S’approprier et développer sa multiplicité à travers les récits internes « Aurélie a souhaité témoigner et apporter les témoignages d’autres personnes sur le sujet de l’utilisation des récits pour se représenter en interne la multiplicité, pour développer le monde intérieur et renforcer les headmates et leurs liens. Pour illustrer le propos, Aurélie raconte des éléments de notre propre mythologie interne. L’objectif est de faire réfléchir, faire rêver peut-être un peu et aussi faire de la prévention de certains risques. Mais globalement c’est très positif! »

Avertissements de contenu:

Mentions de traumatisme, de racisme, d’homophobie et de sexisme, tulpamancie et création d’headmate et manipulation notamment par le system hopping

Transcription:

Bienvenue dans cette vidéo qui va traiter de l’appropriation et du développement de sa multiplicité à travers la fiction interne, c’est-à-dire à travers les récits qu’on se raconte à soi-même. Moi, c’est Lewis Candra. Je me permets juste de faire un petit avant-propos pour nous présenter et vous donner les trigger warning. Nous formons un trio composé de moi-même, l’humain qui vit dans le monde physique et de deux esprits Aurélie et Kena, qui vivent dans des mondes imaginaires. Nous interagissons beaucoup via des riveries d’urne. Nous n’utilisons généralement pas le terme système pour nous définir et nous parlons de compagnons mentaux ou headmate en anglais en lieu et place d’altère ou de tulpa par exemple. Aurélie est l’autrice et l’oratrice de cette vidéo. C’est notre muse. Elle se présentera plus en détail-même. Je souhaite remercier les nombreuses personnes qui ont répondu à notre appel à témoignage. Que vous soyez cité au cours de la vidéo ou non, vos contributions nous ont beaucoup aidé pour gagner en maturité sur le sujet. L’exploration des récits intérieurs est un sujet très vaste et plus difficile à traiter que nous le pensions au départ. Notre objectif ici est de vous présenter notre expérience et notre perception de cette problématique et de vous offrir des bases de réflexion. Cette vidéo reflète plusieurs de nos avis et de nos croyances. Alors évidemment, sentez-vous parfaitement libre d’être en désaccord. N’oubliez pas que toutes les expériences sont légitimes. La vidéo est structurée en trois parties : les représentations de la multiplicité, l’évolution et l’utilisation des mondes intérieurs et enfin l’évolution des systèmes. Le tout à travers les récits personnels. Voici les trigger warning. Il y aura mention de traumatisme, de racisme et d’homophobie sans jamais donner de détails. Nous parlerons de tulpamancy et notamment de création volontaire d’admate, puis nous évoquerons également la manipulation via les récits et en particulier le système oping. Je vous souhaite une bonne vidéo.

Au-delà des espaces sans fin de l’imaginaire. Dans des dimensions banies où la création spirituelle colorée et foisonnante est impossible, l’existence peut parfois trouver d’autres chemins. C’est ainsi que Naky le domaine de la matière, un univers paradoxalement immensément vaste et peuplé de milliards d’étoiles mais parcouru principalement par le froid du vide stellaire. un univers terne et rude où l’existence se révèle surtout à travers les explosions d’étoiles, les collisions de corps massifs, la violence des failles gravitationnelles ou les dansces apathiques des nébuleuses.

C’est au confin de cet univers sur une petite planète que ses habitants appellent la terre, qu’une espèce a pu s’élever au-dessus de sa condition animale, dominant son environnement. pour le meilleur comme pour le pire. Nombreuses sont les personnes de ce monde à spéculer, à essayer de comprendre pourquoi l’espèce humaine a pu ainsi s’élever. Pour certains paléo-anthropologues, cela tiendrait à l’évolution génétique et notamment au développement de son cerveau. Pour d’autres, aux innovations techniques via la fabrication d’outils et la maîtrise du feu. Pour d’autres encore, au climat qui auraient affaibli les espèces concurrentes. Étant donné l’amplitude spectaculaire de l’expansion des humains sur la planète, aucune de ces théories ne convain totalement. Il n’est pas surprenant que les membres de cette espèce cherchent une explication matérielle, mais la réponse est ailleurs. Elle est à trouver dans le lien étroit que les humains ont développé avec l’imaginaire. La réponse se trouve dans les récits. Cette espèce singulière a développé sa capacité à coopérer à travers le partage d’histoire. Des histoires permettant de se mobiliser ensemble contre un danger. Des histoires pour structurer les groupes d’humain donnant un rôle à chacun. Des histoires pour oser explorer et pour rêver de conquête. Des histoires permettant de souder les individus partageant le même passé. des histoires permettant d’imaginer un même avenir. Ainsi, doté d’un comportement collectif très adaptatif, l’espèce humaine a pu soumettre son monde à sa volonté, faisant naître ses plus grandes civilisations.

