Témoignage personnel sur le fait qu'on a des alters de nature et de fonctionnement assez différents. Comment gère-t-on ça et comment on s'en sort malgré les difficulté que cela génère.

Avertissements de contenu:

Conflits interne, rejets en interne

Transcription:

[Adarila] Avertissement de contenu.

Dans la vidéo, on parlera un moment de rejet d'alter en interne. Ce sera sur un moment très précis de la vidéo et on préviendra à l'avance et pendant. À l'oral, ce sera annoncé juste avant.

Et aussi, plusieurs fois dans la vidéo, on mentionnera des conflits entre alters.

Et là, par contre, ce sera plus dispersé, donc ce sera beaucoup plus compliqué de prévenir.

Bonjour, c'est Adarila du système Chapafra. On va faire un témoignage personnel sur notre système. Le but sera de parler comment on gère la diversité et les divergences dans le système, et de parler des difficultés qu'on a pu rencontrer et surtout comment on a pu les résoudre.

Le but est aussi de montrer aussi un peu qu'on peut arriver dans un résultat qui est plutôt satisfaisant, fin qui nous convient à peu près, alors que, voilà, tout ne fonctionne pas de manière optimum. Il y a encore des conflit, il y a encore un peu parfois des disputes, mais globalement déjà, on est parti de loin, je peux vous dire, et on estime qu'on résoudra pas tous les problèmes. Mais que en gros, on résoud, le gros des problèmes.

Alors, déjà je vais présenter rapidement le système. Alors, on est un système qui se considère comme polyfragmenté. Alors nous, qu'est-ce qu'on entend par polyfragmenté ? dans le cadre de notre système, cela signifie qu'on s'est fragmenté en plusieurs alters, et cette fragmentation a eu lieu à plusieurs reprise dans notre vie.

En l'occurence on est relativement nombreux et nombreuses, mais, on va revenir sur le nombre un peu plus loin.

Fait important : on n'a pas d'hôte.

[Chagris] Alors moi c'est Chagris, et je vais prendre la suite, je pense, parce que j'aime bien parler du système.

Du coup pour s'y retrouver, on a fait plusieurs listings. Alors, la première, c'est qu'on avait commencé par voir qu'on avait des alters qui portaient des traumas et des alter qui étaient protégés contre les traumas. Mais, on avait aussi des alters qui étaient entre les deux et des alters qui étaient ambivalents par rapport à ça. Et finalement on a des alters dont on ne connaît pas le rapport au trauma. On en a fait des catégories d'alters pour s'y retrouver.

Pour chaque. On a essayé d'établir des sous-catégories. Par exemple : les alters sociaux, des alters qui gèrent le quotidien, des alters, qui ont un intérêt spécifique, etc.

A noter que les sous-catégories ne se retrouvent pas dans toutes les catégories.

Mais avec le temps, on a vu que, totalement indépendamment des catégories et des sous-catégories, on pouvait aussi avoir des graduations dans le rapport au corps.

En gros, on a des alters assez proche du corps, dont l'apparence intérieure est assez proche du corps.

On a des alters dont l'apparence intérieure est beaucoup plus éloignée du corps.

Et qui s'y retrouvaient pas trop.

Évidemment, il peut avoir des nuances. Par exemple, Adarila se sent proche du corps.

Mais, elle est blonde dans son apparence interne, alors que les cheveux du corps sont naturellement brun.

Enfin, on a les introject qu'on divise entre les factifs et les fictifs. Et pour les fictifs, on divise par source, plus ou moins.

On a pu aussi faire des listings en fonction de positions importantes tenues dans le système.

Mais à l'heure actuelle, on n'en a pas en cours. Cependant, on pourra rétablir si on en éprouve le besoin. Des alters réfléchissent aussi à former des groupes d'affinités pour défendre des intérêts communs.

Par exemple, on a un syndicat de super-héros et super-héroïnes qui regroupe, comme son nom l'indique, des super-héroïnes et des super-héros, qui sont, à ma connaissance, surtout des fictifs, afin de défendre des intérêts communs.

Ici, ce sera surtout, en fait, des films et des séries qui seront regardées par le système.

On a aussi un syndicat d'artistes qui va bientôt être officialisé.

Et souvent les introjects issus d'un même univers fictifs ont tendance à se regrouper ensemble.

Enfin, on peut aussi avoir des classements selon des caractéristiques. Mais ça c'est plus pour des raisons fonctionnelles. Par exemple : on a un classement selon la facilité de front afin de retrouver rapidement les alters qui frontent facilement.

[Rizi] Coucou, je suis Rizi et j'aime bien parler de multiplicité, et notamment d'un point de vue positif, et je vais prendre la suite des explications.

