Dans cette vidéo, on se penche sur la communication entre les alters d'un même système, et notamment les moyens utilisés pour communiquer (ou ne pas communiquer). Quelle proportion de systèmes utilisent un journal ou support écrit pour communiquer ? Il y a-t-il des alters qui communiquent au moyen des sensations corporelles ? Est-ce que la communication est aisée, fluide, ou bien difficile, empêchée, bloquée ? Est-ce que toustes les alters peuvent communiquer ensemble, est-ce que certain.es refusent d'échanger avec le reste de leur système ? Est-ce que l'état émotionnel du système ou son environnement influe sur les capacités de communication entre alters ? Et quels sont les principaux obstacles à la communication interne ? Voilà un aperçu des questions auxquelles nous allons tenter d'apporter des réponses, en nous basant sur vos participations.

Avertissements de contenu:

Dissociation, multiplicité (alters, inner world, amnésie, co-conscience) ; Traumatisme psychique (mention de systèmes programmés, barrières de survie) ; Conflits internes, refus de communication, luttes de pouvoir entre alters ; Doute, sentiment d'imposture, isolement, déni ; Fatigue extrême et surcharge mentale empêchant la communication ; Neurodivergences (autisme, aphantasie, TDAH) ; Rejet ou jugement de l'entourage, expériences négatives avec des professionnel·les

Transcription:

Bonjour à toustes ! On se retrouve aujourd'hui pour découvrir ensemble les résultats de l'enquête sur la communication entre alters !

Pour celleux qui ne nous connaissent pas, nous sommes le système Atoll, et nous aimons beaucoup les statistiques !

Depuis quelques mois, nous proposons des enquêtes auprès de la communauté multiple, afin que chacun.e puisse partager son vécu, sa réalité de personne multiple, et également afin de voir les tendances, les dominances statistiques dans la communauté de celleux qui sont + d'un.e dans leur tête.

Vous pouvez nous suivre sur Insta et Facebook, sous le nom @etresmultiples. Nous y partageons des statistiques, des témoignages, des memes et nous y annonçons le lancement des nouvelles enquêtes. Si vous souhaitez participer aux prochaines enquêtes, abonnez-vous !

Nous avons fait précédemment des vidéos sur le genre et la multiplicité, sur les relations intrasystèmes et sur les alters littles. Aujourd'hui, on se penche sur la communication entre les alters d'un même système, et notamment les moyens utilisés pour communiquer (ou ne pas communiquer).

Quelle proportion de systèmes utilisent un journal ou support écrit pour communiquer ? Il y a-t-il des alters qui communiquent au moyen des sensations corporelles ? Est-ce que la communication est aisée, fluide, ou bien difficile, empêchée, bloquée ? Est-ce que toustes les alters peuvent communiquer ensemble, est-ce que certain.es refusent d'échanger avec le reste de leur système ? Est-ce que l'état émotionnel du système ou son environnement influe sur les capacités de communication entre alters ? Et quels sont les principaux obstacles à la communication interne ?

Voilà un aperçu des questions auxquelles nous allons apporter des débuts de réponses, en nous basant sur vos participations.

Mais avant, on a envie de parler un peu de ça et de ça.

Comme vous vous en doutez certainement, notre apparence et les décors de nos vidéos sont directement inspirés de notre système et de notre inner.

Et oui ! Lorsque nous avons commencé la première vidéo, s'est posée la question de notre avatar, de notre apparence. Nous étions une partie à être unanimes sur le fait de ne pas diffuser l'apparence du corps, et celleux que ça ne dérangeait pas se sont ralliés au besoin de confidentialité des autres. Cependant, nous ne pouvions pas décider d'une apparence précise. Faire un choix de ce genre quand on est multiple, c'est compliqué !

Nous avons copié Partielles avec enthousiasme – et merci à elleux pour leur aide technique ! – et nous avons fait spontanément un avatar d'une alter qui était arrivée récemment dans le système. (Bon en fait elle était là depuis très très longtemps, mais elle ne s'est montrée que récemment, quand on a pu encaisser son existence et quelques-unes de ses informations biographiques.) Cette alter a prêté son apparence, qui a été adapté dans le logiciel utilisé, Vroid. Et ce dernier, malgré tous ses avantages, ne brille pas par la diversité des morphologies ! L'image animée et dessinée que vous voyez dans notre 1ère vidéo n'est donc pas une reproduction exacte de l'alter en question.

À la suite de cela, nous avons échangé en interne et créé d'autres Vroid, basés sur l'apparence d'autres membres volontaires du système. Nous n'avons pas fait de Vroid d'alters qui ne seraient pas d'accord et enthousiastes pour cela.

Ces avatars sont un bon compromis entre une apparence qui nous fait nous sentir « nous » et un costume public, car les limites de Vroid donnent des résultats tout de même éloignés de nos apparences réelles. Ainsi, chacun.e peut s'exprimer à travers ces apparences, que ce soit lae alter représenté physiquement, ou un.e autre. En effet, ce n'est pas toujours l'alter représenté.e qui s'exprime. Déjà parce qu'on ne switche pas à la demande, ou pas souvent, et ensuite parce que ce n'est pas toujours simple de savoir qui est au front, qui s'exprime. Dans notre expérience, il est plus facile de savoir qui on n'est pas que qui on est !

Enfin, nous avions envie qu'en regardant nos vidéos, vous n'oubliiez pas que nous ne sommes pas une seule personne, mais un groupe de personnes différentes, aussi bien dans leurs apparences que dans leurs goûts, caractères ou opinions. Et qu'en même temps, nous sommes aussi un tout, un système, un macrocosme mental.

De même, les décors de nos vidéos sont inspirés de notre inner, de différentes zones existantes à chaque fois liées à l'alter qui apparait dans la vidéo. Nous les créons avec Midjourney. Nous avons des inconditionnels de l'IA dans le système, surtout de l'IA text-to-image, qui permet de générer des images en utilisant des mots. Nous avons d'ailleurs fait une vidéo à ce sujet avec Kara l'année dernière, pour la Plural Positivity World Conference.

Nous avons diverses notions de l'intimité dans notre système, alors parfois un.e alter donne son nom, parfois non, et nous essayons de respecter les limites de chacun.e au sein du système, tout en définissant des règles collectives pour la sécurité et l'anonymat de toustes. Nous faisons des sondages, des notes écrites, nous échangeons beaucoup par pensées, et de diverses autres façons. Nos plus grandes difficultés dans la communication, sont les amnésies et un quotidien très chargé, qui laissent trop souvent trop peu de place à la vie du système.

Vous vous demandez peut-être pourquoi on vous parle de tout ça, pourquoi on vous parle de nous, alors qu'habituellement on saute directement dans le sujet de la vidéo !

Et bien, nous voulions aussi témoigner un bref instant de la communication au sein de notre système, de notre façon de nous organiser pour respecter les autres alters tout en revendiquant notre unicité, de s'extraire d'une vision globale de groupe tout en respectant l'ensemble que nous formons.

Nous espérons que vous êtes bien installé.es, que vous avez à boire, que vous vous sentez bien, et nous vous emmenons quelques dizaines de minutes en voyage dans les statistiques de la communauté multiple !
Que vous soyez concerné.es ou allié.es, bienvenue !

Merci à vous d'être là, merci à Epsi et Kara pour l'organisation et l'animation de Kaléidoscope, ainsi que pour le soutien. Merci aux autres créateurices de vidéos, ainsi qu'à toustes celleux qui œuvrent pour une meilleure reconnaissance de la multiplicité et des personnes concernées. Merci aussi aux 89 systèmes qui ont répondu à l'enquête !

Cette vidéo peut aborder des sujets triggers. Nous allons les lister dans quelques secondes. Bien sûr, nous ne pouvons pas anticiper tous les triggers potentiels. Dans tous les cas, prenez soin de vous !

Voilà une liste non exhaustive des triggers potentiels de cette vidéo :

  • Dissociation, multiplicité (alters, inner world, amnésie, co-conscience)
  • Traumatisme psychique (mention de systèmes programmés, barrières de survie)
  • Conflits internes, refus de communication, luttes de pouvoir entre alters
  • Doute, sentiment d'imposture, isolement, déni
  • Fatigue extrême et surcharge mentale empêchant la communication
  • Neurodivergences (autisme, aphantasie, TDAH)
  • Rejet ou jugement de l'entourage, expériences négatives avec des professionnel·les

Allez, hop, regardons les résultats de l'enquête !

DONNÉES GÉNÉRALES

Comme à chaque fois, nous vous avons demandé dans quel trouble dissociatif ou définition de la multiplicité vous vous retrouvez.