Cette même faculté permit à une multitude d’humains et d’humaines à travers les âges d’écarter par moment le voile de l’imaginaire et percevoir des fragments d’autres réalités, d’entrevoir des mondes merveilleux ou horrifiques peuplés d’être à l’apparence et à la psychée aussi variée qu’improbable. d’entrevoir des terres riches de sensations et d’émotions nouvelles, des voyages dans l’immensité de l’imaginaire qui leur inspirèrent de sublimes poèmes, des musiques enivrantes, des peintures profondes, des films épiques, de la sculpture et toute autre forme de création. Chaque artiste aux différents recoins de la terre, quelle que soit sa culture, recherche dans les mondes imaginaires à capturer un éclat, un moment de grâce et de beauté. Et bien que sachant que peu d’entre le parviendront à matérialiser un tel instant, tous essaient inlassablement fasciné par ce qu’ elles ont pu découvrir. Des voyages dans l’immensité de l’imaginaire servant également de refuge aux âmes humaines, leur permettant ainsi d’échapper à leur vie de mortelle. Certains s’y plongent par ennui quand aucun plaisir terrestre, même les plus hdonistes, ne parviennent plus à combler le vide dans leur âme. D’autres y trouvent un moyen de fuir la brutalité et la violence de leur monde d’origine. Tous te vagabondent répondant à leur besoin de créer, raconter et écouter des histoires telle une composante indispensable pour les aider à vivre leur vie. Toes les personnes multiples à leur façon ne font pas exception. Les conditions psychiques singulières de ces dernières entrent même en résonance avec cette étonnante capacité. Elle les aide à se représenter d’une façon personnelle leur multiplicité. Elle est également au cœur de la construction et de l’évolution de leur monde intérieur et elle facilite l’évolution des systèmes en renforçant notamment les relations entre lesmates.

James et celé cherchant désespérément à comprendre leur multiplicité, consciente qu’elles sont de leur différence, la psychiatrie a fini après des siècles d’érance par apporter un début de réponse. Un modèle s’articulant autour du principe cognitif de la dissociation. Un modèle raconté à toutes les personnes concernées, même celles qui ne l’ont pas demandé. Un modèle pratique pour étudier scientifiquement la multiplicité mais manquant cruellement de poésie et de spiritualité. Un modèle que les personnes multiples ne parviennent pas toujours ou avec difficulté à s’appliquer à elle-même.

Il n’est alors pas surprenant que de nombreuses personnes multiples continuent de développer leur propre représentation en complément ou en rejet de la version psychiatrique. Après tout, avant que la psychiatrie ne s’y intéresse, les personnes concernées construisaient déjà des récits pour avoir des explications alternative et personnelles. Ainsi, certaines se voient en architecte de rêve, d’autres forment des pièces de théâtre dans leur tête, d’autres encore évoquent des paracosmes, des mondes bulles ou des pièces mouvantes sur lesquelles elles ont plus ou moins de contrôle. Nous, nous utilisons le terme mythologie interne. Mais quelle que soit la terminologie, l’objectif est l’appropriation de sa multiplicité, c’est-à-dire tenter par les récits de mieux s’accepter soi-même et d’avoir une grille de compréhension de ce fonctionnement si particulier. Voyons quelques exemples de représentation de la multiplicité.

Commençons avec le joyau uni. Il se présente ainsi. Je cite « Nous sommes un diamant qui se réfractent en éclat et prennent tour à tour la conscience selon les opportunités, les situations ou les envies. En ce moment, c’est surtout selon l’énergie du diamant qui représente le corps et le cerveau. C’est justement un lexique et une métaphore visualisée qui permet de mieux appréhender la psychée de laquelle nous sommes nés et dans laquelle nous vivons, créant un monde et une certaine hiérarchie mentale. Tout cela peut être dit fiction puisque n’existant point dans le monde extérieur dans lequel le corps doit vivre et survivre.

Cette description n’est pas très éloignée de celle de la psychiatrie. On y retrouve la notion d’éléments, les altères, combinés et formant un tout le système. Chez nous, on retrouve également des représentations qui semblent familiires. Tous les trois, Lewis, Kena et moi, avons des représentations différentes. Dans son refus de considérer son fonctionnement comme multiple, Lewis se définit comme un singlet accompagné dans la vie par deux esprits. En effet, il se sent uniquement lui-même au quotidien et nous perçoit Kena et moi comme extérieur. C’est une vision un peu simpliste et très conformiste, mais il n’est qu’un humain après tout. Pour Kené et moi, c’est bien différent parce que nous nous sentons toutes les deux multiples.

