Discussion sur le rôle d’hôte. Souvent considéré comme le meilleur ou le pire rôle, qu’est-ce qu’un-e hôte, au fond ?

Kara: Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles. Aujourd’hui, c’est un format un peu particulier, je sais même pas si d’ailleurs on peut vraiment appeler ça une vidéo, c’est plutôt un format podcast avec des sous-titres, je ne sais pas trop. Bref bonjour et bienvenue à toustes! C’est Kara et Epsi.

Epsi: Salut!

K: Et je sais pas si vous êtes toustes au courant mais nous sommes en train de déménager et actuellement nous n’avons pas internet. On n’a pas vraiment la possibilité de faire un truc comme d’habitude avec nos personnages donc c’est pour ça qu’on a juste pris notre micro et que bah on va essayer de vous faire un truc comme ça. C’est très rare pour nous de pas scripter et là c’est le cas. D’habitude on réfléchit ensemble à ce qu’on va faire comme vidéo, on scripte l’entièreté du texte, on lit notre texte et enfin on fait le montage. Donc voilà, là c’est pas du tout le cas, c’est un peu une première pour nous et on espère que ça vous plaira. N’hésitez pas à nous donner vos retours et à commenter si ça vous dit. Aujourd’hui on a envie de vous parler du rôle d’hôte au sein du système. On a eu une conversation à ce propos il y a quelques jours et on l’a trouvée intéressante et donc on a envie d’en faire un condensé avec vous dans ce nouveau format. Et donc on va en rediscuter aujourd’hui et je suppose qu’on va redire plus ou moins les mêmes choses que lors de notre dernière conversation. Je tiens quand même à vous rappeler que c’est uniquement notre point de vue personnel et que ce n’est en aucun cas une obligation. C’est pas parce que ce qu’on raconte et la réflexion que nous on a eu dit A que A est une vérité. C’est juste notre perception et si vous, vous ne ressentez pas du tout les mêmes choses ou vous n’êtes pas d’accord ou quoi que ce soit, il y a absolument aucun souci, il y a absolument aucune vérité universelle en termes de ressentis de systèmes, c’est pas possible. Tout comme on va essentiellement parler de l’hôte en sous-entendant qu’il n’y en a qu’un dans le système, et là non plus c’est absolument pas une vérité absolue, il peut y avoir un ou plusieurs hôtes tout comme il est tout à fait possible qu’il n’y ait pas d’hôte. Ou il est aussi possible que l’étiquette hôte ne vous corresponde pas et que même s’il y a une personne qui front plus, le nom ne soit pas celui que vous utilisiez. Et tout ça est ok! C’est vraiment juste une réflexion, une discussion qu’on a eue, qu’on a envie de partager avec vous. C’est uniquement notre expérience personnelle et ça ne peut pas être généralisé au vécu de tous les systèmes. Avec Epsi, il y a quelques jours, on en est arrivé-es à réfléchir sur le rôle d’hôte et sur tous les -c’est compliqué de trouver un mot. J’allais dire toutes les idées reçues mais c’est pas vrai, c’est pas le bon mot du tout. Sur toutes les espèces d’idéalisation et à l’inverse de… On a été amené-es à réfléchir sur toutes les idéalisations et dévalorisations qu’il y avait autour du rôle d’hôte. Je pense qu’il est important -ah, et si le son est bizarre et pas comme d’habitude, c’est parce qu’on est dans un nouvel appartement et également on n’a qu’un micro pour nous deux, donc si les niveaux de voix sont pas exactement les mêmes, j’en suis désolé, on fait de notre mieux. Et si c’est un format qui vous plaît, on réfléchira à s’organiser plus correctement la prochaine fois. Je pense que ben du coup, la première chose qu’on peut faire c’est essayer d’un peu planter ce contexte de: qu’est-ce qu’on entend par idéalisations et dévalorisations des hôtes. On a l’impression que c’est un rôle dont on entend énormément parler mais selon moi, et c’est un avis complètement personnel, rarement de façon juste et nuancée.

E: Oui je suis assez d’accord avec toi. C’est souvent le rôle le plus connu et au fond le moins connu un peu. Le moins, peut-être, compris ou le plus sujet à avoir un peu des idées reçues ou des a priori ou des trucs internalisés à son sujet.