Nous trouvons donc parmi les systèmes répondants 48,3% de TDI, 34,8% de multiples/plurals. Ces définitions couvrent 83,1% des répondants, mais il y a aussi d'autres expériences de la multiplicité : 3,4% de TDI partiel et la même proportion d'ATDS ; 2,2% de médian, 1,1% de TDI-c (aussi appelé TDI polyfragmenté). Enfin, il y a 6,7% qui souhaitent ne pas répondre ou bien qui ne se définissent pas précisément.

La deuxième question que l'on vous pose toujours, c'est « Combien d'alters composent votre système ? ».

Pas de surprises, le nombre d'alters est très variable suivant les systèmes, et aucun nombre ne représente une norme majoritaire. Il y a autant de systèmes qui ont entre 11 et 20 alters que de systèmes réunissant entre 31 et 100 alters. Et c'est pareil pour les systèmes qui ont entre 5 et 10 alters, et ceux qui comptent 21 à 30 alters. On note que les systèmes polyfragmentés (+ de 100 alters) sont nombreux à avoir répondu à l'enquête, un quart des répondant.es.

Mais passons aux choses sérieuses ! Comment les alters communiquent-iels ?

MODES DE COMMUNICATION INTERNE

Nous vous avons demandé quels sont les principaux moyens de communication au sein de votre système.

On peut voir que le moyen de communication utilisé par le plus de systèmes est le dialogue mental, les pensées partagées. En effet, 94,4% des systèmes ayant répondu à l'enquête indiquent le pratiquer. Les Pléiades témoignent : « Le système communique naturellement par pensées partagées et dialogue mental. »

Comme l'expriment Moon (@moon_echo) « Les pensées partagées, je pense que c'est assez courant, mais, en gros, c'est comme si je pensais, sauf que ça ne vient pas de moi. L'information donnée par la pensée arrive avant d'y avoir pensé. Je ne sais pas si je suis clair.e. »

Et cela prend des formes variées : dans certains systèmes, des alters posent des questions dans le vide, et attendent de voir si quelqu'un.e répond. Chez le système Crowley, « certains crient dans la tête jusqu'à ce que quelqu'un réponde. Chaos gobelin ! »

Un système anonyme explique : « Il est fréquent qu'une personne parle par pensée et qu'une autre réponde en hochant la tête ou en levant/baissant un pouce. »

Évidemment, si vous êtes un système qui ne communique pas par la pensée entre alters, cela ne fait pas de vous une anomalie ! Tous les moyens de communication et de non-communication sont légitimes, et votre fonctionnement est aussi valide que celui de n'importe quel autre système.

Le second moyen de communication utilisé par les systèmes, c'est le cahier/journal intime (qu'il soit papier ou numérique) : 67,4% des systèmes y ont recours. Dans l'espace de commentaire libre, de nombreux systèmes indiquent utiliser notamment Discord avec plural kit et/ou l'application Simply Plural. On développera ce moyen de communication dans la question suivante.

Le troisième moyen de communication, ce sont les musiques, les sons, et les stimulations sensorielles, avec 36% des systèmes répondants. Dans le système Moon : « On communique beaucoup avec la musique. Des alters mettent une musique à fond dans l'inner pour qu'on entende au front, ce qui permet de passer un message. »

Ensuite, à égalité (22,5%), les messages audio/vidéo sur téléphone ou ordinateur, et les dessins, symboles ou codes visuels.

On note que 2,2% des systèmes indiquent qu'il n'y a pas de communication entrer alters. Un système anonyme témoigne : « Nous n'arrivons pas à communiquer. Par contre, nous trouvons des écrits des autres dans le journal intime. » À l'inverse, d'autres systèmes communiquent avec une grande facilité, comme ce système anonyme qui explique : « On communique hyper facilement car les alters en co-conscience sont physiquement à côté de nous (même si on sait que c'est une projection mentale) donc on les perçoit avec tous les sens possible (entendre, voir, toucher, sentir…) »

Nous vous avons aussi laissé la possibilité d'ajouter des options à cette question, et nous notons qu'il y a 4,5% des systèmes dont les alters communiquent à l'oral, par la parole – à haute voix, donc.

Dans les autres moyens moins fréquents, il y a les flashs (images mentales), les mouvements physiques et sensations corporelles. Dans le système Le Complex, Moony explique : « Je fais bouger le corps pour dire que je suis heureuse, et je change de couleur pour dire si je vais bien ou non. » Dans le même système, Éphémère raconte : « Les alters m'envoient souvent des flashs de leur visage ou de tout leur corps pour exprimer leur état. » Chez le système Sinople, c'est un peu différent : « Nous communiquons beaucoup, par des sensations physiques. Un peu comme des mini hallucinations, par exemple, quand je cuisine et fais une erreur, je peux sentir une alter protectrice comme si elle appuyait sur mon épaule pour me dire « non fais pas ça ». La Joyeuse Troupe (@lajoyeusetroupe_system) ajoute son expérience : « Via le corps on peut capter quand qqn d'autre a une émotion particulière si elle est forte. Exemple : Jins au front n'a pas peur d'un chien, mais Yokko en arrière a peur des chiens. Le corps se crispe et Jins sait que ça ne vient pas de lui : par intuition/habitude il peut deviner que ça vient de Yokko (ce qui peut occasionner ou non un switch ou du blending) »

On note aussi que des systèmes utilisent les émotions partagées, le système Epsilon (@we.are.epsilon) raconte que dans leur inner immense, « nous avons des chats messagers, qui délivrent leurs messages en « transmissions de pensées ». Ça peut être des phrases, des images, des émotions. »

D'autres systèmes utilisent la rêverie, comme ce système anonyme « C'est parfois arrivé que l'un d'entre nous communique par le biais de daydreams intrusifs avec beaucoup de dissociations. Cela arrive lorsqu'on n'a pas conscientisé la présence de la personne ou qu'on n'y fait pas assez attention, mais qu'elle a des choses à exprimer qui ne peuvent pas/plus attendre. On ne daydream pas beaucoup en-dehors de ce contexte, sauf pour le fun ensemble. C'est aussi une forme de communication mais ce n'est pas intrusif / lié à la dissociation. »

Certains systèmes utilisent des moyens de communication originaux comme des affiches ou un mégaphone : « Quand nous ne sommes pas en front nous allons juste nous voir les uns les autres pour se dire ce qu'il se passe. Mais dans la tour de front on utilise des affiches où nous notons ce qu'il y a eu dans un grand livre pour prévenir les prochains au front. Sinon nous utilisons souvent un mégaphone pour appeler quelqu'un depuis la tour de front vers l'inner, mais seulement si c'est important. Dans le cas contraire, on crie juste, ou on envoie quelqu'un. Nous utilisons rarement quelque chose d'externe, ou bien le téléphone par moment. » confie un système anonyme.

Mais tous les moyens de communication ne sont pas explicites. Le système Raven raconte : « Pour nous, ça ressemble le plus souvent à des intuitions et des émotions sans contexte, et non verbales. » Giss, du systèmeD complète avec son expérience : « On a eu beaucoup de mal à savoir si on communiquait vraiment, ou si simplement on était « là », à côté les un.es des autres. Notre mode principal n'est pas sous une forme de dialogue, juste des pensées qui s'imposent, et qu'un alter appelle « la Speakerine » interprète comme une forme de dialogue. Mais ce ne sont pas des voix intérieures qui se répondent. »

Des systèmes indiquent passer par une personne extérieure au système pour la communication entre certain.es de leurs alters. Le système Bulle explique : « Comme on a tous la manie de remonter un peu nos anciens messages, on aime bien se glisser des petits messages dans nos conversations avec d'autres gens, surtout avec nos meilleurs amis (qui sont au courant de notre multiplicité) »

Toutefois, il serait faux de croire que les moyens de communication sont figés, immuables ! Dans beaucoup de systèmes, la façon de communiquer entre alters évolue, utilise des canaux différents avec le temps. Indigo témoigne : « On a eu des périodes où on utilisait un moyen, puis un autre. Notre système bouge beaucoup, donc il est possible que ça dépende de la composition des alters qui frontent dans la période en question. »

Enfin, tous les moyens de communication ont des avantages et des inconvénients. Un système anonyme explicite : « Nous avons utilisé un serveur discord perso pour nous laisser des messages, ou engager directement des conversations avec pluralkit. Mais plusieurs sont frustrés du *temps* que ça prend par rapport à la communication mentale directe – or ça nous laisse une trace écrite, ce qui est préférable vu la mémoire. »

On voit que les systèmes développent des stratégies hybrides, selon leurs besoins, leurs capacités et leurs degrés de co-conscience.

Penchons-nous un peu plus sur les modes de communication écrits.

Nous vous avons demandé : « Si vous utilisez un journal ou un support écrit, comment fonctionne-t-il ?

