Doctor Who: la régénération comme métaphore de la multiplicité « On parle de Doctor Who et des liens entre la régénération des docteurs et la multiplicité. »
Avertissements de contenu:
Peur de la disparition identitaire et de la perte de soi, PTSD et alters liés aux traumas, guerre et génocides et crimes divers fictifs, réactions externes à la multiplicité
Transcription:
S : L’intervention que vous vous apprêtez à visionner a été réalisée par deux geeks très enthousiastes et excités qui vont parfois se couper la parole, mais sans agressivité on était juste très contents et on pensait aux même choses. J’en profite pour prévenir qu’en tant qu’analyse de Doctor Who par le prisme de la multiplicité, cette vidéo contient énormément de spoil, mais tout le monde peut la regarder car on définit pas mal de choses au début. Les trigger warnings seront un peu plus durs que d’habitude, donc la liste complète des TW est : références aux dynamiques internes (les rôles les alters, leurs relations, leurs conflits), confusion d’identité et le rapport au corps, PTSD et trauma holders, génocide et crimes diverts (fictionnels bien entendu), la peur de la disparition identitaire et la perte de soi ; et enfin les réactions externes parfois négatives à la multiplicité. Les événements analysés ici sont tous fictifs mais peuvent quand même heurter, et pour les moments où chacun est évoqué, je mettrais un warning sur l’écran le temps que le sujet soit traité et mentionné. Merci à toustes et bonne vidéo ! I : Bonjour ! S : Bonjour ! I : Je suis le système indigo. Ça fait bizarre de dire je suis le système, nous sommes le système indigo. S : Et du coup nous c’est le système sage, et on fait une troisième intervention kaléidoscope. I : Oui ! S : Cette fois-ci sur un sujet un peu particulier et dans des circonstances un peu différentes parce qu’il y en a un qui va un petit peu plus parler de l’autre. I : Je vois pas qui… Nous allons parler de Doctor Who. Sage, résume-nous Doctor Who. S : Alors Doctor Who, c’est une série de science-fiction et space-fantasy britannique qui parle, enfin qui est focus sur le Docteur qui est un seigneur du temps venant de la planète Gallifrey et qui peut donc voyager à travers le temps mais aussi l’espace à bord de son vaisseau spatial qui ressemble à une cabine bleue que vous avez peut-être déjà vu dans la culture populaire. I : Une cabine de police. S : Oui, et qui s’appelle le TARDIS. Et au fur et à mesure de ce voyage, il rencontre diverses compagnes et compagnons, la plupart du temps platoniques, avec lesquels pendant quelque temps il va passer du temps avant de changer de compagne et de compagnon pour diverses raisons. Il me manque des choses ? I : Non, je pense que c’est pas mal pour un résumé parce qu’il y a plein d’autres détails dont on aurait pu parler. S : Oui. I : Mais je trouve que pour les gens qui connaissent pas Doctor Who, c’est un bon début. S : De toute façon, vous pouvez tout rattraper parce qu’il y aura forcément plein d’autres détails et de définitions. I : Voilà, c’est ça. Je rajouterais que l’ambiance de la série pour donner envie aux gens de regarder, l’ambiance est… fluctue d’un épisode à l’autre parce que déjà c’est pas les mêmes… les épisodes sont pas toujours écrits par la même personne. S : Oui. I : Et ni réalisés par les mêmes personnes. Et du coup, tu peux avoir des épisodes très branchés horrifiques, des épisodes très branchés fantastiques, fantaisie et il y a d’autres qui sont très historiques. Des épisodes très science-fiction, très historique, ouais, il y a un peu de tout en fait. S : Oui, on peut trouver un peu… I : Il y a à boire et à manger. C’est très bien. S : C’est pratique parce que ce qui fait qu’il y a beaucoup de gens qui ont chacun leur préférence et qui peuvent… Ça peut prendre énormément de monde en fait. I : Si t’aimes pas un épisode, faut pas t’arrêter là parce qu’il va y avoir des épisodes qui vont plaire peut-être plus tard, qui vont être différents en fait. S : Sauf si t’aimes pas la base de la série mais ouais, tu peux facilement aimer ça je pense. I : Et je préfère préciser ça tout de suite aussi, si vous voulez vous lancer dans Doctor Who, je vous conseille d’aller voir l’épisode… le site “Does the Dog Die” qui répertorie les trigger warnings de la série parce qu’il y en a un sacré nombre et qui sont différents pour chaque épisode. Donc là c’est bien, vous pouvez taper le nom de l’épisode et trouver les trigger warning associés, et c’est plutôt bien rempli en ce qui concerne Doctor Who. S : D’ailleurs du coup pour celleux qui aimeraient, qui seraient intéressés pour regarder Doctor Who, peut-être que cette intervention c’est peut-être pas forcément le meilleur moyen de commencer parce que… I : A part si vous préférez être spoilé. Moi je sais que je préfère être spoilé avant de regarder la série. S : Parce qu’à part, et même on le mentionne un petit peu, à part pour le 13e Docteur, on va expliquer ce que c’est les chiffres après, on risque de pas mal spoiler sur plein de choses du lore Doctor Who. I : Donc il y a un principe dans cette série, par rapport au personnage principal qui s’appelle le Docteur, qui est la régénération. La régénération, qu’est-ce que c’est ? C’est en gros lorsque le Docteur est au bord de la mort, au lieu de mourir, il va changer d’apparence physique et se restaurer complètement. En gros ça permet, c’est une facilité aussi pour le changement d’acteur entre entre un Docteur et un autre, ce qui fait que la série a pu durer très longtemps. S : C’était nécessaire de changer