. Il y a matière à se poser des questions, je trouve. C’est une des preuves, au-delà de tout le problème avec cette théorie qui reste très martelée, bref-

K: On vous renvoie vers notre vidéo à ce sujet si vous voulez, on vous la glissera en description.

E: ça reste que ouais, y a quand même, c’est quand même très difficile d’aller déterminer ce qui se passe réellement dans la formation d’un TDI.

K: À fond. Et c’est « improuvable » entre guillemets, en tout cas à l’heure actuelle. Je sais que les études en neurosciences avancent mais ça reste quand même des études qui se font à posteriori, sur des cerveaux d’adultes, et donc-

E: Majoritairement oui.

K: Oui parce qu’il peut y avoir effectivement des enfants qui seraient déjà conscients de leur multiplicité et qui auraient déjà un diag et pourraient déjà rentrer dans des études et déjà avoir; par exemple, des IRM ou un truc comme ça, mais ça fait un peu beaucoup de « et si », mais pourquoi pas.

E: Et surtout que les recherches sont quand même faites du coup sur les personnes multiples qui ont une détresse considérée cliniquement significative, mais donc une détresse pour laquelle ils vont consulter par exemple, et donc les études sont en fait- les études qui concernent la multiplicité sont faites sur ces gens-là et pas sur la multiplicité en général, c’est logique, c’est comme ça que fonctionne la psychiatrie et autre. Donc il y a forcément des biais et sans compter que, que ce soit la CIM, le DSM ou la psychiatrie en général, reconnaît qu’il y a d’autres formes de multiplicité puisque les formes communément admises ou je sais plus comment c’est dit.

K: Oui, culturellement.

E: Culturellement admises ne doivent pas être considérées comme un trouble.

K: Et c’est une des raisons pour lesquelles nous, on est profondément inclusifs à toutes les formes de multiplicité. C’est parce qu’on n’a aucune preuve formelle sur les différentes origines mais surtout parce qu’on pense profondément qu’on a bien plus à apprendre les uns, les autres que le contraire. On a bien plus de similitudes et de tips et de conseils à échanger, à se donner que plein d’autres choses. Et évidemment, dans un point de vue individuel, on peut pas être pote avec tout le monde, mais c’est pas, selon moi, l’origine qui détermine avec qui je peux m’entendre et avec qui les conseils peuvent sembler être pertinent pour moi. Ça, c’était vraiment pour le côté un peu « revenons objectivement aux termes ».

E: [rire] Oui.

K: Un peu le côté les faits. Mais il y a plein d’autres raisons pour lesquelles l’injonction aux traumas, je vois vraiment pas comment on peut appeler ça d’autre, est vraiment pas top, pour pas dire nulle.

E: Du coup, pour un peu définir ce qu’on entend par « l’injonction aux traumas » parce qu’on ne trouve pas d’autres mots pour le dire, c’est vraiment le fait que le TDI est souvent décrit comme un trouble qui se développe suite à des traumas, souvent dit « graves et répétés » mais plus généralement, qui est dit aussi comme complexes et/ou répétés. Et encore une fois, on ne dit pas que c’est faux et on ne minimise pas du tout le côté traumagène de plein de systèmes qui ont un TDI. Mais le fait de marteler un peu toujours cette phrase, et surtout dans les exemples qui sont un peu systématiquement donnés, notamment dans les médias, dans les médias informatifs, par les professionnel-les de santé ou autre, les exemples sont toujours considérés comme particulièrement graves. Ce qui fait que ça donne des cases un peu restrictives, genre il faut vraiment avoir vécu des trucs particulièrement horribles pour qu’un TDI ait pu se développer de ça. Et le problème qu’on a avec ça, nous personnellement, avec ces phrases et cette injonction du coup, c’est le fait que c’est difficile de reconnaître qu’on a été traumatisés dans plein de cas. Parce que le traumatisme en réalité, c’est pas toujours un truc sensationnel. C’est pas un événement sensationnel qui laisse une trace. C’est n’importe quoi, potentiellement, qui va laisser une trace chez quelqu’un ou pas chez quelqu’un d’autre. Et clairement, il y a des événements qui ont tendance à laisser plus facilement des traces chez les gens, évidemment.