Pour la majorité des systèmes utilisant un support de communication écrit (61,8%), ce dernier est un outil numérique, que ce soit une application ou un document numérique.

On voit souvent revenir des outils comme Discord (souvent un serveur privé avec pluralkit) et Simply plural, mais aussi Twinotes, TiddlyWiki, l'agenda Google, l'application Loop, les SMS, les notes du téléphone, etc.

Ensuite, on trouve à quasi égalité l'utilisation de notes éparses (post-it, téléphone, etc.) et d'un journal papier, avec respectivement 37,1% et 34,8% des systèmes ayant répondu à l'enquête.

Voilà quelques témoignages de systèmes qui utilisent l'écrit comme moyen de communication :

« On a eu une période où on laissait des post-it partout. Je me souviens surtout de ceux que les caretaker cachaient dans les placards et sous le lit pour rassurer les alters qui auraient utilisé ces cachettes. Et de la liste des noms et pronoms des peluches que les littles tenaient à jour. » raconte Indigo

« On utilise rarement l'écrit, et lorsqu'un alter écrit un mot de temps en temps, l'alter en question le retrouve plusieurs jours, mois ou années plus tard ! » dit en riant un système anonyme.

Un autre système anonyme raconte : « Un des alters dans notre système est parfois sourd, aveugle ou muet, ça change selon le moment. Il a un cahier sur lequel on peut lui écrire et lui nous répondre s'il en a besoin. »

« On utilise SimplyPlural pour les choses importantes à communiquer, comme des sondages. Quand c'est pour communiquer de manière plus décontractée on utilise Twinotes, ça a un fonctionnement similaire à Twitter sauf qu'on crée tous les comptes, on s'en sert un peu comme d'un tableau d'affichage où tout le monde se répond. » explique Sage.

« Nous utilisons l'outil Discussion sur Simply Plural, étant donné qu'on n'a que des facettes (si on avait des alters le babillard pourrait être plus utile). J'ai un canal Discord totalement privé dans mon serveur MP. Quant au Wiki, c'est un TiddlyWiki, utilisant HTML et CSS pour colorer les textes dans les couleurs des facettes. » précise Pajamie Roch (@astra.pajamica)

« Nous utilisons principalement discord sur deux serveurs privés et avec le bot PluralKit pour la communication si besoin de laisser des messages/questions ou autre à une part qui ne nous est pas accessible sur le moment. Notre journal papier est plutôt un journal général un peu fourre-tout et donc pas pratique pour communiquer réellement mais il permet d'avoir des informations sur ce qu'ont fait les autres ou des souvenirs pour ceux qui le voudraient. » raconte un système anonyme.

« Simply plural et les notes du téléphone nous permettent de noter les informations importantes qu'on risque d'oublier plus tard. On essaye de marquer ce qui est le plus important, mais on n'y pense pas beaucoup, et on pense encore moins à aller les consulter plus tard. » dit Bulle.

Certains systèmes voient leur communication parfois freinée par le perfectionnisme d'une partie des alters, comme dans ce système anonyme : « Le perfectionnisme de certains implique qu'on a du mal à « organiser » l'écrit (« quelles catégories on crée ? quel thème esthétique pour le journal ? quelle fréquence d'entrées ? le code couleur des stylos… ») bref donc on trace tout à la suite, avec les to do list en parallèle et ce n'est pas organisé mais c'est tracé. L'ennui c'est : que fait-on du cahier une fois fini… C'est pourquoi on réfléchit à passer sur Discord pour garder une trace. Mais : « quelle arborescence pour les salons ? quels … » etc. »

Le système Raven s'organise de cette façon : « En papier, j'ai un petit classeur A5 avec différents étages d'intercalaires, la première page est un dépliant pour identifier le propriétaire et expliquer quoi faire si je suis en crise et que je tends le classeur a quelqu'un, les intercalaires les plus courts sont plutôt pour les infos de base sur les troubles dissociatifs et les autres sont pour la journalisation et la santé générale en gros. »

Chez le système Sinople, « Nous avons un cahier dédié à la communication, dans lequel nous sommes obligés de coller régulièrement des post-it ou des feuilles orphelines, utilisés dans des situations où le cahier était indisponible. »

Un système anonyme complète : « On a un classeur pour le système également, à l'intérieur il y a principalement des croquis de l'inner, des dessins d'alters, des musiques écrites, des écrits, un bilan de ce qu'on pense qui a changé/ai resté pareil par rapport à la dernière fois. »

Dans le système Epsilon (@we.are.epsilon), c'est un ensemble de supports qui aide à la communication : « La plupart du temps nous utilisons la messagerie de simply plural ou bien un serveur privé sur discord. Nous utilisons aussi énormément l'agenda google, que ce soit pour les RDV ou juste comme pense bête : « Aujourd'hui il faut penser à préparer le pique-nique des enfants pour demain ». « Demain il faut le sac de piscine ». Nous utilisons une application de post it pour les choses moins importantes : « Cette musique pourrait plaire à certains ». « Telle information pourrait intéresser untel ou unetelle », « Regarder tel reportage en Replay »… Pour finir, nous utilisons l'application 'Loop'. C'est une application qui permet de cocher chaque jour, semaine… les choses qui ont été faîtes. Quand il y a un switch, l'Alter a juste à regarder pour voir ce qui a déjà été fait ou pas. Par exemple nous avons 'manger', 'brosser les dents', 'prendre une douche'… On s'en sert également pour le ménage avec des cases comme 'faire la vaisselle', passer l'aspirateur', 'ranger le linge'… »

Le témoignage d'un système anonyme pose aussi la question de la pérennité des échanges écrits : « Le document ne doit pas être lisible après la conversation. Tout doit être effacé au fur et à mesure de la résolution du conflit qui a amené à l'écrit. »

Et puis, évidemment, il y a aussi un certain nombre de systèmes qui n'utilisent pas de support écrit (14,6%), et c'est tout à fait ok et légitime !

Ces témoignages illustrent à quel point les formes écrites de communication au sein des systèmes sont diverses, créatives et profondément personnalisées. Qu'il s'agisse d'un serveur Discord ultra-structuré, d'un journal papier plein de post-its égarés, ou d'un classeur soigneusement organisé, chaque support devient une extension concrète du monde intérieur. L'écrit peut être un outil de mémoire, de coordination, de soin ou de sécurité — mais il peut aussi être évité, désorganisé ou effacé, selon les besoins, les vécus ou les limites du moment. Il n'y a pas de « bonne » façon de faire : la légitimité ne se mesure ni au support ni à sa fréquence d'usage, mais à sa capacité à faciliter les liens entre les parts. Le plus important reste que la communication — quelle qu'en soit la forme — puisse exister au service du respect, de l'écoute et du vivre-ensemble intérieur.

Maintenant, attardons-nous un peu sur d'autres modes de communication.

À la question « Y a-t-il des alters dans votre système qui communiquent par des sensations corporelles (douleurs, frissons, émotions intenses, etc.) ? » 39,3% disent que oui, mais que cela reste rare, 36% des systèmes ont répondu « Oui, c'est un mode de communication courant », tandis que 10,1% affirment que non. Enfin, il reste 14,6% des systèmes qui ignorent si des alters de leur système utilisent ce mode de communication.

Voilà quelques témoignages à ce sujet :

« Parfois, on a des alters qui vont faire mal quelque part en particulier. » commence Blue Sky (@blue_sky_system)

Saturne renchérit : « On a quelques alters qui communiquent par des émotions très intenses mais c'est souvent de la douleur. »

Éphémère, du système Le Complex développe : « des alters ont des crises urticantes soudaines, certains ont de fortes difficultés à respirer, d'autres des douleurs aigues au ventre ou l'utérus pour communiquer un état se dégradant à cause d'un trigger. »

Le Système Crowley explique que « Nous, ça va plus être des ressentis émotionnels que physiques, mais il va beaucoup y avoir les membres fantômes. »

Un système anonyme complète : « Sensations de membres fantômes, mais le plus souvent c'est par des émotions intenses et ou sensations corporelles comme des frissons, coup de chaud/ froid, impression d'avoir une main sur l'arrière du cou. »

Chez Les Pléiades : « On a une protectrice qui rassure les alters en leur touchant l'épaule, on a alors cette sensation au front + une sensation de chaleur réconfortante dans tout le corps. »

Chez Pajamie Roch (@astra.pajamica) « L'Idéale communique souvent par des sensations corporelles, mais je ne sais pas si les sensations corporelles proviennent du corps ou sont des messages de l'Idéale. Il faut que je mette mon corps au repos pour réellement l'entendre. »