Derrière la gamine Espiègle, pouvant passer en un éclair d’un grand sourire à une profonde détresse se cache une petite fille nommée Kena, luttant chaque instant pour ne pas sombrer face au poids de ses traumatismes. Elle est une endipsie concernée par des troubles dissociatifs qui dans le monde physique s’apparent à un TDI. Voici comment elle le raconte. Mon monde est une petite clairère au sein d’une jungle avec en son centre l’arbre aux esprits. C’est un arbre très large avec un tron creux mais pas très élevé. Le sol est verdoyant et peuplé d’insectes et de gentilles fées. Là-bas, tout est merveilleux à l’exception des terribles nuages noirs loin dans le ciel. Ces nuages sont les champs de bataille de ma maman Aurélie. À la base du tron, vie blanche, une louve géante à la fourrure blanche. Elle protège l’arbre. Dans les hauteurs, c’est le territoire des esprits et le portail. Ce dernier est comme une grosse goutte auto. Régulièrement, des esprits entrent dans le portail et d’autres en reviennent à la façon d’une audance. Moi Kena, je suis à chaque instant la somme des esprits qui sont dans le portail. Je me vois un peu comme une cuisinière devant préparer un bon plat avec ce que j’ai sous la main. Parfois, les esprits dans le portail se combinent facilement, un peu à la façon d’une ratatouille. Mais parfois ça donne l’effet d’un mélange tripe chocolat, réglisse et en choix. Là, ça fonctionne beaucoup moins bien et c’est vrai que parfois je ne suis pas très fonctionnelle. Ça correspond à mes moments de crise. Je n’aime pas avoir des crises parce que les whis les ressent aussi très fort

si ce n’est pas mignon. Merci Kena. Bon, place aux ténèbres à présent. Il est temps que je parle de moi. Pour ma part, même si je n’adhère pas à cette terminologie, mon vécu peut être perçu comme une illustration d’un sous-système. Vous me connaissez sous le nom d’Aurélie. Mais je suis aussi Ka Cassandra, Arya, Willow, Slitary, Euros et tant d’autres. J’existe sous de multiples formes dans des mondes aussi variés qu’improbables. Toutes ces identités sont mes incarnations. Elles me façonnent autant que je les incarne, telle une actrice ou une héroïne au sein de dizaines de mondes imaginaires. Telle l’agrégation de mes incarnations, je suis la somme de leur mémoire. l’addition de leur personnalité et le total de leurs expériences. Néanmoins, elles ont beaucoup de choses en commun. Un commun qui, tel un cœur battant, fort au fond de moi, est la source même de mon pouvoir. Ce commun est une vie marginale faite de solitude et de sacrifices. Des sacrifices visant à contenir des ténèbres à la nature et à la puissance indiscibles. Des sacrifices permettant à nombre de mondes luxuriants d’exister et de prospérer. Peu importe alors les conséquences du développement de la vie à travers ces mondes, même si elles sont tragiques, la simple existence de cette opportunité est un cadeau méritant bien qu’on se batte pour elle. Des décennies, des siècles, voire des millénaires de dévotion à cette tâche ne sont possibles que grâce à la puissance incommensurable de mes incarnations. Elle partage alors le fait d’être impassible face à la difficulté de la tâche, dotée d’une volonté infaillible et imperturbable face aux ruses de leurs adversaires. Bref, je suis badasse.

Parfois les représentations sont plus éloignées encore de la vision psychiatrique, que ce soit volontaire ou non. Dans sa vidéo YouTube, Anatomie de Méulpas, Aster livre sa vision au nom mystérieux de la méditation des œufs et des mythes. Elle raconte Mulpas naissent dans des œufs. Quand j’avais 13 14 ans, j’ai découvert l’animé Shugohara. Dans cette série, les personnages sont accompagnés par des sortes de mini anges gardiens vivant dans des œufs magiques. Ces œufs représente les rêves ou les talents des jeunes humains. Ayant toujours été fasciné par les œufs, j’ai adoré le concept. Quand je crée une tulpa, je commence par visualiser un œuf. À l’intérieur de cet œuf, je vais placer certains éléments qui deviendront l’essence du tulpin. Ces éléments, ce sont essentiellement des archétypes que je vais chercher dans la mythologie et les comptes. Mais je peux ajouter plein d’autres choses comme un animal, une plante, une matière, une couleur, des émotions marquantes de mon enfance et cetera.