K: Oui tu vois c’est le moment que je cherchais au début mais il n’y a pas vraiment de vrai mot, enfin y a pas de bon mot pour dire ça. Ouais tu vois par exemple ben on peut régulièrement entendre -et pas chez tout le monde mais on entend régulièrement- des trucs comme le fait que les hôtes ils ont tendance à prendre trop de place, qu’ils ont tendance à se sentir supérieurs ou à revendiquer plus de privilèges que les autres alters.

E: Oui.

K: Et que bah que c’est des alters comme les autres mais que enfin voilà, il y a un peu souvent des réflexions autour du fait que l’hôte, il doit un peu descendre de son piédestal.

E: Oui c’est ça et à côté de ça, il y a aussi le fait que l’hôte est un peu cette norme très singlet-centrée d’être une personne avec des alters et pas d’être un groupe d’alters dont l’hôte, dont plein d’autres. Mais il y a toujours un peu ce côté -et la psychiatrie a pu jouer un rôle là-dedans, dans le fait d’avoir une identité « normale », « de base » ou « originale » dans certains cas en fonction.

K: Oui c’est un truc qu’on entend encore beaucoup quoi, dans les pensées très pro-psychiatrie, que il faut pas laisser trop de place aux alters, que l’hôte doit- que le prénom du corps doit être celui de l’hôte, que c’est- ouais c’est ça, c’est ce que la psychiatrie veut, entre guillemets, que ce soit « l’hôte et les alters ».

E: Oui et que l’hôte ait le contrôle sur les alters, ne laisse pas switcher, soit là en toutes circonstances et des trucs comme ça, que l’hôte soit plus important. C’est un peu, c’est un peu à double vitesses les hôtes.

K: Oui parce que ouais, dans les discussions plutôt intracommunautaires, c’est plutôt le contraire qu’on entend, de « ouais c’est bon, descends de ton piédestal l’hôte » quoi. E: Oui. K: Alors qu’au final de notre réflexion ben, selon nous toujours et ça n’engage que nous, l’hôte c’est plutôt un rôle comme les autres avec ses avantages et ses inconvénients comme les autres. Et que ce soit dans un sens ou dans l’autre, il n’y a pas grand chose enfin il y a aucun des deux pôles qui est proche de la réalité de la vie de l’hôte.

E: Oui y a un peu rien d’universel au niveau de l’hôte et beaucoup, je trouve, de… un peu d’idées reçues oui.

K: Et ce que je trouve qui est pas du tout toujours le cas, c’est que c’est un peu autant vis-à-vis des singlets que des multiples. Évidemment, et ça c’est plutôt le côté visible et commun, les singlets ont un peu une tendance à idéaliser l’hôte comme étant la personne qu’iels connaissent, en
étant leur proche quoi, plus que les autres alters -alors qu’en fait généralement iels parlent de la singletsona mais bref. Et du coup oui, à parfois ne pas avoir envie d’être en contact ou de sympathiser avec les autres juste parce que bah c’est l’hôte leur pote quoi.

E: Oui parce qu’il y a un peu ce côté « pas normal » de parler avec quelqu’un d’autre, comme je disais tantôt, dans un monde un peu singlet-centré. Et que oui il y a ce côté bizarre et donc l’hôte reste privilégié-e dans la relation aux singlets alors que- même si souvent c’est effectivement un alter social ou la singletsona ou un mélange.

K: Et dans les communautés multiples, on entend souvent des systèmes et des hôtes de systèmes être pas à l’aise avec leur place quoi et leur rôle quoi.

E: Oui. T’as un peu l’impression, enfin c’était mon cas en tout cas mais j’avais un peu l’impression avant, au début de la prise de conscience je dirais, de du coup devoir être là tout le temps et gérer parce que c’était ce que je pensais être mon rôle. Et en même temps ne pas toujours avoir envie d’y être parce que, parce qu’aucun alter n’est fait vraiment pour gérer tout seul. Et donc ben il y avait un peu ce côté devoir tenir et en même temps devoir, enfin être influencé-e par tout le monde, avoir toujours le sentiment d’être là et en même temps de se faire marcher dessus. Et à ce moment-là en tant qu’hôte, je voyais pas ce privilège de la société singlet-centrée parce que, parce que j’avais l’impression que c’était un fardeau tout autant qu’une chance d’être là le plus souvent. En même temps ça donnait l’impression d’être personne.

K: Je sais qu’à l’époque tu disais beaucoup que t’avais l’impression d’être le kit de base et que sans y ajouter d’add-on c’est un peu nul quoi.

E: Exactement, c’était le sentiment que j’avais, d’être la fonction de base du corps, juste pour fonctionner mais sans les autres, il manquait un truc, c’était incomplet, ça marchait pas bien. Mais en même temps les autres me dérangeaient un peu. Au tout début c’est un peu comme ça ouais.