d’acteur parce que je crois que les premiers sont déjà décédés. I : Euh, non le premier est toujours vivant mais je crois qu’il a plus de 90 ans ? Non il est décédé, je sais plus, faudra que je vérifie. Je ne sais pas. Mais toujours est-il que du coup pour s’y retrouver dans le fandom, on numérote les Docteurs, c’est-à-dire que ça va du numéro 1 à 16 maintenant. Et en gros le numéro 1 c’est le premier Docteur qui est apparu et le numéro 16 c’est le dernier en date. S : Sachant que nous on a commencé avec le reboot de la BBC début des années 2000. I : 2005. S : Merci, tu connais les dates. Dans lequel on voit la neuvième régénération du Docteur. Donc en fait on a commencé comme la plupart en fait des fans actuels du Docteur Who avec le neuvième, on ne sait pas énormément de choses non plus sur les anciens. I : Non, les anciens je connais quasiment rien au lore des anciens. S Parce que c’est difficile de trouver les épisodes en France. I : Il y a des épisodes qui sont carrément des Lost Media sur la première saison. S : Oui, c’est impossible de les retrouver. I : Voilà. Et puis ça prendrait beaucoup de temps de tout rattraper très très honnêtement parce que bon. Et du coup oui, on a regardé en gros le 9e Docteur, le 10e Docteur, le 11e Docteur. On en est à la moitié du 12e. Des épisodes qui existent avec le 12e Docteur. Et il y a eu un autre reboot. Je suis désolée, ça doit être un peu dur à suivre. Mais il y a eu un autre reboot… S : L’année dernière. I : Ouais, il y a deux ans non ? 2023, quelque chose comme ça. On mettra la date à nouveau au montage. Et du coup on a commencé ce reboot là aussi sans avoir terminé les saisons du 13e Docteur. Enfin sans avoir commencé les saisons du 13e Docteur. Avec donc le 14e Docteur, le 15e Docteur et le 16e Docteur n’a pas encore d’épisodes à son nom malheureusement. S : Voilà, parce que c’est les prochaines saisons et on verra ça dans quelques années. Elles ne sont pas encore tournées et tout ça. Enfin bref. I : Et je connais pas mal d’éléments aussi sur le 13e Docteur parce que je me suis renseigné sur le lore. Comme j’ai dit, ça ne me dérange pas moi de me spoiler. Au contraire, je préfère me spoiler. Donc je connais pas mal d’éléments. Donc en gros, on risque de spoiler du 9e Docteur au 16e Docteur. Parce qu’on va être obligé de rentrer dans le lore pour expliquer. S : Donc si le spoil, c’est vraiment pas quelque chose que vous aimez, on ne vous conseille pas forcément de rester sur cette intervention. Vous pouvez regarder Doctor Who et revenir dans cinq ans quand vous aurez terminé tous les épisodes. Mais voilà. I : Et du coup, cette intervention, elle parle de quoi, Sage [nom modifié au montage parce qu’il s’est trompé et a utilisé le nom irl] ? Elle parle de la régénération des… J’ai dit Sage [modifié encore]… Cette intervention parle de quoi ? Eh bien, elle parle du Docteur et plus précisément de la régénération des Docteurs. Et en quoi la régénération des Docteurs, enfin la régénération du Docteur, peut faire penser par certains aspects à une forme de multiplicité. S : C’est ça. C’est-à-dire qu’en fait, nous, ce qu’on va aborder, c’est pas forcément la multiplicité explicite dans la fiction. Mais comment est-ce que cette série, elle représente plutôt bien pas mal d’aspects, en tout cas de la multiplicité pour nos systèmes à nous. Ça dépend évidemment de chacun. Mais pour nous, ça reste très “relatable” [= auquel on peut s’identifier]. I : Oui. Je te propose de commencer par la chose simple. C’est-à-dire de parler du changement de personnalité lors de la régénération. Donc, comme on a dit tout à l’heure, c’est que la régénération fait changer d’apparence physique le Docteur. Sauf que ce qu’on n’a pas précisé, et ce qui n’est jamais… Enfin, qui n’est pas explicitétrès clairement et noir sur blanc dans la série, mais qu’on comprend très vite, c’est qu’il n’y a pas seulement un changement d’apparence physique. Il y a aussi un changement de caractérisation du Docteur entre chaque régénération, et chaque Docteur va avoir une personnalité qui est assez différente les unes des autres, en fait, qui sont assez différentes les unes des autres. S : Sachant qu’à côté de ça, il garde quand même des traits de base, par exemple la curiosité, peu importe la régénération, le besoin d’aider les autres. Il y a des traits de base, mais c’est vrai que malgré cette base, ça peut être n’importe quoi, ça peut passer du coq à l’âne en termes de… I : Oui, et il n’exprime pas cette curiosité exactement pareille. Je pense… Alors, il y a un exemple très facile à donner, mais le 12e Docteur, par rapport à ceux d’avant, est toujours curieux, mais va essayer de cacher ce trait de sa personnalité plus. S : Oui. I : Ou il va… Je ne sais pas comment expliquer, peut-être que tu peux expliquer mieux que moi ça, mais… En gros, ce n’est pas qu’il le cache exactement, c’est qu’il le montre d’une façon très, très différente. S : Oui, il ne l’extériorise pas de la même manière, donc c’est difficile à voir quand tu ne le connais pas assez au départ. I : Oui, c’est… En fait, le douzième Docteur, par rapport aux régénérations d’avant, c’est vraiment la plus grosse différence, je dirais, au niveau de personnalité. S : Oui. I : Après, on pourrait dire pour… Par exemple, le neuvième est très en retrait souvent, surtout dans les relations sociales. Le neuvième va plus avoir tendance, soit à se tenir silencieux dans un coin, à regarder les autres intérieurs agir, sauf quand il a quelque chose à dire dans l’urgence de la situation, où là, il va prendre les