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L’« Effet Sybil »

Je l’ai vu passer à plein d’endroits différents et ça m’énerve un peu alors on va en parler deux minutes : le fameux « effet Sybil »

TW mentions d’abus de différents types au cours de l’article

On va faire un rappel des faits en très bref. Dans les années 70, Sybil a vu une psy pour son TDI, la psy et une journaliste en ont fait un livre, un autre psy a dit “c’est tout du faux”, ça a polémiqué bien sûr, jusqu’à ce que Sybil dise que c’était faux mais après sa mort, ses lettres ont révélé que c’était vrai. 

Est-ce que Sybil avait un TDI ou pas ? Probablement mais c’est pas le sujet. 

Le sujet, c’est que suite à la médiatisation du cas de Sybil, plein de gens ont pris conscience qu’ils avaient peut-être, eux aussi, un TDI. On a parlé “d’épidémie de personnalités multiples” et autres joyeusetés du genre. 

Bien entendu, quand les gens parlent d’”effet Sybil”, ils parlent de ça, du fait que le TDI est à nouveau médiatisé et que donc, il y a des prises de conscience qui se déclenchent chez plein de personnes. Et, évidemment, on revient aux polémiques et aux “c’est faux, il ne peut pas y en avoir autant”. 

Mais il y a deux choses qui sont oubliées dans ce discours. 

La première, c’est que le TDI n’est absolument pas rare, il est seulement méconnu (tu, en fait, mais on y revient) et sous-diagnostiqué. Donc oui, et ça arrive dans plein de domaines : quand on découvre un truc et qu’on s’informe dessus, on peut se reconnaitre dedans. 

La société, dont la norme n’est pas la multiplicité, tait l’existence de la multiplicité. Alors les personnes multiples restent seules avec leurs questionnements eh puis, quand on leur dit que la multiplicité existe, elles comprennent leur vécu. Wawh.
Mais on ne va pas s’étaler sur le validisme ni sur la société qui silence les gens “hors de ses normes”, surtout les fols. Passons à la suite.

La seconde, et c’est là que ça m’énerve, c’est que la médiatisation de Sybil et “l’épidémie de personnalités multiples” qui a suivi n’ont pas été sujets à polémique sur le simple fait de la multiplicité. Ok, être plusieurs dans sa tête, c’est pas “normal pour la société”, on peut avoir du mal à comprendre et à admettre que des choses “pas dans les normes” existent, c’est la société, c’est comme ça. Mais vous ne vous demandez pas pourquoi ou comment cette “épidémie” s’est arrêtée ? Ce qui a vraiment dérangé la société à l’époque, c’est la révélation des traumatismes d’enfance vécus par toutes ces personnes qui ont pris conscience d’un possible TDI. 

Eh oui. La chape de plomb s’est effritée : guess what, il y a des enfants qui subissent des abus. Et beaucoup, en plus.

Et ça n’a pas plu, malheureux ! Parce que qui dit abus d’enfants dit… personnes qui abusent des enfants. Et on ne parle pas ici des monstres de ruelle, non, non, ces gens-là sont minoritaires. On parle de gens dans la famille, les proches, le voisinage, les collègues des parents, l’école, le sport, l’église, les hôpitaux, partout. On parle de gens “dans les normes de la société”, des gens “normaux”. On parle de psy, même. Qui abusent des enfants. 

C’est ça que la médiatisation du cas de Sybil a engendré : des prises de conscience d’un potentiel TDI et, surtout, de traumatismes d’enfance. 

Bien sûr que la société a cherché à étouffer ça ! Comment accepter ça ? C’est pas le nombre de personnes ayant un TDI qui fait peur à la société, c’est le nombre de témoignages de personnes abusées durant leur enfance qui ébranle. On y croit pas, on ne veut pas y croire. 

Tellement pas qu’on invente des pathologies et des syndromes (merci la psychiatrie) pour discréditer les victimes, soit des enfants, ou leur mère dans certains cas comme avec le syndrome d’aliénation parentale. Si besoin de le rappeler, c’est de la merde créée par un mec qui considère que les abus c’est important pour la société et que les femmes peuvent aimer ça. Le best syndrome bullshit inventé pour couvrir les abus d’enfant, ça reste évidemment la Fondation des Faux Souvenirs avec son syndrome des faux souvenirs, fondation qui a été dissoute mais qui a encore des conséquences sur le fait de croire les victimes aujourd’hui. Fondation créée par des personnes qui abusent des enfants pour décrédibiliser le discours d’enfants victimes d’abus. VOUS VOYEZ LE PROBLÈME VOUS ? 