Alors, on a eu différentes difficultés plus ou moins grandes. Comme l'idée est de faire une vidéo plutôt positive, on ne va pas parler de toutes les difficultés, et notamment les plus compliquées, qui risquent vraiment de rendre la vidéo lourde et difficile.

La première difficulté, c'est une grosse incompréhension entre les alters protégé‧e‧s des traumas et les alters porteurs de trauma.

Les premiers voient la vie en rose. Pour eux, la vie est belle. Il n'y a aucune raison de s'en faire.

C'est vraiment à ce point-là, à une période où, alors qu'en parallèle, les alters trauma souffrent énormément et pour eux la vie, c'est l'enfer sur terre.

Évidemment, des visions radicalement différentes dans un même corps peut mener à des grosses incompréhensions.

Au bout d'un moment, ça s'est apaisé, dans le sens où, si toujours d'un point de vue émotionnel effectif, les alters trauma comprennent pas que les alters protégés des traumas aillent aussi bien et les alters protégé des traumas ne comprennent pas pourquoi les traumatisés se sentent aussi mal, par contre, il y a quand même une compréhension plus rationnelle qui s'est faite. En gros, les alters trauma ont compris que s'ils souffrent, ce n'était pas la fin du monde. Qu'il y a des portes de sortie possibles, alors que les alters protégés des traumas ont compris que, oui, ielles voient les choses positivement, mais c'est parce qu'ielle ne voit pas les traumas qui leur échappent totalement. Les alters qui se trouvent entre les deux ont beaucoup aidé.

La seconde difficulté se trouve entre les alters qui revendiquent vouloir apparaître en tant que tel auprès des gens et les alters qui, au contraire, masquent tellement qu'elle considère être singlet.

[Riri] Hashtag « Gros dénis » ! Hashtag « je nie l'évidence. » ! //// #grosdenis #jenislévidence

[Cibella} T'exagères ! Pour la plupart, ce sont des alters sociale. Elle frontent quasiment que pendant les discussions. Et elles sont tellement occupés à maintenir les discussions et à masquer social qu'elle ont du mal à se rendre compte des autres alters. C'est pour ça qu'ielle ont l'impression d'être singlet.

Je suis Cibella, au fait.

[Riri]Ah oui, je suis Riri, et je suis l'alter rigolo de service.

[Rizi] Ça a pris du temps, car il fallait que les deux camps comprennent les motivations de l'autre.

Sachant que les alters qui masquent ne communiquent pas avec les autres, car l'idée même remettrait en cause le fait qu'elle seraient singlet.

[Riri] Petite question: quel est le comble pour une alter qui croit dur comme dur fer qu'elle est singlet ?

Et bien, c'est de se retrouver avec l'instruction de faire un coming out multiple.

[Rizi}En fait, les motivations ont pu devenir plus concrètes quand les alters qui masquent se retrouvent avec l'instruction de faire des coming out multiples et ont refusé, mais ont dû le justifier.

Au final, pour les alter qui revendiquent leur individualité, il y a un besoin d'exister en tant qu'alter et de voir leur existence concrète. Ça aide à la légitimité, mine de rien,

Pour les seconds, il y a la peur d'être rejetées à cause de la multiplicité.

Le compromis entre les deux, c'est qu'on a des gens et des situations où on va se présenter en tant qu'alters, et ce sera plus les alters qui assument leur existance propres qui seront là alors.

Que d'autres, ont va masquer, et ce sera plus les alters qui vont masquer qui seront là.

[Adarila] Attention, c'est à partir de maintenant qu'il sera question de rejets d'alters en interne. Ça dura une minute.

[Rizi] La troisième difficulté, c'est entre les introjects et une partie des autres alters.

Pas tant sur le fait d'être introject en soi, que il y a des introjects qui détonne un peu avec les valeurs du système, notamment.

Car autant pratiquement tout le monde comprend qu'on introjecte des personnages auxquels on s'identifie.

Par contre, on comprend beaucoup moins pourquoi on introjecte des personnages qu'on déteste.

D'ailleurs, on n'a pas trop la réponse au pourquoi. Si, au début il y a eu énormément de rejet, ça a fini par être mieux accepté, notamment. quand on a vu que, globalement, iel avait une raison d'être.

Pas toujours très bien compris, mais on a compris qu'elles n'ont pas été introjecté par hasard. Soit qu'elles assument pas leurs sources et veulent, malgré leur statut d'introject, être autre chose que leurs sources.

Plus généralement, la différence de valeur a pu être source de difficultés par moment, avant d'être mieux accepté.