devants. Donc, voilà. Et alors que, par exemple, si tu prends le dixième Docteur, donc la régénération d’après, elle va plus essayer de diriger les autres en disant, “ben venez, on va faire ça, venez, on va faire ça, venez”… Enfin, c’est plus elle qui mène la danse dans les interactions. Enfin, c’est plus lui, pardon, qui mène la danse dans les interactions plus que le neuvième le faisait. Et on pourrait apparenter ça à l’évolution du personnage, mais c’est vraiment pas que ça. On sent que c’est pas que ça. On sent que… qu’il y a vraiment un changement de personnalité à chaque fois. S : D’ailleurs, enfin, tu as buté sur les pronoms tout à l’heure, et j’en profite aussi pour ajouter qu’une régénération, elle est en termes de personnalité, en termes de physique, mais en termes de genre également. C’est-à-dire qu’il y a déjà eu des régénérations de Docteur femme. Sans que ça pose problème, c’est juste des régénérations qui sont traitées de la même manière que les autres. I : Oui. Est-ce qu’on peut dire aussi, je me pose la question, c’est une question que je te pose, Sage, est-ce que l’orientation sexuelle du Docteur a changé aussi suivant les régénérations ? Parce qu’en soi, il y a une évolution. Après, ça peut être aussi simplement que ça a fluctué avec le temps, mais c’est-à-dire que les premières les premières régénérations, enfin 9e Docteur, 10e, 11e, étaient plus hétéro, avaient plus d’intérêt hétéro ou pas d’intérêt du tout. S : Pas d’intérêt, c’est-à-dire qu’en fait, oui, leur sexualité, leur orientation romantique et leur manière même de l’expérimenter et de l’exprimer, elle change drastiquement. C’est-à-dire que le 9 a un intérêt romantique, enfin, comment dire, un romantique interest, un love interest, voilà c’est ça le terme que je cherchais. I : Oui, un love interest. En la personne de Rose. S : Le 10e a ce même love interest, mais en l’exprimant de manière… I : Complètement différente, plus ouverte. S : Sachant que l’acteur du 10e a également précisé que pour lui, ce Docteur-là n’avait pas d’attraction sexuelle, donc c’est canoniquement une régénération, du moins, asexuelle. Le 11e, de ce dont je me souviens, ah si, j’allais dire, on parle pas du tout de sa sexualité, de son orientation romantique, mais si, en le personnage de River Song, dont on parlera plus tard dans l’intervention. Pareil pour 12. I : Et à partir, alors le 13e, elle est intéressée aussi par les femmes. S : C’est ça. Et le 14e, par contre, montre clairement un intérêt pour le physique de certains mecs. I : Oui, le 14e, il y a un dialogue, justement, du 14e Docteur, où il vient de se régénérer, et il est avec sa compagne, et il voit un mec, et sa compagne dit, “il est pas mal”, et lui, il fait, “ah ouais, j’avoue, il est pas mal”. Et puis là, il dit, “attends, depuis quand je pense comme ça, moi ?”. S : Ce qui est important, ce qui est intéressant, je pense, de noter, c’est que le 14e est une régénération qui dure moins longtemps que les autres, et qui est l’unique régénération, pour l’instant, du Docteur, à être, en gros, une régénération, certes, un peu différente, mais qui a le même physique que le 10e Docteur, et donc, qui est très très très similaire. I : Par plein d’aspects, oui. S : Genre, tu sais, les alters qui partent en dormance et qui reviennent un petit peu différemment. I : Oui, c’est vrai que ça fait vraiment ça. S : Voilà, ça m’est venu comme ça, tu vois. I : Mais non, mais c’est très bien de le rajouter. C’est vrai que ça fait vraiment ça, parce qu’il a vieilli, il est… Forcément, l’acteur a vieilli, donc…Mais c’est même explicité que le personnage a vieilli. Il explique que c’est son même visage, mais en plus vieux. Et c’est très intéressant, d’ailleurs, parce que… Enfin, on abordera pourquoi, après. S : Mais oui, le 14e Docteur, en termes de multiplicité, on peut en parler des heures. I : Et pour revenir à la sexualité, ouais. Non, mais même ça, le 15e Docteur est plus homosexuel. Enfin… S : Oui. I : C’est pas explicite dans la série, mais… Il a que des intérêts sur des mecs. Tout au long de la série, on le voit pas intéressé par un personnage féminin. S : Ça, et il est très… I : Queer-coded. S : Ça, et puis il va vachement mettre ça en avant par rapport à d’autres qui sont plus timides au niveau. Il va vachement assumer son orientation et sa sexualité. Et va sans aucun problème avoir des romances avec des personnages masculins. I : Voilà. Et on peut parler aussi des goûts vestimentaires et des goûts alimentaires. S : Oui, parce qu’ils ont tous des tenues plus ou moins iconiques. C’est-à-dire qu’en fait, dans le fandom Doctor Who, ils sont connus… I : On peut associer un docteur à une tenue, en fait. Ou à un accessoire, genre… S : L’écharpe, par exemple. I : Ben l’écharpe, même si on…Ça, c’est le 4e Docteur, je crois ? Non, je suis vraiment pas à jour sur l’ancienne série. S : C’est le 4e, normalement. I : C’est le 4e ? S : Oui. I : Ok. C’est vraiment… Faut que je me mette à jour là-dessus. Mais… Par exemple, si un fan dessine un personnage de Doctor Who avec un nœud papillon et des bretelles, on va tout de suite savoir que c’est le 11e. S’il dessine plus un manteau en cuir, on va savoir qu’il fait référence au 9e. S : Ils ont tous des esthétiques, en fait, très différentes. I : Je peux faire la liste de toutes les esthétiques. Ils ont vraiment une tenue signature chacun. Et d’ailleurs, ce qui est hyper intéressant aussi, c’est que parfois, ils enfilent… On voit surtout le 13e Docteur faire ça, mais en vrai, c’est pas la seule. Ils enfilent la tenue des