Original·e, divinité, dissociation émotionnelle, traumatismes.

Hello tout le monde ! Aujourd'hui, je vais vous faire une petite vidéo parce que j'ai envie de vous parler d'un truc dont j'entends jamais parler ou en tout cas jamais comme ça. Et je me suis dit du coup que peut-être il y avait d'autres gens dont le fonctionnement interne de leur système était similaire au mien et qui juste n'en parlaient pas, ou que juste vous découvririez un nouveau… truc [rire] simplement, voilà. 

Cest juste une petite vidéo témoignage sur le fonctionnement interne de mon système. Qui peut se résumer par le fait qu'on a des alters qui sont créés volontairement par une autre alter – il s'agit pas non plus d'alters parogènes ou quoi, mais j'y reviendrai – et des alters qui sont juste spontanés quoi, qui sont comme dans la majorité des systèmes qu'on a l'habitude de voir. 

Avant de commencer, j'aimerais faire deux-trois points d'introduction parce qu'il y a deux-trois petites choses que j'aimerais préciser simplement. 

La première chose, c'est qu'évidemment je vais parler ici vraiment de mon vécu. Je n'ai d'ailleurs pas trop l'habitude de faire juste des témoignages où il n'y a pas du tout de théorie ou quoi que ce soit. Du coup, je ne suis pas forcément à l'aise, mais ça va bien se passer. Mais du coup voilà, c'est mon vécu à moi. C'est normal que votre vécu soit différent. Moi j'ai un TDI cliché, j'ai un système très overt avec un fonctionnement particulier, comme je dis, que j'ai jamais vraiment vu ailleurs, en tout cas spécifiquement comme ça, même si on se dit souvent ça, mais voilà. Et donc c'est normal que pour vous ce soit différent. N'ayez pas de problème de légitimité parce que votre multiplicité ou votre TDI ne ressemble pas au mien. C'est normal. [rire]

La deuxième chose que j'aimerais préciser, c'est que j'ai conscience de ma multiplicité depuis vraiment très longtemps et je fais des recherches sur mon système depuis vraiment très longtemps aussi. Et donc il y a beaucoup de choses que je vais vous dire là, qui me paraissent évidentes, et je vais en parler comme si c'était évident, voire comme si je l'avais toujours su. Mais en fait non. C'est parce que c'est des années de recherches et de conscientisations internes et de communication. C'est beaucoup de travail en amont. Et donc c'est pareil : c'est normal si vous, vous en savez pas autant sur votre système. Il faut dire que la multiplicité, c'est un sujet qui m'intéresse beaucoup donc évidemment, la première multiplicité que j'étudie, c'est la mienne. Et donc il y a beaucoup de choses que je sais parce que ça fait longtemps que je cherche. 

Et enfin, la dernière chose que j'aimerais dire, c'est que moi – en tant qu'alter, moi l'hôte -, j'existe depuis que le corps a à peu près quinze ans. Et du coup, les souvenirs de la mémoire partagée qui datent d'avant mon existence, pour moi et pour la conscience partagée, ils sont assez "compacts". C'est des souvenirs autobiographiques, mais pas vraiment. C'est comme si j'avais regardé un film qui résume les trucs, les points importants. Mais j'ai pas les détails, j'ai pas les émotions. Il y a beaucoup de choses qui ont été zappées ou qui ont été groupées ou qui ont été métaphorisées. Bref, mes souvenirs d'avant quinze ans sont compacts alors que mes souvenirs d'après le début de mon existence et mon attachement à la conscience et donc le fait que les souvenirs soient enregistrés par mon biais et tout… bref, la gestion de la mémoire dans la multiplicité, mais soit. Du coup, il y a beaucoup de choses qui étaient conscientes avant mon existence et qui, avec mon arrivée, ont été oubliées, cachées ou mises en déni ou juste conscientisées par certains alters, etc. C'est important que je le dise pour la suite, parce qu'il y a des éléments qui vont s'y attacher, mais juste voilà, ça a mis longtemps à ce que je retrouve ces informations aussi pour ça, parce que j'ai conscience de ma multiplicité depuis qu'on est enfants, mais moi, avec mon arrivée, ça a été oublié. Donc il y a encore des zones d'ombre et des choses encore certainement à trouver, etc. Mais voilà, je tenais à le préciser. Je parle du coup, moi, en tant qu'hôte qui n'a pas vécu tout ça au départ mais qui a vécu la suite. 