L’”effet Sybil” a levé un voile sur la réalité du nombre beaucoup trop énorme d’abus d’enfants. Beaucoup trop énorme pas parce que c’est faux mais parce que ça ne devrait pas être vrai. Et la société a réussi à remettre une bonne couche de béton dessus à l’époque. Une bonne couche de doutes sur la pédocriminalité, l’inceste, les abus rituels, la violence psychologique, les thérapies de conversation et toutes ces crasses qu’il faut taire. Pourtant, aujourd’hui, on commence à avoir des études, des révélations, des preuves. Mais la société ne veut pas, les gens normaux ne veulent pas, et les victimes continuent à s’égosiller dans le vide ou à se taire par doutes ou par honte. 

Alors ouais, moi je suis pour l’effet Sybil. Déjà, si plein de gens prennent conscience de leur TDI, ils auront potentiellement la possibilité de se comprendre et d’aller vers le mieux pour eux. Et surtout, cette foutue chape de plomb se lèvera peut-être enfin ! Et s’il faut passer par une “épidémie” ou une “mode” du TDI pour ça comme vous dites, qu’à cela ne tienne ! Le but reste quand même de protéger les enfants, de croire leur parole et de tenir compte des adultes victimes durant leur enfance. 

Personnellement, j’ai travaillé sur mon validisme intériorisé et je n’ai pas de problème avec le fait que de nombreuses personnes aient le même trouble que moi ou aient un trouble tout court d’ailleurs. Ce qui est un problème, c’est que les abus d’enfants existent en dehors des ruelles sombres et soient si nombreux, et c’est un énorme problème que ça ne soit pas cru à une si grande échelle. Une échelle si grande que même les personnes multiples traumatisées tombent dans ce piège trop commun nommé “l’effet Sybil”. Je n’ai aucune envie de protéger la société, j’ai envie de protéger les enfants de cette société qui ne les croit pas et les fait taire. 

Si, par “effet Sybil”, vous voulez dire que vous avez peur que la multiplicité soit feinte (déjà, pourquoi ? mais peu importe), banalisez-la. Tant que vous voudrez la garder exceptionnelle, elle le restera. 

Et l’origine des difficultés de la majorité des personnes avec un TDI, ça reste les traumas, et c’est eux qui ne doivent pas être banalisés mais qui le sont actuellement. 

Faites le lien.

These findings point to the conclusion that dissociative disorder patients are underrecognized and undertreated, rather than being overdiagnosed. Why is DID so often underdiagnosed and undertreated? Lack of training, coupled with skepticism, about dissociative disorders seems to contribute to the underrecognition and delayed diagnosis. Only 5% of Puerto Rican psychologists surveyed reported being knowledgeable about DID, and the majority (73%) had received little or no training about DID.94 Clinicians’ skepticism, about DID increased as their knowledge about it decreased. Among U.S. clinicians who reviewed a vignette of an individual presenting with the symptoms of DID, only 60.4% of the clinicians accurately diagnosed DID.95 Clinicians misdiagnosed the patient as most frequently suffering from PTSD (14.3%), followed by schizophrenia (9.9%) and major depression (6.6%). Significantly, the age, professional degree, and years of experience of the clinician were not associated with accurate diagnosis. Accurate diagnoses were most often made by clinicians who had previously treated a DID patient and who were not skeptical about the disorder. It is concerning that clinicians were equally confident in their diagnoses, regardless of their accuracy. A study in Northern Ireland found a similar link between a lack of training about DID and misdiagnosis by clinicians.96 Psychologists more accurately detected DID than did psychiatrists (41% vs. 7%, respectively). Australian researchers found that misdiagnosis was often associated with lack of training about DID and with skepticism regarding the diagnosis.85 They concluded, “Clinician skepticism may be a major factor in under-diagnosis as diagnosis requires [dissociative disorders] first being considered in the differential. Displays of skepticism by clinicians, by discouraging openness in patients, already embarrassed by their symptoms, may also contribute to the problem.”

Source : https://bit.ly/3zp987N