K: Et un truc que tu as déjà relaté et qu’on entend aussi, c’est cette notion de avoir l’impression de perdre le contrôle et de devoir partager sa propre vie et de avoir des moments volés entre guillemets.

E: Oui c’était vraiment une impression que j’avais de manquer les meilleurs moments de ma vie et de souvent subir les moins bons. Parce que j’avais l’impression d’être là pour être influencée, être pas bien et tout, et vraiment de ne pas vivre les bons moments. Genre d’attendre un truc et que au moment venu, c’était en fait pas moi. J’avais l’impression que que ma vie c’était d’être un kit de base effectivement. Et de pas vivre de bons moments moi-même et voilà.

K: Et donc ouais t’avais l’impression quoi, que tu te tapais que les trucs chiants.

E: Ouais.

K: Genre la vie quotidienne lourde c’était pour toi, en plus tu te tapais l’influence et les pensées et sentiments, généralement négatifs mais pas que, de certains autres alters mais que les moments fun, y avait toujours quelqu’un pour te passer devant.

E: Exactement.

K: Et est-ce que c’est toujours ce que tu penses aujourd’hui?

E: Non, c’est pas ce que- c’est plus ce que je pense aujourd’hui. Rétrospectivement, en réfléchissant à tout ça, en fait le système avait toujours été là et ça avait toujours été comme ça. Et les bons moments j’y étais même si je n’avais pas toujours le contrôle et les moins bons moments, j’étais pas seule à le gérer. Et souvent c’était un autre alter en fait qui avait vraiment beaucoup de mal, juste je restais devant ou je restais consciente de ce qui se passait. Et je peux avoir tendance à retenir plus le négatif que le positif, ce qui peut arriver, mais en fait cette injustice… c’était plus une impression que quelque chose qui était vraiment comme cette impression. Et évidemment ça c’est mon vécu et mon ressenti actuel, et je peux vraiment comprendre qu’on puisse ressentir tout ça. Et si par exemple vous ressentez ça actuellement, c’est totalement légitime et je minimise pas du tout ce ressenti, ces impressions et le fait que ce soit le cas ou pas. Je sais que c’est une position qui est vraiment compliquée à gérer et à appréhender surtout- en particulier avec tous les a priori qu’on peut avoir, les doutes, les difficultés et potentiellement la mémoire qui reste entre tout le monde, ou pas d’ailleurs parce que on peut avoir l’impression de se faire voler sa vie aussi parce qu’on a des trous de mémoire, ça peut arriver. Mais oui, aujourd’hui, c’est plus que je pense même si ça peut arriver dans les moins bons moments où j’ai l’impression d’être devant alors que j’aimerais que ce soit quelqu’un d’autre qui gère par exemple. Et d’avoir ce sentiment d’injustice de devoir être là et de gérer des trucs qui sont « pas à moi », alors qu’en fait on partage un peu tout dans un système.

K: Ouais et généralement, et là encore je sais pas si c’est pour tout le monde mais généralement, quand tu dis que tu veux pas être là, c’est que déjà t’y es pas.

E: C’est vrai.

K: C’est que déjà t’y es qu’à moitié. C’est que tu es tellement influencée, que vous êtes tellement coconscients que c’est déjà pas toi qui le dis.

E: C’est déjà pas moi, soit c’est quelqu’un d’autre soit c’est un peu personne dans ces moments où y a genre personne à part un gatekeeper qui tient un peu les commandes pour dire que tu restes debout.

K: C’est ça.

E: Oui mais c’est clair. Et sur le moment les sentiments sont tellement forts que tu t’en rends pas compte. Tu te dis juste « c’est injuste » et « je veux plus » et « je veux que ça s’arrête » et en fait c’est déjà tempéré et t’es déjà un peu, ouais, pas là. Et souvent il faut de temps ou régler un truc ou trouver de qui ça vient, ça dépend.