Bref, on y vient, c'est parti pour le storytelling ! J'adore les témoignages. C'est faux. Mais bref, je me dis qu'il y a peut-être d'autres systèmes qui fonctionnent comme moi et qui se disent que c'est bizarre et que peut-être mon témoignage leur fera du bien, ou bref, juste montrera la diversité du spectre multiple, n'est ce pas ? 

Il y a quelques années, il y a une alter qui s'est présentée comme étant l'originale. Alors personnellement, j'ai fait des recherches sur l'"original" parce que quand j'ai été diagnostiquée de mon TDI, c'est évidemment un truc qu'on cherche : qui était l'original ? Et en fait, l'original, il y en a dans certains systèmes, mais majoritairement il y en a pas souvent dans les systèmes, en tout cas TDI/traumagènes/adaptatifs, parce que le système se développe trop jeune pour qu'il y ait quelqu'un dont des petits bouts se détachent. C'est plutôt des petits bouts qui se développent individuellement. Et du coup bah j'étais déjà un peu sceptique. Mais en fait j'ai compris après qu'elle disait "originale" dans le sens où c'était la première alter. 

C'est la première alter à s'être développée et à avoir eu conscience de son existence et c'était quand j'étais vraiment très, très jeune. Je peux pas donner son nom parce que c'est un nom qui pourrait être déclenchant pour des gens. Du coup, je vais lui donner un surnom. Peut-être "L.", c'est bien. Du coup L., c'est une divinité parce qu'elle a des pouvoirs en fait dans notre monde intérieur. Alors j'ai bien conscience qu'elle n'a pas de pouvoirs dans le monde extérieur et elle en a bien conscience aussi. Mais dans le monde intérieur, elle a effectivement des pouvoirs. Il n'y a pas du tout de culte ou de religion ou de pratiques développées autour d'elle. Juste "divinité", "déesse", c'est un peu le truc qui se rapproche le plus de ce qu'elle pourrait être parce qu'elle a des pouvoirs simplement. Elle parait pas vraiment de ce monde, elle a une façon de parler qui est très propre à elle, avec certaines métaphores… Une espèce de conscience supérieure en fait. Alors, comme elle s'est développée quand mon cerveau d'enfant autiste était très jeune, elle est métamorphe, mais sa forme la plus commune, c'est un grand loup ailé avec des yeux arc-en-ciel. Voilà. Parce que quand on est petits, on peut être kitsch. Mais tout le monde l'assume et c'est ok. L. a conscience de tout, elle a des souvenirs d'à peu près tout à mon avis, mais elle parle peu parce que c'est une divinité. Faut réussir à communiquer avec elle, déjà. 

Et du coup, le truc à savoir, c'est qu'on a un monde intérieur qui est divisé en plusieurs parties. 

Pour commencer déjà, il y a deux grandes couches à notre monde. L'innerworld du haut, qui est là où nous on vit, les alters conscients, les alters qui interagissent avec le monde extérieur en fait. Et il y a le monde intérieur du bas, qui existe à mon avis depuis très longtemps, mais auquel nous – ceux du haut -, on n'a pas accès et inversément, sauf L. qui a accès aux deux. 

Tout cet inné, mais surtout celui du bas, mais tout cet inner est basé sur la lutte entre le bien et le mal. C'est un peu le lore de notre système. Et dans l'inner du bas, d'ailleurs, il y a un autre alter, qui est aussi une sorte de divinité, mais du mal. Il y a une lutte incessante dans cet inner du bas. Mais nous, les alters d'en haut, nous sommes épargnés, ça se passe dans l'inconscient, on s'en fout, on n'y a pas accès, c'est leur truc. Et peut-être qu'un jour j'irai, mais peut-être un jour pas, j'en sais rien, c'est pas le sujet pour le moment.