K: C’est ça, statistiquement, il y a certains événements qui traumatiseront plus de gens que d’autres événements.

E: C’est ça mais ça reste la réaction personnelle d’un choc. Et encore, personnelle pas que, parce que je pense qu’il y a une dimension à la fois de la gestion personnelle mais aussi de l’environnement, de l’entourage, etc. qui fera une trace qui reste ou pas et donc un trauma ou pas.

K: Il y a par exemple des études qui montrent que, en fonction de comment les personnes sont prises en charge, les séquelles- c’est une étude sur le PTSD simplement mais tu vois qui, en fonction de comment la personne a été prise en charge et entourée et écoutée et à quel stade après l’événement et quelles conséquences ça aura.

E: Voilà. Et du coup, c’est un peu délicat d’aller dire qu’il faut des traumas graves et répétés ou toujours citer des trucs particulièrement sensationnels j’ai envie de dire, même si c’est pas le sens… mais voilà, bref. Parce que ça fait qu’il y a plein de gens qui sont en fait traumatisés, donc qui répondent à cette injonction aux traumas, mais qui n’en ont pas conscience et qui se disent qu’ils sont pas légitimes à aller chercher leur vécu, leurs expériences, leurs façons d’avoir géré les trucs par la dissociation, par le TDI ou autre, parce qu’ils ont l’impression de ne rien avoir vécu de grave, ou de suffisant en tout cas, pour avoir développé ce trouble-là.

K: Alors que c’est vraiment paradoxal parce que c’est déjà un fait un peu connu et commun que c’est compliqué de conscientiser la gravité de ce qu’on a vécu soi-même, c’est compliqué de le faire passer par le filtre de la société qui, comme tu le dis, a des trucs un peu plus graves que d’autres et aussi de se l’appliquer à soi avec tous les biais qu’on peut avoir et le côté un peu minimisant qu’on peut avoir. En plus de l’amnésie, les souvenirs pas très clairs, etc.

E: La dissociation.

K: Oui. Et donc ben oui, ça n’aide pas les personnes à se questionner dans le bon sens. Et du coup ça peut vraiment être une raison, en plus du fait de pas se sentir légitime, ça peut vraiment engendrer un retard de prise en charge. Parce que si tu cherches pas, enfin parce que tu vois, si tu cherches pas dans la bonne direction parce que tu te sens pas légitime parce que tu as l’impression que c’est pas assez, ben tu peux pas aller consulter, tu peux pas avoir des adaptations, tu peux pas avancer dans ce sens.

E: Et tu peux pas te prendre en charge toi-même, c’est prise en charge générale quoi.

K: Aussi oui. Et dans l’autre sens, je sais pas si pour certaines personnes, et je pense que ça doit arriver, ça pousse pas à chercher et à pousser trop fort pour savoir.

E: Tout à fait.

K: Je pense que c’est un peu le penchant inverse, je pense vraiment que- je pense vraiment qu’il y a des moments où les sorties d’amnésie sont plus propices que d’autres, que c’est un peu plein de facteurs combinés, sauf événement extérieur mais, plein de facteurs combinés qui font que voilà, la sortie d’ amnésie commence. Et par exemple, si des gens se disent « moi j’ai vraiment l’impression qu’on est plusieurs mais j’ai rien vécu d’assez grave du coup peut-être que c’est que j’ai vécu quelque chose de grave », d’aller chercher et d’effectivement trouver quelque chose. Et là non plus, on dit pas que toutes les personnes qui sont multiples ont en fait des traumas dont ils ne sont pas conscients, mais c’est une possibilité, ça fait partie du panel de possibilités. Ben je pense que ça doit être vraiment pas simple et même plus dur d’avoir des sorties d’amnésie précoces quoi.