Chez ce système anonyme : « Ce serait de la communication involontaire peut-être, davantage liée à l'émotion de l'alter qu'à la volonté consciente de faire passer un message. »

Un autre système anonyme précise : « C'est quelque chose qui peut être difficile à repérer surtout au début où on s'attend à des choses beaucoup plus claires, mais quand on commence à comprendre les signes physiques ils ont en fait beaucoup à nous apprendre sur les besoins internes, qui peut être présent, pourquoi etc. Certaines parties s'expriment très souvent de cette façon. Il peut s'agir d'une perception différente du corps, de douleurs, sensations particulières, tics, etc. »

Le système Raven raconte : « On a pas mal d'hallucinations sensorielles autres que visuelles et des flashbacks émotionnels auquel on essaie de donner du sens après coup. »

La Joyeuse Troupe (@lajoyeusetroupe_system) explique que ce mode de communication est : « très utile pour notre alter muette. »

Ces témoignages révèlent une dimension souvent méconnue et pourtant centrale de la communication entre alters : le langage du corps. Qu'il s'agisse de douleurs ciblées, de frissons, de chaleur rassurante ou de sensations intenses, près de 4 systèmes sur 5 reconnaissent que des sensations physiques peuvent servir à transmettre des messages – consciemment ou non. Ce mode de communication, bien que parfois subtil ou déroutant, peut devenir un véritable signal d'alerte, de détresse ou de présence, surtout lorsque les mots manquent ou sont inaccessibles. Il demande souvent une écoute fine et différée, car le sens des sensations n'est pas toujours immédiat. C'est un langage de l'implicite, et pour certain·es, c'est le seul canal disponible.

Mais la communication entre alters, est-ce quelque chose de facile ou de compliqué ? De fréquent ou de rare ? Allons voir !

FLUIDITE ET FREQUENCE DE LA COMMUNICATION

Votre système communique t'il facilement en interne ? Dans plus de la moitié des systèmes ayant répondu à l'enquête (53,9%), la communication est globalement aisée, mais cela dépend des moments. Pour 29,2%, la communication est souvent difficile, avec parfois des moments de fluidité. Ce n'est que dans 6,7% des systèmes que la communication est fluide et constante. D'ailleurs, il y a la même proportion de systèmes chez qui la communication est rarement facile. Enfin, on note que dans 2,2% des systèmes, il n'y a pas de communication interne.

Écoutons les systèmes en parler :

Un système anonyme explique qu'il n'y a aucune communication entre ses alters car « Nous n'avons pas accès à l'inner. »

Un autre système anonyme, chez qui la communication est rarement aisée, explique : « Ça dépend vraiment de la proximité des parties et de si elles veulent communiquer. Avec certains, j'ai une excellente communication, là où d'autres sont de parfaits inconnus bien qu'ils frontent souvent. »

Et chez les systèmes qui rencontrent plus souvent des difficultés de communication, mais où il y a tout de même régulièrement des moments de fluidité ?

Un système anonyme explique : « Dans notre systeme, quand un alter vient au front il oublie tout ce qu'il a fait dans l'inner, sauf un alter en particulier. Grâce à lui, on sait que dans l'inner on interagit et l'on se parle beaucoup, mais tout s'oublie une fois au front. Parfois quand on est seul et que l'on ne fait rien, presque sur le point de s'endormir, c'est comme si plus personne n'était au front et donc on est chacun conscient de ce que l'on fait dans l'inner et on s'en rappelle par la suite. »

De même chez Catocé (@Catoce98) : « Nous avons énormément de barrières amnésiques entre le front et l'interne. »

Ou encore chez Calcite : « Dans l'inner pas de soucis mais la communication interne vers l'hôte est compliquée. »

Un autre système anonyme dit : « La communication est très fluide avec certain'es, quoique relativement rare, et quasi impossible avec d'autres, comme s'iels étaient « trop loin » ou qu'il fallait que je prenne vraiment le temps de « m'enfoncer » dans l'inner pour les atteindre (mais ce n'est peut-être qu'une impression). »

Giss, du systèmeD note : « On a remarqué des contextes particuliers où la pensée intérieure ressemble à une « Assemblée ». On essaie de provoquer ce contexte quand on peux dans notre quotidien. »

Chez Moon (@moon._.echo) le manque de communication est dû à des paramètres externes : « Pour des questions de sécurité, le système a appris à se taire dans notre tête pour ne pas être perturbé au travail. Donc c'est assez compliqué. On communique librement seulement quand on est dans un espace safe et avec des gens safe et au courant de notre multiplicité. »

De même chez ce système anonyme : « En periode de stress ou de baisse de moral la communication peut devenir vraiment laborieuse (aussi parce que certains alters ont des crises de deni assez faciles…) »

Et parmi les systèmes qui communique globalement facilement, avec des variations suivant les moments ?

Chez ce système anonyme : « Nous avons remarqué que périodiquement le système se ferme pour un moment (indéterminé) donc la communication ne se fait que quand la personne est en co-front ou co-conscience. »

Un autre système anonyme explique comment iels s'organisent en interne : « Nous aimons organiser des réunions en interne une fois par semaine afin de mettre à jours ce qu'il se passe dans notre vie dans l'Outerworld. Cela peut concerner le quotidien tout autant que des problèmes personnels. Le but est de confesser ce que chacun considère être important à prendre en compte par le système entier. Des feuilles de papier et un stylo sont fournis à tous lors de ces réunions. Cela permet au personnes de s'exprimer autrement qu'avec la parole si désiré (comme par exemple avec des dessins). Cette méthode peut aider les alters les plus timides ainsi que les non-verbals. »

Chez Chapafra, les difficultés de communication varient suivant les alters : « ça dépends plus des alters que des moments. Pas mal d'alters communiquent facilement et avec fluidité, d'autres ont plus de mal, soit parce qu'iels ont du mal, soit parce qu'iel n'ont pas accès aux moyens de communication interne et ne veulent pas utiliser les moyens externes (ou ça leur vient pas à l'idée) »

Ce système anonyme précise : « Dans la plupart des cas, on arrive à bien communiquer. Mais notre plus grand ennemi est le déni… Dans ces moments, un petit groupe d'alters étant quasi toujours au front nous empêche totalement de communiquer, iels ne nous laissent ni écrire ni parler à voix haute et brouillent les conversations internes… »

Pour d'autres systèmes, certaines périodes dans l'année sont plus compliquées que d'autres, comme chez Naërya : « Au moment où je participe à ce sondage, la communication est compliquée même si ça commence à aller mieux. Tous les ans, en avril-mai, la communication est toujours plus difficile car il s'agit d'une période rempli de date difficile pour nous. Donc étant dans une période de down moralement, la communication est plus erratique. La période vient tout juste de se terminer, la communication va pouvoir reprendre tranquillement comme avant. »

Ailleurs, cela peut être influencé par le pouvoir de certain.es alters sur les autres : « Cela dépend des évènements qui se passent en interne. Nous avons un alter (celui en haut de la hiérarchie) qui a beaucoup de contrôle et qui peut couper la communication si il le souhaite et/ou l'accentuer pour certaines choses pas ouf aussi par exemple. » témoigne un système anonyme.

Parmi les systèmes qui ont une communication facile la plupart du temps, Indigo raconte « Bizarrement on communique mieux après une nuit blanche sûrement car on n'a plus l'énergie de masquer. »

Pour Saturne : « La plupart du temps, il y a une bonne communication mais ça arrive qu'il y ait des moments où il y a plus rien et ça fait peur car en général c'est qu'il y a quelque chose qui se passe. »

Enfin, ce système anonyme chez qui la communication est toujours aisée, témoigne : « C'est bien pratique d'avoir une communication fluide. Ça permet d'avoir des relations/amitiés entre alters très fortes. »

La communication au sein des systèmes multiples se révèle être un terrain mouvant, fluctuant, souvent imprévisible. Pour une majorité, elle oscille entre aisance relative et obstacles ponctuels, selon les moments, les alters impliqué·es, l'état psychique ou le contexte extérieur. Très peu de systèmes vivent une communication fluide en permanence, et tout autant n'ont quasi aucun accès aux échanges internes. Ce n'est donc ni linéaire ni universel.

Les témoignages montrent que cette communication n'est pas qu'une capacité technique, c'est une relation – entre parts proches ou lointaines, volontaires ou mutiques, visibles ou cachées. Elle peut être entravée par le stress, le déni, des barrières amnésiques ou des hiérarchies internes ; mais elle peut aussi se tisser dans des espaces sécurisés, à travers des assemblées mentales ou des rituels hebdomadaires. Parfois, une simple insomnie devient porte d'entrée.