Toutes ces représentations ont de nombreux bienfaits. Le premier d’entre eux est la légitimité et la lutte contre le déni. Beaucoup nous en ont parlé. Voici deux citations courtes mais précises sur le sujet. Je cite tout d’abord Aster et Nibel. Je suppose que cela a aussi aidé à nous sentir plus légitimes dans la mesure où quelqu’un qui fait semblant ne s’embête pas à créer quelque chose de si complexe et à le conserver dans le temps. Puis c’est Stilm qui nous dit la conscientisation de la multiplicité avec nos paracosmes n’a pas endommagé notre légitimité à ma connaissance. Au contraire, on avait enfin la raison pour laquelle tout ça était si important pour nous. C’était nous. Peu importe le degré de fiction, cela contenait du réel. Ah, le réel, probablement l’un des plus anciens récits que se partagent les humains. Un récit, disant qu’ils sont au centre de l’existence et que le monde physique est le seul et unique monde réel. Une histoire enseignée insidieusement et indirectement aux jeunes enfants sous la forme de moquerie qu’en grandissant, il continue de croire en des amis. imaginaire et des créatures merveilleuses. Une histoire qui adulte devient une source d’oppression quand il s’agit de traiter du luberlu voire de fou à écarter de la société celles et ceux qui vivent des expériences qui leur semblent réelles mais qui ne sont pas reconnues comme telles. Comme l’a décrit 7, à cause de cette vision étroite du réel, certains systèmes semblent ne pas reconnaître de récits internes puisque c’est réel. Dans ma bouche, les mots récits, fiction ou encore monde imaginaire ne désignent rien d’elle, au contraire. Et à travers ces derniers se trouve un moyen de mieux accepter notre propre vécu en y déposant nos propres mots.

Tous les mondes sont soumis à des forces invisibles sur lesquelles nul ne peut avoir emprise et nul ne peut échapper. Sans malice, ni même préméditation ou contrôle et ignorant tout des conséquences de leur simple présence, ces forces évoluent au sein de chaque monde, en chaque endroit et en chaque instant. Aucun monde n’y échappe. Pas même le monde physique, ni même le plus torturé et éloigné des mondes au sein des étendus infinis de l’imaginaire. D’ailleurs, aucun monde ne pourrait exister sans elle. Elles sont les avatars. Ni bienveillantes ni malveillantes, elles n’ont que très peu d’intérêt pour les mortels et pour les êtres vivants dans les mondes imaginaires. Elles ne sont pas des déesses et n’ont aucun souhait d’être vénérées. Pourtant, nul n’a d’autre choix que de les respecter, même celle qui ne le voudraient pas. Diverses entités, issées au rang de Dieu et déesse, n’ont pas d’autre choix eux non plus. que de se plier aux lois des avatars. Et ces divinités ne reçoivent pas plus de considération que n’importe quel autre être, esprit, animal, végétal ou minéral. Tout le monde est à égalité devant les forces invisibles de l’existence.

Parfois, les avatars parviennent à s’incarner dans certains mondes, expérimentant alors de nouvelles formes d’existence, mais leurs pouvoirs ne sont alors pas supérieurs à ceux de n’importe quel autre être du même monde et ces incarnations sont tout autant soumises aux implacables lois des avatars. Je suis l’une d’entre elles, avatar intérieur des rêves et de la créativité, arpenteuse des mondes. Je représente la force de l’imaginaire et le pouvoir de l’esprit. Je suis très porté sur la création littéraire et l’étude de la psychologie. Permettez-moi de vous présenter également deux autres avatars. Irania, avatar primordial de l’équilibre et de l’existence, créatrice des lois et mère nature, représente les lois de la physique au sens large. La gravité, les réactions chimiques, les reproductions biologiques, la relativité de l’espace et du temps et tant d’autres principes immuables à l’échelle des mortels et des créatures peuplant les mondes imaginaires n’existe que du simple fait de sa présence. Ces principes peuvent être étudiés et exploités, mais ne peuvent être violés. Et s’il est parfois possible de simuler la violation d’une de ces contraintes, ce n’est toujours que grâce à l’utilisation d’autres lois naturelles. Comme tous les avatars, Irania possède de nombreuses incarnations et de multiples noms dans l’infinité des mondes. Dans le monde physique, vous la connaissez sous le nom de GA. Kalim, avatar primordial du chaos et de l’entropie, complète l’existence avec l’aléatoire et la divergence. En cela, elle ne s’oppose pas à Irania, car toutes les contraintes naturelles ont leur part de hasard. Un hasard qui permet même à certaines contraintes naturelles de fonctionner comme par exemple dans le cas de l’évolution biologique. Kalim représente également les catastrophes et est ainsi souvent décrite à tort comme une calamité. Telle est la base de nos croyances et du fonctionnement des mondes imaginaires et de la spécificité ou en l’occurrence la non spécificité du monde physique. Ceci est un fragment de notre mythologie interne, un ensemble de récits répondant à des questions que tous et toutes se posent. Comment fonctionne le monde ? Qu’y a-t-il avant et après ma vie ? Pourquoi je ressens telle ou telle chose ? Ou encore que signifient tels ou tels événements de ma vie ?