anciens docteurs. Et c’est souvent dans des moments d’introspection où soit ils vont penser à eux-mêmes, soit ils vont avoir besoin de conseils. Et c’est presque une façon de se rattacher à leur ancienne régénération, ancienne forme, comme un peu si des fois, lorsqu’on a besoin des conseils d’un alter et qu’on essaye de mettre une musique qu’il aime bien, par exemple. J’ai vraiment cette vibe avec les moments où il… S : Oui, des fois, on a l’impression qu’ils essayent en mettant ces vêtements pour faire le parallèle avec les multiplicités, comme s’ils essayaient de trigger positivement l’altaire. I : C’est ce que je viens de dire. S : Ah d’accord, c’est juste avec d’autres mots, c’est juste que je réfléchis pas, ok. I : Et au niveau des goûts, je peux parler des… S : Oui, au niveau des goûts alimentaires, c’est très intéressant parce que… I : Des goûts alimentaires ? Parce que j’ai une scène qui est ma scène préférée de tout Doctor Who, enfin de tout ce que j’ai vu de Doctor Who, qui est le 11e Docteur qui vient juste de se régénérer et qui a besoin de manger et qui est chez une enfant qui deviendra plus tard sa compagne, mais on s’en fiche un peu, qui est chez Amy Pond, et qui lui demande de lui donner une pomme parce que c’est un aliment que son ancienne régénération, donc le 10e Docteur, mangeait. S : Énormément. I : Énormément. Et Amy lui donne la pomme et il croque dans la pomme et il recrache tout et il dit “C’est le mal !” Parce qu’en fait, les goûts changent suivant les régénérations et du coup, il se rend compte qu’il n’a plus les mêmes goûts et du coup, il teste plein de nourritures différentes pour trouver quelque chose qu’il puisse manger en aimant ça, en fait. Et c’est très intéressant cette scène à ce niveau-là. C’est pas quelque chose qu’on expérimente beaucoup à ma connaissance dans notre système, le changement de goût. S : Oui, mais ça dépend, je pense, parce que nous, selon les alters, il y a des goûts différents en termes de texture. Et même vous, je vous ai déjà vu, par exemple, adorer les pâtes au pesto, et après un switch, réaliser que c’est pas bon, en fait, les pâtes au pesto, selon les alters. I : C’est pas faux, c’est pas faux… S : Ça, et puis au final, le 11e Docteur finit par avoir des goûts complètement aléatoires, c’est-à-dire des bâtonnets de poisson avec de la crème anglaise, et c’est un peu l’alter qui a des cravings un peu bizarres, un peu comme un des alters d’Indigo qui, une fois, a croqué directement dans un oignon comme dans une pomme. I : Oui, mais c’est bon les oignons ! S : On pense à toi, Ezequiel. I : Mais oui, oui, c’était un grand moment. Bref ! S : Là, on a parlé, en fait, un peu de comment, nous, on voit la multiplicité dans les régénérations du Docteur, mais ce qui est intéressant aussi, c’est que c’est de… Comment dire ? C’est de réfléchir à comment le docteur et les autres personnages voient eux-mêmes cette multiplicité, entre guillemets, ces régénérations-là, etc. Genre par exemple, comment est-ce qu’ils voient lorsqu’ils se régénèrent ? Comment est-ce qu’ils parlent d’eux-mêmes ? I : Déjà, moi le premier exemple qui me vient en tête quand tu dis ça, c’est le dixième docteur qui a cette phrase très très connue lorsqu’il se régénère “I don’t want to go”. S : Il veut pas s’en aller. I : En gros, ça veut dire “je ne veux pas partir” et il est vraiment terrifié et c’est une angoisse qu’il a tout le long. D’ailleurs, c’est l’un des docteurs qui a failli se régénérer le plus de fois avant de vraiment se régénérer. On se souvient de ce grand moment où il a réussi à faire un double de lui-même pour éviter de se régénérer. Enfin voilà, il a vraiment… Enfin, on en rigole, mais c’est quelque chose qui peut arriver dans le système. S : C’est l’alter qui a vraiment peur de perdre le front. I : Et c’est lui qui revient aussi ! C’est lui qui revient en tant que quatorzième, lui qui avait si peur de partir. Et c’est très intéressant, je trouve, parce que ça me fait beaucoup penser à la peur de quitter le front ou de lâcher prise. C’est-à-dire de… “Qu’est-ce que je vais devenir une fois que je ne suis plus au contrôle du corps ?” Et “est-ce que je vais pouvoir y revenir ?” S : C’est ça, et “qu’est-ce que le corps va devenir aussi sans moi ? Et qu’est-ce que moi je vais faire en dehors de ça ?” Et c’est vrai que par rapport à pas mal de témoignages, je sais que ça peut arriver assez fréquemment, que ce soit au moins une fois, une angoisse de minimum un alter dans pas mal de systèmes ou de multiplicités. I : Et encore une fois, c’est très différent d’un docteur ou d’un autre. On pense au quinzième docteur qui est très serein, lui, quand il finit par se régénérer. On pense au neuvième docteur qui, pareil, est… S : Est plus enthousiaste à l’idée de montrer sa régénération. I : De montrer, de laisser place à quelqu’un d’autre, enfin quelqu’un d’autre, c’est lui-même en soi. Mais encore une fois, il y a ce flou où il y a certains docteurs qui vont se désigner comme c’est moi mais en mieux, et d’autres qui vont dire c’est un autre moi, et d’autres qui vont dire ce n’est plus moi. S : C’est ça, c’est-à-dire que soit il y en a qui parlent de… Des fois, le docteur parle de lui-même, ou d’elle-même, comme une personne individuelle, mais des fois les autres régénérations sont mentionnées comme les autres docteurs, comme s’il y avait quand même cette multiplicité. I : Une différence, oui. S : Et c’est vraiment une perspective différente selon les régénérations, voire même selon les temps, selon les époques même, si c’est la même