E: Oui. Oui, je pense vraiment que ça doit arriver effectivement d’aller chercher trop et qu’il y ait une barrière qui tombe alors que c’est pas le moment quoi. Et du coup je pense vraiment qu’un autre problème de l’injonction aux traumas, qui découle un peu de ce fait de « j’ai rien vécu d’assez grave » et tout ça, c’est vraiment un problème de notre société de la gestion de la souffrance en général et des difficultés en général. Évidemment, c’est pas nouveau [rire] plot-twist – non c’est pas vrai. Mais ça pousse aussi à comparer les traumas.

K: Oui, évidemment.

E: Ça pousse à comparer le « ah j’ai vécu moins grave que toi donc moi c’est pas possible » ou « j’ai pas le droit de me plaindre parce qu’il y en a qui vivent pire », j’ai pas le droit de me plaindre, d’en parler, etc. Ça pousse aussi les autres gens à dire « t’es sûr-e? mais t’as vécu que ça mais moi ce que j’ai vu chez un autre système, ça avait l’air plus grave que toi », etc, etc. Et ça c’est vraiment un problème majeur mais social quoi.

K: À fond.

E: Et je pense vraiment que c’est inutile. Et clairement, moi non plus je ne veux pas comparer les traumas en disant ils sont tous au même pied d’égalité, dans le sens où bien sûr qu’il y a des gens qui vont vivre des trucs plus graves pour eux-mêmes et d’autres qui vont vivre d’autres événements qui n’ont rien à voir mais qui seront plus graves pour eux-mêmes, ça dépend vraiment plein de facteurs, et tout le monde devrait pouvoir être reconnu à hauteur de ses besoins.

K: Oui c’est ça en fait, oui c’est ça, la conclusion c’est juste ça: qu’il y ait des choses plus difficiles ou moins difficiles personnellement ou pas, bah on s’en fout en fait, juste, quelle que soit la gravité de ce que tu vis, tu mérites d’être entendu-e, d’être cru-e et d’être aidé-e, point. En fait, c’est ça qu’il faudrait dans un monde idéal.

E: C’est pas pour- parce qu’il y a un peu ce problème quand on dit « il faut arrêter l’injonction aux traumas, il faut pas faire des hiérarchies des traumas, etc. », il y a des gens qui pensent qu’on minimise leur souffrance, à l’inverse. Il y a des gens qui pensent qu’ils souffrent pas assez et des gens qui pensent qu’on veut minimiser leurs souffrances. C’est faux. C’est juste, tout le monde devrait pouvoir avoir accès à ce qui répond à ses propres besoins, sans comparaison, il n’y a pas besoin de comparer. Voilà.

K: Je suis d’accord. Et en plus, toujours dans le même principe, ça peut aussi engendrer des conflits intra-système comme de la culpabilité, des problèmes de légitimité, des des ambivalences sur qu’est-ce qu’il faut dire ou pas dire, est-ce qu’on est cru-es ou pas cru-es, ah tu as dit ça mais on n’aurait pas dû, et créer de la mauvaise communication dans le système, et c’est triste.

E: Et c’est clair que c’est un problème parce que ça peut facilement justement être accentué par tout ce climat d’injonction aux traumas et de réactions aux traumas des gens. Oui, toujours se concentrer sur ce côté trauma, ça pousse aussi les personnes extérieures à chercher, « qu’est-ce que tu as vécu? ah tu as un TDI donc t’es traumatisé-e! qu’est-ce que tu as? ».

K: Oui et à changer un peu la perception, à changer un peu le regard que les personnes extérieures peuvent avoir sur le système. Genre, aussi dans deux sens, aucun bien à mes yeux. « Ah t’es une petite chose fragile » ou à l’inverse « oh mais tu es trop une leçon de vie ».