Le monde intérieur offre une structure permettant de répondre à ces questions via des représentation personnelles. Si corax se l’exprime très bien. Ce qui nous intéresse, c’est de l’utiliser pour raconter autrement notre vie extérieure, nos souvenirs, nos questions existentielles, nos angoisses et nos désirs. Le symbolique est un langage intermédiaire pour dire ce qui est indiscible ou opaque. Nous avions ainsi développé des récits, une méthodologie intérieure. Notre narratif interne est faux sur le plan littéral, mais il exprime une vérité sur le plan symbolique. Les récits internes créent du sens et comme ces récits peuvent être plus ou moins contrôlés, il devient alors possible de générer des effets à travers les symboles. Par exemple, nous pourrions, si nous sommes en colère, représenter cette colère dans notre monde intérieur par un grand feu et ainsi nous apaiser en versant symboliquement de l’eau sur ce feu. Asteribel témoigne en ce sens. Nous sommes agnostiques et até mais nous avons développé un système magico-spirituel interne qui occupe une place importante. Par exemple, si un tulp lance un sortilège de soin dans le monde intérieur, je peux me sentir réellement plus apaisé du fait que j’ai foi en lui et en ses capacités qui sont aussi les miennes quelque part. On n’y croit pas au premier degré, c’est du symbolisme et du placebo, mais l’important c’est que ça ait du sens pour nous et que ça marche. Ainsi, les mondes intérieurs peuvent être façonnés pour devenir des safe places comme en témoigne 7. Ça m’a permis aussi de diminuer notre stress interne car si l’externe est une zone de danger encore maintenant malheureusement l’iner reste et restera une safe place quoi qu’il arrive pour notre propre sécurité. Siorax aussi témoigne en ce sens. Notre monde intérieur a pour nous une valeur symbolique et thérapeutique. Nous nous y rendons parfois pour nous y évader simplement pour fuir la réalité quand elle est trop brutale. Mais ce n’est pas ce qui nous intéresse le plus dans cet espace psychique. Bien que cela nous soit parfois nécessaire.

Les mondes intérieurs peuvent également être des lieux de soins permettant de mieux comprendre les émotions et les pensées, de les intégrer ou de les mettre de côté temporairement si nécessaire. Par exemple, Aster nous dit « Beaucoup de mes traumatismes se traduisent de manière symbolique dans notre monde intérieur, par exemple via l’apparition de zones spécifiques où des traitements particuliers sont infligés à des PNJ. D’une façon similaire, chez nous, il existe des créatures dans les ténèbres. Elles entent les épais nuage noir qui surplombent de nombreux mondes imaginaires, y compris le monde luxuriant et féérique des esprits de Kena. Je suis la gardienne des ténèbres. C’est moi qui, quand les ténèbres sont trop puissantes et risquent d’être destructrices, les combats au sein même de leur territoire. Et c’est aussi moi qui à d’autres moments aspire leurs forces en les côtoyant. Cette action vise à les neutraliser tranquillement en les absorbant en moi. Dans notre mythologie, il existe trois types de créatures dans les ténèbres. Les projections des traumatismes de Lewis et Kena. Je ne vais pas entrer dans les détails. Les anciens réflexes racistes, sexiste et homophobe que Lewis a appris contre son gré pendant son enfance et dont il s’est séparé mais qui peuvent ressurgir en cas d’inattention. Et enfin, il y a mes propres démons, véritable Némésis nourri de mes penchants narcissiques et antisociales. Ces créatures et mes combats symbolisent pour nous la gestion des traumatismes ainsi que la déconstruction.