Cela révèle que la communication interne n'est pas un acquis, mais une dynamique vivante, sensible, parfois fragile. Elle demande du temps, de l'attention, et souvent un environnement safe. Et surtout, elle n'est pas un critère de légitimité : communiquer peu ou mal ne veut pas dire être un « mauvais système » – juste un système en train de se chercher, de se (re)connecter, à son rythme.

Mais au fait, est-ce que toustes les alters peuvent communiquer entre elleux ?

Dans la moitié des systèmes (49,4%), la plupart des alters peuvent communiquer ensemble, avec des exceptions. Ce n'est que dans 14,6% des systèmes que l'intégralité des membres du système peuvent toustes communiquer les un.es avec les autres. Dans un petit quart des systèmes (23,6%), ce sont seulement certain.es alters qui peuvent communiquer entre elleux, tandis que le reste du système est plus isolé. Et dans 6,7% des systèmes, les alters sont très cloisonné.es et ne communiquent pas.

Enfin, on note que 5,6% des systèmes sont dans le flou ou ne souhaitent pas répondre.

Et, est ce que la communication varie selon l'état émotionnel ou l'environnement du système ?

On note que dans 8 systèmes sur 10, c'est le cas. Les systèmes dont la communication n'est pas influencée par les émotions ou l'extérieur ne sont 5,6%. Il y a aussi 11,2% de systèmes où l'influence existe, mais est assez faible. Enfin, 3,4% des systèmes ignorent s'il y a une variation suivant leur état émotionnel ou leur environnement.

Mais alors, quelle sont les principaux obstacles à la communication interne au sein des systèmes ?

OBSTACLES ET DIFFICULTES

Nous avons déjà eu des pistes en filigrane, dans les témoignages précédents, mais concrêtement, quels sont les obstacles les plus fréquents ?

La quasi-totalité des répondant·es évoque plusieurs obstacles à la fois. Ce n'est donc pas une difficulté isolée, mais bien une combinaison de freins qui rend la communication interne délicate, fragmentée ou aléatoire.

Les 4 grands champions des blocages sont :

  • Les alters non-communiquants/ isolé.es (chez 64% des systèmes) : Ce chiffre souligne que la communication ne dépend pas seulement de la volonté, mais aussi des capacités, des peurs et des mécanismes de défense de chaque alter.
  • Le manque de place pour la communication dans le quotidien (chez 57,3% des systèmes) : à travers le manque de temps, de disponibilité mentale ou d'espace sécurisé pour que la communication puisse se produire. Cela montre que le contexte extérieur (charge mentale, emploi du temps, vie sociale) a un impact direct sur la vie intérieure.
  • Les barrières internes empêchant l'accès à certaines zones de l'inner (chez 56,2 % des systèmes) : Ces barrières sont psychiques, émotionnelles ou dissociatives : il s'agit souvent de murs inconscients construits pour survivre. Elles peuvent prendre la forme d'amnésie dissociative structurée, d'interdictions internes (par un alter gardien ou protecteur) ou de lieux mentaux inaccessibles sans un certain état de conscience. Ce chiffre montre que l'accès à l'information n'est pas égal pour tout le monde — certaines zones de la psyché restent volontairement ou involontairement inaccessibles.
  • Les amnésies, les pertes de mémoire (dans 53,9% des systèmes) : Un peu plus d'un système sur deux signale des troubles de la mémoire comme frein principal. Cela peut impliquer que même si une communication a lieu, elle n'est pas retenue ou partiellement effacée — rendant le lien instable, peu fiable, voire invisible à posteriori.

Ces 4 freins à la communication concernent au moins 1 système sur 2 !

Dans les obstacles un peu moins fréquents, mais tout aussi importants et légitimes, on trouve :

  • Le manque de confiance, la crainte de s'exprimer(dans 40,4% des systèmes) : Ce chiffre met en évidence une dimension affective cruciale : la communication est freinée lorsqu'il y a de la méfiance, de la peur ou un sentiment d'insécurité interne. Cela rappelle que la qualité des liens entre alters est un facteur essentiel pour faciliter la parole.
  • Les conflits entre alters(dans 38,2% des systèmes) : Les tensions internes, divergences de points de vue, luttes de pouvoir ou blessures passées nuisent directement à la communication. Comme dans n'importe quel groupe, les conflits empêchent l'écoute, renforcent les silences, ou provoquent la rupture de liens.

Ensuite, 14,6% des systèmes rencontrent d'autres types d'obstacles.

On note que dans 1,1% des systèmes, il n'y a aucun obstacle à la communication. Autant dire que la normalité, c'est que c'est le bordel ! ^^

La communication interne ne bute pas sur un obstacle unique, mais sur un enchevêtrement complexe de facteurs dissociatifs, émotionnels, relationnels et contextuels. Les données montrent une réalité nuancée : même quand la volonté de communiquer est présente, des obstacles profonds – parfois protecteurs, parfois invisibles – peuvent rendre la tâche ardue. Ce n'est ni un manque d'effort, ni un « échec », mais une conséquence directe de la structuration dissociative.

D'ailleurs, on voit que dans 31,5% des systèmes, il y a certain.es alters qui refusent catégoriquement de communiquer avec le reste du système. Pour 37,1% des systèmes, cela n'est pas permanent mais peut arriver dans certaines situations. 12,4% des systèmes ignorent si des alters sont dans le refus de communiquer avec elleux, tandis que 19,1% ne vivent pas de rejet de communication d'un.e ou plusieurs alters.

Les chiffres, c'est sympa, mais allons voir ce que les systèmes disent à propos des obstacles et difficultés de communication !

Un système anonyme parle des différentes notions du temps dans son système : « Parfois lorsque l'on doit prendre une decision qui concerne le système entier, certains alter reçois l'information bien plus tard. Un jour j'ai demandé une confirmation à tout le monde pour couper les cheveux du corps dans une semaine, et 10 jours après les avoir coupés, certains alters me donnaient leur avis en pensant avoir donné leur réponse presque directement après que j'ai posé ma question. Le temps au front et dans l'inner est ressenti différemment pour chaque alter. »

Chez cet autre système anonyme : « Les groupes sont assez écartés les uns des autres du coup ça complique la communication, et il y a une crainte/ honte à s'exprimer parfois. »

Les neuroatypies peuvent aussi être un frein, comme chez ce système qui dit : « Autisme : pour certaines, le fait de communiquer (à l'interne comme à l'externe) est très compliqué. »

Ou cet autre : « L'aphantasie nous empêche d'entendre ce qu'on se dit, la communication passe par concepts et pas avec des mots et phrases audibles, du coup c'est compliqué de distinguer pensées personnelles et interventions des autres alters. »

La programmation est aussi un obstacle chez certain.es : « Nous sommes un système programmé. Certains alters n'ont pas le droit de parler à qui que ce soit, d'autres ont le droit de parler mais uniquement à certaines personnes, uniquement de certains sujets, d'autres n'ont pas trop de restrictions sur les personnes mais par exemple n'auront pas le droit de dire qui iels sont et pourquoi iels existent, etc. Il y a encore d'autres cas. Tout ça régit par des programmes mis en place par les abuseurs. » témoigne un système anonyme

D'autres systèmes luttent avec le doute, comme ce système anonyme : « Je suis peut-être un cas particulier parce que la communication ne semble que rarement s'établir quand je (l'hôte) ne la recherche pas (c'est l'une des raisons pour lesquelles je doute d'être multiple). En dehors de ça, certaines d'entre nous sommes en conflit ce qui a tendance à rompre brutalement la communication. Certain'es semblent être isolé'es en interne. Et régulièrement, je doute de la légitimité de notre potentielle communication quand elle a lieu. »

Giss, du systèmeD confirme : « C'est encore un grand continent plein de questions pour nous. Surtout que ça trigger+++ notre sentiment d'imposture. On assimile nos difficultés à communiquer au signe qu'on est fake. »

Chez ce système anonyme : « Les alters vivent dans des failles spatio-temporelles qui leurs sont propres. Alors parfois la communication est difficile. »

Pour d'autres, c'est le côté conflictuel de certain.es alters qui rend la communication difficile : « Nous avons une alter qui cherche énormément le conflit avec les alters « dirigeants ». Elle cherche à persuader les autres alters de couper le contact avec elleux aussi et refuse toute tentative de dialogue. Elle est partie dans une zone de notre Inner éloignée du front et séparée du reste par une barrière imperméable. Cette situation nous cause beaucoup de dissociation et d'amnésies, mais peu importe ce qu'on essaye de faire, elle n'accepte aucune de nos mains tendues. » témoigne un système anonyme

Chez Des petits gens : « On a des alters dont le rôle est de nous empêcher de communiquer entre nous, très chiant ça aussi. »

Parfois, l'obstacle est la fatigue du corps : « Pour nous le plus gros obstacle à la communication, c'est notre corps, il peut arriver qu'une personne soit isolée au front pendant une semaine avec des tentatives très régulières de communiquer, mais comme le corps est trop fatigué, rien ne passe. Une fois un petit peu d'énergie retrouvée, on se rend compte que du côté de l'inner, les autres essayaient aussi de communiquer en vain. » relate le système Sinople.