L. vit en bas. C'est là qu'est son monde principalement. Et juste, chez nous, c'est une divinité. En bas aussi, je pense que c'est une divinité, mais on s'en fout. Même si notre inner est basé sur le bien et le mal, c'est trop manichéen. Et L., elle sait que la vie, la vraie vie, c'est des nuances de gris, et son but c'est de trouver un équilibre entre le bien et le mal, en sachant que c'est pas tout blanc ou tout noir. Voilà, je dirais que mon lore, il est un peu basé sur ça : trouver l'équilibre entre le bien et le mal. [rire]

C'est L. qui a créé certains alters du haut. Elle les a créés volontairement, consciemment, en sachant ce qu'elle faisait. Bon, en sachant ce qu'elle faisait dans un cerveau d'enfant de cinq/six ans, mais c'était quand même conscient. Elle a créé trois groupes de trois alters. Chaque groupe a un alter qui représente le bien, un alter qui représente le mal et un alter qui représente l'équilibre. Il y a un groupe qui représente le mal, un groupe qui représente le bien et un groupe qui représente l'équilibre. 

Tout ça, c'est aussi le bien et le mal, bah selon un peu nos valeurs d'enfant quoi. Comme je le dis, c'est pas manichéen, c'est plus compliqué que ça. Et les souvenirs pour moi sont compacts et donc pas évidents à retracer. Mais en gros, voilà, il y a une espèce de structure. Je ne sais pas ce que mon cerveau a essayé de faire, mais en tout cas c'est volontaire de sa part. Elle a fait ça dans le but que ce soit adapté au vrai monde et pour répondre aussi à un besoin d'adaptation, que ce soit vis-à-vis de traumas ou que ce soit vis-à-vis de l'autisme ou des trucs comme ça, je sais pas exactement hein j'étais enfant. 

Et donc elle a créé ces trois groupes de trois, qui sont du coup des alters que vous rencontrez souvent mais on en reparlera. Mais le truc c'est qu'il y a eu [rire], il y a eu un problème parce que le monde n'est ni manichéen ni structuré de cette façon… Il y a eu un souci qui fait qu'il y a un des groupes qui a disparu. Il n'en restait plus que deux, ça a été tout déséquilibré. La vie, ça a été complètement le bordel. Et finalement, elle a créé un quatrième groupe de trois, qui est mon groupe. Donc moi, personnellement, moi l'hôte et tout, je suis un alter créé volontairement et consciemment par une autre alter. Je sais pas si ça porte un nom, mais je m'en fous. 

Les autres ont été créés quand on était enfants, et moi et mon groupe de trois – parce que c'est aussi un groupe de trois -, on a été créés quand le corps avait à peu près quinze ans. 

Alors pourquoi elle a fait ça ? C'est là que je vous dis que, comme les souvenirs sont compacts, j'ai pas tous les tenants et aboutissants et tous les détails. Mais en gros elle a fait ça pour qu'on agisse – nous, les alters créés – en tant que, en quelque sorte, "membrane de protection". Par rapport à une espèce d'autre entité de notre système qui existe depuis quasiment aussi longtemps qu'elle, si ce n'est plus longtemps, juste on sait pas exactement. Et cette entité-là, c'est le Chaos. 

Alors le Chaos, c'est quoi ? C'est ce qu'on pourrait appeler un trou noir magique. C'est une espèce d'amas de matière première pour créer des alters. C'est quelque chose de tourbillonnant, c'est quelque chose d'informe et d'inconsistant, qui change tout le temps. Mais duquel n'importe quoi comme type d'alter – adaptatif je pense – peut sortir. Il y a plein d'alters dedans, des centaines, des milliers de possibilités, mais aucun alter en particulier. C'est quelque chose qui est… le chaos, en fait. [rire] Ça n'a pas de structure, ça n'a pas forcément de conscience, même si un peu. Et je dis "ça" et c'est pas très gentil parce qu'en fait, c'est un sous-système avec plein de gens dedans, mais c'est juste tellement fluctuant tout le temps… enfin ça fonctionne comme un système polyfragmenté en fait. C'est très déstructuré par rapport à la structure que L. a mis sur tout le reste. 