régénération. Et de la même manière, ça fait énormément penser aux systèmes qui n’ont pas tous les mêmes étiquettes, les mêmes labels, selon les alters qui se confrontent. I : Il y a aussi, on peut parler des interactions entre les docteurs. Il arrive régulièrement dans la série que plusieurs acteurs, plusieurs docteurs, plusieurs régénérations, se retrouvent par un concours de circonstances appelé le scénario. S : Et interagissent du coup. I : À interagir ensemble. Par exemple, il y a un épisode hors série que je n’ai pas encore vu, qui fait interagir le huitième docteur avec le dixième et le onzième. Et donc on les retrouve tous les trois dans la même pièce, à avoir un conflit d’intérêt, parce que pour faire bref dans l’histoire, le huitième docteur a plus ou moins… S : Trigger warning. Gros trigger warning, là, pour le… I : Mais on le mettra aussi en montage, mais c’est bien de le préciser à l’oral, ouais, t’as raison. Gros trigger warning, mention de génocide. En fait, le huitième docteur est plus ou moins à l’origine du génocide de sa planète. Enfin, des seigneurs du temps. Et c’est une décision qu’il a dû prendre dans un temps de guerre et tout ça. Enfin, il avait des raisons pour agir comme ça. Mais le onzième et le dixième docteur sont d’accord tous les deux sur le fait qu’ils ne sont pas d’accord avec cette décision et c’est pas les seuls qu’on voit réagir à cette décision. La plupart des docteurs sont en conflit avec ce qu’a fait le huitième docteur. S : Ça, et puis, ouais, ils ont une vision tous très très différente. C’est-à-dire qu’il y a le onzième qui essaie d’oublier et d’aller de l’avant un maximum. T’as le huitième qui vient de vivre ça et qui même, qui fait vraiment penser à un trauma holder, en fait, et qui en permanence… I : Le huitième ? S : Oui, et le dixième qui aussi rappelle un trauma holder parce qu’il se souvient exactement du nombre d’enfants, par exemple, décédés ce jour-là. Enfin, ils ont tous une approche très très différente d’un événement et c’est de la même manière que plusieurs alters dans un système ne vont pas avoir le même avis sur l’événement, sur une personne, sur un traumatisme, etc. I : Oui. S : Voilà. I : Pour revenir un peu au dixième docteur et à sa peur de partir, je trouve très intéressant que ce soit aussi dans cette période qu’on nous fasse découvrir John Smith. Alors, qui est John Smith ? Parce que jusque-là, on parlait du Docteur. John Smith, en fait, est le Docteur. C’est… En gros, dans un épisode, il est obligé de se cacher pour une aventure et il enferme sa mémoire de seigneur du temps dans une montre à goussets qui s’appelle une Arche Caméléon. Et, que devient le docteur sans sa mémoire de milliers d’années de tout ce qui est l’espace, les planètes et tout ça ? S : Un prof ! I : Il devient John Smith et John Smith est un humain, enfin, se croit humain. S : Et il enseigne dans un institut type collège, mais au XIXe siècle, dans un internat, vieille école, etc. I : C’est un épisode très intéressant, mais pour moi il a été très dur à visionner pour la simple raison que John Smith, déjà, est très très très différent des docteurs. Ça se voit notamment parce que dans toute la série, s’il y a un point commun à absolument tous les docteurs, sauf scénario mal écrit, désolé 13e docteur ; il refuse d’avoir recours à une arme ou d’obliger ses compagnons à avoir recours à une arme. L’une de ses plus grandes peurs, qui est commune à toutes les régénérations, c’est de transformer en militaire ses compagnons. Et, malheureusement, ça arrive souvent. Et que fait John Smith lorsqu’il y a un conflit qui éclate et qu’il faut se défendre ? S : Il donne des flingues aux élèves ! I : Oui ! S : “Go, do a crime !” I : Et du coup, ça pose déjà là, et d’ailleurs c’est un moment assez impressionnant à voir, parce que tu te dis, mais comment sa mémoire l’influence ? Enfin bref, c’est un autre débat. Et ce qui est très intéressant, c’est qu’au bout d’un moment, John Smith va découvrir qu’en fait, il est censé être le Docteur, et que s’il ouvre la montre à coups secs, il porte tout le temps sur lui, il cessera d’être John Smith et redeviendra le docteur. Et il y a un gros moment de l’épisode qui est dédié au conflit d’intérêts de John Smith, et de son refus d’ouvrir l’Arche Caméléon, parce qu’il ne veut pas disparaître en tant que personne. Parce qu’il aime sa vie, il aime les gens avec qui il est, il a trouvé un love interest, et il se dit “tout ce que j’ai construit, tout ce que je suis”… Ça peut être trigger je suis désolée. S : On mettra un warning. I : “Tout ce qui fait ma personne peut disparaître, parce que quelque part, je n’existe pas vraiment.” Et c’est hyper intéressant comme débat, et moi ça m’a beaucoup, c’était extrêmement angoissant, parce que c’est vraiment une question que je me suis souvent posée, moi en tant qu’alter, mais en tant que personne… S : En tant qu’hôte aussi. I : Non, en tant que système, on se la pose souvent, de se dire “mais en fait si j’enlève, si jamais je lâche prise, et que je pars du front, qu’est-ce qui va rester de moi ?” C’est surtout les alters qui n’ont pas accès à l’innerworld qui pensent ça, et vu qu’il n’y a pas vraiment d’innerworld, de dépiction d’innerworld dans Docteur Who… S : … I : Vas-y. S : Alors, c’est pas une opinion dans le sens que je m’y connais moins en Docteur Who, mais le vaisseau du Docteur, par pas mal de côtés, en fait, me fait beaucoup penser à un innerworld dans le sens que c’est un lieu où le Docteur, bon déjà c’est son vaisseau donc il voyage dans l’espace-temps, mais