L'extérieur du système n'est pas en reste non plus : « Les évènements externes dans nos relations avec les humains ici m'affectent énormément et peuvent simplement couper toute communication, et c'est pas drôle. » explique un système anonyme

Les amnésies ont aussi de fortes influences, comme chez Epsilon (@we.are.epsilon) : « Nous n'avons quasiment aucune mémoire partagée, ce qu'un Alter vit quand il est au front, personne ne le sait à part lui. Ça nous pose parfois problème quand on fait deux fois la même chose. Par exemple, c'est déjà arrivé qu'un Alter présent le matin recopie la liste affichée sur le frigo et aille faire les courses. L'après midi, un autre Alter voit la liste, la recopie et va faire les courses. Il se rend compte en rentrant pour ranger les courses que les placards sont déjà pleins. Il ne savait pas que ça avait déjà été fait car l'Alter présent le matin avait oublié d'effacer la liste. Avant d'utiliser l'appli Loop, ça nous arrivait souvent de prendre plusieurs douches par jour car on ne savais pas que ça avait déjà été fait. »

La communication interne, ce n'est pas un fleuve tranquille. C'est un archipel morcelé, fait de silences, d'absences, de murs invisibles, de tensions, de bugs temporels, de fatigue, de doute… et malgré tout, d'élans vers les autres.

Les chiffres sont sans appel : plus d'un système sur deux fait face à au moins quatre obstacles majeurs. Et les témoignages viennent densifier ces données : on y découvre des temporalités décalées, des failles spatio-temporelles, des neuroatypies qui brouillent les canaux, des interdits hérités de traumas, des conflits internes profonds, des sentiments d'imposture ou d'isolement, des altérations de la mémoire qui transforment le quotidien en labyrinthe. Et parfois, c'est juste le corps trop épuisé pour laisser passer quoi que ce soit.

Tout cela traduit la réalité même de la dissociation : par définition, la communication n'est pas fluide dans un système dissocié. Ce n'est ni un échec ni une preuve d'illégitimité. C'est la réalité de la plupart des personnes multiples. Ce qui n'enlève rien à la légitimité des plus rares systèmes pour qui la communication est aisée !

Simplement, pour la majorité des systèmes, la norme, c'est que c'est compliqué. Et chaque petit message qui passe est déjà un acte de résistance intérieure.

Alors, que peut-on faire pour rendre les échanges plus fluides au quotidien ? On vous a posé la question.

STRATEGIES POUR AMELIORER LA COMMUNICATION

Nous vous avons demandé quelles stratégies vous avez mis en place pour faciliter la communication entres alters.

Ce qui saute aux yeux, c'est que la plupart des systèmes ont tenté quelque chose. Près de 3 systèmes sur 4 ont mis en place au moins un outil, une stratégie ou un rôle spécifique pour fluidifier les échanges internes.

Du plus fréquent au moins usité, on trouve :

Le journal ou cahier de communication (chez 47,2 % des systèmes)

C'est la méthode la plus utilisée : Elle permet de matérialiser les échanges, de laisser une trace, et de contourner les amnésies ou les barrières. Et le format écrit est souvent accessible, flexible, et peut convenir même aux systèmes peu habitués à la parole intérieure.

C'est un outil simple mais puissant.

L'alter médiateurice (chez 43,8 % des systèmes)

Plus de 4 systèmes sur 10 ont identifié ou désigné un·e alter dont le rôle est de faire le lien, d'expliquer, de transmettre, de faciliter la communication en interne.
Cela montre une organisation interne consciente, avec une fonction de coordination et le besoin de relais quand la communication directe est difficile.

Les rituels, stratégies et habitudes (chez 28,1 % des systèmes)

Certains systèmes ont mis en place :

  • des temps dédiés (réunions internes, moments calmes pour parler),
  • des gestes ou signaux symboliques,
  • des codes, des outils comme des post-its, des applis, etc.

Travail thérapeutique spécifique (chez 18 % des systèmes)

Seuls 18 % des répondant·es mentionnent avoir travaillé spécifiquement en thérapie sur la communication interne entre les alters.
Cela peut s'expliquer par le manque de professionnel.les formé.es à l'accompagnement des personnes multiples, ou le fait que ce travail est parfois intégré à d'autres objectifs thérapeutiques, sans être identifié comme tel.

Près d'un quart des systèmes n'ont rien mis en place de particulier (24,7 %)

Cela rappelle que tous les systèmes ne sont pas en mesure ou en phase de chercher des stratégies, ou encore que la communication spontanée est suffisante pour certain·es, sans qu'une méthode formelle soit nécessaire.

Allons voir ce que disent quelques systèmes au sujet de leurs stratégies de communication :

« On a commencé à demander aux littles qui frontaient de choisir un nom pour une de nos peluches. Ça a permis de rassurer et pouvoir débuter le dialogue plusieurs fois. » raconte Indigo

Catocé (@Catoce98) dit : « On a mis en place un bot qui pose des questions sur l'interne sur le serveur discord, pour essayer de briser les barrières »

« On a un alter qui gère beaucoup la communication et prise d'info, il sert de médiateur et il fait des  » réunions  » avec les autres qui gère les situations difficiles ou quand il y a des conflits. » explique Saturne

Un système anonyme témoigne : « Nous avons mis en place de petites choses, par exemple prendre l'habitude de lancer un bonjour le matin et bonne nuit le soir, l'air de rien ça permet de faire entendre qu'on est ouverts à communiquer et à en prendre conscience. Nous ouvrons des réunions internes régulières chaque semaine même quand ça va bien pour se réserver un moment juste consacré à ça, pouvoir vraiment se poser ensemble et accueillir ceux qui auraient quelque chose à déposer. En période difficile ça peut être tous les jours, on remarque un vrai changement derrière. Certains alters semblent être plus doués pour améliorer la communication, c'est le cas d'un de nos hôtes qui nous a permis de changer beaucoup de choses et de discuter avec des alters avant totalement inaccessibles, alors on le laisse s'en charger. »

D'autres systèmes, comme ce système anonyme, équipent l'inner : « Installation de tours radio en interne pour communiquer avec une alter qui n'est pas sur le même plan que nous »

La Joyeuse Troupe (@lajoyeusetroupe_system) raconte : « Une table ronde, comme le roi Arthur ! Bon, elle est ovale et c'est un kotatsu… Mais elle nous rassemble et permet de faire facilement des tours de table mentalement dans l'inner. Pour les rituels à chaque nouvelle lune on tire l'oracle du peuple animal pour avoir chacun un animal guide pour la lunaison, cela crée un moment de partage, et ça nous suit tout le mois donc c'est cool. Sinon il y a « chanter en se partageant les lyrics » et faire des jeux de société ensemble. »

Dans ce système anonyme, le lien se fait autour d'un repas en interne : « En plus du journal qui sert à communiquer avec un alter en particulier qui est parfois sourd / muet / aveugle, nous avons mis en place un repas le soirs dans l'inner. Tout les alter qui le souhaitent peuvent aider et participer au repas, cela aide en particulier avec les alter qui n'osent pas sortir de leur chambre, car il peuvent participer au repas sans obligation. Partir quand ils veulent, rester silencieux tout les longs ou partager les prochains projets, ça aide à prendre les nouvelles de chacun et des amitiés ce tissent entre les alters qui aiment cuisiner. Jusqu'il y a quelques temps, il y avait également un alter qui passait chaque jour voir chaque alter pour discuter et aider à résoudre des conflits ou problèmes personnels. »

Nous, ça nous donne plein d'idées ! Et vous ?

On sait que la seule chose qui ne change pas dans la multiplicité, c'est que tout change tout le temps ! Alors on vous a demandé si votre communication interne avait évolué, et si oui, comment.

Pour une légère majorité des répondants (41,6%), la communication entre les alters s'est globalement améliorée avec le temps. Et dans une proportion proche (40,4%), on voit qu'il y a une évolution de la communication, avec des hauts et des bas. Seuls 4,5% des systèmes ont vu leur communication se détériorer sensiblement. Et 11,2% n'ont pas noté de changement dans le temps.

Pour la grande majorité des systèmes, la communication interne est un processus évolutif, souvent marqué par des progrès sensibles ou des variations naturelles, et que même si tout n'est pas linéaire, le temps joue souvent en faveur du lien.