Et là où on fonctionne comme une espèce de membrane de protection, c'est qu'on protège ce chaos de l'extérieur et on protège l'extérieur de ce chaos. Parce que la notion de bien et de mal, c'est aussi des notions comme éviter de trahir, de mentir, d'être méchant, de blesser émotionnellement les autres. Et le Chaos- elles portent un nom hein, mais je le donnerai pas parce que je pense qu'elles en ont pas envie. Le Chaos… est trop chaotique. Merci Sherlock. Elles peuvent être égoïstes, elles peuvent être opportunistes. Elles peuvent avoir des choses qui sont comme ça, considérées comme "mal". Et elles peuvent être aussi trop emballées, trop surexcitées. Elles sont aussi sensibles à l'abandon, au rejet. C'est toute une explosion potentielle d'émotions. On suppose que notre cerveau de petit enfant autiste très structuré n'a pas aimé ce concept [rire], en plus des traumas. Voilà, on a été très réprimés dans nos émotions quand on était enfants, surtout dans des émotions de frustration, de colère et des trucs ainsi, liés notamment à des hyperstimulations sensorielles et aux violences "classiques" que les autistes vivent, en tant qu'enfants notamment. 

Et du coup, ce sont les deux notions quoi, c'est et pour les protéger de la violence extérieure et pour protéger l'extérieur de leur potentiel de, entre guillemets, "mal". 

Du Chaos, il y a quand même des alters qui sont sortis. Je veux dire, les alters complexes et complets qu'on est, nous, ceux qui avons été créés ; il n'y a pas que nous et le Chaos, il y a aussi des alters qui sont sortis du Chaos et qui sont devenus des alters à part entière. Ils sont pas figés, mais en tout cas ils sont stables. Dans qui ils sont, comment ils fonctionnent, leurs caractéristiques en tout cas. Là où le Chaos reste très mouvant, parfois il y a des gens qui sortent un peu mais qui y re-rentrent, à mon avis, il y a beaucoup de fluctuations dans le sens y a beaucoup de fusions temporaires, de fusions tout court, de divisions, bref. Quand il y a un besoin, il y a quelque chose qui se développe du Chaos. Mais il y a des alters qui en sont sortis et qui sont toujours existants, même si le besoin derrière n'est plus là. 

Le fonctionnement du Chaos – enfin des alters du Chaos qui sont toujours dans le Chaos – et notre fonctionnement à nous en tant qu'être créés, il reste quand même très différent. Alors déjà, il faut savoir que les alters du Chaos nous appellent, nous les alters créés, les "automates sans âme". [rire] On a gardé seulement "automates" pour se définir, parce que ça permet de donner un nom, juste à notre fonctionnement. Mais elles nous appellent des automates sans âme parce qu'on a une capacité émotionnelle qui est beaucoup, beaucoup plus faible qu'elles. Là où elles les émotions peuvent être très explosives, chez nous, c'est vraiment pas du tout le cas. Et c'est encore moins le cas chez moi par rapport aux trois premiers groupes. Moi j'ai vraiment beaucoup, beaucoup de dissociation émotionnelle, j'ai beaucoup d'alexithymie, je suis très peu connectée à mes émotions, et quand j'ai une émotion, elle est coupée directement. Et elle devient un fragment qui après est souvent réabsorbé par le Chaos. Et les autres automates, ils ont une capacité émotionnelle mais réduite quoi. Je veux dire, si le Chaos est capable de fluctuer à 10/- 10, les autres automates, ils fluctuent peut-être à 3-4/- 3-4, et moi je fluctue peut-être à un 1/- 1. 

C'est en ça que je dis que L. est une espèce de divinité aussi. Elle a conscience que les émotions sont importantes et justement doivent être protégées, mais que du coup pour fonctionner, c'est mieux un peu de fonctionner sans, tout en ayant des valeurs de bien et de mal pour fonctionner avec un équilibre. Mais voilà, c'est un peu des trucs un peu chelou comme ça. Du coup on a une capacité émotionnelle qui est vraiment réduite pour continuer à fonctionner et surtout à fonctionner dans la mission première qu'elle nous a donnée. 

Là où le Chaos est très changeant, très mouvant, nous les automates, au contraire, on est très, très figés. On a vraiment notre mission, on est calés sur une sorte d'idéologie ou en tout cas d'idée générale derrière. 