K: Je trouve vraiment qu’un truc qui aide pas du tout à ce que le rôle d’hôte soit bien perçu, ni par les gens de l’extérieur ni par soi-même intra-système, c’est la définition qu’on en a. La définition basique de l’hôte, je la trouve compliquée. Attends, j’explique. Tu vois par exemple, tous les rôles, et là encore disclaimer vous n’êtes pas obligé-es d’utiliser des noms de rôles, vous n’êtes pas obligé-es de vous reconnaître dans un rôle, vous pouvez changer de rôle, vous pouvez en avoir plusieurs, vous pouvez trouver que le concept de rôle c’est pas un truc qui vous touche, et dans tous les cas on pense que ça doit être un truc pour essayer de comprendre de quoi on parle et pour trouver des pistes et pas un truc limitant, mais voilà. Ce que je voulais dire c’est que dans les grands rôles communs, ben la définition elle donne une action, un type d’action en fait. Les protecteurices, c’est les meilleures personnes pour protéger. Le corps, des agressions, …

E: Des souvenirs.

K: Voilà. Les caregivers, c’est les meilleures personnes pour apporter des soins et s’occuper du corps. Les- je sais pas moi, les traumaholders, iels gardent les traumas. Enfin tu vois les alters sont déterminé-es par une action, par en fait un truc qu’ils gèrent, par une compétence. Et évidemment toutes les personnes et tous les alters peuvent faire un peu tout, c’est pas parce que t’es pas shrrt estampillé-e protecteurice que t’es pas capable de protéger qui que ce soit, c’est pas vrai. Mais les meilleures personnes pour protéger, qui le font vraiment bien dans la durée, qui s’essoufflent pas, qui sont pas excessifs, qui- je sais pas moi, enfin tu vois tous ces trucs, ça reste quand même les protecteurices.

E: Oui.

K: Eh ben du coup, la définition de hôte c’est: qui est là généralement ou qui est là le plus souvent ou qui front le plus ou. C’est pas une force ça, « qui est là ».

E: Oui, on en revient à ce côté un peu réducteur, à juste « quand y a personne d’autre ».

K: C’est ça. Et du coup avec cette définition qui ne montre pas la force et, enfin tu vois la force dans le sens ce pourquoi tu es bon -et me faites pas dire que je dis que les persécuteurices sont meilleur-es pour persécuter, c’est pas ça que je dis, on en fera une autre capsule sur le terme persécuteur-persécutrice parce qu’on pourrait en dire des choses aussi. Eh ben tu vois, si tout le monde est un peu valorisé par ce qu’il sait faire le mieux, ben l’hôte c’est clair que ça l’aide pas quoi, de se dire « ben moi je suis là, celui qui est là tout le temps, et moi j’ai quand même l’impression que je suis jamais assez là ou que je suis trop là ou je sais pas », tu vois? Et je dis pas que les autres rôles apportent pas ce lot de question. Je sais que, particulièrement chez les protecteurices, y a ces trucs du « j’ai pas bien protégé, j’aurais dû mieux protéger, j’ai pas protégé de la bonne façon, etc », je dis pas le contraire. Mais c’est quand même lié à une capacité, à quelque chose qui se, qui se fait, qui se travaille, qui s’entretient, qui se- je sais pas comment dire exactement mais, par une action quoi. Que le fait d’être là, ça dépend de personne en fait, ça dépend de toute la globalité, ça dépend de la vie, enfin il y a tellement de facteurs juste au fait d’être là. Et c’est pas très valorisant. C’est quoi ta qualité? Je sais être là.

E: Et c’est bien, faut qu’il y ait quelqu’un!

K: Oui d’accord.

E: Mais y a de toute façon quelqu’un en général, c’est rare qu’y ait personne personne.

K: Et du coup je pense vraiment que ouais, cette définition, elle aide pas à être, à se sentir valorisé-e. Et du coup, c’est comme ça un peu que cette réflexion a commencé, on a réfléchi un peu dans tous les hôtes qu’on connaissait, à qu’est-ce qui était plutôt des « qualités d’hôtes ». Et là encore, ça peut pas être général hein mais on a quand même essayé de sortir un peu des concepts, des qualités que les hôtes qu’on connaît ont. Ben ce qu’il en ressort c’est que les hôtes sont bons et sont un peu les « meilleurs au sein du système » -et j’ai mis des guillemets que vous n’avez pas vus- pour concilier, pour écouter les avis de tout le monde, faire un sondage, recenser et essayer de chercher les meilleures solutions qui iraient au plus grand nombre. Les hôtes, ils sont un peu les meilleurs pour pas prendre des décisions hâtives en ayant, en prenant le temps. Ils sont adaptables et ils peuvent, bah c’est un peu le revers de médaille positif d’être souvent influencé-e, c’est qu’ils peuvent être coconscients d’un peu tout le monde sans que ça se passe vraiment mal. Et donc la casquette de l’hôte, bien plus que sa présence, si on doit en retirer une qualité, c’est sa capacité à faire le lien, à être conciliant et à être adaptable.