Beaucoup de systèmes bricolent, testent, inventent – parfois avec des outils tout simples, parfois avec une vraie ingéniosité interne – pour tisser du lien là où c'est possible. Et même si les chemins sont multiples, une chose est claire : la communication, ça se cultive, à son rythme, avec ce qu'on a… et ça peut vraiment évoluer.

Et comment ça se passe avec l'extérieur du système ?

COMMUNICATION EXTERNE ET INFLUENCE DU MONDE EXTERIEUR

On vous a demandé si votre système partageait des informations internes avec des personnes extérieures, que ce soit des proches (amis, famille, etc.) des thérapeutes, etc.

On note qu'il est beaucoup plus fréquent (presque 6 systèmes sur 10) de partager des informations internes avec des proches de confiance uniquement plutôt qu'avec saon thérapeute uniquement (1 système sur 20 ; 5,6%). Certains systèmes (24,7%) se confient à la fois auprès de proches et de professionnels, tandis que 12,4% gardent la communication interne privée. Parmi ces derniers, une partie ne communiquent pas par choix, et d'autres par obligation.
Allons voir dans les témoignages pour plus d'informations.

Un système anonyme, qui indique ne pas communiquer par obligation, explique : « La seule personne avec qui l'on communique parvient progressivement à nous connaître de plus en plus, toutefois, il est impossible de lui parler librement de l'interne sans faire face à des limitations d'autres alters (hiérarchie) »

Epsilon (@we.are.epsilon) témoigne : « Les personnes sachant ce qu'il se passe en interne se comptent sur les doigts d'une main. »

Le système Crowley raconte : « On partage pas nos infos internes, sauf à notre système partenaire. »

Pour Des petits gens, le cercle de confiance est également restreint : « Plus exactement 2 amis et 1 thérapeute, absolument pas notre famille et des fois d'autres potes mais très brièvement. »

Pour d'autres, comme le système Bulle : « Avec les personnes au courant de notre multiplicité, on parle librement de ce qui se passe en interne, comme on parlerais de personnes externes. Certaines informations restent privées par respect, mais pas plus que si on parlais de n'importe qui d'autre. »

Un système anonyme précise : « Cela dépend, nous tâtons d'abord le terrain, afin d'éviter que la/les personne(s) en face de nous nous juge ou ne nous croit pas. Ensuite, on le partage si on estime que la personne est safe. »

D'autres ont réduit la communication avec l'extérieur, en raison de mauvaises expériences, comme cet autre système anonyme : « On a partagé des informations avec des proches avant, mais on en partage plus depuis quelques temps. On ne juge plus cela très pertirnent ou utile. On a eu une mauvaise expérience avec un autre système qui nous a un peu refroidi aussi je pense. Dans le sens où chaque information partagée peut servir d'arme à l'autre s'il le souhaite. Donc garder du mystère sur soi c'est se protéger. On a aussi vu l'autre système utiliser ses alters pour se dédouaner de choses pas cool qu'iels faisaient, genre « c'est pas moi qui a été méchant avec toi, c'est mon autre alter ». Et je pense que par peur de faire pareil inconsciemment, on ne parle plus trop de notre multiplicité, comme ça on est sûr de pas s'en servir de bouclier magique sans le vouloir. »

Pour Sage, le partenaire du système est inclus dans une partie des échanges : « Notre moyen de communication le plus courant étant le dialogue oral (c'est-à-dire des alters qui parlent et se répondent vocalement), notre partenaire entend souvent des bribes de discussion. Il est habitué et se glisse parfois même dans la conversation. Nos alters ont aussi pris l'habitude de l'inclure, comme s'il était un alter lui-même. Quand nous sommes en situation de masking, nous communiquons toujours de la même manière, mais à voix basse et la plupart de notre entourage pense que nous ne faisons que nous parler à nous-même en temps que 'singlet'. »

Le système Raven relate la difficulté de s'ouvrir à un.e professionnel.le peu pertinent.e : « Ma psy semble complètement occulter les symptômes dissociatifs liés à la multiplicité donc même si on essaie d'en parler on n'est vraiment pas encouragé et la confiance en pâtit beaucoup. »

Tandis que Les Pléiades se sentent en confiance : « On partage notre simply plural à notre psy. »

Un système anonyme râle sur le manque de respect de l'intimité de la part de certain.es alters : « Parfois, il faut vraiment que certains alters trop pipelette et drama queen arrête de balancer et de donner leur avis h24 sur la vie privée de certains autres alters. Du coup parfois y'a des alters qui vont raconter des trucs hyper personnels sur d'autres alters alors que les alters en question n'avaient pas envie que ca soit crié sur tous les toits »

Chez Chapafra : « Il y a de gros conflits sur la nature des informations partageables ou pas (globalement entre les alters qui parlent beaucoup du système et celleux qui préfèrent qu'on garde la plupart des choses pour nous) »

Nous vous avons aussi demandé si votre entourage influence votre communication interne.

Il y a une répartition plutôt égale entre toutes les réponses, avec globalement ¼ des répondants dans chaque catégorie. Ainsi, on voit qu'il est presque aussi fréquent que l'entourage ait un impact positif qu'un impact négatif, mais aussi qu'il n'ait pas d'impact sur la communication en interne. On note aussi qu'une part non négligeable des systèmes n'est pas en capacité d'évaluer le potentiel impact de l'entourage sur la communication entre alters.

Nous avons eu peu de commentaire libre sur cette questions, mais on a remarqué que parmi les personnes qui subissent une influence négative de l'entourage, cela est dû à des jugements reçus, à du rejet de personnes des cercles familiaux ou amicaux, à l'impossibilité de leur faire comprendre la richesse et la complexité du système, au fait que cela effraie certain.es singlets.

On voit à quel point le partage d'informations internes avec l'extérieur est un équilibre délicat, souvent tissé de prudence, de confiance mesurée et de stratégies de protection. Si certain·es trouvent des espaces d'écoute — que ce soit auprès de proches ou de thérapeutes — d'autres doivent composer avec le jugement, l'incompréhension ou l'absence de sécurité. La multiplicité, ça ne se vit pas seulement à l'intérieur : elle se révèle, se tait ou se masque aussi en fonction de l'environnement. Et dans un monde encore trop calibré pour les singlets, partager qui l'on est n'est pas évident.

On vous a donné une fois de plus la parole en fin d'enquête, notamment pour vous proposer de partager avec la communauté vos tips en matière d'échanges entre alters.

VOS CONSEILS DE COMMUNICATION

Qu'est-ce qui peut aider à une meilleure communication en interne ? Nous avons lu parmi vos réponses de nombreuses invitations à la douceur envers soi-même.

Un système anonyme recommande : « De prendre le temps, d'essayer un maximum de techniques et d'accepter qu'on ne peut pas toujours réussir tout de suite »

Le système Hearts of joy (@Hearts_of_joy_system) dit que : « Il faut du temps, de la stabilité, et que les alters aient confiance. »

Dav complètent : « L'honnêteté, y a rien de plus important. »

Un système anonyme rappelle : « Il ne faut pas forcer, si il y a des barrières, alors il faut prendre son temps. La confiance et l'acceptation du fait d'être multiple est déjà un grand pas en avant. Courage 💛. »

Un autre développe : « La communication peut prendre plein de formes différentes, un message n'arrive pas toujours en mots ! Parfois il s'agit d'une chanson, parfois des émotions ou sensations ou des envies ou des gestes ou autres. Toute pensée non contrôlée n'est pas forcément un message de la part de quelqu'un d'autre, parfois le cerveau fait juste des trucs tout seul, mais s'il y a des thèmes/images/etc récurrents, ça peut être bien d'y prêter attention, d'en prendre note, d'essayer de voir s'il y a une communication derrière et/ou comment ça évolue au fil du temps. »

Raven rappelle : « Que c'est ok de galérer, les barrières ne sont pas là pour rien a la base et c'est normal qu'abattre un mur soit difficile et que ça fasse peur. »

Un autre revient sur l'importance de respecter le rythme de chacun.e dans le système : « N'essayez pas de forcer, ça pourrait empirer des blocages. Certains alters bloquent peut-être volontairement la communication en pensant que c'est le mieux pour vous, et en essayant de forcer, vous risquez de renforcer leur réticence à vous parler. Au lieu de ça, essayez de gagner, lentement mais sûrement, leur confiance. Parlez, même si vous avez l'impression que c'est dans le vide quelqu'un vous entendra sûrement, expliquez pourquoi vous avez besoin de parler, de pouvoir communiquer avec les autres. Ne cherchez pas à savoir, juste à vous connaître. »