Chaque groupe a une "mission". Celles qui étaient hôtes avant moi, leur mission, c'est la vie. C'est ça leur grande "idéologie", entre guillemets. A., pour laquelle j'ai déjà fait une vidéo il y a longtemps, sa mission, c'est la lutte, donc c'est résister. Et Mathias, qui est notre protecteur en fait, sa mission à lui, c'est la résilience. Et moi, qui ait été créée plus tard, ma mission, c'est un peu le neutre, le plat, le calme. [rire]

Là où le Chaos est très, très adaptable, nous pas. On ne sait pas se sortir de ça en fait, pas vraiment. On est beaucoup plus stables, on est beaucoup plus fonctionnels dans la vie – parce que c'est aussi pour ça qu'on a été créés, et heureusement c'est un peu le cas parce que sinon ce serait triste [rire], même si des fois pas mais bref, voilà. On est pas très bons dans des relations et des trucs comme ça mais soit. Mais on a peu de possibilités d'évolution. C'est évident que ça ne peut pas fonctionner à long terme. Et donc évidemment il y a des choses qui se dégradent petit à petit au cours des expériences de vie, au cours des nouveaux traumas, au cours de plein d'autres trucs. Juste, on peut difficilement s'en remettre, on peut difficilement se réparer tout seuls. 

L'hôte qui était avant moi, Fox, elle a déjà été, entre guillemets, "réinitialisée". Parce que c'était allé trop loin, elle a fini par un peu exploser et des trucs ainsi. C'est arrivé plusieurs fois au cours de notre vie mais comme je vous dis, j'ai pas tous les souvenirs, ils ne sont pas accessibles vraiment donc je peux pas donner les détails. Mais c'est arrivé plusieurs fois qu'il y ait du trop, que ça dépasse nos capacités, et juste, on peut rien y faire parce qu'on n'est pas adaptables. Et la seule possibilité de sortir de ça, c'est que L. nous modifie ou nous réinitialise. Mais L., elle est très occupée en bas et c'est très difficile de communiquer avec elle. Moi j'y arrive un petit peu, mais vraiment très, très peu. C'est difficile de lui faire des demandes parce que la communication avec elle n'est pas évidente au-delà de la possibilité de la contacter, que aussi sa façon de s'exprimer, sa façon de réfléchir, sa façon de comprendre les demandes. C'est un dieu, elle n'est pas pareille que nous encore, qui nous-même ne sommes pas très humains – et j'y reviendrai – pour communiquer avec les autres humains. Donc voilà, ça c'est un peu le gros souci. 

On n'est pas adaptables. On fait partie d'un système adaptatif, on est un système majoritairement adaptatif – un peu neurogène du coup, avec tout ce que je viens d'expliquer – mais on s'adapte pas. [rire] Parce que quand le Chaos essaye de s'adapter ou de s'adapter trop fort, on bloque. C'est automatique, on ne peut pas s'en empêcher. On est des espèces de gatekeepers du système "originel", entre guillemets. 

Et moi personnellement, j'ai une certaine capacité à m'auto-réinitialiser, mais je peux pas me modifier pour autant. Je peux revenir juste à mon état initial et réapprendre de nouvelles choses. Ça fait des espèces de resets, de reboots, où je garde une partie des souvenirs mais ça reste flou, et où je dois réapprendre plein de choses. Ça m'est arrivé il y a quelques mois, du coup je peux en parler mieux, mais souvent j'oublie simplement. Mais voilà, c'est moi, mais légèrement différente, juste parce que je me suis réinitialisée et je me suis re-paramétrée sur de nouveaux paramètres. Mais mon fonctionnement reste le même. Je reste très dissociée émotionnellement, quand il y a une émotion trop forte, je coupe, c'est systématique, je peux rien y faire. 

On reste figés en tant qu'automates quoi. Là où le Chaos a plutôt envie justement de s'épandre, de se modifier. Elles sont omniprésentes dans l'inner, même si nous on sert de membrane avec l'extérieur, elles restent quand même partout. Elles peuvent nous influencer,  elles ne peuvent pas m'influencer moi mais elles peuvent influencer les autres automates. Voilà, c'est une espèce de lutte interne permanente, et juste voilà, j'avais envie de parler du fait qu'on a des alters créés pour contenir notre système originel qui, je pense, est un système très polyfragmenté et qui pourrait faire beaucoup, beaucoup de choses. [rire]

J'ai envie de raconter une ou deux anecdotes un peu comiques parce que je ne sais pas trop quoi dire d'autre et que j'attendrai vos questions/réponses pour développer des trucs. 