c’est un lieu qu’il peut presque contrôler avec son esprit, c’est-à-dire que selon… I : C’est un être vivant le TARDIS déjà. S : Selon ses besoins, selon ce qu’il aimerait avoir, le TARDIS se modifie, peut créer des pièces spécifiques, des couloirs, faire apparaître des choses, des matières, genre des vêtements par exemple, et c’est aussi un endroit qui permet, enfin en tout cas c’est soit directement d’un TARDIS, soit grâce au TARDIS, que souvent les régénérations des Docteurs peuvent se rencontrer. I : On pense au final du 15e Docteur où le 13e Docteur intervient, et c’était absolument incroyable. S : Et pour moi, en tout cas c’est pas exactement comme un innerworld, mais il y a quand même des notions qui font penser, qui nous font penser à un innerworld dans le TARDIS. I : C’est vrai, c’est vrai. Et il y a aussi le fait que le TARDIS puisse prendre l’apparence d’hologramme, et que souvent il prend l’apparence soit de compagnons du Docteur, soit d’anciennes régénérations du Docteur,suivant ce dont le Docteur a le plus besoin au moment même. Donc c’est plus contrôlé qu’un innerworld dans ce sens-là, où vraiment, même si le Docteur ne sait jamais à l’avance qui il va rencontrer en fait. Et non, c’est un point très intéressant, tu as raison. Mais il n’empêche que John Smith n’apparaît plus après. S : Oui, ça c’est vrai que… I : Enfin si, il est toujours quelque part là, parce que c’est le nom de code qu’il utilise absolument tout le temps quand il a besoin de se faire passer pour autre personne que le Docteur. I : J’aimerais qu’on parle vite fait aussi de l’aspect fictif, du Docteur, fictif, factif, enfin introject du Docteur. S : Ooh. I : Parce que même s’il n’y a pas vraiment de cas d’introject chez le Docteur, il y a des cas où la régénération prend place et tu sens que la régénération a pris des éléments des compagnons du Docteur ou des personnes qui sont proches. Je pense par exemple au 11ème Docteur qui était absolument extrêmement proche d’Amy Pond, qui était écossaise, et sa régénération d’après a un accent écossais et souvent vu par les autres comme d’origine écossaise. S : Oui. I : Plus flagrant encore, le 12ème Docteur, donc le Docteur écossais, fait face à un autre seigneur du temps qui s’appelle le Maître, qui lui aussi peut se régénérer et tout ça. Et en gros, pour expliquer vite fait, il y a une relation très forte d’amour-haine. Et quand on dit amour, c’est très ambigüe si c’est d’amour amical ou amour romantique. C’est assez particulier et c’est pas possible de décrire leur relation de fond en comble ici, mais en gros ils sont extrêmement proches, c’est peut-être la personne la plus proche du Docteur. Et il se trouve que le Maître, il le rencontre à ce moment-là sous la forme d’une femme, enfin sous une régénération féminine qui s’appelle Missy. S : Qui préfère avoir son propre nom individuel. I : Oui, pour se détacher des autres régénérations. Parce que c’est vraiment pas que le Docteur qui est une métaphore de la multiplicité, c’est vraiment la régénération qui est une métaphore pour moi. Et du coup, il se passe ce qu’il se passe avec Missy, et la régénération près du Docteur et la première régénération féminine connue des régénérations à numéros. S : C’est vrai, le Maître est encore plus intéressant dans le sens que c’est vraiment poussé à l’extrême, la multiplicité du Maître et ses régénérations, au point où il y a des conflits vraiment entre les régénérations, et c’est ce que je dis, c’est poussé à l’extrême. I : Oui, c’est poussé à l’extrême parce que le Maître est un antagoniste, donc il fait des choses pas très jojo. Trigger warning, meurtre, il en vient à… Missy finit très mal parce qu’elle se fait tuer par une autre régénération du Maître, en fait, qui refuse d’accepter les opinions et le changement d’idéaux qu’a Missy, et qui préfère, pour ne pas se retrouver en se régénérant à nouveau dans une situation qu’il n’aimerait pas, tuer Missy. S : C’est pas possible. I : C’est pas possible, et heureusement. Et les conflits de système, qu’on soit très très clair, vont rarement jusqu’au meurtre. S : Oui, c’est juste ce que je dis, c’est poussé à l’extrême, mais d’un autre côté, c’est beaucoup moins subtil. I : Oui, c’est un conflit beaucoup moins subtil que ce qu’il peut y avoir avec le Docteur. Et c’est comme l’autre seigneur du temps qu’on connaît, qui s’appelle la Rani. Et la Rani, on la voit à partir du reboot de 2005, on la voit qu’une fois dans le reboot de 2024, je sais pas encore la date, et elle s’est bi-générée. En gros, au lieu d’avoir qu’une seule Rani, il y a deux Rani. Et les deux sont en conflit perpétuel, et il y a aussi une notion de hiérarchie. Il y a une hiérarchie entre les deux Rani, c’est-à-dire qu’il y en a une qui est aux commandes, et l’autre qui suit les règles imposées par l’une. Ce qui peut arriver dans certains systèmes, la hiérarchie d’un alter sur l’autre ou de plusieurs alters sur l’autre. S : D’ailleurs, tu parles de double régénération. I : De bi-génération. S Oui, de… Bi-régénération ? I : Bi-génération. S : Qui est, qu’on voit même dans le Docteur, spoiler des épisodes récents. I : Alors, en gros, qu’est-ce que c’est la bi-génération ? La bi-génération, c’est qu’au moment où le Docteur se régénère, au lieu de donner un nouveau Docteur, le Docteur se divise en deux Docteurs. Et le Docteur, le Maître ou la Rani, ça dépend du personnage qui se bi-génère. Seigneur du Temps, en général. Donc, ça donne, par exemple, c’est le 14e Docteur qui se bi-génère. Donc, le 14e Docteur reste vivant et se