Surtout que cette diversité dans le rapport au monde est une richesse. Cela nous permet de voir des choses de différents points de vue. Ce qui permet d'avoir une vision plus riche que si on avait été simplement singlet.

Et même dans des situations concrètes, on s'adapte mieux aux situations En cas d'imprévus, on arrive à ne pas paniquer alors qu'en tant qu'autistes, on devrait avoir du mal, car plein d'idées pour faire face à l'imprévu vont émerger. Elles seront pas toujours de bonnes idées, mais au moins, elle permet de faire face le temps, de trouver des bonnes manières de gérer l'imprévu.

Aussi le fait d'avoir des alters, qui voit la vie positivement peut être utile dans certaines situations compliquées, car ielles vont être plus à même de l'affronter, car iel ne s'en feront pas.

Alors que dans d'autres situations, c'est au contraire les alters qui s'attendent au pire qui seront utiles, car iels auront déjà préparés la situation alors qu'une alters optimiste sera désemparée.

[Adarila] Coucou, c'est de nouveau Adarila. Et ces différences se font aussi sur les passions et les envies. Et là, heu… bah, le problème, c'est qu'en cumulé, on a tellement d'envies et de passions qu'on pourrait remplir plusieurs vies sans problème, et on peut clairement pas tout faire. On a cru pouvoir dire qu'on priorisait un certain nombre assez restreint d'activités. Mais ça ne marche pas, car, par exemple, si une alter qui aime faire de la musique qui vient au front, elle aura du mal à vouloir faire du dessin, puisque c'est un truc, c'est la musique.

Du coup, on a fini par adopter un système plus souple, avec des priorités souhaitées, mais sans obligation aux alters au front de s'y tenir tant que les choses à faire dans la journée sont effectuées.

Et on a accepté l'idée de surfer sur un tel chaos et de fonctionner malgré tout.

[Riri, chantonnant] On est pas encore au point ! On n'est pas encore au point ! On n'est pas encore au point là-dessus !

[Adarila] Et à propos d'acceptation, on a fini par accepter pas mal de réalités sur le système qui n'allait pas de soi. On a accepté de ne pas tout savoir sur nous, malgré le temps qu'on a passé à essayer de mieux se connaître. Aussi, on a accepté qu'il y a des questions sans réponse et qui n'auront probablement aucune réponse. On a accepté aussi de non seulement pas savoir grand-chose sur certains alters mais aussi savoir qu'on ne sera probablement jamais beaucoup plus, même si évidemment on est toujours content‧contente d'en savoir plus sur dés alters quand l'occasion se présente. On a aussi accepté l'idée que tous les alters n'aient pas de prénom et que certains ou certaines n'est qu'un surnom. On a par ailleurs accepté que parfois on ne sait pas qui est au front.

Sachant qu'on a mis en place un petit aménagement dans le cas où l'alter aurait des doutes, c'est de se présenter sous pseudonyme permettant de dire, « heu… je suis peut-être une alter connue, mais je suis pas sûre. »

[Rizi] C'est de nouveau Rizi. On a aussi accepté de ne pas savoir combien on est. Faut dire que les changeformes faussent beaucoup les estimations, car on les voit pas sous leur forme originale, mais uniquement sur leur formes qu'ils prennent, sans qu'on sache toujours du coup si un ou une alter est un ou une alter à part entière ou c'est une des formes d'un changeforme, car la forme n'aura pas forcément conscience d'être une forme.

Et ces changeformes peuvent adopter énormément de formes différentes et en crée sur demande.

Et évidemment, ça implique de perdre un point de légitimité face aux singlets quand iel pose l'éternelle question : « mais combien vous êtes » et qu'iel devront se contenter d'un vague « beaucoup ! » sans plus de précision. Au moins ça nous évite d'avoir à expliquer que c'est possible d'être plus de cent, voire mille.

[Chagris] Là c'est Chagris ! D'ailleurs, pour le fonctionnement interne. On essaye d'avoir des outils dans différents formats et d'avoir différents outils de communication : discord, carnet, téléphone, dictaphone… afin de s'adapter aux différentes manières de communiquer de chaque alters.

Par exemple, on a des listes d'alters en différents endroits : sur discord, dans des dossiers informatiques, sur tableur, et même un site d'organisation en ligne. Dans la pratique, aucun des listing est à jour. Encore un truc qu'on a dû accepter !

Parmi les outils qui nous sont le plus utiles à l'heure actuelle, on a des to-do lists par alter qu'on met à des endroits faciles à accéder pour l'alter en question, entre bullett journal, téléphone et ordinateur.