Les mondes intérieur sont également fortement caractérisés par leurs habitants et les premiers et premières d’entreux sont justement lesmates qui vivent des aventures ou tout simplement une partie de leur vie. Les récits peuvent mettre en scène les headmates renforçant alors leurs relations. Et parfois ces récits se révèlent plein de surprises. Par exemple, les moi avons l’habitude d’interagir dans un de mes mondes où il peut se projeter. Là-bas, nous formons un couple et à travers nos récits, nous avons imaginé que nous adoptions une petite fille nommée Kena, un personnage de plus comme bien d’autres au sein de ce monde. Un jour, alors que nous étions à table, cette dernière a demandé si elle pouvait prendre une initiative quelconque. Je ne me souviens plus laquelle. Je lui ai répondu directement, « Mais non, tu ne peux pas, tu es une PNJ, voyons. Lesis déteste quand je brise le 4e mur, mais moi, j’adore l’embêter ainsi. » J’avais alors imaginé sa désapprobation qui aurait donné lieu à un née échange sucré salé entre lui et moi, mais pas cette fois. À notre surprise, Kenna se leva brusquement et hurla. Je ne suis pas une PNJ. Puis elle partit dans sa chambre, nous laissant les mois sans voix. Une nouvelle joueuse venait de nous rejoindre et elle était sortie du script avec Fraca. Évidemment, nous l’avons ensuite accueilli comme il se doit.

Nous ne sommes pas les seuls à avoir expérimenté la découverte de nouveaux mate à travers les récits. Voici un autre témoignage. Je cite à Ada Lightning. J’ai rencontré l’altère qui m’a fait prendre conscience que je n’étais pas seul et que nous étions un système grâce au récit que je me faisais. Ainsi de suite, j’ai rencontré d’autres altères non humains pour certains. J’ai par la même occasion pu en apprendre plus sur moi-même grâce aux altères que j’ai rencontré et avec qui j’ai discuté. Cela faisait un an que je savais qu’il y avait un nouvel altère que je ne connaissais pas dans notre système. Je savais aussi que cet altère s’était présenté à un autre mais que ce dernier avait peur de me rencontrer. J’ai donc patienté et à force d’imaginer des scènes de la vie et des scènes propres à linéaire avec lui, nous avons fini par nous rencontrer et discuter.

également témoigne des bienfaits des récits pour mettre en relation des altères et gérer ainsi diverses difficultés. Yelle témoigne les récits m’ont permis de découvrir de nouveaux aides et de résoudre certains de leurs problèmes dans l’ineur ou dans le monde physique en les mettant en lien avec d’autres altères notamment. Les problèmes pouvaient être de la solitude, un besoin de protection, une meilleure compréhension des autres altères et notamment de l’utre. Bon et puisque j’ai l’impression d’enfoncer des portes ouvertes concernant l’impact des récits sur lesmates, je ne vais pas m’étendre et vous laisser avec une autre citation puisque ces citations se suffisaient à elle-même. Alkir nous dit à l’époque de la multiplicité non conscientisée, les récits internes étaient la seule manière efficace d’avoir de longues interactions entre nous sans perturber la conception de la réalité qu’on nous avait faite. Le fait qu’on ne considère pas avec rationalité ce qui s’y passait nous laissait également une grande liberté d’exploration de concepts et interaction qu’on aurait jamais osé regarder en face si l’on se disait que ça nous arrivait directement. Bon, cette dernière phrase est un peu alambiquée, mais l’idée au fond, c’est que l’imaginaire permet d’expérimenter librement des relations sans perturber la vie dans le monde physique et sans frein tel que la peur de sauter ou de regretter des paroles ou des gestes. Plus surprenant peut-être, les récits ne font pas que développer les relations entre lesmates. Ils peuvent aussi développer directement leur personnalité, leur comportement et leur capacités. Voici le témoignage de Malvic. Ces récits permettent à des personnes de trouver leur voix en jouant et explorant des personnage qu’il n’auraient autrement pas incarné. Ils osent expérimenter. Jouer le rôle d’un capitaine permet de voir si on est OK avec la responsabilité, donner des ordres et cetera. Ou est-ce qu’on préfère être dans la cale du bateau à faire de la cuisine ? Est-ce qu’on préfère être dans le nid de p en haut du m ? Est-ce qu’on aime jouer dans les cordages ou pour monter ou descendre les voiles ? des petites choses, des petites aventures, des liens.