La première anecdote comique. Donc je parlais du fait qu'on n'était pas très humains. Je sais pas si c'est en tant qu'autiste ou quoi, on s'en fout, mais je me suis jamais sentie très humaine. Parce que j'ai jamais réussi à communiquer avec les humains, j'ai jamais compris les humains, j'aime pas les humains, je ne suis pas à l'aise dans la société humaine, etc., etc. Et tout ça, je pense que c'est depuis toute petite. Et je pense que c'est pour ça que L. s'est développée en tant qu'être divin polymorphe. Même si elle peut prendre une forme humaine, elle le fait pas. Et les automates, on est tous non-humains. On a tous une forme animale. J'en ai déjà parlé plusieurs fois, du fait qu'il y avait des alters non-humains et des alters humains dans mon système, bah voilà, tous les alters non-humains sont des automates. Les alters qui sont sortis du Chaos et qui sont des alters à part entière sont des alters qui sont humains pour le coup. Et le Chaos est composé de matière première pour faire des alters humains, même si je pense qu'il y a des possibilités de faire les deux, mais de base, ce qui en sort, ce sont des alters humains. 

Et une anecdote assez drôle, c'est que- Du coup c'était après mon arrivée, donc j'avais plus conscience du tout de tout ça et juste, j'avais perdu l'alter que je connaissais – parce que je n'en connaissais qu'une à ce moment-là -, qui est du coup une automate. Et il m'est arrivé un truc pendant lequel j'aurais eu besoin d'elle. Et donc ce qui est sorti du Chaos, c'est une alter qui lui ressemble mais qui vient du Chaos, qui n'est pas une automate. Et du coup; c'est une alter qui ressemble aux automates, dans le sens où elle a des attributs non-humains – elle n'a pas de forme animale mais elle a des oreilles et une queue -; alors qu'elle vient du Chaos. Quand on l'a retrouvée, elle était très mal à l'aise avec ça. Alors que nous, on a vraiment jamais eu de problème alors qu'on a des membres fantômes et tout, oui c'était gênant par rapport à l'extérieur mais pas par rapport à nous-mêmes. Et pour elle, oui, c'était gênant. Et en fait on s'est rendu compte que c'est parce qu'elle vient du Chaos, et pas parce qu'elle a été créée comme ça et que donc elle est ok avec ça. Bon depuis, elle s'y est fait hein, voilà. 

Et une deuxième anecdote que j'ai envie de partager, c'est que, à un moment, L. avait besoin de réétudier un peu comment se passait notre vie, mais elle n'avait pas la possibilité de le faire parce qu'elle a vraiment beaucoup de choses à faire dans le monde d'en bas. Parce que si elle est pas là, c'est très déséquilibré, et c'est la lutte du bien et du mal, il ne faut pas que le mal gagne, etc. Merci le cerveau. Et du coup ce qu'elle a fait, c'est qu'elle a envoyé, elle-même, une… Je sais pas si elle l'a créée ou si juste, elle vient d'elle mais bref, elle nous a envoyé entre guillemets "sa fille", qui n'a pas les mêmes pouvoirs qu'elle, mais elle aussi polymorphe, a une forme animale, a aussi des yeux arc-en-ciel. [rire] Et voilà. 

Du coup, parmi nous : y a les automates, y les alters qui viennent du Chaos, y a le Chaos et y a cette alter qui partie d'aucune de ces catégories. Elle est un peu de tout parce que c'est la fille de L. qui a pour but de juste lui ramener des informations pour qu'elle comprenne mieux notre monde, pour pouvoir mieux nous adapter après, ou faire des modifications sur nous. 

Voilà, je pense avoir dit tout ce que je pouvais dire sur le sujet. Si vous avez des questions, n'hésitez pas. J'ai vraiment pas de soucis à en parler, juste l'occasion se présente jamais. Mais je suis ok avec à peu près toutes les questions et j'ai pas de problème à dire que je veux pas répondre à une question de toute façon. 

Merci de m'avoir écoutée, j'espère que ce n'était pas trop décousu et que c'était un peu clair. Et à bientôt pour une prochaine vidéo !

• Epsi (Iels/peu importe | Multiple/Plural): « Co-fondateurs de l'association sans but lucratif Partielles, qui vise à informer et soutenir les personnes multiples. Nous avons 34 ans, nous habitons en Belgique et sommes en couple avec le système de Kara. Nous avons un TDI, mais nous nous définissons surtout comme Plurals (ou multiples). »