Les fameux listings d'alter dont je vous parlais plus tôt. Des aides à l'identification des aclters, même si c'est ce qu'on a plus de mal à mettre à jour. Les aides au switch, qui peuvent être des musiques, des avatars ou des images ; et des outils de communication et de prise de décision.

Un petit aparté sur les prises de décision qui je trouve illustre cette notion de diversité.

Car a n'as pas trop de personnes qui décident pour tout le monde. Du coup, quand une décision doit être prise, c'est une décision collective, et bah on n'a pas trouvé de méthode évidente pour prendre une décision.

Parce que celle qui pourrait venir en tête assez facilement, c'est à dire à tout le monde vote et la décision qu'elle plus de votes remporte. Sauf que c'est pas faisable dans la pratique.

Parce que, ben, on est relativement nombreux‧nombreuses et du coup déjà, juste obtenir à ce que tout le monde vote, en faite, ça prend un temps juste infinie. Mais en plus du coup, quand une alter vient et veut voter, bah souvent, et elle va se retrouver avec trop de votes à effectuer pour pouvoir tous les faire, et du du coup va se concentrer sur certains de ces votes, notamment ceux qui sont encore d'actualité, par exemple.

Et puis enfin, troisième problème, et pas des moindres, c'est que ce système de venir voter ne correspond pas à tout le monde. Il y en a qui préfère discuter des décisions mais venir sur un truc pour voter – pourtant, on a vraiment essayé de faire que tout le monde s'y colle – bah leur convient pas, en fait.

Dans la pratique, on a été obligé.e.s d'un peu, adaptéer, de mélanger, en fait.

Ce système de vote formel. On met quand même en place quand on peut.

Avec des discussions qui ont lieu à l'oral. Par rapport au vote.

En fait le plus important, on a remarqué dans la pratique, c'est de voir, en fait, quand les alters pas d'accord, essayer de trouver pourquoi y a ces désaccords et quel compromis trouver. Parfois, les choses marchent tout seul, une décision est prise d'une manière ou d'une autre et elle est plus ou moins acceptée par tout le monde.

Il y a des fois où c'est plus compliqué. Et il faut passer par de la médiation, par exemple.

Et ça arrive que parfois, des décisions sont prises, mais finalement, sont pas… sont un peu litigieuses, j'ai envie de dire

Mais avec le temps j'ai quand même l'impression qu'on s'améliore.

Et je pense c'est ce qui compte.

[Rizi] C'est Rizi à nouveau.

Pour conclure, comme vous le voyez, on est parti de loin et encore on a passé des choses plus compliquées.

Mais à force de temps et d'apprentissage, à fonctionner ensemble, on arrive à rendre les choses plus faciles entre nous, à résoudre certains conflits et à rendre les choses plus harmonieux, sans pour autant que tout roule parfaitement, loin de là. On espère que ce témoignage vous inspirera, vous donnera des idées, ou aidera à garder espoir d'arriver à résoudre des points difficiles, dans le cas où vous en aurez.

[Chagris] C'est de nouveau Chagris. Et pour compléter la conclusion, je voulais rajouter que même l'idée que les choses vont en s'améliorant, c'est pas quelque chose qui fait l'unanimité au sein du système.

En vrai, on avait espéré avoir une voix discordante pour un petit peu contester certaines choses qui sont dites parce qu'on les a entendus, mais elles ont pas réussi à s'exprimer.

Mais du coup, je tenais quand même à le dire pour que, voilà, vous l'ayez en tête que l'avis qu'on a, c'est l'avis de quelques alters, et d'autres alters sont un peu en désaccords qui disent : « non, les choses passent pas si bien que ça », qu'il y a encore beaucoup de conflits, qui a encore beaucoup de désaveu, beaucoup d'alters qui ont du mal les uns avec les autres et les unes avec les autres, que, en fait, même l'idée de faire un positif, comme là on l'a fait, c'est un parti pris qui ne plaît pas à tout le monde, en fait.

Justement ce côté diversité passe aussi par l'idée que bah, il y a des avis vraiment différents, des visions du monde différentes.

Et je pense à la manière dont ça s'exprime dans la pratique- c'est que, bah, plutôt que s'interdire de parler les uns les unes des autres, plutôt de s'autoriser de dire des choses.

Surtout quand on explicite en fait le fait que c'est pas quelque chose qui fait d'unanimité, sa tendance à passer, en fait, et accepté par les autres, et que peut-être, un jour, on verrai d'autre alter dire des choses très différentes ce qu'on a dit.

Intervention proposée par:

  • Système Chapafra (Ielles | Multiple): « Système polyfrag avec TSA et un TDAH. Artistes et blogueuses (entre plein d'autres choses). »