E: Oui, c’est clair. Et même, les hôtes ont aussi cette capacité, qui peut être bloquée mais qui, si elle se débloque grâce aux hôtes, grâce à l’hôte ou aux hôtes, devient vraiment efficace, c’est le lien entre le conscient et l’inconscient. Si une information arrive jusqu’à l’hôte, elle arrive au conscient et généralement, elle peut arriver pour tout le monde. Ce qui montre encore une fois ce côté lien chez l’hôte.

K: Voilà. Et donc, et si la définition de l’hôte que- enfin je sais pas ce qui serait mieux entre que la définition d’hôte change ou qu’il y ait un nouveau mot; je sais pas trop; c’est pas grave, le concept est le même. Mais si la définition de ce rôle d’alter, c’était « cellui qui fait le lien », est-ce que ce serait pas déjà vachement plus facile à être perçu par l’extérieur et à gérer de l’intérieur?

E: Oui, si, je pense. Je sais pas ce qui serait le mieux, de redéfinir un peu hôte comme ça ou de trouver un nouveau mot, même si c’est toujours un peu compliqué ça.

K: Oui je sais pas, on s’en fout, ça change rien je pense au fond. Mais je pense que rien que personnellement, intra-système, faire une réflexion autour de « c’est quoi ma force? » et se rendre compte que sa force c’est pas juste « être celui qui est là le plus souvent », ben ça peut déjà débloquer des choses et être positif, même si c’est pas au niveau communautaire que le mot a changé ou est devenu nouveau quoi.

E: Non c’est sûr. Mais c’est clair que c’est déjà beaucoup plus positif et valorisant de dire « je suis cellui qui fait les, qui fait des liens dans mon système, intra-système et/ou avec l’extérieur ».

K: Oui c’est ça.

E: Plus que « je suis le kit de base ».

K: À fond.

E: Alors que sans kit de base, ça marche pas et le kit de base si tu mets pas des trucs dessus, ça tient pas ensemble mais c’est ce, c’est le concept. Mais l’utilisation des mots dans ce contexte est vraiment, montre vraiment la différence du coup de perception qu’on peut avoir de l’hôte.

K: Et même pour les singlets et/ou personnes extérieures singlets ou pas, c’est différent de dire « je suis la personne qui fait le lien », ça mais pas l’hôte sur un piédestal. Parce que si y a pas de personnes avec qui faire le lien, y a pas d’utilité.

E: Oui, oui c’est vrai.

K: Et donc on s’éloigne quand même déjà de cette vision singlet-centrée.

E: Oui, c’est sûr. Et ça- on s’en éloigne d’autant plus que ça montre un peu plus le côté vraiment système et fonctionnement ensemble.

K: Tout à fait.

E: Et ce que je remarque dans mon système, c’est que c’est vraiment des réflexions que j’aurais pas pu avoir au tout début et les premiers mois, la première année je dirais. Parce que c’était encore trop compliqué de comprendre qui est qui, qui faisait quoi, qui avait fait quoi. Et on sait toujours pas tout évidemment mais on a du recul aujourd’hui sur le système pour comprendre qu’il y a des choses qui ont été faites comme on pouvait à ce moment-là, quand on ne savait pas -aujourd’hui encore on fait ce qu’on peut- mais il y a surtout des réflexions qui ont été faites sur un peu qui est qui dans le sens aucun alter n’est personne, même pas l’hôte, donc même pas moi. Et je sais aujourd’hui que je suis une base pour faire ce genre de liens, pour faire ce lien entre le conscient et l’inconscient, entre les différents alters, entre les différents groupes d’alters parce qu’il y a un peu des groupes, il y a un peu des espaces séparés avec des alters différents qui ne savent pas communiquer entre eux et je peux faciliter cette communication. Et on est, il y deux hôtes dans mon système, donc y a moi et un autre, et on est vraiment pareils pour ça. Les réflexions, elles viennent pas que de ma propre vision des choses. C’est une vision de mon système et, comme on le disait au début, d’autres systèmes qu’on connaît. Mais même de façon interne, on est deux hôtes et on est différents mais sur ce point, on se ressemble. Comme on a plusieurs protecteurs qui ont un caractère vraiment différent mais qui, au niveau de la protection, c’est vraiment un fonctionnement qu’ils peuvent avoir qui des fatiguent pas, qui leur demande pas trop d’énergie, qui- pour lequel ils s’adaptent facilement. Et je remarque aussi que dans un sous-système qu’on a, il y a une hôte de sous-systèmes qui fait la même chose dans son propre sous-système.