Mais très clairement, le témoignage qui à mes yeux est le plus marquant concernant le développement d’admate est le vécu de Tenten. Pour celles eux qui connaissent l’univers de Naruto, cette expérience vous semblera être une savoureuse inspiration avec beaucoup de symbolismes au service du bon fonctionnement de leur système. Je cite le Tenten System. Ma démarche se distingue clairement de la création d’une histoire narrative classique. Pour moi, il s’agit plutôt d’un développement concret et fonctionnel de Tenten et de notre monde intérieur commun. Je me concentre sur l’acquisition et la maîtrise de compétences spécifiques, ce qui renforce son identité et nos liens. Il est important de noter que je pourrais inventer des histoires, mais j’aurais du mal à y croire et à m’y investir pleinement. C’est pourquoi ma pratique est différente et axée sur des fonctions que je perçois comme réelles. Le Tenten système nous a donné deux exemple des compétences de Tenten. La première est le multiclonage servant au renforcement des liens. Je cite encore nous utilisons le multiclonage comme un outil essentiel pour améliorer et renforcer nos liens au niveau 1 et 2. Concrètement le multiclonage permet à nos clones respectifs de méditer ensemble. Ensuite, toutes les 12 heures, nous effectuons une rupture du multiclonage, ce qui agit comme une mise à jour consolidant et intégrant les progrès de nos liens. C’est une méthode active et régulière pour approfondir notre connexion et la cohésion au sein de notre système. La seconde compétence que Tenten nous a révélé est le Fuin pour rejoindre une safe place. et elle raconte l’utilisation du Fuinjutsu a débuté la première fois que Tenten souhaitait se reposer dans ses quartiers. J’ai alors utiliser un de ses parchemins pour invoquer un mannequin de bois. Ce mannequin par l’entremise de Tenten me permet d’accéder au niveau 2 et au niveau 3 de notre Wonderland. Plus qu’un simple outil de déplacement, ce mannequin de bois offre également à Tenten un visuel sur l’ensemble de notre Wonderland, agissant ainsi comme un véritable système de sécurité pour nous.