soigne. Et à côté de ça, il y a un deuxième Docteur, le 15e. S : C’est un split. I : C’est un split, oui, clairement, c’est un split. Surtout que, dans le cas des Docteurs, il y en a un qui garde toute la partie traumatique et toutes les conséquences des traumas du Docteur. Et l’autre qui ne les a pas, ce qui lui permet de continuer à fonctionner parce qu’il peut continuer à protéger le monde, en fait. S : Et aussi de se soigner à ce niveau-là, c’est-à-dire que c’est vraiment un… I : C’est-à-dire que le 15e, qui n’a pas trop de conséquences des traumas, va protéger le monde. Et le 14e rentre chez des potes et va faire une thérapie. S : C’est ça. Et même le 15e, du coup, ça lui permet d’être plus stable psychologiquement. C’est-à-dire que c’est vraiment un trauma healer, en fait, où il a moins peur de pleurer, moins peur d’exprimer ses émotions, parce que… I : Il a d’ailleurs beaucoup été critiqué par les fans de Doctor Who parce qu’il pleurait et que c’était quelque chose qu’on n’avait jamais vu chez les Docteurs. S : Oui. C’est vraiment le Docteur le plus sain et équilibré mentalement, en fait. I : Oui. Enfin, encore. Euh, non. Enfin, non, pour d’autres raisons. Mais en soi, il réprime moins ses émotions que les autres. Et ça, c’est une très bonne chose. S : Mais l’acte de régénération, en soi, est même très intéressant en termes de switch et en termes de, par exemple, pas lorsque le 12e docteur disparaît, entre guillemets, mais lorsqu’il arrive. Autant certains voient la régénération comme juste une étape tranquille, mais le 12e docteur, lorsqu’il arrive, est absolument terrifié parce qu’il est différent du 11e et il a peur d’être vu différemment. Et c’est même dit explicitement parce que le 11e docteur fait une sorte d’apparition vocale où il explique que 12 est absolument terrorisé. I : Oui, parce qu’il est sur le point de se régénérer et il sent 12 arriver et il sent qu’il est terrifié. Et ça, c’est assez intéressant parce que c’est un peu du partage d’émotions comme on peut avoir des fois dans la salle de front. S : Oui. Ça, et puis même, je sais que nous, on a des alters lorsqu’ils arrivent au front, ils sont tellement différents des autres… Je pense, par exemple, à nos littles. Ils ont peur d’être là. Et je le vois un peu comme ça aussi. I : C’est vrai. Même si le 12e n’est pas un little, je comprends la comparaison. S : À quand le docteur enfant ? I : Ben, il y a eu, il y a eu. Mais en vrai… Oui. I : J’aimerais maintenant parler des compagnons et je trouve que la transition avec 12 est bien parce qu’en gros, le 11e docteur, avant de se régénérer, était avec une compagne spécifique, Clara. S : Clara Oswald. I : Et Clara a également connu le 12e docteur du coup parce qu’elle est restée compagne du docteur avec la fin du 11e et le début du 12e. Et Clara a une réaction intéressante parce qu’elle ne comprend pas. Elle voit énormément la différence entre les deux docteurs et elle met un bon moment à se situer, à savoir comment interagir, à essayer de comprendre pourquoi les idéaux du docteur ont si drastiquement changé. Parce que vraiment, le 12e docteur par rapport aux autres, c’est un big, big changement. C’est vraiment très, très, très, très, très contrasté par rapport aux autres régénérations d’avant. Et du coup, c’est intéressant parce que c’est des réactions que peuvent avoir des gens qui ne sont pas très renseignés à la multiplicité aussi en fait. S : Oui. Et en opposition, on a la deuxième seule compagne, en tout cas dans le reboot de 2005. I : Hors River Song, dont on parlera après, mais c’est un cas spécial. S : Je ne la compte pas comme compagne River Song directement. I : Ah ouais, moi, je la compte comme compagne. S : Mais parce qu’elle n’est pas là en permanence. Mais il y a Rose Tyler qui voit la régénération de 9 en 10 et qui, elle, réagit complètement différemment à Clara. I : Oui, elle, sa relation ne change pas tellement en fait. S : C’est ça, elle est surprise mais elle s’adapte. I : Elle s’adapte au changement de personnalité mais elle a toujours la même affection. Et au final, Clara finit par l’avoir. Mais Clara a vraiment une période de doute alors que Rose, pour elle, c’est complètement naturel. S : Et ça ressemble vraiment à comment des proches peuvent réagir à la multiplicité sans en vouloir à Clara parce que d’un autre côté, je peux comprendre. Je ne dis pas que les proches qui réagissent mal à votre multiplicité ont raison. Ce n’est pas du tout ce que je dis. Mais c’est intéressant quand même de voir différents types de réactions. Et je ne sais pas si c’est problématique ce que je dis. I : Non, je ne crois pas. S : Au pire, on coupera au montage si c’est vraiment problématique, on demandera pendant la transcription. Mais je ne veux vraiment pas dire quelque chose qui peut être triggering ou blessant. Mais c’est intéressant parce que ça montre à nouveau. Et même les gens hors compagnons qui les voient de temps en temps comme par exemple Jack, le capitaine Jack Harkness qui voit trois régénérations différentes et qui ne réagit pas spécialement alors que d’autres, directement, notent et mentionnent. I : Tu penses à UNIT, par exemple. UNIT qui est une organisation sur Terre qui en gros gère tout ce qui est extraterrestre quand le docteur n’est pas là pour gérer, pour faire simple. Et UNIT a une base de données sur les régénérations du docteur avec à chaque fois la photo de chaque régénération et avec aussi des éléments sur leur façon de réagir, sur ce qui va les aider, ce qui ne va pas les aider, quels sont les sujets à ne pas