K: Mais pas dans tout le système?

E: Mais pas dans tout le système mais elle a quand même plus de facilité à le faire si c’est elle qui front avec les alters du reste du système. Moins facilement que nous, les hôtes du système principal je vais dire ça comme ça, mais un peu quand même. Ça dépend avec quel-les alters quand même mais ça reste plus naturel pour elle que pour les autres. Pendant un temps, on a eu une alter sociale qui était là le plus souvent, et vraiment c’était elle qui frontait le plus et qui gérait le plus tout, et c’est pas naturel pour elle. Ça la fatigue de faire ces liens, de communiquer avec tout le système, d’être conciliante avec tout le monde, c’est difficile pour elle plus que pour nous. Évidemment je ne dis pas que c’est comme ça pour tous les hôtes et tous les systèmes mais je pense que c’est quand même un sujet de réflexion à avoir de « c’est quoi être hôte? » au-delà de « être là tout le temps, être là le plus souvent ».

K: Oui c’est ça. Et ouais je pense vraiment que oui, ça pousse à réfléchir à ses forces et pas à réfléchir à ce qu’on loupe. Ça, ça tourner le truc dans l’autre sens.

E: Oui c’est clair qu’aujourd’hui, j’ai moins, j’ai vraiment moins peur de passer à côté de ma vie parce qu’en fait, même si je ne suis pas devant, j’y suis puisque c’est moi qui fait le lien. Et être derrière n’est plus quelque chose qui me fait peur et laisser un autre alter gérer parce que c’est plus facile pour ellui ne me fait plus peur. Et je pense que les débuts de réflexion à ce sujet, sur c’est quoi être hôte vraiment, ça a permis une évolution dans le « bon sens » entre guillemets de mon propre système. Avant ça, j’avais beaucoup de peurs, beaucoup de barrières amnésiques, beaucoup de rejet, beaucoup de choses inconscientes et un partage de souvenirs assez compliqué, pas d’accès à l’innerworld et des trucs comme ça. Et aujourd’hui, du fait de ces réflexions et d’accepter que que je sois utile au-delà de ma présence, ça a permis de petit à petit améliorer la communication et donc diminuer les barrières amnésiques et donc améliorer la communication et donc diminuer les barrières amnésiques. Et aujourd’hui, j’ai un peu une place, j’ai un peu cette place de lien vraiment et pas de lien bloqué de partout qui permet que mon système aille de mieux en mieux et qu’on puisse de plus en plus faire des liens entre nous intra-système. Et ce qui fait que je subis aussi beaucoup moins toutes les influences négatives des alters qui vont pas bien, qui sont derrière et que je sais- je les connais pas et donc je ne peux pas savoir comment je pourrais les aider ou comment on pourrait les aider en tant que système ou comment iels pourraient s’aider elleux- mêmes d’ailleurs. Voilà.

K: C’est vraiment intéressant comme réflexion et c’est vraiment pour ça qu’on avait envie de partager ça avec vous. Je pense qu’on va s’arrêter là, je pense qu’on a un peu redit plus ou moins tous les sujets qu’on a abordés la première fois qu’on en a parlé ensemble. J’espère que ce format vous aura plu. Je suis d’avance désolé pour tous les bruits parasites qui sont à mon avis bien plus présents que sur nos vidéos habituelles. Parce que ben, l’avantage de scripter c’est que s’il y a une voiture ou un camion qui passe dans la rue, ça veut dire qu’on peut juste recommencer la phrase et comme ça, il n’y a pas de bruit. Là il y a certains moments où j’ai entendu et où je me suis dit « est-ce que j’arrête Epsi? » mais j’avais peur qu’iels ne trouvent plus le fil de leurs pensées dont je l’ai pas fait. Donc d’avancé désolé. N’hésitez pas à, si vous le souhaitez, réfléchir à la définition de l’hôte qui vous plaît et à la place de vos hôtes dans vos systèmes. On se retrouve bientôt. J’ai envie de vous dire un dimanche sur deux à 18 heures mais étant donné qu’on a toujours par internet à l’heure actuelle, je n’en sais rien, mais on se retrouve bientôt! Vous est légitimes quels que soient vos mots, vos perceptions, vos labels et tout ce que vous vivez. On est disponibles sur les réseaux sociaux même si on répond lentement parce que, je viens de le dire, on n’a pas internet. Et à bientôt!