Pour ce système anonyme : « La communication est rarement aussi instinctive et naturelle qu'on le souhaiterait. C'est un muscle qu'il faut exercer, et cela demande beaucoup de temps et de patience. Avoir plusieurs méthodes de communication permet une plus grande variété de choix et de possibilités que certain.es alters s'emparent d'un moyen pour elleux-même. »

Pour cet autre système, il ne faut pas hésiter à : « Lancer des messages, même s'ils restent sans réponse. Ils sont peut-être quand même entendus et ils montreront que la porte est ouverte c'est déjà important. Passez peut-être par des sujets quotidiens dans un premier temps, des choses que vous appréciez faire et observez les réactions, sensations, envies qui arrivent, parfois on apprend des choses. La musique est aussi un très bon moyen de communication ! En créant des playlists personnelles entre autres. On peut aussi passer par des images et l'intuition (Pinterest est très pratique pour ça) mais aussi le dessin ou d'autres formes artistiques. En bref, je sais que c'est difficile et qu'on voudrait en savoir plus et mieux communiquer mais c'est nécessaire de se laisser le temps et d'accueillir ce qui vient sans trop se presser. Il y a surement déjà plein de signes que vous n'identifiez pas mais qui sont déjà de la communication et des informations. »

Le système Kira (@sys_kira) conseille : « D'écrire des messages. De faire un dialogue écrit, non oral ou pensé pour permettre le recul après la discussion. »

Blue Sky (@blue_sky_system) recommande : « Prenez votre temps commencez avec un alter que vous sentez vouloir s'exprimer. Mettez en place un carnet, un serveur ou autre et comme ça les alters sont libres d'utiliser ou pas les choses. »

La Joyeuse Troupe (@lajoyeusetroupe_system) indique : « Chantez des chansons de groupe en vous demandant qui ferait quel rôle si vous pouviez switcher sur commande et puis chantez en laissant la place à quelqu'un.e de venir si iel veut. Le chant nous a énormément aidé à switcher de façon plus fluide, le tout en co-conscience. Écrire est toujours la meilleure technique sinon. »

Et ce système anonyme de conclure : « Je pense que la base de la communication, c'est l'acceptation. Accepter la multiplicité, accepter que l'autre existe, qu'iel est comme iel est. C'est vraiment pas simple, c'est long, mais ça nous a beaucoup aidé. »

Et vous, quel conseil donneriez-vous aux autres personnes multiples ?

C'est bientôt la fin de cette vidéo. En avant pour la conclusion !

CONCLUSION

Nous vous remercions d'être resté.es jusqu'ici. Les données et les témoignages étaient nombreux, et le tout est dense !

Ce que cette enquête montre, c'est une réalité complexe, profondément humaine, et bien loin des idées toutes faites sur la multiplicité.

La communication interne n'est pas un acquis, ni un idéal à atteindre. Elle est, dans la majorité des systèmes, le fruit d'un cheminement, parfois chaotique, souvent non-linéaire, toujours singulier.

Oui, certains systèmes parviennent à communiquer avec fluidité.
Mais pour la grande majorité, la communication est partielle, intermittente, ou entravée par des mécanismes dissociatifs, émotionnels ou contextuels. Ce n'est pas un échec. Ce n'est pas un manque de volonté. C'est la conséquence directe de la structuration dissociative du système.

Parmi les freins les plus fréquemment cités :
– des alters non-communicants ou isolé·es,
– le manque de place dans le quotidien pour que la communication puisse exister,
– des barrières internes d'accès à certaines zones de l'inner,
– et bien sûr, les amnésies.

À cela s'ajoutent : la peur d'être jugé·e, les conflits, le déni, les neuroatypies, les programmations traumatiques, les influences extérieures, la fatigue du corps…

Ce n'est pas un manque de volonté. C'est le reflet de la dissociation, et des blessures parfois anciennes, et /ou parfois encore actives.

Ce qui est frappant, c'est que les systèmes ne restent pas passifs face à ces difficultés. Au contraire. Près de trois systèmes sur quatre mettent en place au moins une stratégie : des journaux de communication, des alter médiateurices, des rituels internes, ou encore des réunions mentales régulières.

On note aussi la grande diversité des moyens de communication utilisés entre alters : dialogue mental (94,4 %), journal écrit (67,4 %), stimulations sensorielles, musiques, dessins, gestes, rêves, objets internes, mégaphones, chats messagers…
La multiplicité s'exprime à travers une pluralité de langages, souvent hybrides, parfois très créatifs, adaptés aux capacités et besoins spécifiques de chaque système.

Ce foisonnement de stratégies montre que la communication interne ne peut être réduite à un seul canal. Elle est inventive, malléable, mouvante.

Autre point essentiel : pour une majorité de répondant·es, la communication a évolué avec le temps, et souvent dans un sens favorable. Ce n'est pas toujours fluide, ce n'est pas toujours stable, mais c'est en mouvement. Et ça, c'est un message d'espoir.

Enfin, la question du lien avec l'extérieur est venue souligner à quel point la communication interne est influencée par l'environnement. Les systèmes partagent certaines informations internes avec des proches de confiance, parfois avec des thérapeutes, parfois avec personne.
Ce choix — ou cette impossibilité — est souvent lié à des questions de sécurité, de légitimité perçue, ou d'expériences passées de rejet. La relation à l'autre, à l'extérieur, joue un rôle dans la manière dont les alters peuvent, ou non, s'exprimer à l'intérieur.

En résumé, cette enquête montre que la communication interne dans les systèmes multiples est un processus vivant, évolutif, parfois fragile mais jamais figé.
C'est un terrain qui se cultive, à son rythme, avec les moyens du bord, et parfois juste avec l'élan sincère de vouloir se rencontrer.

La communication interne se construit avec des gestes minuscules, des rituels mentaux, des post-its dans la tête, des efforts invisibles.
Elle s'exprime dans un monde souvent inadapté à la multiplicité.

Et pourtant, elle vit.
Elle trébuche, elle se brouille, elle s'étouffe parfois…
Mais elle revient, elle cherche, elle se tisse.
Parce qu'un système, c'est peut-être aussi une tentative continue de relation.

Merci aux systèmes qui ont partagé leurs expériences en répondant à notre enquête.
Ce que vous avez transmis ici est précieux. Pour nous, pour les autres, et pour toustes celleux qui cherchent encore comment tisser ce lien, à l'intérieur.

Encore une fois, nous avons essayé de citer un maximum de systèmes, mais il est possible que nous n'ayons pas pu toustes vous inclure dans la vidéo. Si c'est le cas, nous vous prions de nous en excuser.

Merci à celleux qui nous soutiennent au quotidien, en interne comme en externe. On vous aime !

Merci à vous qui venez de regarder cette vidéo, que vous soyez concerné.es ou allié.es. N'hésitez pas à poser vos questions, à exprimer votre avis en commentaire.

La vidéo est disponible en replay sur la chaîne Kaléidoscope – Epsi et Kara. Si elle vous a appris quelque chose, partagez-là auprès de vos proches, sur vos réseaux, etc. Il y a certainement quelqu'un.e pour qui cette vidéo sera utile.

Si vous souhaitez participer à notre prochaine enquête, abonnez-vous à notre compte @etresmultiples sur les réseaux sociaux. On y partage aussi des statistiques issues des enquêtes, des témoignages, et plein d'autres choses.

On vous informe toutefois qu'on ne fera pas d'enquête pour le Kaléidoscope d'octobre prochain. On a besoin d'une petite pause, car faire une vidéo à chaque édition de Kalé, cela rempli presque tout notre temps disponible, et nous avons aussi d'autres projets que nous souhaitons avancer ou reprendre. Mais on continuera à publier des stats, des témoignages, des mêmes, etc., comme d'habitude !

En octobre, justement, nous relancerons le Pluraltober, un équivalent d'Inktober, mais pour les personnes multiples. Pour celleux qui ne connaissent pas, il s'agit d'un défi créatif lancé chaque octobre : un dessin (ou autre production créative) par jour, pendant 31 jours. Chaque jour a son mot-clé, et chacun.e peut l'interpréter à sa manière et avec le média de son choix. Pour info, voilà la liste des mots-clés de l'année dernière. Vous pouvez aller sur le compte @pluraltober pour voir les participations de l'année dernière dans les stories à la une, et vous abonner au compte pour ne pas louper le lancement cette année.

Nous avons aussi dans les tuyaux un projet de roman lié à la multiplicité. On espère vous en dire plus bientôt ! Oui, on fait du teasing et c'est vilain, mais c'est un bon moyen pour nous motiver ! ^^

Merci à toustes pour votre attention. On se retrouve de suite dans les questions/réponses !

Intervention proposée par:

  • Atoll (Iels/elles | Multiple): « Système de 25+ alters passionné par la sociologie, la psychologie, la littérature et les statistiques. »