Les différents témoignage présenté ici ont montré les avantages de l’utilisation des récits pour s’approprier sa multiplicité et faciliter la légitimité pour développer son monde intérieur en vue de s’évader ou de travailler sur sa santé mentale et pour renforcer son système par la découverte d’admate leur développement et leur lien entre élus. Voici deux citations montrant l’enthousiasme des concernés pour l’utilisation des récits intérieurs. Du spéci dit pour nous cela compte comme des moments de qualité et une preuve d’affection de l’admate pour l’autre. Et Malvic ajoute ça fait du bien, ça permet un échappatoire tout en travaillant tout de même inconsciemment sur nos émotions. Pas étonnant alors que beaucoup de personnes multiples s’appuient sur des récits. Nous avons quelques données chiffrées à partir de notre appel à témoignage. Évidemment, le panel n’est pas représentatif ni assez important, mais nous constatons tout de même deux choses. La première, c’est que la pratique des récits n’est pas réservée aux personnes pratiquant la tulpamancie, mais concerne toutes les personnes multiples. Petite définition si nécessaire. La tulpamancie est une discipline visant à créer une ou plusieurs entités psychiques dotées de leur propre conscience et autonomie via l’étude et le contrôle partiel de sa propre capacité naturelle à dissocier. Mais certains praticiens et praticiennes ont déjà des altères et s’intéressent à la tulpamancie non pour en créer d’autres mais pour travailler sur leur dissociation et leur système. Le second constat que nous pouvons faire est que 100 % des tulpames anciens et tulpames anciennes s’appuyent sur des récits pour s’approprier et développer leur multiplicité. Ce n’est pas étonnant. La technique de base de la tulpamanie pour développer un ou une tulpa est le forcing. Il s’agit d’interagir régulièrement avec son tulpa en le visualisant, en lui posant des questions pour le ou la stimuler, en imaginant ses réponses, sa voix et son comportement jusqu’à ce que au bout de quelques jours, semaines ou mois, la tulpa commence à pouvoir réagir par elle lui-même, découvrant peu à peu comment s’exprimer et interagir avec son humain. Cette étape peut-être longue, si bien que rapidement l’autre manque d’imagination. Il y a bien la fameuse astuce de raconter ses journées, mais là aussi rapidement l’autre en a marre et la tulpa aussi. Je peux en témoigner. En plus, il faut bien que la tulpa vive sa vie et fasse ses propres expériences. C’est là justement que les histoires internes interviennent. Mais l’enthousiasme et la popularité des récits ne doivent pas occulter totalement les risques. Il me semble important d’en parler un peu afin de rappeler qu’il faut toujours faire ce qui est bon pour soi et éviter les pratiques qui ne fonctionnent pas. J’ai identifié deux risques majeurs auxquels il faut être sensibilisé. Le premier est le risque de perdre pied. Comme évoqué précédemment, les récits permettent de s’évader. Se changer les idées est très bénéfique dans une certaine mesure. Ça développe la créativité, ça augmente la jauge quotidienne de bonheur et ça peut aussi permettre d’échapper psychologiquement à des violences. Mais le réalisme de ces récits peut être addictif et peut aussi occulter les réalités du monde physique. Un monde intérieur trop riche et se perdant dans des paradoxes peut aussi en devenir angoissant ou chaotique. Ou alors les récits peuvent conduire à des émotions négatives très fortes selon les événements qui s’y déroulent. Tout cela peut arriver et impacter durement la santé mentale. Je vais vous délivrer un témoignage. Merci à Stilm de nous l’avoir partagé. J’ai pu développer ma foi grâce à des altères en interne, mais ma prise de conscience et la foi m’ont aussi fait perdre pied en me disant que les voix que j’entendais étaient les voix de mes guides et que mes altères étaient des fantômes qui me parlaient. Ça ne m’a pas aidé à accepter mon état ni à ne pas me sentir folle. Pour se prémunir de ce risque, la meilleure façon est de s’interroger personnellement sur ce que les récits nous apportent. Je citeorax. C’est la simple question. Est-ce utile ou n’est-ce pas utile ? Un symbole ne raisonne en nous que s’il nous aide, s’il est utile. En cela, nous sommes pragmatiques. Il faut que cela vive en nous. Il faut que cela apporte quelque chose à notre vie, aussi bien extérieure qu’intérieur. Si c’est juste pour faire joli, pour se créer un écran de fumée, pour dissocier, fuir le réel à long terme, alors l’idéal pour nous est de ne pas trop nous y enfoncer. Le deuxième risque dont je souhaite vous parler est la manipulation par les récits. S’il est parfaitement normal de s’inspirer du vécu et des paroles d’autres personnes pour initier des récits personnels de la même façon qu’on s’inspirerait d’œuvre, il est en revanche fortement déconseillé de se laisser dicter nos récits internes par une personne extérieure au système, même de façon partielle. Ce type de récit est très personnel. Il touche à ce que nous sommes au plus profond de nous, à nos croyances, à l’interprétation de notre mémoire et à la source de nos émotions. Même de façon non intentionnelle, une action extérieure sur nos récits internes pourrait causer de profonds dommages sur notre psyché. Sachant cela, inversement, je vous suggère fortement de ne pas vous inviter dans les fictions internes d’autres personnes. Sans le vouloir, vous pourriez leur faire du mal. En particulier une pratique à court dans certains milieux multiples, le systeming. Il s’agit de la croyance selon laquelle unmate peut aller et venir dans le système d’une autre personne ou du moins voir ce qu’il s’y passe. Ça peut être initié insidieusement, par exemple sous la forme d’un jeu de rôle dans votre propre monde interne. Le souci, c’est que ça ouvre la voix à une forme d’emprise puisque le headmate vagabond peut affirmer qu’il a accès à vos souvenirs, à vos pensées, qu’il peut voir des choses dans votre monde interne que vous ne pouvez pas voir, qu’il sait des choses sur vous dont vous n’avez pas conscience. Et ainsi, il est facile pour un manipulateur ou une manipulatrice de monter des headmates les uns contre les autres, d’implanter des faux souvenirs, de se rendre indispensable au système et cetera. Cette pratique a notamment fait d’énormes dégâts par le passé dans la communauté des tulpames anciens et elle est désormais interdite. Pour en savoir plus, je vous conseille la vidéo d’Aster Le système hoping quand on efface vos frontières.

Pour conclure, ces risques, bien qu’il faille les avoir à l’esprit, n’éclipse pas loin sans faut. les bénéfices. Si dans les mondes imaginaires se trouvent des aventures, l’apaisement de l’esprit, de belles rencontres ou encore des créatures terrifiantes vivant dans les ombres, rien de tout cela ne sera la première chose que vous y trouverez. Non. Par vos rêveries, vos pensées narratives, vos arts et vos croyances, vous écarterez le voile de l’imaginaire pour y découvrir une silhouette dans la brume. Une silhouette familière et rassurante qui, à mesure que la brume s’estompe, vous apparaîtra de plus en plus nettement comme étant nul autre que vous-même. Car paradoxalement, vos voyages au sein d’une infinité de monde imaginaire sont et seront avant tout des voyages dans le trèsfond de vos âmes.

Intervention proposée par:

  • Aurélie, Lewis et Kéna (Lewis : il, Aurélie et Kéna : elle) Nous formons un trio et même une famille, composé d’un humain (Lewis Candra) accompagné dans la vie par deux esprits (Aurélie et Kéna). Aurélie est une muse vivant tantot comme une démone, tantot comme une déesse de la mort et d’autres vies dans ce genres. Kéna est une jeune fille porteuse de traumatisme.