aborder parce que ça va mettre en furie totalement le docteur. Enfin, c’est très intéressant. Et une autre qui prend des notes, et on va y revenir tout de suite maintenant, on y revient, c’est River Song. S : Ouiii. I : Et River Song, donc, c’est LA love interest du docteur. Il y en a eu d’autres, mais… S : Mais cette fois, c’est sa femme llittéralement. I : Ils se sont mariés, oui. Et c’est intéressant parce que River Song, elle a toujours avec elle un carnet. Donc c’est expliqué par le scénario, par le fait qu’ils ont des timelines différentes, c’est-à-dire que des fois, quand ils se croisent, le docteur a vécu des choses avec River Song que River Song n’a pas encore vécues avec le docteur parce que c’est une question de voyages dans le temps. C’est un peu compliqué à résumer. Mais en gros, ils ont besoin d’un carnet pour ne pas se spoiler leur vie, en fait. S : Ça, et puis pour garder un peu une trace, vérifier où ils en sont au niveau de leur relation, au niveau des timelines de chacun. I : Voilà, c’est ça. S : C’est du mapping, c’est vraiment du mapping. I : C’est vraiment du mapping. Et aussi, River prend des notes sur les docteurs dans son carnet, parce qu’elle va en côtoyer trois, jusqu’à maintenant, trois dans sa vie. Euh oui, trois dans sa vie. Et chaque docteur a des façons différentes de réagir et tout ça. Et donc, à chaque fois, elle prend des notes dans son carnet pour être à jour et tout ça. Et elle les reconnaît, les différencie et n’agit pas pareil avec chaque docteur, d’ailleurs. S : Sachant que River est habituée, dans le sens qu’elle aussi, s’est régénérée à plusieurs reprises. Donc, elle comprend aussi ce qu’est la régénération. I : Voilà, c’est ça. S : Et en fait, moi, je l’ai associé à… Le système Indigo et nous, en tant que système partners, on ne fait pas exactement la même chose, mais par exemple, lorsque Indigo a un switch très visible, entre guillemets, on prend le temps de vérifier sur Simply Plural. I : Enfin, si on a envie, on ne fait pas à chaque fois. S : Oui, non, parce que sinon, ça serait très long. Mais quand c’est par exemple des alters qu’on connaît moins, on prend le temps de vérifier sur Simply Plural qui sont ces alters, est-ce qu’ils ont déjà été aux fronts, est-ce qu’ils se souviennent de nous et si nécessaire, on fait des updates, on se présente ou autre. Et ça m’a fait un peu penser à ça, même si ça reste différent. I : Oui, c’est vrai qu’on a un peu moins le besoin de le faire avec vous parce que la plupart du temps, vous savez à peu près qui vous êtes. S : Oui, on est moins nombreux aussi, nous. I : Oui, mais ce n’est pas une question de nombre. S : Ça, et puis aussi, on est souvent plusieurs au front en même temps et ça change très très vite. Donc, c’est un peu… Si à chaque fois, vous deviez keep track (= faire un suivi) de qui on était, ce serait très long, on s’arrêterait pas, quoi. I : Voilà. Tu as d’autres éléments à ajouter ? S : Je suis en train de réfléchir au niveau des régénérations,au niveau de ce qu’on a dit, River Song, les docteurs, la multiplicité… Non, pas spécialement. Enfin, ouais, ce que j’aimerais ajouter, c’est qu’après, c’est notre point de vue par rapport à l’analyse de ce que nous, on ressent par rapport à notre multiplicité, mais ça peut être différent pour tout le monde. I : Bien sûr. S : C’était vraiment juste, comment est-ce que nous, on le voyait ? Sachant que ce n’est pas explicite. Je crois qu’à aucun moment, il y a un personnage véritablement multiple. I : Non, dans la série, il y a des personnages handicapés, mais il n’y a jamais de personnages multiples ou pas encore. Si ça se trouve, ça arrivera dans le futur. S : Mais nous, en tout cas, on a vraiment vu le concept même de régénération comme le concept d’un système, en tout cas de nos systèmes. I : Un peu, oui. S : On espère que… Tu as quelque chose d’autre à ajouter, toi ? I : Non. S : On espère en tout cas que l’intervention vous aura plu. Même celleux qui ne connaissaient pas grand-chose à l’univers. I : J’espère qu’on a réussi à ne pas vous perdre, mais je ne suis vraiment pas sûr. On mettra des images. S : Oui, j’illustrerai beaucoup. On reviendra sur les définitions si nécessaire. I : Oui, merci à Sage pour le montage, parce que c’est toujours lui qui sauve un peu. S : Et merci à Indigo pour les scripts, surtout pour celui-là, parce que ça fait plus d’un an maintenant qu’Indigo réfléchit à cette idée-là. Et lorsqu’on a vu le thème, on savait directement ce qu’on allait faire,parce qu’Indigo, c’est vraiment quelque chose… qui lui tient à cœur. I : Ça m’intéresse. L’analyse de la neurodivergence chez le Docteur, dont on n’a pas parlé ici, mais qui est un sujet très intéressant aussi, et l’analyse de la multiplicité, je la trouve très, très intéressante. S : Donc Indigo a fait tous les scripts, a fait tout le truc en amont. I : On a juste parlé. S : Oui, tu as quand même fait un plan, et c’est toi qui as parlé le plus, parce que c’est ton intérêt spécifique. Et moi, je fais le travail, après en aval. On fait chacun un côté du travail. I : Nous sommes complémentaires. S : Exactement. I : Voilà, bisous. À tout à l’heure pour les questions. S : À tout à l’heure pour les questions, si normalement on est disponible pour les questions. Et c’était très, très chouette de parler de tout ça. I : Ouiiii !
Intervention proposée par:
- Indigo (il/lui) Je suis un système dans un corps de 22 ans. J’aime créer des trucs.
- Sage (tous les pronoms) On est un système dans un corps de 20 ans amateurs de musique et d’oiseaux.