E: Oui! Et ça pousse au jugement quoi. « T’es sûr-e que t’as vécu des trucs assez graves? », bref. Et tout ça sur l’intra-système, qui peut déjà être vraiment compliqué, surtout quand on a des traumas complexes avec potentiellement des alters qui ont pas les mêmes ressentis vis-à-vis d’événements qui se sont passés, ça peut vraiment être un- ça peut vraiment pousser au retard; comme tu disais; de la prise en charge personnelle mais aussi; entre alters des conflits qui peuvent durer très, très longtemps à cause de toutes ces injonctions aux traumas, aux traumas graves, etc.

K: Je suis d’accord.

E: Et encore une fois, sans vouloir minimiser le vécu qui que ce soit, ça fait du bien à personne l’injonction aux traumas.

K: Non, c’est ça.

E: Voilà. Et dans une notion plus vis-à-vis de la société encore une fois, le TDI en général est considéré comme un trouble exceptionnel, rare, très particulier, qu’on ne voit pas partout, qui ne doit arriver du coup que dans des situations de traumas extrêmes, etc. Alors que c’est faux. C’est pas rare, c’est en fait très fréquent, c’est juste que voilà, personne n’en a vraiment conscience, etc. Et comme on le disait, les traumas en fait c’est plus complexe que les traumas extrêmes décrits généralement.

K: Et en soi, et on a déjà parlé du coup on va pas s’étendre sur le sujet mais, même les traumas considérés comme extrêmes sont moins rares que ce que la société en général ne veut le croire. C’est un problème dans le problème.

E: Oui.

K: On pense que les violences infantiles, c’est rare, alors qu’en fait, c’est pas si rare. Et donc on pense que, parce que les violences sur les enfants c’est rare, le TDI c’est rare mais en fait, vu que c’est pas si rare et que c’est pas si rare et que c’est pas si rare, ben non, ça fait pas rare du tout. Si déjà ce qui est considéré comme rare est pas rare, rare et exceptionnel, tu vois, est pas rare, et qu’en plus, c’est beaucoup plus large que ça ce qu’est un trauma, ça fait encore moins rare, et ben du coup ça fait pas rare.

E: Tout à fait.

K: Je sais pas si c’était très clair. [rire]

E: Mais du coup oui, ça rend encore moins pertinent l’injonction aux traumas parce que, même si tu veux faire de l’injonction aux traumas, c’est plus répandu que ce que la majorité des gens pensent au niveau des traumas dits extrêmes.

K: C’est ça! C’est ce que je voulais dire.

E: Tout à fait. Et en plus, c’est une forme de stigmatisation du TDI, et de la multiplicité en général mais restons sur le TDI, parce qu’il y a vraiment que l’horreur, l’extrême, le sensationnel, le particulièrement horrible qui peut mener à cette forme de folie, tu vois? Il faut une justification acceptable, et la justification acceptable, c’est être très, très, très traumatisé-e par des trucs très, très, très extrêmes pour que le TDI puisse être admis comme une possibilité, puisse exister en fait. Et bah ça n’aide pas du tout à la reconnaissance de ce trouble qui en fait n’est pas rare et que même, comme tu disais, les traumas dits extrêmes, y en a plein qui sont pas rares du tout, et de tous les gens qui n’ont pas vécu ces traumas dits extrêmes mais qui sont pourtant quand même très traumatisés, et plus largement de la multiplicité en général qui ne concerne pas forcément ni les traumas ni forcément un trouble. Voilà. Je trouve vraiment que c’est une forme de stigmatisation de plus dont il est difficile de se dépêtrer parce que c’est un biais qu’on a souvent de « je dois justifier d’avoir un TDI », et cette justification-là est considérée comme acceptable, relativement si on te croit, bref, etc.

K: Oui.

E: Voilà. Et donc ce serait bien d’essayer, je pense, d’arrêter autant que possible l’injonction aux traumas.

K: Oui. C’est une conclusion qui me convient. Voilà, bon on vous l’avait dit, c’était un peu décousu mais on espère que c’était quand même intéressant et que vous aurez des choses à en dire, et n’hésitez pas à nous apporter vos réflexions sur le sujet. On espère que ça vous a plu et on se dit à dimanche dans quinze jours, à bientôt!